OTTAWA: Entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, quelque 150 000 Inuits, métis ou membres des Premières Nations (Dénés, Mohawks, Ojibway, Cris et Algonquins...) ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats à travers le Canada.
La découverte de tombes anonymes sur le site d'un ancien pensionnat, en mai 2021, a ravivé ce douloureux chapitre de l'histoire du pays, provoquant une vague d'émotion et d'indignation.
2008, les premières excuses du gouvernement
En juin 2008, le Premier ministre canadien Stephen Harper présente solennellement des excuses aux peuples autochtones pour le rôle joué par l'Etat dans les pensionnats et "pour avoir si profondément manqué à son devoir envers eux".
"Nous reconnaissons que cette politique d'assimilation était mauvaise, qu'elle a fait beaucoup de mal et n'a pas de place dans notre pays", déclare M. Harper, évoquant un "triste chapitre de notre histoire".
2015, reconnaissance d'«un génocide culturel»
En 2015, une commission d'enquête appelée "vérité et réconciliation", qualifie le système des pensionnats de "génocide culturel", après avoir entendu plus de 6 500 témoignages pendant six ans, partout dans le pays.
Des milliers d'enfants ont été soumis à des mauvais traitements ou des violences sexuelles. Au moins 4 100 enfants y ont trouvé la mort et ce chiffre pourrait même dépasser les 6 000, selon la commission.
Elle juge également que la misère, l'alcoolisme, la violence conjugale et les taux de suicide élevés, qui frappent de nombreuses communautés autochtones, sont en grande partie l'héritage de ce système de pensionnats.
Mai 2021, découverte des premières tombes
Dans l'ouest du pays, la communauté de Tk'emlups te Secwépemc annonce avoir découvert les restes de 215 enfants autochtones sur le site de l'ancien pensionnat de Kamloops, autrefois géré par l'Église catholique.
Deux jours après, le Canada met ses drapeaux en berne, en signe de deuil, pour honorer les enfants. Ils le resteront pendant de nombreux mois. Dans les mois qui suivent, de nombreuses autres découvertes sont faites dans le pays. Au total, plus de 1 300 tombes anonymes ont été retrouvées sur les sites d'anciens pensionnats.
Juillet 2021, fête nationale annulée
La découverte des tombes anonymes choque le pays, qui ouvre les yeux sur son histoire. Des manifestations sont organisées dans de nombreuses villes, certaines décident d'annuler leurs festivités et sur les réseaux sociaux, le hashtag #CancelCanadaDay fleurit.
Septembre 2021, première «Journée de la réconciliation»
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui s'était excusé en 2015 pour les pensionnats, crée la "Journée nationale de la vérité et de la réconciliation", qui devient un jour férié, et appelle les Canadiens à reconnaître "les terribles erreurs" du passé.
Quelques semaines plus tôt, il avait nommé l'Inuite Mary Simon au poste de gouverneure générale, la première femme autochtone à ce poste de représentante de la reine Elizabeth II.
Avril 2022, excuses du pape
Le 1er avril 2022, le pape François présente des "excuses" lors d'une audience au Vatican devant des délégations Métis, Inuits et des Premières nations, confiant sa "tristesse et sa honte" pour les violences perpétrées pendant des décennies dans les pensionnats.
Le souverain pontife annonce également qu'il souhaite se rendre au Canada fin juillet pour renouveler ses excuses historiques.
Mai 2022, reconnaissance du prince Charles
Le prince Charles reconnaît la "souffrance" des peuples autochtones lors d'une visite de trois jours au Canada en mai, une "étape importante" selon des responsables autochtones.
Juillet 2022, visite du pape
Le pape François, 85 ans, est attendu au Canada fin juillet, en dépit de problèmes de santé qui l'ont conduit à annuler plusieurs voyages. Il doit rencontrer des survivants des pensionnats et se rendra à Edmonton dans l'ouest du pays, au Québec et Iqaluit (Nunavut, nord-est).