RIYAD: Le quartier Jax à Diriyah a ouvert ses portes au public saoudien, dans une expérience immersive d’art et de réalité virtuelle sous le thème «Le miroir de vos sens».
Le Jax Arts Festival est un véritable régal pour les cinq sens à travers une exposition d’œuvres d’artistes en provenance du monde entier. La région abrite un grand nombre d’ateliers d’artistes et d’événements de mobilisation publique.
Lors de ce premier festival des arts, l’expérience «éveille la curiosité» des Saoudiens et des touristes, tout en permettant aux visiteurs de toucher l’œuvre, de la créer ou d’en faire partie.
En franchissant les portes d’entrée du Jax Arts Festival, on est englouti dans un brouillard qui dévoile lentement les premières pièces. L’œuvre de l’artiste émiratie Alissar Mzayyek, Clear Vision - Beginning of the Journey, est la première à s’offrir aux yeux des spectateurs.
«Je suis fière de voir notre travail exposé dans de si beaux festivals. Je suis également très heureuse que l’Arabie saoudite s’ouvre et adopte l’art de manière aussi innovante», déclare l’artiste à Arab News.
Présentant une collection de roches suspendues recouvertes de plantes originaires d’Arabie saoudite, la pièce symbolise la vision ascendante du Royaume.
Dans le hall adjacent, une foule de personnes se rassemble devant les œuvres d’art et les représentations: une peinture d’art interactive où les visiteurs peuvent créer une œuvre en utilisant la technique du pendule, un cube LED noir colossal qui réagit à chaque mouvement, une expérience musicale en direct et bien plus encore.
Le festival vise, en quelque sorte, à mettre en lumière une scène artistique accessible au public. En fin de compte, le festival crée un espace où l’art est un moyen de divertissement, supprimant l’élitisme qui peut rendre l’art intimidant pour le public.
«Le royaume d’Arabie saoudite connaît actuellement une période d’or, grâce à l’orientation claire des entités culturelles et artistiques du pays, dirigées par le ministère de la Culture. Le niveau de qualité de vie est renforcé, alors que la scène artistique se développe, dans le cadre de l’initiative Vision 2030 du Royaume», déclare l’artiste Abdelrahmane Elshahed, à Arab News.
Son œuvre s’inspire des paroles du ministre de la Culture, le prince Badr ben Farhane, qui dit: «L’histoire de la calligraphie arabe est une histoire de civilisation, d’héritage, de culture et de vie.»
L’artiste interdisciplinaire Elham Dawsari dit à Arab News: «Je m’attends à ce que le festival Jax et les festivals similaires ouvrent la voie à plus de possibilités. Ainsi, les gens accepteront l’art et ne se sentiront pas intimidés en allant dans une galerie. Cela brise les barrières qui séparent les gens de l’art. Ils le perçoivent différemment, d’une manière qui leur parle davantage.»
Son travail s’inscrit dans le contexte des femmes saoudiennes et des frontières de la croissance urbaine. Au moment où le Royaume se tourne vers l’avenir, certains craignent que son passé soit oublié. Les quatre sculptures de l’artiste montrent des femmes s’adonnant à leurs activités quotidiennes. Elles rendent hommage à des membres souvent oubliés du public saoudien qui ont sacrifié leurs rêves et leurs ambitions pour élever une génération sans précédent.
«Ces personnes sont la graine de ce beau changement», confie-t-elle à Arab News. «Elles sont restées dans l’ombre pendant très longtemps et maintenant cela se reproduit. Bien que nous appréciions tout ce travail, nous ne déployons pas suffisamment d’efforts pour le leur montrer publiquement.»
L’artiste français Julien Gardair adopte une approche abstraite pour visualiser la culture saoudienne, en gravant diverses représentations du peuple et du patrimoine saoudiens sur des panneaux de fibres à densité moyenne. Les motifs découpés dans les planches de bois sont tous taillés avec une seule ligne, créant un contraste positif et négatif, puis placés séparément et utilisés pour construire ses piliers.
«Grâce à vous, je vois ma propre culture et mon propre pays sous un autre angle», déclare une femme à M. Gardair.
Il puise ses images – qui ont touché de nombreux festivaliers locaux – de sa visite au Royaume avant la pandémie de Covid-19.
«L’un d’eux était ému jusqu’aux larmes. Un autre m’a dit à quel point c’est beau d’être représenté ainsi par un étranger. Cela me permet de me rendre compte que les gens ont peut-être souffert de l’image qu’on montre d’eux à l’extérieur du pays», précise-t-il dans un entretien accordé à Arab News.
L’artiste guatémaltèque Maria Ines Henry (Milah) est assise dans sa chaise à blocs en couleurs et regarde les réactions à son œuvre, Colors of Life.
«J’ai vu une grand-mère pleurer, parce qu’elle était très enthousiaste. Vous pouvez en ressentir toute la puissance», déclare-t-elle à Arab News. «J’ai la chair de poule quand je vois des gens interagir avec mon art. Vous partez d’une idée qui vous traverse l’esprit et vous la concrétisez.»
Une autre œuvre de l’artiste, Gift to Saudi, est une forme abstraite recréant le logo Jax. C’est le produit de sept années de travail et de recherche sur la psychologie des couleurs et la manière dont les individus y sont connectés.
Elle superpose les tons dans une explosion de couleurs sur huit piliers distincts. Le public peut interagir avec l’œuvre en s’asseyant sur une chaise pour prendre des photos englouties dans les différentes teintes.
Les œuvres d’art locales exposées au festival se concentrent sur le mode de vie au sein du Royaume. Le travail de l’artiste saoudienne Oum Kalthoum al-Alawi s’inspire des façades des bâtiments historiques de Djeddah, Mashrabiyat, où, historiquement, les femmes de la ville passaient le plus clair de leur temps. Bien qu’il puisse sembler complexe de loin, le travail se base sur des formes géométriques qui se distinguent par trois lignes principales: droites, obliques et incurvées.
Les formes répétitives sont construites pour créer une imagerie en cascade qui met en lumière l’importance de la socialité, de la communauté et de la famille dans la région.
«Ce qui rend les choses compliquées, c’est leur rencontre et leur entrelacement», explique l’artiste.
«Toutes les formes géométriques proviennent d’un cercle qui, lui, provient d’un point. L’univers entier provient d’un point et tout naît du néant.»
De longues files de visiteurs attendent devant l’expérience XR qui plonge les participants dans des sites historiques d’Arabie saoudite, notamment AlUla et la ville historique de Djeddah.
Une autre attraction est l’expérience «Renaissance 3D» qui a été organisée pour s’adapter à la culture saoudienne grâce aux technologies de réalité augmentée et virtuelle.
Le Jax Arts Festival est gratuit et ouvert au public. Il se tient à Riyad jusqu’au 24 juillet.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com