Canicule en Europe occidentale: Poursuite des incendies, records de chaleur attendus

Des personnes marchent sur la dune du Pilat, près de La Teste-de-Buch, dans le sud-ouest de la France, le 16 juillet 2022. L'intense mobilisation des pompiers n'a pas faibli le 16 juillet 2022 pour venir à bout des incendies dans le sud de la France, et notamment en Gironde. (Photo de Gaizka Iroz / AFP)
Des personnes marchent sur la dune du Pilat, près de La Teste-de-Buch, dans le sud-ouest de la France, le 16 juillet 2022. L'intense mobilisation des pompiers n'a pas faibli le 16 juillet 2022 pour venir à bout des incendies dans le sud de la France, et notamment en Gironde. (Photo de Gaizka Iroz / AFP)
Short Url
Publié le Lundi 18 juillet 2022

Canicule en Europe occidentale: Poursuite des incendies, records de chaleur attendus

  • En France, en Grèce, au Portugal et en Espagne, des incendies ont brûlé des milliers d'hectares, forçant des milliers d'habitants et de touristes à fuir leurs résidences
  • La journée de lundi pourrait être l'une des plus chaudes jamais enregistrées en France

MADRID: La vague de chaleur en Europe occidentales continue dimanche de provoquer des feux de forêt dévastateurs et devait se poursuivre en début de semaine, où elle pourrait faire tomber plusieurs records de température en France et en Grande-Bretagne.

Cette vague de chaleur est la deuxième en à peine un mois en Europe. La multiplication de ces phénomènes est une conséquence directe du réchauffement climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

En France, en Grèce, au Portugal et en Espagne, des incendies ont brûlé des milliers d'hectares, forçant des milliers d'habitants et de touristes à fuir leurs résidences, et ont tué la semaine dernière plusieurs membres des services de secours et de lutte contre les incendies.

Dans le sud-ouest de la France, la mobilisation des pompiers ne faiblissait pas, particulièrement en Gironde où près de 11 000 hectares de forêt sont partis en fumée depuis mardi, dans un contexte de canicule généralisée. Météo-France a placé 15 départements de l'ouest du pays en vigilance rouge "canicule", signe d'un pic de chaleur extrême.

La journée de lundi pourrait être l'une des plus chaudes jamais enregistrées en France. "La chaleur prend de l'ampleur, la canicule s'étend sur le pays", prévient l'établissement public de météorologie, qui s'attend à voir de nombreux records de températures battus, notamment dans l'ouest et le sud-ouest.

Météo France recommande aux habitants des zones concernées d'observer une "vigilance absolue" face à des "phénomènes dangereux d'intensité exceptionnelle".

"Dans certaines zones du sud-ouest, ce sera une apocalypse de chaleur" qui pourrait atteindre 44° par endroits lundi, suivie d'une "nuit torride", selon Météo France.

Le feu regagnait en intensité dimanche soir en Gironde, notamment dans le touristique bassin d'Arcachon, au bord de l'océan Atlantique.

À la Teste-de-Buch, "la situation se dégrade. Le feu est arrivé à la mer et se dirige vers le sud", selon un tweet la préfecture, qui appelle à être "extrêmement prudent"

Sur les réseaux sociaux, des internautes ont publié des photos et vidéos, prises depuis la mer, de cet immense brasier "haut de 30 mètres" dévorant la plage de la Lagune, au sud de la dune du Pilat.

Au total, plus de 16 200 habitants et vacanciers ont dû plier bagages en urgence depuis mardi.

À Lyon, la chapelle voisine du Grand Hôtel Dieu offrait un refuge aux touristes: "On est entré pour admirer l'endroit mais on n'arrive plus à partir, dehors il fait trop chaud. On fait une prière avant la fournaise!", s'amuse Jean-Marc, 51 ans, venu d'Alsace (nord-est) en famille.

Jusqu'à 43,4° en Espagne

En Espagne, une vingtaine d'incendies de forêt font toujours rage et restent hors de contrôle dans différentes parties du pays, du sud jusqu'à l'extrême nord-ouest en Galice, où les incendies ont jusqu'à présent détruit environ 4 400 hectares de végétation cette semaine, selon les autorités.

Dans l'extrême sud, un feu qui s'était déclaré vendredi dans les montagnes des Mijas, près de la ville côtière de Malaga, était sous contrôle dimanche soir, a annoncé le président d'Andalousie, Juan Manuel Moreno.

L'incendie a détruit près de 2 000 hectares, selon les autorités locales, et provoqué l'évacuation de plus de 3 000 habitants, mais 2 000 ont pu depuis regagner leurs maisons et d'autres devraient suivre, selon M. Moreno.

Dimanche, le thermomètre a atteint 39° à Madrid, 39,7° à Séville (sud), et un maximum de 43,4° à Don Benito près de Badajoz (est).

Un homme de 50 ans est mort dimanche, victime d'un coup de chaleur, alors qu'il marchait dans la rue à Torrejon de Ardoz, près de Madrid, selon les services d'urgence. Quand les secours sont arrivés, l'homme était en "arrêt cardiorespiratoire" avec une température corporelle de 40°C. Un employé de la voirie de 60 ans est mort la veille à Madrid après un coup de chaleur également.

Le Portugal connaissait lui une accalmie: dimanche, pour la première fois depuis le 8 juillet, les températures n'y ont pas dépassé les 40 degrés, selon le service national météorologique (IPMA), après avoir atteint jeudi un record historique pour juillet de 47°.

Accalmie également sur le front des incendies: un seul foyer important, près de Chaves à l'extrême nord du pays, était considéré comme actif et "pratiquement maîtrisé" sur 90% de son périmètre selon la protection civile portugaise.

Néanmoins, la quasi-totalité du territoire portugais présentait dimanche un risque "maximal", "très élevé" ou "élevé" aux incendies, en particulier les régions centre et nord.

Selon le dernier bilan connu des autorités portugaises, les incendies de la dernière semaine ont fait deux morts et une soixantaine de blessés. Ils ont ravagé entre 12 000 et 15 000 hectares de forêt et broussailles depuis le début de la canicule.

Alerte rouge au Royaume-Uni

Plus au nord de l'Europe, au Royaume-Uni, l'agence météorologique nationale a émis la toute première alerte "rouge" pour chaleur extrême, mettant en garde contre un "risque pour la vie". Le Met Office a déclaré que dans le sud de l'Angleterre, les températures pourraient dépasser les 40 degrés pour la première fois lundi ou mardi.

Le gouvernement britannique a été accusé dimanche de ne pas prendre au sérieux cette vague de chaleur, après que le Premier ministre démissionnaire Boris Johnson a raté une réunion de crise sur le sujet à Downing Street, et que son adjoint Dominic Raab a semblé se réjouir d'avoir pour la première fois plus de 40 degrés en Angleterre.

Aux Pays-Bas, l'Institut néerlandais pour la Santé publique et l'Environnement (RIVM) a annoncé dimanche un Plan National Chaleur et une alerte au smog en vigueur à partir de lundi sur l'ensemble du pays, prévoyant une hausse des températures dans les prochains jours, jusque 35 degrés lundi dans le sud et jusqu'à 38 degrés à certains endroits mardi.

Ailleurs dans le monde, les températures extrêmes ont aussi provoqué des feux de forêt, notamment dans le nord du Maroc où une personne est décédée et où la moitié des quelque 4 660 hectares touchés est partie en fumée, et dans l'ouest du Canada.


Au Pakistan, le mois d'avril «le plus pluvieux» depuis 1961

Vue générale du débordement de la rivière Jhelum après de fortes pluies à Muzaffarabad, au Cachemire sous administration pakistanaise, le 29 avril 2024. (AFP)
Vue générale du débordement de la rivière Jhelum après de fortes pluies à Muzaffarabad, au Cachemire sous administration pakistanaise, le 29 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • Beaucoup s'inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torentielles
  • Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde

ISLAMABAD, Pakistan : Si une grande partie de l'Asie connaît une vague de chaleur sans précédent, le Pakistan, lui, vient de vivre son «avril le plus pluvieux depuis 1961», avec des températures près d'un degré plus basses qu'à l'habitude.

Comme souvent dans le pays, le cinquième le plus peuplé du monde et l'un des plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes, experts et météorologues pointent du doigt le changement climatique.

Le pays pauvre d'Asie du Sud ne cesse de répéter que ses 240 millions d'habitants (environ 3% de la population mondiale) ne sont responsables que de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Beaucoup s'inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torentielles. Mais la mousson, et son lot d'inondations, de crues subites et de dégâts, doit arriver en juillet et durera jusqu'en septembre.

Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde, autant de phénomènes dont l'impact est aggravé, disent les experts, par un manque d'infrastructures et une mauvaise gouvernance.

En avril, les précipitations ont atteint «59,3 millimètres», bien au-delà des moyennes habituelles de 22,5 millimètres, détaille un rapport des services de météorologie publié tard vendredi.

Le Balouchistan, la plus grande province du Pakistan aux frontières de l'Iran et de l'Afghanistan, a connu l'augmentation la plus importante du pays. Là, notent les services de météorologie, les précipitations ont été quatre fois et demie supérieures aux normales saisonnières.

Le bilan humain le plus lourd, avec 84 morts dont 38 enfants, a en revanche été enregistré dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest frontalier de l'Afghanistan, où 3.500 habitations ont été endommagées.

- «Météo imprévisible» -

Et alors que des Philippines à la Birmanie en passant par l'Inde, des millions de personnes suffoquent sous une vague de chaleur inédite, le Pakistan a vu sa température moyenne mensuelle baisser à 23,67 degrés, contre 24,54 habituellement, poursuit le rapport.

Pour Zaheer Ahmad Babar, porte-parole des services météorologiques, le changement climatique explique ce mois inhabituel.

«Le changement climatique est un facteur important qui influe sur les tendances météo imprévisibles dans notre région», affirme-t-il à l'AFP.

En 2022, le pays pauvre d'Asie du Sud avait subi des inondations dévastatrices qui avaient touché près d'un tiers de son territoire et affecté plus de 33 millions de personnes, faisant plus de 1.700 morts.

Dans des régions du Pendjab, province la plus peuplée et grenier à céréales du pays, les récoltes ont souffert récemment des pluies abondantes et de la grêle.

«Les crues subites ont provoqué des dégâts importants à de grandes surfaces de cultures, en particulier celle du blé, qui était prêt à être récoltée», a indiqué l'agence onusienne OCHA dans un rapport récent.

«Ceci a entraîné des pertes économiques importantes pour les cultivateurs et les villages».

«On assiste quasiment chaque année à des événements liés aux changements climatiques. Et pourtant on n'y est toujours pas préparé», constate l'avocat et militant écologiste Ahmad Rafay Alam.

La responsabilité du climat «incombe à nos gouvernements provinciaux et fédéral, mais ceux-ci accordent la priorité aux questions politiques», dit-il.

Si le Pakistan pâtit actuellement de précipitations élevées, début avril, Islamabad annonçait être confronté à une pénurie d'eau d'environ 30% par rapport à ses besoins au début de la saison des semis pour le riz et le coton.

Les autorités pointait du doigt un enneigement hivernal moins important qu'à l'habitude dans la région des glaciers du Nord.

Plus d'un an et demi plus tard, souligne l'ONU, près de 10 millions d'enfants avaient encore besoin d'aide humanitaire pour survivre dans les zones touchées par les pluies diluviennes qui ont tout emporté en 2022.

Pour l'Unicef, «les enfants pakistanais sont pris dans un cercle vicieux de sècheresse et d'inondation».

«De leur conception à leur arrivée à l'âge adulte, le développement des cerveaux des enfants, de leurs poumons et de leur système immunitaire est affecté par leur environnement», poursuit l'Unicef qui s'inquiète pour toute une génération.

«Les risques qu'ils encourent du fait du changement climatique sont considérés comme extrêmement élevés», s'alarme l'agence onusienne.


Dublin: des étudiants campent sur le campus du Trinity College contre la guerre à Gaza

Vue de l'enceinte du Trinity College de Dublin. (Photo Paul Faith AFP)
Vue de l'enceinte du Trinity College de Dublin. (Photo Paul Faith AFP)
Short Url
  • Le président du syndicat étudiant TCDSU de l'université, Laszlo Molnarfi, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l'université de couper ses liens avec Israël
  • L'opposition à l'intervention militaire d'Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue

DUBLIN, Irlande : Des étudiants de la prestigieuse université Trinity College de Dublin ont installé un campement sur le campus de l'établissement pour protester contre l'offensive militaire israélienne à Gaza, bloquant samedi l'entrée d'un bâtiment qui attire habituellement de nombreux touristes.

Les manifestants ont décrit leur mobilisation comme un «campement en solidarité avec la Palestine», sur fonds de multiplication de ces mobilisations en Europe et aux États-Unis.

Ils sont plusieurs dizaines à avoir installé des tentes vendredi soir dans plusieurs endroits du campus, plaçant des bancs devant la bibliothèque qui contient «le Livre de Kells», un célèbre manuscrit médiéval que les touristes viennent voir nombreux dans la capitale irlandaise.

Le président du syndicat étudiant TCDSU de l'université, Laszlo Molnarfi, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l'université de couper ses liens avec Israël.

«Un campement non autorisé de BDS (mouvement qui appelle au boycott d'Israël) est présent à Trinity», a indiqué l'établissement dans un communiqué.

«Pour assurer la sécurité, l'accès au campus sera restreint aux étudiants, personnels, résidents et membres du département des sports, a-t-il ajouté, prévenant que l'accès des visiteurs serait interdit ce samedi.

«Même si Trinity soutient le droit des étudiants à manifester, les manifestations doivent se tenir dans le cadre des règles de l'université», a encore indiqué l'établissement.

Parties des campus américains, où elles ont fait l'objet d'une répression des forces de l'ordre, les mobilisations contre l'offensive israélienne à Gaza se sont propagées un peu partout dans le monde ces derniers jours.

L'opposition à l'intervention militaire d'Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue.

Le gouvernement lui-même est très critique vis-à-vis de l'attitude du gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu depuis le début du conflit, déclenché après l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre.

Le nouveau Premier ministre irlandais Simon Harris s'est dit prêt mi-avril à reconnaître un État palestinien, y voyant un moyen de contribuer au processus de paix au Moyen-Orient.

En février, le gouvernement irlandais avait demandé à la Commission européenne, aux côtés de l'Espagne, de vérifier sur Israël respectait bien les droits humains à Gaza.

Plus de 400 artistes irlandais ont appelé dans une lettre commune à boycotter le concours international de chanson de l'Eurovision en raison de la participation d'Israël.


Aux Etats-Unis, les étudiants propalestiniens cherchent un nouveau souffle après des arrestations massives

Des étudiants et des militants pro-palestiniens dansent lors d'un rassemblement dans un campement sur le campus de l'université Brown à Providence, Rhode Island, le 29 avril 2024. La Maison Blanche a insisté le 28 avril sur le fait que les manifestations pro-palestiniennes qui ont secoué les universités américaines ces dernières semaines devaient rester pacifiques, après que la police a arrêté environ 275 personnes sur quatre campus différents au cours du week-end. (Photo : Joseph Prezioso / AFP)
Des étudiants et des militants pro-palestiniens dansent lors d'un rassemblement dans un campement sur le campus de l'université Brown à Providence, Rhode Island, le 29 avril 2024. La Maison Blanche a insisté le 28 avril sur le fait que les manifestations pro-palestiniennes qui ont secoué les universités américaines ces dernières semaines devaient rester pacifiques, après que la police a arrêté environ 275 personnes sur quatre campus différents au cours du week-end. (Photo : Joseph Prezioso / AFP)
Short Url
  • A l'Université de Chicago, l'administration a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement
  • Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70

NEW YORK : Les manifestations propalestiniennes qui secouent les campus américains depuis quelques semaines cherchent un nouveau souffle, après des dispersions par la police, des arrestations massives et un sévère rappel à l'ordre par la Maison Blanche.

Tôt vendredi, la police a démantelé sans heurts un campement à l'université de New York (NYU), à la demande de l'établissement.

A l'Université de Chicago, l'administration, qui a fait état sur X d'«informations sur des altercations physiques» sur son campus, a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement.

Les protestataires à l'université de Riverside, en Californie (ouest), sont parvenus à un accord avec l'administration et devaient mettre fin à leur mouvement avant 00H00 samedi (07H00 GMT). Des compromis similaires avaient permis l'évacuation sans heurts des universités Rutgers (New Jersey, est) et Brown (Rhode Island, est).

Sur d'autres campus, les forces de l'ordre sont intervenues manu militari ces derniers jours, comme à Columbia à New York et à UCLA à Los Angeles.

Près de 2.000 personnes en tout ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.

Très critiquée par des étudiants et au sein du corps enseignant pour avoir deux fois appelé la police à intervenir - des images qui ont fait le tour du monde - la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a évoqué la «tourmente» dans son établissement.

«Ces deux dernières semaines ont été parmi les plus difficiles de l'histoire de Columbia», a-t-elle dit dans une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux, affirmant que l'occupation d'un bâtiment par des étudiants avait été «un acte violent».

«Nous avons beaucoup à faire, mais je m'engage à oeuvrer chaque jour et avec chacun d'entre vous pour reconstruire la communauté sur notre campus», a-t-elle ajouté.

Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70.

En plus de réclamer la fin du conflit à Gaza, ces étudiants appellent les universités à rompre leurs relations avec Israël et à se désengager de leurs investissements en lien avec ce pays.

Ils dénoncent aussi l'appui quasi inconditionnel des Etats-Unis à leur allié.

Israël est engagé dans une offensive massive dans la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.

- Vietnam -

Jeudi, lors d'une courte allocution, le président démocrate Joe Biden, longtemps muet sur les manifestations, a martelé que «l'ordre devait prévaloir».

Cela lui a valu à la fois les critiques de la droite, qui l'a jugé trop complaisant, et l'indignation des partisans des manifestants.

«Il existe un droit à manifester, pas un droit à provoquer le chaos», a lancé l'octogénaire, candidat face au républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Son ministre de l'Education, Miguel Cardona, a envoyé selon la chaîne CNN une lettre à des dirigeants d'universités dans laquelle il se dit «incroyablement préoccupé par les informations sur de la haine antisémite à l'encontre d'étudiants sur certains campus».

Les manifestations ont ravivé le débat aux Etats-Unis, déjà tendu voire violent depuis l'attaque du Hamas, sur la liberté d'expression, l'antisionisme et ce qui constitue de l'antisémitisme.

D'un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer un discours politique, de l'autre plusieurs personnalités, dont des élus du Congrès, affirment que les militants attisent l'antisémitisme.

La question pourrait plomber la course de M. Biden à la Maison Blanche.

«Cela pourrait être le Vietnam de Biden», a averti sur CNN le sénateur de gauche Bernie Sanders.

«Je crains vraiment que le président Biden ne se mette dans une position où il s'aliène non seulement les jeunes, mais une grande partie de la base démocrate», a-t-il ajouté.

Côté républicain, Donald Trump a qualifié les manifestants de «tarés de la gauche radicale», qu'il faut «arrêter maintenant».

La mobilisation a inspiré les militants propalestiniens à travers le monde, en France, comme dans la prestigieuse école parisienne Sciences Po, ou à l'université McGill au Canada et à l'UNAM à Mexico.

A rebours d'autres institutions, l'université Brown, dans l'Etat américain du Rhode Island, s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel «désinvestissement».