SKOPJE: Le gouvernement de Macédoine du Nord a annoncé samedi avoir accepté le compromis permettant l'ouverture de négociations d'adhésion à l'Union européenne, saluant un "pas historique" pour le pays après 17 ans d'attente.
Ce compromis, préparé sous la présidence française de l'UE qui vient de s'achever, était destiné à régler le litige historique avec la Bulgarie qui bloquait l'ouverture de ces négociations.
"Nous sommes à un pas de la première réunion intergouvernementale (avec l'UE) qui va finalement, après 17 ans, marquer le début des négociations de la Macédoine du Nord avec l'UE", s'est félicité le Premier ministre Dimitar Kovacevski devant la presse après une réunion de son gouvernement.
Grâce à ce "pas historique", "nous allons à partir d'aujourd'hui aller de l'avant vers l'UE de manière accélérée", a-t-il ajouté.
Auparavant, le Parlement de Macédoine du Nord avait adopté un cadre de négociations visant à protéger la langue et l'identité des Macédoniens.
A l'issu du vote, des députés ont déployé dans la salle du parlement un drapeau de la Macédoine du Nord et un drapeau de l'Union européenne.
La décision de Skopje a été unanimement saluée par Bruxelles, notamment par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
C'est "un pas crucial pour la Macédoine du Nord (...) qui ouvre la voie à une réunion intergouvernementale la semaine prochaine", a de son côté écrit le président du Conseil européen Charles Michel sur Twitter.
"En votant souverainement aujourd’hui en faveur de la proposition faite par la France au terme de sa présidence du Conseil de l’Union européenne, le Parlement macédonien fait une fois de plus le choix résolu de l’Europe", a noté le président français Emmanuel Macron.
"La France se tiendra aux côtés de la Macédoine du Nord lors de la première conférence intergouvernementale qui ouvrira une phase historique de son processus d’adhésion à l’Union", a-t-il ajouté sur Twitter.
«Trahison»
Le principal parti d'opposition, le VMRO-DPMNE de la droite nationaliste, a fustigé samedi la décision du gouvernement, dominé par le SDSM (gauche).
"Ce qu'ils (le gouvernement SDSM, NDLR) ont accepté est une trahison de la Macédoine et du peuple macédonien. Il s'agit d'une bulgarisation complète et d'une assimilation de la Macédoine", a affirmé le VMRO dans un communiqué.
"Le traitre Dimitar Kovacevski et le SDSM anti-macédonien répondront de cette trahison", a ajouté le VMRO-DPMNE, qui avec ses sympathisants manifestait quotidiennement à Skopje depuis une dizaine de jours contre ce projet de compromis.
En vertu du projet accepté samedi par Skopje, la Macédoine doit modifier sa Constitution, une tâche qui s'avère délicate car une majorité des deux tiers des 120 députés est requise, ce qui n'est actuellement pas le cas au vu de la farouche opposition du VMRO-DPMNE.
La Macédoine du Nord est bloquée depuis 2005 dans l'antichambre de l'UE. La Grèce avait d'abord opposé son veto jusqu'en 2018, avant que Sofia ne bloque le dossier en 2020 sur fond de querelles historiques et culturelles anciennes.
La Bulgarie empêchait le lancement de négociations avec Skopje, mais aussi avec Tirana, les deux candidatures étant liées par l'UE.
Sofia a finalement levé son veto le 24 juin, sous certaines conditions.
Selon le compromis sur la table, Skopje doit notamment s'engager à modifier sa Constitution pour inclure les Bulgares dans les groupes ethniques reconnus et à "mettre en oeuvre" un traité d'amitié de 2017 visant à éradiquer les discours de haine.
La question de la langue reste également très sensible, Sofia considérant la langue macédonienne comme un dialecte bulgare, tandis que les deux pays se disputent des événements et des figures historiques, principalement hérités du passé ottoman.