PARIS: Le chef du Conseil français du culte musulman (CFCM), principal interlocuteur des pouvoirs publics français, qui a suscité la polémique en appelant mardi à "encadrer" l'utilisation à l'école des caricatures de Mahomet, est revenu mercredi sur ses propos, déplorant une "maladresse".
"J'ai évoqué, avec maladresse je le reconnais un possible renoncement à certaines formes de satire en invoquant le devoir de la fraternité", a écrit le président franco-marocain du CFCM, Mohammed Moussaoui, dans un communiqué.
"Je n'avais pas mesuré le lien qui en sera fait avec le sentiment d'abdication face aux terroristes", a-t-il ajouté.
Au lendemain de l'assassinat de Samuel Paty, un professeur d'histoire-géographie tué pour avoir montré ces caricatures à ses élèves, le CFCM avait annoncé travailler à l'élaboration d'un "programme commun de formation des imams" et d'un "plan de lutte" contre le radicalisme.
Dans un communiqué, le CFCM avait estimé que "les initiatives visant à diffuser les dites caricatures dans les établissements de l'enseignement pour promouvoir la liberté d'expression doivent être encadrées".
Ces caricatures ont été diffusées dans le cadre d'hommages à Samuel Paty, et des initiatives mentionnant la diffusion de ces caricatures lors de la rentrée scolaire le 2 novembre sont évoquées.
"J'ai rappelé que ces caricatures ne sont pas et ne doivent pas être le seul support pédagogique pour illustrer la liberté d'expression", a expliqué mercredi M. Moussaoui.
"Les musulmans de France", a-t-il précisé, "doivent faire confiance au sens de responsabilité des enseignants et des institutions éducatives. Face aux élèves, ils sauront trouver les mots et les gestes appropriés".
"Au droit de caricaturer", a conclu M. Moussaoui, "opposons le devoir d'ignorer, et cessons de répondre ou de réagir à ce type d'expression".
Lors de l'hommage au professeur Paty, le président français Emmanuel Macron a promis de ne "pas renoncer aux caricatures" au nom de la liberté d'expression.
Depuis samedi, des appels se sont multipliés dans le monde musulman pour boycotter les produits français et pour manifester en réponse aux propos de M. Macron.
Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan qui s'en était pris pendant le week-end à M. Macron, l'accusant de racisme anti-musulman, a à son tour appelé à ne pas acheter français.
L'islam, dans son interprétation stricte, interdit toute représentation du prophète Mahomet.