Assassinat de Shinzo Abe: ce que l'on sait sur le suspect

Les résidents attendent l'arrivée du corps du défunt premier ministre japonais Shinzo Abe près de la résidence d'Abe à Tokyo le 9 juillet 2022 (Photo, AFP).
Les résidents attendent l'arrivée du corps du défunt premier ministre japonais Shinzo Abe près de la résidence d'Abe à Tokyo le 9 juillet 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 09 juillet 2022

Assassinat de Shinzo Abe: ce que l'on sait sur le suspect

  • Le suspect a déclaré à la police avoir servi dans la Force d'autodéfense maritime, la marine japonaise, pendant trois ans à partir de 2002
  • Plus récemment, il a travaillé dans une usine de l'ouest du Japon pendant environ un an et demi, mais a démissionné en mai dernier selon des médias locaux

TOKYO: Le suspect arrêté pour l'assassinat vendredi de l'ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe est un homme de 41 ans nommé Tetsuya Yamagami, qui a avoué avoir tiré sur l'ex-dirigeant avec une arme de fabrication artisanale, a déclaré la police.

Voici ce que l'on sait pour l'heure.

Qui est Tetsuya Yamagami?

Le suspect a déclaré à la police avoir servi dans la Force d'autodéfense maritime, la marine japonaise, pendant trois ans à partir de 2002.

Plus récemment, il a travaillé dans une usine de l'ouest du Japon pendant environ un an et demi, mais a démissionné en mai dernier selon des médias locaux. "Son attitude au travail n'avait pas posé de problème. Je suis surpris et choqué", a déclaré son ancien supérieur au quotidien Mainichi.

Selon la police, M. Yamagami a parlé aux enquêteurs de manière "détachée" après l'attaque.

D'anciens camarades de collège interrogés par la chaîne de télévision publique NHK l'ont décrit comme calme mais pas solitaire, doué pour le sport comme pour les études.

A quoi ressemble-t-il?

Sur les images de l'attaque, Yamagami est vêtu d'un pantalon cargo marron et d'un polo gris. Sa bouche et son nez sont cachés par un masque chirurgical blanc.

Il porte des lunettes à monture étroite et une longue frange recouvre son front.

Il portait un sac en bandoulière dont il a apparemment tiré l'arme avant de la laisser tomber sur le sol lorsqu'il a été appréhendé.

Quelles étaient ses motivations?

"Le suspect a déclaré qu'il en voulait à une certaine organisation et qu'il avait commis le crime parce qu'il pensait que l'ancien Premier ministre Abe avait un lien avec celle-ci", a déclaré la police vendredi.

Elle n'a pas donné le nom de l'organisation en question, mais les médias japonais ont affirmé qu'il s'agissait d'un groupe religieux, en citant des sources proches de l'enquête.

La NHK et le Mainichi ont déclaré que la famille de Yamagami avait connu des difficultés en raison des dons de sa mère à l'organisation.

Selon l'agence Kyodo, qui cite des sources proches de l'enquête, le suspect avait d'abord prévu de s'en prendre au dirigeant de l'organisation en question, mais a ensuite décidé d'attaquer M. Abe, dont il pensait qu'il avait promu l'organisation au Japon.

Comment s'est déroulée l'attaque?

Tetuya Yamagami a déclaré qu'il avait utilisé une arme artisanale pour commettre l'attaque, et les images de la scène montrent un dispositif grossier, en forme de boîte, avec deux canons, recouvert de ruban adhésif noir.

La police a fouillé son domicile et a confisqué "plusieurs objets artisanaux ressemblant à des armes à feu".

Il est soupçonné d'avoir fabriqué au moins une de ces armes il y a plusieurs mois, selon l'agence Jiji, qui a également rapporté que le suspect avait participé à des exercices de tir à balles réelles dans la marine.

Selon les policiers, Tetsuya Yamagami a appris sur internet la visite à Nara de Shinzo Abe. Il se serait rendu en train à la gare devant laquelle l'ancien Premier ministre prononçait un discours.

Japon: la police locale reconnaît des failles «indéniables» dans la sécurité de Shinzo Abe

Des failles "indéniables" existaient dans la sécurité de l'ex-Premier ministre japonais Shinzo Abe, assassiné par balles vendredi en plein meeting électoral à Nara (ouest), a estimé samedi le chef de la police locale, qui promis une enquête.

Les mesures de sécurité sont parfois peu strictes lors des meetings électoraux locaux au Japon, où les crimes violents sont rares et où les lois sur les armes à feu très sévères, mais certains estiment que les mesures étaient insuffisantes à Nara, compte tenu du profil de M. Abe.

"Je pense qu'il est indéniable qu'il y avait des problèmes avec les mesures de sécurité pour l'ancien Premier ministre Abe", a déclaré aux journalistes le chef de la police du département de Nara, Tomoaki Onizuka, promettant d'"appréhender pleinement les problèmes et prendre les mesures qui s'imposent".

"Il est urgent que nous menions une enquête approfondie pour clarifier ce qui s'est passé", a-t-il ajouté, sans s'étendre sur les lacunes spécifiques du dispositif de sécurité de vendredi.

"Depuis que je suis devenu officier de police en 1995, pendant ma carrière de plus de 27 ans, je n'ai pas de plus grand remords, pas de plus grand regret que celui-ci", a-t-il déclaré, la voix tremblante d'émotion, au sujet de la mort de Shinzo Abe.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Short Url
  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Short Url
  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Short Url
  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.