BESSÈGES: L'incendie qui a ravagé 650 hectares depuis jeudi dans les Cévennes "ne peut plus progresser", mais il reste placé sous haute surveillance avec toutefois un dispositif allégé pour la nuit de samedi à dimanche, après une journée marquée par une seule reprise de feu.
"À ce stade, le feu est fixé. On considère qu'il ne peut plus progresser. On a donc dépassé la phase critique", avait annoncé samedi matin le lieutenant-colonel Eric Agrinier, chargé de communication des pompiers du Gard, en réduisant à 520 pompiers et 150 véhicules le dispositif mobilisé "pour la journée afin de poursuivre le traitement de plusieurs kilomètres de lisières".
Samedi soir, le commandant Jérôme Jallet a annoncé un nouvel allègement du dispositif, avec le maintien de quelque 350 pompiers sur le terrain. "On n'a eu droit aujourd'hui qu'à une seule reprise de feu, et à quelques points chauds qui ont rapidement été traités", a-t-il justifié.
Mais si "les foyers ont diminué en intensité, les conditions météo restent préoccupantes sur la zone", a insisté ce pompier gardois, en rappelant que des températures avoisinant les 40 degrés avec des rafales et une hydrométrie défavorable ont été enregistrées au cours de la journée.
"Pour la nuit, on nous annonce 40 km/h de vent en rafales, des températures autour de 20 à 25 degrés et une hydrométrie (pourcentage d'humidité dans l'air) encore basse, de 30%, ce qui reste critique même si on a atteint 13% dans l'après-midi", a indiqué le commandant Jallet: "Tant qu'il reste des points chauds et qu'on n'est pas sûr des conditions météo, du vent, qu'il y a des sautes de feu, on ne peut pas dire que l'incendie est maîtrisé", a-t-il insisté.
3 000 litres d'eau hélitreuillés
Parti du hameau de Bordezac vers 17h00 jeudi, ce sinistre a mobilisé jusqu'à 950 hommes, mais il n'a fait aucune victime.
Samedi, les pompiers ont disposé d'un soutien aérien, pour notamment "traiter les points chauds inaccessibles avec des frappes chirurgicales d'hélicoptères", selon l'expression du lieutenant-colonel Agrinier.
Durant la journée, les pompiers ont également utilisé un Héliskid, une cuve hélitreuillable de 3.000 litres d'eau que l'hélicoptère a pu déposer dans une zone inaccessible aux véhicules. Équipé d'un moteur permettant d’envoyer de la pression dans les tuyaux, cet outil unique en France, dont seuls les pompiers gardois disposent, leur a ainsi permis de traiter au plus près certains points chauds difficiles d'accès.
Outre cet incendie, le département du Gard, frappé quotidiennement par de nombreux départs de feu – plus de 30 vendredi, 28 jeudi –, était globalement placé sous haute surveillance.
Un incendie s'est également déclaré en périphérie d'Alès samedi soir vers 22H30, selon Midi Libre. Le départ de feu a été déclenché par "plusieurs pétards" tirés en fin de soirée selon la sous-préfête d'Alès citée par BFMTV.
"Feu fixé. Aucune victime. Aucune habitation touchée", ont indiqué sur Twitter les pompiers du Gard vers 00H30 dimanche.
Dans la journée de samedi, à Saint-Christol-lès-Alès, l'engagement massif de trois groupes d'intervention feu de forêt appuyés par un hélicoptère bombardier d'eau a permis d'épargner un camping et un parc d'activité de loisirs menacés par un départ de feu de végétaux et de limiter le sinistre à 5 000 m2.
Jeudi, un autre feu avait ravagé 230 hectares vers la commune de Générac, dans le sud du département. Cette même commune avait été touchée par un grave incendie en août 2019, qui avait brûlé 800 hectares et provoqué la mort du pilote d'un avion bombardier d'eau dans un accident.
Désormais fixé, l'incendie des Cévennes est heureusement loin des quelque 5 000 hectares dévorés par le feu en 1985 à quelques kilomètres de là, vers la commune de Portes.
Cette année, les plus gros incendies en France ont touché le camp militaire de Canjuers (Var) fin juin, avec 1 800 hectares brûlés, et les Pyrénées Orientales, également fin juin, avec 1 250 hectares partis en fumée.
Globalement, la direction générale de la sécurité civile a recommandé une grande prudence jusqu'à dimanche sur toute "la zone méditerranéenne", "en raison d'un très fort danger d'incendies".