DUBAÏ: Selon un nouveau rapport, les gouvernements du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord doivent adopter de nouvelles politiques et mettre en place de nouveaux moyens, entre autres la collaboration, pour accélérer le passage à une économie à faible émission de carbone.Ce rapport a été publié par l'École Mohammed ben Rachid du gouvernement de Dubaï et co-écrit par Jeffrey Beyer, directeur général de Zest Associates, une société de conseil en durabilité basée aux Émirats arabes unis.
«La région MENA a la possibilité d'exploiter ses ressources, de créer des emplois et de lutter contre le changement climatique, mais cela nécessite des investissements beaucoup plus importants de la part du secteur privé», a déclaré Beyer.
«Les gouvernements peuvent prendre des mesures peu coûteuses et faciles à mettre en œuvre qui feraient du Moyen-Orient un environnement plus attrayant pour les investissements verts.»
Le rapport, intitulé «Financing a Green Transition in MENA» (en français «Financer une transition verte dans la région MENA»), a été subventionné par HSBC, l'organisation bancaire internationale la plus importante et la plus largement représentée dans la région. C’est un rapport qui porte principalement sur la manière dont la région pourrait financer une reprise verte post-Covid. Il examine également les activités de financement vert en Arabie saoudite, aux EAU, à Bahreïn, en Égypte, au Koweït, en Irak, à Oman et au Qatar.
En outre, il propose une série de recommandations aux niveaux régional et national pour permettre aux gouvernements de mobiliser les 230 milliards de dollars de financement annuel nécessaires au monde arabe pour atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies, une mesure clé de la transition vers des émissions nulles.
«HSBC joue un rôle majeur dans la mobilisation de la transition vers une économie mondiale nette zéro, non seulement en la finançant mais aussi en contribuant à façonner et à influencer l'agenda politique mondial», a indiqué Sabrin Rahman, directeur général de HSBC et responsable du développement durable pour l'Europe, le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et la Turquie.
«Ce rapport énonce les mesures que la région du Moyen-Orient peut mettre en œuvre pour garantir la compétitivité et la connectivité, mais aussi pour stimuler de nouveaux secteurs, emplois et modèles commerciaux afin d'attirer les flux d'investissements internationaux.»
Selon le rapport, les gouvernements de la région MENA sont bien placés pour définir la façon dont le financement vert peut être levé et canalisé. Les dépenses publiques représentées par le pourcentage du produit intérieur brut sont élevées dans de nombreux pays examinés. Elles constituent en moyenne 20% du PIB et atteignent 28% en Arabie saoudite, alors que la moyenne mondiale est de 17%.
La région MENA abrite également certains des plus grands fonds souverains du monde, ainsi que de nombreuses entreprises publiques puissantes.
«De nombreux exemples de réussite au Moyen-Orient montrent comment les mesures gouvernementales peuvent créer des conditions favorables à l'afflux d'investissements verts. Par exemple, le groupe de travail sur le financement durable des EAU établit en ce moment des normes communes qui canaliseront le financement vers les objectifs de durabilité des Émirats», a expliqué Beyer.
«En Arabie saoudite, l'entreprise Saudi Electric a mis en place un dispositif de sukuk vert: elle a ainsi accédé aux marchés financiers par le biais d'un instrument de finance islamique traditionnel. Des initiatives comme celles-ci peuvent être adaptées pour mobiliser des financements verts dans d'autres pays de la région.»
D'après le rapport, les pays de la région MENA peuvent augmenter les investissements verts du secteur privé de deux manières principales. La première consiste à prendre des mesures pour améliorer l' «environnement propice», c'est-à-dire les conditions qui affectent la viabilité des investissements durables, notamment les cadres politiques et de gouvernance, ainsi que les programmes ou initiatives qui favorisent les flux financiers. Par exemple, les pays pourraient lancer des banques d'investissement « vert », créer des entités pour faciliter les marchés de l'efficacité énergétique et élaborer une taxonomie verte commune.
L'autre méthode consiste à adopter des outils financiers et économiques spécifiques pour mobiliser et déployer des capitaux, gérer les risques et stimuler les investissements du secteur privé. Les pays pourraient, à titre d'exemple, émettre des obligations vertes (ou green bonds) ou des sukuks verts, exploiter le financement international du climat et utiliser les fonds souverains et les entreprises d'État pour financer et faire fonctionner de nouvelles industries à faible émission de carbone.
Les recommandations nationales correspondent à des circonstances nationales uniques et sont axées sur des domaines dans lesquels l'action est actuellement limitée ou totalement absente. Elles ne préconisent pas de renforcer ou d'étendre les initiatives déjà existantes.
Les recommandations régionales ciblent les domaines dans lesquels la collaboration permettrait d'obtenir de meilleurs résultats si les mesures étaient individuellement mises en œuvre par chaque pays.
«Il y a des domaines où la collaboration entre les pays de la région MENA a le potentiel de changer la donne dans la transition vers le net zéro», a estimé Beyer.
«Par exemple, établir un marché du carbone dans la région MENA serait un moyen rentable de réduire les émissions de carbone tout en gardant la compétitivité régionale. Par ailleurs, créer une définition standard ou une ‘taxonomie’ de ce qui est considéré comme ‘vert’ apporterait de la clarté aux investisseurs, débloquerait la finance durable et éviterait l'écoblanchiment (ou greenwashing).»
Les conclusions du rapport ont été présentées par Beyer lors d'un panel sur le financement vert au Sommet vert arabe de Dubaï, les 21 et 22 juin. Ses auteurs espèrent qu'il servira de ressource aux gouvernements de la région MENA qui tentent d'attirer des investissements dans des projets d'énergie renouvelable, d'amélioration de l'efficacité énergétique, de transport à faible émission de carbone et de bâtiments verts.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com