Ukraine: Poutine défie l'Otan, son armée pilonne les villes du Donbass

Des ukrainiens marchent près de bâtiments détruits dans la ville de Borodianka (Photo, AFP).
Des ukrainiens marchent près de bâtiments détruits dans la ville de Borodianka (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 08 juillet 2022

Ukraine: Poutine défie l'Otan, son armée pilonne les villes du Donbass

  • A Kramatorsk, une frappe sur le centre-ville a laissé un large cratère, entre un hôtel et des immeubles d'habitation
  • Il restait mercredi dans la ville encore environ 23.000 des quelque 110.000 habitants qu'elle comptait avant le conflit

KRAMATORSK: Vladimir Poutine a défié jeudi les Occidentaux, affirmant que la Russie n'avait "pas encore commencé les choses sérieuses" en Ukraine, alors que son armée redoublait de bombardements sur les villes qui lui échappent encore dans le Donbass, région de l'est où Kiev dénonce une terreur délibérée contre les civils.

"Nous entendons qu'ils veulent nous vaincre sur le champ de bataille. Que dire ? Qu'ils essaient !", a lancé M. Poutine, s'adressant aux Américains et Européens qui ont accéléré les livraisons d'armes lourdes à l'Ukraine pour l'aider à faire face à la guerre lancée le 24 février par le maître du Kremlin.

"Chacun doit savoir que nous n'avons pas encore commencé les choses sérieuses" en Ukraine, a-t-il ajouté, dans un discours prononcé devant les chefs des groupes parlementaires et retransmis à la télévision.

"En même temps, nous ne refusons pas les négociations de paix. Mais ceux qui les refusent doivent savoir que plus longtemps (ils refuseront), plus il leur sera difficile de négocier avec nous", a-t-il ajouté.

Sur le terrain, dans le bassin du Donbass où l'armée ukrainienne a ralenti avec acharnement la poussée russe ces dernières semaines, l'heure n'était pas à la négociation jeudi mais aux frappes sur les villes encore aux mains des Ukrainiens.

A Kramatorsk, une frappe sur le centre-ville a laissé un large cratère, entre un hôtel et des immeubles d'habitation, ont constaté des journalistes de l'AFP. Ils y ont vu le corps d'une personne tuée et des blessés, ainsi que deux voitures en feu.

"Frappe aérienne contre la partie centrale de Kramatorsk. Il y a des victimes", a annoncé sur Facebook le maire de la ville, Oleksandr Gontcharenko, appelant les habitants à rester dans les abris.

Cette "attaque délibérée contre les civils" a fait "un mort et six blessés", a déclaré sur Telegram le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko, précisant que ces chiffres étaient provisoires et que "six immeubles" avaient été touchés.

"Je demande à tout le monde: évacuez !", a-t-il ajouté.

Les Russes, qui ont avancé ces dernières semaines dans le Donbass, leur objectif prioritaire depuis leur retrait des environs de Kiev fin mars, affirment avoir pris il y a quelques jours le contrôle total de la province de Lougansk, l'une des deux formant le bassin minier.

Les Russes "ne sont toujours pas parvenus aux limites de la région", a démenti jeudi le gouverneur de la province, Serguiï Gaïdaï, les accusant d'enrôler de force des habitants des villes de Severodonetsk et Lyssytchansk d'où l'armée ukrainienne s'est retirée récemment.

Civils morts sous les bombes

Les forces de Moscou cherchent maintenant à conquérir l'autre province, celle de Donetsk, pour occuper l'intégralité du Donbass, que les séparatistes soutenus par Moscou contrôlent partiellement depuis 2014.

Le gouverneur de la province de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a fait état d'au moins sept civils tués mercredi par des tirs d'artillerie et de lance-roquettes sur plusieurs localités.

Dans cette province, Sloviansk et Kramatorsk sont considérées comme les prochaines cibles des forces russes dans leur plan de conquête du Donbass, après quatre mois et demi de conflit.

Mardi, les roquettes russes avaient frappé et en partie incendié et détruit un marché dans le centre de Sloviansk, et tué au moins deux personnes.

Mercredi, le maire de Sloviansk, Vadim Liakh, avait indiqué que l'évacuation de la ville, encouragée par les autorités locales, était "en cours".

"J'envoie ma femme et après je n'ai plus le choix, je m'enrôle dans l'armée demain", a déclaré à l'AFP Vitaly, 30 ans, après avoir fait ses adieux à son épouse Svitlana, partie mercredi pour Dnipro (centre) dans un bus avec quelque 150 femmes et enfants à bord.

Il restait mercredi dans la ville encore environ 23.000 des quelque 110.000 habitants qu'elle comptait avant le conflit, avait précisé son maire, en y dénombrant 17 morts et 67 blessés depuis le début des hostilités.

Plus au nord, dans la région de Kharkiv, des bombardements russes ont tué trois civils et fait cinq blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur local Oleg Sinegubov.

Dans le sud, les Russes bombardent toujours la région de Mykolaïv et les combats font rage autour de la ville de Kherson, qu'ils occupent depuis les premiers jours de la guerre mais doivent faire face, selon Kiev, à des contre-attaques ukrainiennes.

Le Parquet général ukrainien a annoncé le démantèlement d'un "réseau d'espions" qui "menait des activités subversives sur instructions des services spéciaux russes".

L'armée ukrainienne a enfin affirmé jeudi avoir repris pied sur l'île aux Serpents en mer Noire, après y avoir remis son drapeau quelques jours plus tôt, à la suite du retrait des forces russes de cet îlot stratégique qui fait face à l'embouchure du Danube.

Moscou a affirmé y avoir procédé dans la matinée à une frappe, tuant des soldats ukrainiens et mettant en fuite les survivants. Des affirmations impossibles à vérifier de source indépendante.

G20 sous tension

Alors qu'en Europe de l'ouest, les regards étaient braqués jeudi sur Londres, où le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est résolu à quitter le pouvoir, la présidence ukrainienne l'a remercié pour son soutien dans les "moments les plus difficiles" de l'invasion russe. Le président Volodymyr Zelensky a exprimé sa "tristesse".

En Indonésie, une rencontre des ministres des Affaires étrangères des vingt plus grandes économies mondiales (G20) a commencé jeudi sur l'île de Bali, en présence de la Russie et des alliés occidentaux de l'Ukraine.

Compte tenu de la tension entre les deux camps et de la présence du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, "on s'attend à une confrontation assez rude", a indiqué une source diplomatique française.

L'Union européenne a prévenu qu'elle refusait que la Russie se serve de ce G20 comme d'"une plateforme pour sa propagande" sur le conflit en Ukraine.

Un responsable américain a toutefois indiqué s'attendre à ce que "pratiquement tous les pays du G20" s'accordent sur des initiatives visant à remédier à l'insécurité alimentaire mondiale et à la volatilité des prix de l'énergie entraînées par la guerre.

"Le grenier du monde est en guerre" et "nous sommes au premier stade d'une crise alimentaire qui va probablement affecter chaque pays et chaque personne dans le monde d'une certaine façon", a expliqué Inbal Becker-Reshef, directrice d'un programme dédié de la Nasa, commentant des images de l'Agence spatiale européenne qui ont montré que 22% des terres agricoles de l'Ukraine étaient passées sous le contrôle de la Russie.

A la veille de la réunion interministérielle de Bali, M. Lavrov y a rencontré son homologue chinois Wang Yi. Les deux parties ont notamment jugé "inacceptables" les "sanctions unilatérales adoptées en contournant l’ONU", selon le ministère russe.

A Moscou enfin, un procureur a requis sept ans de prison contre un élu municipal qui avait critiqué l'offensive contre l'Ukraine, dans un contexte de répression de toute voix d'opposition. Juriste de formation, l'élu avait dénoncé le 15 mars l'"agression" de Moscou contre l'Ukraine, pendant une réunion de travail filmée.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

Short Url
  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
Short Url
  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url
  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.