Une sécheresse historique met à nu les faiblesses de l'Italie

Vérone, une ville d'un quart de million d'habitants, a rationné l'usage de l'eau potable, tandis que Milan a décidé la fermeture de ses fontaines décoratives. (Photo, AFP)
Vérone, une ville d'un quart de million d'habitants, a rationné l'usage de l'eau potable, tandis que Milan a décidé la fermeture de ses fontaines décoratives. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 06 juillet 2022

Une sécheresse historique met à nu les faiblesses de l'Italie

Vérone, une ville d'un quart de million d'habitants, a rationné l'usage de l'eau potable, tandis que Milan a décidé la fermeture de ses fontaines décoratives. (Photo, AFP)
  • «Je n'ai jamais vu une sécheresse si prolongée. La situation est dramatique. Si le problème d'eau persiste, ma récolte risque d'être dévastée à 100%», redoute Gianluigi Tacchini
  • Depuis mai, la péninsule italienne est confrontée à une vague exceptionnellement précoce de chaleur assortie d'une absence de précipitations, notamment dans la plaine agricole du Pô, frappée par sa pire sécheresse depuis 70 ans

FERRARA: Fleuves asséchés, récoltes menacées, eau rationnée... Le nord de l'Italie, placé en état d'urgence climatique, est confronté à une sécheresse historique due au manque de pluie mais aussi à des infrastructures vieillissantes et au sous-investissement. 

« Je n'ai jamais vu une sécheresse si prolongée. La situation est dramatique. Si le problème d'eau persiste, ma récolte risque d'être dévastée à 100% », redoute Gianluigi Tacchini, un riziculteur de la bourgade de Santa Cristina e Bissone, à une quarantaine de kilomètres au sud de Milan. 

Déjà au printemps, la sécheresse se profilait car « il n'y avait pas de neige sur les montagnes et les lacs manquaient d'eau », ce qui l'a amené à diminuer de 50% sa culture de riz et à augmenter celle de tournesols, moins dépendants de l'irrigation. Obligé de faire des choix, il a sacrifié un champ de maïs. 

Les fournitures d'eau provenant du Lac de Côme « ont été réduites de 75% et nous n'avons aucune perspective, elles pourraient totalement s'arrêter si son niveau d'eau baissait encore », s'alarme M. Tacchini auprès de l'AFP. 

Les rizières, très gourmandes en eau, pourraient voir leur production réduite de 30% cette année, selon les calculs du syndicat agricole Coldiretti. 

Dans le delta du Pô, entre Venise et Saint-Marin (est), l'étiage du fleuve est tellement faible que l'eau de la mer Adriatique remonte jusqu'à 30 kilomètres à l'intérieur des terres, un record historique. 

Par endroits, l'Observatoire du Pô a relevé un niveau de sept mètres inférieur à sa cote habituelle. 

Etat d'urgence 

Depuis mai, la péninsule italienne est confrontée à une vague exceptionnellement précoce de chaleur assortie d'une absence de précipitations, notamment dans la plaine agricole du Pô, frappée par sa pire sécheresse depuis 70 ans. 

Lundi, le gouvernement a décrété l'état d'urgence dans cinq régions (Émilie-Romagne, Frioul-Vénétie Julienne, Lombardie, Vénétie et Piémont), dont quatre sont arrosées par le Pô, et annoncé le déblocage d'un fonds extraordinaire de 36,5 millions d'euros pour faire face à la sécheresse. 

Confrontées à la baisse du niveau du Pô, le plus grand réservoir d'eau de la péninsule dont une grande partie est utilisée par les agriculteurs, plusieurs communes ont annoncé des mesures de restriction : Vérone, une ville d'un quart de million d'habitants, a ainsi rationné l'usage de l'eau potable, tandis que Milan a décidé la fermeture de ses fontaines décoratives. 

Selon le syndicat Coldiretti, la sécheresse menace plus de 30% de la production agricole nationale et la moitié des élevages dans la plaine du Pô, où l'on produit notamment le jambon de Parme. 

« Sur la période janvier-mai, il est tombé sur le territoire national 44% de précipitations en moins, ce qui est sans précédent depuis la fin des années 1950 », souligne Francesco Cioffi, professeur associé au département d'hydrologie de l'université La Sapienza à Rome. 

« L'absence d’une politique efficace de gestion des ressources en eau au cours des dernières années » empire la situation, estime-t-il auprès de l'AFP, plaidant en favuer d'« un plan extraordinaire pour moderniser le système hydrique, le développement des outils de prévision ». 

Gaspillage d'eau 

Selon les dernières données en date de l'Institut national de statistiques Istat rendues publiques en 2020, 36% des réserves d'eau en Italie sont perdues chaque année en raison de la vétusté du réseau de canalisations et de stockage. Ce chiffre monte même jusqu'à plus de 70% pour la ville de Chieti, le chef-lieu des Abruzzes, sur la côte adriatique. 

Selon Francesco Cioffi, ce taux élevé de gaspillage s'explique par « l'absence de financement suffisant pour moderniser les réseaux, souvent vieux de plusieurs décennies, et par une gestion souvent fragmentée et inadéquate ». « Il aurait fallu investir davantage et mieux pour rendre le territoire national et le système économique et social du pays moins vulnérables à ces événements », estime-t-il. 

Il juge urgente la mise en place de « mesures d'économies, par exemple dans l'agriculture, par l'introduction de techniques d'irrigation plus efficaces, le recyclage de l'eau utilisée dans l'industrie, la séparation de l'eau potable de l'eau destinée à d'autres usages et la récupération des eaux de pluie à l'échelle des bâtiments individuels ». 

Autre conséquence de la sécheresse : la production d'énergie hydroélectrique a fortement chuté, alors que les installations hydroélectriques, situées pour la plupart dans les massifs montagneux du nord de l'Italie, produisent près de 20% de l'énergie dans ce pays. 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.