BAKOU : L'Azerbaïdjan a accusé mardi l'Arménie d'avoir tiré un missile sur la région azerbaïdjanaise de Barda, proche du Nagorny Karabakh en guerre, ayant tué quatre civils et fait une dizaine de blessés, des affirmations démenties par Erevan.
« Le bilan de l'attaque au missile de l'Arménie à Barda est monté à quatre morts » dont un bébé, a affirmé sur Twitter Hikmet Hajiyev, conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
Dénonçant la poursuite d'attaques « indiscriminées et ciblées » contre des civils, M. Hajiyev a fait état de treize blessés, dont des femmes et des enfants.
« Le nombre de victimes est assez élevé à cause de l'utilisation d'armes à sous-munitions », a-t-il poursuivi. Selon Bakou, le tir a touché le village de Garayoussifli, situé à une vingtaine de kilomètres à l'est de la ligne de front.
La porte-parole du ministère arménien de la Défense, Chouchan Stepanian, a immédiatement rejeté ces déclarations, évoquant sur Twitter un « pur mensonge et une provocation dégoutante ».
Ces accusations interviennent au lendemain de l'échec d'une nouvelle trêve annoncée dimanche soir entre l'armée azerbaïdjanaise et les forces arméniennes de la région du Nagorny Karabakh.
Via des appels téléphoniques séparés, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a appelé mardi les dirigeants de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, Nikol Pachinian et Ilham Aliev, à respecter le cessez-le-feu. M. Pompeo a souligné qu'il n'y avait pas « de solution militaire à ce conflit ».
Le diplomate américain avait reçu vendredi, séparément, ses homologues azerbaïdjanais et arménien, ce qui avait abouti à une déclaration conjointe de « cessez-le-feu humanitaire ». Deux autres trêves semblables, annoncées sous égide russe et française, ont déjà échoué.
Combats sur le front
Les armées azerbaïdjanaise et arménienne ont indiqué mardi que les combats se poursuivaient sur le front, les deux camps affirmant contrôler la situation.
Selon un responsable du Nagorny Karabakh, trois femmes civiles ont été blessées dans la journée par des tirs de roquette azerbaïdjanais ayant touché un village de la région de Martouni.
Depuis la reprise des combats le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises ont conquis des territoires échappant au contrôle de Bakou depuis les années 1990 et une guerre qui avait fait 30.000 morts et abouti à la sécession de cette région aujourd'hui peuplée quasi-exclusivement d'Arméniens.
Lundi, l'Arménie a reconnu avoir perdu le contrôle de la ville stratégique de Goubadly, dans le sud du Nagorny Karabakh. Par ailleurs, les forces azerbaïdjanaises se rapprochent d'une route vitale, le corridor de Latchin, faisant le lien entre l'Arménie et le Nagorny Karabakh.
Selon des bilans partiels, plus de 1.100 personnes dont une centaine de civils ont été tuées depuis la reprise des hostilités. Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays fait traditionnellement office d'arbitre dans la région, a lui évoqué un bilan s'approchant de 5.000 morts.
La Russie fait partie, avec la France et les Etats-Unis, du Groupe de Minsk formé de longue date par l'Organisation sur la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) pour être le principal médiateur dans ce conflit, sans succès jusqu'à présent.
La Turquie est apparue comme un soutien de premier plan de Bakou à même de bouleverser l'équilibre des forces dans la région. Ankara a notamment été accusé de soutenir militairement l'Azerbaïdjan, via notamment l'envoi de mercenaires syriens, ce que la Turquie dément.
La diplomatie turque a d'ailleurs condamné dans un communiqué « l'attaque inhumaine » de mardi dans la région de Barda et les « crimes de guerre » arméniens. Elle s'en est aussi pris au Groupe de Minsk de l'OSCE, jugeant « significatif » le fait qu'il n'avait pas réagi aux « violations des trois cessez-le-feu par l'Arménie ».
Après un entretien téléphonique entre les chefs de la diplomatie russe et turque, Moscou a de son côté qualifié mardi soir « d'inadmissible une internationalisation de la crise via l'implication de combattants étrangers. Selon la diplomatie russe, les deux camps ont à nouveau appelé au respect du cessez-le-feu.