HIGHLAND PARK: La police a interpellé le suspect de la fusillade ayant fait lundi au moins six morts et 26 blessés lors d'un défilé près de Chicago pour la fête nationale américaine du 4 juillet.
Le drame, dans un pays encore sous le choc d'une récente série de fusillades meurtrières, a eu lieu à Highland Park, dans le nord des Etats-Unis.
Des centaines de policiers ont recherché le jeune homme qui, armé d'un fusil puissant, avait tiré sur la foule réunie dans cette ville cossue de 30 000 habitants, située sur les rives du lac Michigan.
L'homme s'était posté sur le toit d'un commerce, semant la panique avant de fuir.
La police avait identifié un suspect, Robert – dit "Bobby" – Crimo, âgé de 22 ans et "originaire de la région". Elle avait diffusé la photo d'un jeune homme diaphane, au visage émacié et tatoué.
"Soyez très vigilants, cette personne est en fuite", avait mis en garde l'un de ses porte-parole, Christopher Covelli. "Elle est considérée comme armée et très dangereuse".
Après une brève poursuite en voiture, le suspect a été interpellé "sans incident", a indiqué lundi soir à la presse Lou Jogmen, chef de la police de Highland Park.
L'homme dispose de plusieurs pages sur internet, où il est présenté comme un musicien de Chicago surnommé "Awake the rapper".
Les autorités avaient déployé un énorme dispositif sécuritaire avec des véhicules blindés et des renforts fédéraux.
«Champ de bataille»
En ce lundi férié, des centaines de personnes, dont de nombreuses familles avec enfants, avaient pris place sur les trottoirs de Highland Park pour assister, comme dans tous les Etats-Unis, au traditionnel défilé de la fête d'indépendance américaine.
Alors que des fanfares lycéennes marchaient dans les rues, une rafale de tirs a retenti. "On a entendu environ 50 coups de feu, on a tous pensé qu'il s'agissait de feux d'artifices", a commenté sur CNN une femme témoin du drame, qui a donné seulement son prénom, Zoe.
"A un moment, j'ai vu une fille couverte de sang, je n'avais jamais vu ça", a-t-elle ajouté, en décrivant une "panique, avec des gens qui tombaient les uns après les autres".
Elle s'est cachée derrière une poubelle avant d'être mise à l'abri dans un sous-sol. En sortant, elle a découvert "un champ de bataille".
D'après les premiers éléments de l'enquête, le tireur a fait feu depuis le toit d'un commerce, accessible par un escalier de secours. "Il était très discret et difficile à voir", a décrit M. Covelli.
Il a immédiatement pris la fuite mais un fusil "puissant" a été retrouvé par la police.
Cinq personnes, toutes adultes, sont mortes sur place et une sixième après son transfert à l'hôpital. Au moins 26 blessés, âgés de 8 à 85 ans, ont été pris en charge par les secours et certains, dont au moins un enfant, se trouvaient dans un état critique, selon un responsable hospitalier.
Les festivités ont immédiatement été suspendues dans plusieurs villes des environs, qui ont également fermé leurs plages et appelé la population à la plus grande prudence.
Les tueries par arme à feu en 2022 aux Etats-Unis
En six mois, le pays a déjà enregistré quelque 300 fusillades comptant au moins quatre personnes touchées. En voici les principales.
- 23 janvier: six personnes sont retrouvées tuées par balle dans une maison de Milwaukee, dans l'Etat du Wisconsin. Un homme de 34 ans est inculpé de ces meurtres, apparemment commis lors d'un cambriolage qui a mal tourné.
- 3 avril: une fusillade éclate à l'heure de sortie des boîtes de nuit au centre de Sacramento, la capitale de la Californie: six morts.
- 14 mai: un jeune suprémaciste blanc âgé de 18 ans tue dix Afro-Américains dans un supermarché de Buffalo, dans l'Etat de New York.
- 24 mai: 19 enfants et deux enseignantes, présents dans une école primaire de la ville texane d'Uvalde, tombent sous les balles d'un adolescent de 18 ans à peine, ce qui en fait l'un des pires massacres de ces dernières années aux Etats-Unis.
- 1er juin: un homme récemment opéré du dos, irrité par la persistance de douleurs dorsales, tue son chirurgien, un autre médecin et deux autres personnes dans un hôpital à Tulsa, dans l'Oklahoma.
«Un fléau américain»
La tragédie a immédiatement ravivé le débat sur les armes à feu, dont près de 400 millions sont en circulation aux Etats-Unis.
"C'est accablant qu'une fête en l'honneur de l'Amérique soit sabotée par un fléau typiquement américain", a commenté le gouverneur démocrate de l'Illinois J.B. Pritzker. "La seule liberté que nous refusons à nos citoyens est de vivre sans la peur quotidienne des armes à feu."
Se disant "choqué", le président démocrate Joe Biden a pour sa part promis dans un communiqué de "ne pas abandonner la lutte contre l'épidémie de violence par armes à feu" après ce nouveau bain de sang.
Les Etats-Unis sont encore sous le choc d'une série de fusillades, dont l'une dans une école primaire d'Uvalde au Texas a fait 21 morts dont 19 enfants le 24 mai.
Le pays est plus généralement confronté à une hausse des violences par armes à feu, avec plus de 22 000 personnes tuées depuis le début de l'année, selon le site Gun Violence Archive, qui inclut les suicides dans ses données.