PARIS: Le ministère de l'Intérieur a comptabilisé, entre 2016 et 2021, 673 homicides... qui n'ont jamais eu lieu, a-t-on appris jeudi auprès de son service statistique (SSMSI) qui a mené un long travail pour corriger ces erreurs.
"Depuis 2020, un chantier méthodologique de grande ampleur sur les données disponibles depuis 2016" a permis "de mettre en évidence un certain nombre d’anomalies, ayant un impact sur le nombre d’homicides comptabilisés", écrit le service du ministère de l'Intérieur dans une note datée de mardi.
"Au total, le nombre d'homicides commis en France entre 2016 et 2021 est révisé à la baisse de 673 (cumul sur six ans)", explique le SSMSI.
Comment expliquer une telle différence sur des données aussi sensibles, sujettes à de régulières instrumentalisations politiques ?
Certains homicides sont comptés deux fois, des tentatives d'homicide sont recensées comme des homicides, des meurtres fictifs sont enregistrés dans le logiciel de procédure dans le cadre de formation ou de tests de maintenance, énumèrent les statisticiens de Beauvau.
Plus étonnant, certaines personnes recensées comme des victimes d'homicides sont en réalité... des animaux.
Parfois, l'enquête finit par établir qu'un fait, considéré comme un homicide dans les premières heures, est en réalité un accident, un suicide ou une mort naturelle, et inversement, sans que cela soit actualisé dans la base de données.
Depuis 2020, une expertise qualitative systématique de tous les homicides enregistrés a été mise en place. "Désormais, tous les mois, une commandante de police les travaille un par un", explique à l'AFP la cheffe du SSMSI Christine Gonzalez-Demichel.
"On revient vers les services un par un quand on a des doutes, on fait ce travail tout de suite car sinon il y a un effet mémoire" et les données se perdent, ajoute-t-elle.
En parallèle, une "veille de la presse" permet de repérer et de réintégrer les victimes d’homicides potentiellement absentes des données enregistrées par les services.
Ainsi, sur l'année 2021, 99 "faux homicides" supplémentaires ont été supprimés grâce à cette nouvelle expertise et 11 homicides oubliés et repérés dans la presse ont été réintégrés.