Drame de Melilla: Appels à une enquête «approfondie», Madrid accuse «les mafias»

Une photo montre une vue de la barrière frontalière séparant le Maroc et l'enclave nord-africaine de Melilla en Espagne, près de la ville marocaine de Nador, le 25 juin 2022. (Photo, AFP)
Une photo montre une vue de la barrière frontalière séparant le Maroc et l'enclave nord-africaine de Melilla en Espagne, près de la ville marocaine de Nador, le 25 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 26 juin 2022

Drame de Melilla: Appels à une enquête «approfondie», Madrid accuse «les mafias»

  • Selon une source des autorités locales marocaines, 23 migrants en situation irrégulière ont péri
  • Au total, 130 migrants sont parvenus à entrer vendredi à Melilla, selon des sources de la préfecture espagnole

NADOR: Des voix s'élèvent samedi au Maroc pour réclamer une enquête "approfondie" au lendemain de la mort d'au moins 23 migrants lors d'une tentative d'entrée massive dans l'enclave espagnole de Melilla, située en territoire marocain, tandis que l'Espagne a dénoncé avec force des "mafias" et "une attaque" contre son "intégrité territoriale".

"Nous insistons sur l'ouverture d'une enquête approfondie pour élucider toutes les circonstances de ce drame", a plaidé samedi soir Omar Naji, chargé du dossier des migrants au sein de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) à Nador, ville limitrophe de Melilla (nord du Maroc).

"C'est du jamais vu à Nador ou au Maroc en général", a témoigné M. Naji dans une interview à l'AFP, faisant état de 27 morts parmi les migrants originaires d'Afrique subsaharienne. "Un bilan qui va sans doute s'alourdir au vu de la violence des affrontements", a-t-il souligné.

Selon une source des autorités locales marocaines, 23 migrants en situation irrégulière ont péri lorsque près de 2 000 d'entre eux ont tenté de pénétrer par la force vendredi matin dans l'enclave espagnole.

Cette source a ajouté que "18 migrants et un membre des forces de l'ordre restent sous surveillance médicale".

«Assaut violent et organisé»

Le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sánchez, a décrit ce drame comme un "assaut (...) violent et organisé de la part de mafias qui se livrent au trafic d'êtres humains, contre une ville qui est un territoire espagnol".

"Par conséquent, il s'est agi d'une attaque contre l'intégrité territoriale de notre pays", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à Madrid.

Au total, 130 migrants sont parvenus à entrer vendredi à Melilla, dont l'un restait restait hospitalisé, selon des sources de la préfecture espagnole. Il s'agit majoritairement de Soudanais, selon un photographe de l'AFP qui a pu leur parler.

Ceux qui ont péri ont trouvé la mort "dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer" lors d'"un assaut marqué par l'usage de méthodes très violentes de la part des migrants", selon les autorités locales marocaines.

Le bilan humain est - de très loin - le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilla et dans l'autre territoire espagnol de Ceuta. Ces deux enclaves constituent les seules frontières de l'UE avec le continent africain.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) ont réagi conjointement pour exprimer "leurs plus vives inquiétudes" et rappeler la nécessité "en toutes circonstances de prioriser la sécurité des migrants et des réfugiés" et "l'importance de trouver des solutions durables pour les personnes en situation de déplacement".

Au Maroc, des ONG d'entraide aux migrants se sont jointes à l'AMDH pour exiger une enquête "transparente et sérieuse".

Un grand syndicat marocain qui défend aussi les droits des travailleurs migrants, l'Organisation démocratique du travail (ODT), a exhorté le gouvernement "à ouvrir une enquête sur ce drame tragique et à faire le nécessaire en faveur des victimes des deux côtés", clandestins et policiers.

En Espagne, une députée européenne du parti de gauche radicale Podemos, allié des socialistes au sein du gouvernement minoritaire de M. Sánchez, leur a fait écho. "Une enquête est nécessaire pour éclaircir les faits et les responsabilités", a réclamé dans un tweet Idoia Villanueava, responsable de Podemos pour les affaires internationales.

De nombreux témoignages mettent en avant la violence de part et d'autre lors des évènements de vendredi.

"C'est la tentative" d'entrer à Melilla "la plus violente que j'ai jamais vu", a confié Rachid Nerjjari, serveur dans un café situé en face de la clôture qui marque la frontière, dans le quartier marocain de Barrio Chino. Il a assuré avoir vu "des migrants armés de bâtons et de barres de fer".

L'action des forces de sécurité marocaines suscite également de nombreuses interrogations.

Tout en reconnaissant que l'assaut des migrants avait été "violent", Eduardo de Castro, le président (maire) de Melilla et plus haute autorité politique de cette ville autonome, a ainsi dénoncé une "réponse disproportionnée" du Maroc.

Pour Mohamed Amine Abidar, le président de la section de l'AMDH à Nador, "la cause principale de cette catastrophe est la politique migratoire menée par l'Union européenne en coopération avec le Maroc".

Sur les lieux, le calme était revenu samedi à Nador, cité limitrophe de l'enclave espagnole, ainsi qu'aux alentours de la clôture de fer qui sépare le Maroc de Melilla.

Et il n'y avait aucune trace de migrants en ville. Selon M. Abidar, ils se seraient "éloignés de peur d'être déplacés par les autorités marocaines", généralement vers le sud du pays.

Cette tentative d'entrée massive dans l'une des deux enclaves espagnoles est la première depuis la normalisation en mars des relations entre Madrid et Rabat, après une brouille diplomatique de près d'un an.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.