KIGALI : Un sommet des chefs de gouvernements du Commonwealth (CHOGM) s'ouvre vendredi à Kigali en pleine polémique sur l'accord d'expulsion de migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda, pays critiqué pour sa politique en matière de droits humains.
Le Commonwealth compte 54 Etats membres, dont 15 royaumes, souvent anciens territoires de l'Empire britannique, et 2,6 milliards d'individus, soit un tiers de l'humanité.
Le sommet se tiendra vendredi et samedi, mais de nombreux chefs d'Etat ou de gouvernement ont choisi de se faire représenter. Ni l'Indien Narendra Modi, ni l'Australien Anthony Albanese ne seront présents aux débats qui se tiendront à huis clos.
Le prince Charles, qui représente sa mère la reine Elizabeth II, cheffe du Commonwealth, effectue la première visite au Rwanda d'un membre de la famille royale.
L'héritier de la Couronne s'entretiendra avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, porteur d'un projet de Londres d'envoyer au Rwanda des demandeurs d'asile arrivés clandestinement au Royaume-Uni.
Droits humains
Ce programme a été condamné par de nombreuses ONG de défense des droits humains et l'ONU. L'Eglise anglicane l'a qualifié d'"immoral". Le prince Charles est également opposé à ce dispositif, qu'il a qualifié en privé de "consternant".
M. Johnson a défendu son plan dès jeudi au Rwanda en affirmant que "ce que les gens doivent comprendre, ce que les critiques du programme doivent comprendre, (...) c'est que le Rwanda a connu une transformation totale au cours des deux dernières décennies".
Aucun migrant n'a pour l'instant été expulsé dans le cadre de ce programme, après que le premier avion à destination de Kigali a été bloqué à la dernière minute le 14 juin par une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
Le gouvernement britannique a présenté mercredi au Parlement un projet de loi permettant d'outrepasser la CEDH.
En outre, les organisations de défense des droits humains ont ouvertement questionné le choix du Rwanda pour la tenue de ce sommet. En amont du CHOGM, 23 ONG de défense des droits humains ont rappelé dans une lettre ouverte leurs "graves préoccupations" à ce sujet. Elles ont jugé que le Commonwealth mettait sa crédibilité en danger en tenant son sommet à Kigali.
Parallèlement, la République démocratique du Congo a appelé à condamner le Rwanda contre son "agression" dans l'est du Congo et son soutien présumé au mouvement de rébellion M23.
Par ailleurs, le Togo et le Gabon devraient rejoindre le club des Etats membres du Commonwealth malgré l'absence -comme le Rwanda- de liens historiques avec le Royaume-Uni.
La direction de l'organisation est également un des enjeux de ce sommet. La Jamaïcaine Kamina Johnson Smith est candidate au poste de secrétaire générale face à l'actuelle titulaire du poste, la Britannico-dominiquaise Patricia Scotland, malgré une convention du Commonwealth selon laquelle le sortant doit se présenter pour un second mandat sans opposition.
Mme Smith a le soutien de Londres, qui a publiquement manifesté son opposition à la gestion de Mme Scotland.