PARIS: Les Républicains ont comme prévu accusé un recul aux législatives mais ils tiennent le choc et, face aux spéculations sur une possible coalition de gouvernement, ils se sont "sans ambiguïté" placés "dans l'opposition".
LR revendiquait dimanche soir 63 élus, plus cinq UDI et un centriste. Un bon résultat au regard du premier tour (LR avait qualifié 75 candidats), surtout après la débâcle de la présidentielle (4,8% des voix), mais qui n'empêchera pas la droite de passer derrière le Rassemblement national, qui a réalisé une percée historique.
"Compte-tenu du résultat de la présidentielle c'est un très bon résultat auquel nous sommes parvenus aujourd'hui", a affirmé dimanche soir le président de LR Christian Jacob.
Les Républicains reconduisent ainsi leurs principaux ténors: la numéro 2 Annie Genevard dans le Doubs, le secrétaire général Aurélien Pradié dans le Lot, Éric Ciotti dans les Alpes-maritimes, ainsi qu'Alain Marleix (Eure-et-Loir), Pierre-Henri Dumont (Pas-de-Calais), Julien Dive (Aisne), Fabien Di Filippo (Moselle)...
Si Christian Jacob ne se représentait pas, sa sucesseure Isabelle Perigault garde la circonscription. Le parti revendique 11 conquêtes, notamment dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, fief de Laurent Wauquiez. L'ancien candidat à la primaire Philippe Juvin l'emporte également dans les Hauts-de-Seine.
En revanche LR perd ses deux dernières circonscriptions à Paris après les défaites de Brigitte Kuster et de Francis Szpiner. Le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde est également battu en Seine-saint-Denis.
En recul par rapport à la centaine de sièges qu'elle détenait jusque là, la droite ne sera donc plus le premier groupe d'opposition dans l'hémicylcle.
Les Républicains pourraient toutefois jouer un rôle singulier dans la future assemblée car aucune majorité ne se dessine. En théorie, Emmanuel Macron pourrait faire appel à eux pour réunir les 289 voix de la majorité absolue.
La porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire l'a affirmé sur France 2: "On a toujours eu la main tendue. Que ce soit LR ou les socialistes modérés, on a réussi à embarquer un certain nombre d'amendements. Faut-il le faire plus? Certainement. Est-ce le message de ce soir? Très certainement".
Roue de secours
Chez LR, l'idée a été clairement rejetée par la direction du parti.
"Nous avons fait campagne dans l'opposition, nous sommes dans l'opposition, nous resterons dans l'opposition", a affirmé M. Jacob pour qui "il n'y a pas d'ambiguïté".
Quant à Jean-François Copé, il a parlé "à titre personnel", a-t-il ajouté. Le maire LR de Meaux venait de répéter son idée d'un "pacte de gouvernement" avec Emmanuel Macron, estimant qu'"il appartient à la droite républicaine de sauver le pays".
La présidente des Pays de la Loire Christelle Morançais a elle aussi appelé à "bâtir avec Emmanuel Macron un contrat de gouvernement".
Le sujet promet des débats animés au sein du parti qui réunit lundi à 14 heures son conseil stratégique.
"On ne sera pas une opposition bête et méchante mais il n'y a aucune raison qu'on aille sauver la peau d'Emmanuel Macron", a affirmé Aurélien Pradié.
"Nous serons un bloc décisif", a affirmé l'ancienne ministre Rachida Dati en assurant que "nous ferons des propositions et nous attendrons du gouvernement de les soutenir".
Car LR est "au centre du jeu mais n’acceptera de gouverner que sur son programme", a résumé le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse.
L'ancien négociateur européen pour le Brexit Michel Barnier l'a affirmé: "dans la situation grave où se trouve notre pays, notre groupe d’opposition sera indépendant,libre et responsable".
L'aile dure du parti est elle vent debout contre toute idée de coalition, synonyme selon elle de disparition programmée.
Dimanche matin encore, le patron des sénateurs Bruno Retailleau a averti dans le JDD que LR ne serait pas "la voiture-balai du macronisme. Ce serait une double trahison de nos électeurs".
Quant à Éric Ciotti, il l'a assuré sur twitter: "Les Républicains ne seront jamais la roue de secours d’un pouvoir déliquescent".