Ukraine: Zelensky salue le soutien de Bruxelles, violents combats près de Severodonetsk

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky plaidant, le 10 juin 2022, pour l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky plaidant, le 10 juin 2022, pour l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne. (AFP)
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Publié le Samedi 18 juin 2022

Ukraine: Zelensky salue le soutien de Bruxelles, violents combats près de Severodonetsk

  • La Commission européenne a recommandé vendredi d'octroyer à l'Ukraine le statut de candidat à l'UE
  • Les forces ukrainiennes restent en difficulté dans le Donbass, cette région de l'est du pays partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014, et que Moscou s'est fixé pour objectif de conquérir

KIEV : Le président Volodymyr Zelensky a salué le soutien de Bruxelles au statut de candidat à l'Union européenne de l'Ukraine, une "nouvelle positive" pour le pays alors que des combats acharnés font rage près de Severodonetsk, dans le Donbass.

La Commission européenne a recommandé vendredi d'octroyer à l'Ukraine le statut de candidat à l'UE. Son avis sera discuté jeudi et vendredi prochains lors d'un sommet européen, où les 27 dirigeants de l'UE devront donner leur feu vert - à l'unanimité - pour que Kiev obtienne officiellement ce statut.

Pour M. Zelensky, qui "attend un résultat positif" à ce sommet, "c'est la première étape" sur la voie de l'adhésion à l'UE. L'Ukraine "mérite ces nouvelles positives", a-t-il estimé dans une intervention vidéo, saluant une "réussite historique de tous ceux qui travaillent pour notre Etat".

"Nous savons tous que les Ukrainiens sont prêts à mourir pour leurs aspirations européennes. Nous voulons qu'ils vivent avec nous, pour le rêve européen", avait déclaré à Bruxelles plus tôt dans la journée la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vêtue de bleu et de jaune, les couleurs de l'Ukraine.

"La Commission recommande au Conseil, premièrement, de donner à l'Ukraine une perspective européenne et, deuxièmement, de lui accorder le statut de candidat", avait-elle ajouté, au lendemain de la visite à Kiev des dirigeants allemand, français et italien, les trois premières puissances européennes à avoir délivré ce message.

Examen express

S'exprimant au forum économique de Saint-Pétersbourg, le président Vladimir Poutine a affirmé vendredi que la Russie n'avait "rien contre" une adhésion de Kiev à l'UE, tout en estimant que "l'Ukraine (allait) se transformer en semi-colonie" des pays occidentaux.

Ces déclarations surviennent alors que de violents combats font rage près de Severodonetsk (est), dont les troupes russes tentent de prendre le contrôle depuis des semaines.

Les forces ukrainiennes restent en difficulté dans la région du Donbass, partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014.

"Les batailles les plus féroces se déroulent près de Severodonetsk", a déclaré le gouverneur de la région orientale de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

"Dans les villages voisins, les combats sont très difficiles - à Toshkivska, Zolote. (Les Russes) essaient de percer mais échouent", a-t-il précisé sur Telegram, en ajoutant: "Nos défenseurs combattent les Russes dans toutes les directions".

Le gouverneur a également déclaré que Lyssytchansk - une ville séparée de Severodonetsk par une rivière - était "lourdement bombardée". Les Russes "ne peuvent pas s'en approcher et c'est pourquoi ils ne font que tirer sur la ville avec des frappes aériennes".

Les habitants de Lyssytchansk se préparaient à être évacués. "Nous abandonnons tout et nous partons. Personne ne peut survivre à une telle frappe", a déclaré Alla Bor, professeur d'histoire.

Serguiï Gaïdaï a par ailleurs fait état de "davantage de destruction" à l'usine chimique assiégée Azot à Severodonetsk, où se cachent 568 personnes, dont 38 enfants.

L'ONU a jugé vendredi "extrêmement alarmant" la situation humanitaire dans toute l'Ukraine, en particulier dans l'est du Donbass.

Le président ukrainien, dont les déplacements hors de la capitale sont rares depuis le début de l'invasion russe, a effectué samedi, pour la première fois, une visite à Mykolaïv, dans le sud du pays. Cette ville, toujours sous contrôle ukrainien, reste une cible de Moscou car elle se trouve sur la route vers Odessa, le plus grand port d'Ukraine.

L'armée russe a affirmé par ailleurs qu'un peu moins de 7.000 "mercenaires étrangers", issus de 64 pays, étaient arrivés en Ukraine depuis le début du conflit et que près de 2 000 d'entre eux auraient été tués.

Des vidéos de deux Américains partis se battre comme volontaires auprès des forces ukrainiennes et portés disparus depuis plusieurs jours ont été diffusées vendredi par une chaîne de télévision publique russe.

Un porte-parole du Département d'Etat a confirmé samedi avoir vu les photos et vidéos des deux citoyens américains "qui auraient été capturés par les forces militaires russes en Ukraine". "Nous suivons de près la situation", a-t-il déclaré à l'AFP.

A Kiev, des centaines de personnes ont afflué samedi au monastère Saint-Michel-au-Dôme-d'Or pour assister aux obsèques de Roman Ratouchny, 24 ans, tué au combat dans l'Est et qui fut une figure du mouvement pro-européen du Maïdan, ayant conduit à la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovitch en 2014, a constaté l'AFP.

«Epreuve de force»

Nouvelle étape dans le bras de fer avec l'Occident, Moscou coupe progressivement mais massivement ses livraisons de gaz à l'Europe occidentale qui en est très dépendante.

Le gestionnaire du réseau gazier français, GRTgaz, a annoncé vendredi ne plus recevoir de gaz russe par gazoduc depuis le 15 juin, avec "l'interruption du flux physique entre la France et l'Allemagne".

Le géant russe Gazprom a considérablement réduit ces derniers jours ses livraisons notamment vers l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream 1, suscitant une explosion des prix. En Italie, Gazprom livrera seulement 50% du gaz demandé vendredi par Eni, a annoncé le groupe italien.

"Il ne faut pas se faire d'illusions, nous sommes dans une épreuve de force avec Poutine", a dit le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck. "C'est comme ça que les dictateurs et les despotes agissent".

Le président américain Joe Biden, dont le pays est un fournisseur possible de gaz liquéfié GNL à l'Europe, a accusé la Russie d'alimenter avec sa guerre contre l'Ukraine une "crise énergétique mondiale".

"Nos actions pour libérer le Donbass n'ont rien à voir avec ça", a rétorqué Vladimir Poutine. "C'est le résultat des erreurs systémiques de l'administration américaine et de la bureaucratie européenne".

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a par ailleurs estimé que la Russie mettait le monde en danger de famine avec le blocage des exportations de céréales de l'Ukraine et les restrictions sur ses propres exportations.

L'Ukraine se bat aussi sur un autre front: le pays qui a remporté cette année le concours de l'Eurovision a dénoncé vendredi la décision de lui retirer l'accueil de la prochaine édition pour des raisons de sécurité.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »