GRENOBLE: Les sols dans les Alpes du Nord atteignent actuellement des degrés de sécheresse record en surface, notamment en Savoie, encore aggravés par la vague actuelle de chaleur, selon des responsables de Météo-France.
"Il n'y a qu'en 1976 que nous avons eu un enneigement aussi faible au 1er juin sur les Alpes", indique à l'AFP Denis Roy, responsable du centre de montagne des Alpes du Nord pour Météo-France à Grenoble.
"2022 a été tout le temps sec, il n'y a pas eu un mois où on était excédentaire en précipitations. Mai a été très sec et juin est mal parti même si la semaine prochaine reste encore très incertaine", explique-t-il.
Le degré de sécheresse des sols, calculé au moyen de modélisations et en s'appuyant sur des observations, atteint des valeurs record en Savoie et dans les Hautes-Alpes et "tangente le record" en Isère, tandis que la Haute-Savoie "s'en tire légèrement mieux" grâce à quelques pluies tombées au printemps, selon lui.
Il s'agit là de sécheresse superficielle - c'est-à-dire sur les deux premiers mètres du sol- et "la situation est meilleure" pour les nappes souterraine: "pour les eaux un peu plus profondes, les nappes phréatiques, on bénéficie encore de l'apport de l'année 2021 qui a été très pluvieuse, avec un +été pluvieux+ et un mois de décembre extrêmement pluvieux sur les Alpes du nord", explique l'expert.
"Par contre, en surface, on n'a jamais eu des sols aussi secs à cette période. Cela veut dire que la moindre pluie est absorbée par la végétation et n'a aucun impact sur les nappes phréatiques".
«Réserve fondue»
La situation a été aggravée par la précédente vague de chaleur de mai qui a provoqué "une fonte accélérée du manteau neigeux", lequel sert habituellement de "château d'eau ou réserve pour l'été" mais a déjà fondu.
"Dans ce contexte de changement climatique on va se retrouver avec des périodes de vagues de chaleur de plus en plus précoces. Cette année, c'est un avant-goût de notre climat futur", conclut Denis Roy.
Dans les Alpes du Sud, où les précipitations ont été très faibles et l'enneigement très déficitaire pendant tout l'hiver, "on est déjà dans des conditions estivales avec peut-être un mois et demi d'avance", renchérit Cécile Coleou, de la cellule montagne et nivologie de Météo-France.
Dans les Alpes du Nord et les Pyrénées, l'avance est plutôt de l'ordre de "trois semaines".
"On a un décalage dans le temps de cette disponibilité de l'eau, et associé à une période chaude et sèche, ça aggrave" la situation, relève-t-elle, soulignant les impacts potentiels pour la récolte du foin, ou les risques exacerbés de feux de forêt.
La préfecture de l'Isère, après celles de Savoie et Haute-Savoie, a déclaré l'alerte sécheresse et renforcé les mesures d'économie d'eau. "La sécheresse des sols reste très alarmante et le niveau des cours d’eau du département est très bas pour la saison", avec des tendances "chaudes et sèches" pour l’été à venir, selon son communiqué.