PÉKIN : Les autorités locales étaient mercredi en Chine sous le feu des critiques après une manipulation supposée de pass sanitaires pour empêcher une manifestation dans le centre du pays.
Premier pays frappé par la Covid-19 et à confiner sa population, la Chine avait été en 2020 l'un des tout premiers à généraliser le pass sanitaire pour contrôler les déplacements, identifier les cas contact et isoler les malades.
Scanner un QR code avec son téléphone et montrer patte blanche avec une application qui délivre un laissez-passer "vert", synonyme de bonne santé, est désormais un geste bien ancré en Chine et exigé à l'entrée d'un immeuble, d'un commerce et dans la plupart des transports.
Ces derniers jours, un certain nombre de personnes ont vu leur pass sanitaire brusquement virer au rouge (quarantaine obligatoire), ont rapporté les médias officiels.
Point commun: toutes sont des clients de banques mécontents après un gel d'avoirs, et qui comptaient manifester leur colère à Zhengzhou, une grande métropole du centre de la Chine.
Fragilisées par le ralentissement économique, quatre banques locales ont gelé depuis la mi-avril tout retrait d'argent, piégeant des milliers de petits épargnants. Une situation qui avait donné lieu le mois dernier à de rares manifestations.
En dépit d'un test PCR négatif, un client a vu son pass sanitaire virer au rouge en arrivant à Zhengzhou, rapporte la presse chinoise.
Un autre a eu cette mésaventure sans même quitter son domicile, affirment des médias, dénonçant au diapason un acte potentiellement délibéré au niveau local.
Utiliser le pass sanitaire à d'autres fins que pour l'épidémie est "contraire à la morale sociale" et une "infraction", a fustigé le Global Times, un quotidien anglophone célèbre pour ses diatribes nationalistes.
Interrogées, les autorités sanitaires de Zhengzhou ont indiqué à l'AFP "enquêter", sans fournir plus d'explications.
Le sujet suscitait l'émoi mercredi en Chine sur les réseaux sociaux, avec des dizaines de millions de vues.
Voir un pass sanitaire virer au rouge sans raison "fait froid dans le dos", commentait un internaute sur Weibo, l'équivalent local de Twitter.
"C'est clairement un abus de pouvoir", pestait un autre.
L'immense majorité des Chinois se prêtent volontiers au jeu du traçage pour lutter contre la Covid et scannent sans sourciller les codes santé.
Certaines voix s'inquiètent néanmoins de dérives potentielles à des fins de surveillance, dans un pays où le maintien de la stabilité sociale est une obsession.