PARIS: La France subira des températures très largement au-dessus de 30°C cette semaine, une vague de chaleur particulièrement précoce, énième avant-goût d'une planète qui se réchauffe, dans un contexte de sécheresse exceptionnelle des sols qui fait craindre pertes de récoltes et incendies dans l'Hexagone.
30°C partout, pointes à 40°C
Une dépression localisée entre les Açores et Madère ramène progressivement sur l'Europe occidentale de l'air très chaud en provenance du Maghreb. La péninsule ibérique est déjà touchée, avec des températures de plus de 40°C attendues notamment en Espagne.
Cet air chaud arrivera en France mardi par le Sud-Ouest avant de se diffuser d'abord sur toute la moitié sud mercredi puis ensuite vers le nord.
Lundi déjà, des records ont été enregistrés, notamment à l'échelle de la France avec un pic pour 2022 à 37,6°C enregistré à Cuers dans le Var.
Pour la moitié sud, le pic sera jeudi, vendredi et samedi, avec 35 à 39°C, voire 40°C localement, probablement dans le Sud-Ouest, a précisé Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo-France.
Si cet épisode pourrait être plus court dans le Nord, le mercure pourrait malgré tout atteindre environ 35°C vendredi à Rennes ou à Paris. Il fera chaud partout samedi (entre 34 et 38°C) avant des orages attendus dimanche.
La plus précoce
Le pays a déjà connu des températures exceptionnelles en juin. Le record absolu pour la France métropolitaine date de juin 2019, avec 46°C à Vérargues (Hérault) mais c'était à la toute fin du mois (28 juin).
Cette vague de chaleur serait "a priori, à l'échelle nationale, la plus précoce depuis le début des mesures", indique le prévisionniste. La précédente date de 2017, du 18 au 22 juin (des vagues de chaleur localisées ont eu lieu plus tôt en juin en Alsace ou en Aquitaine en 2003).
La faute au réchauffement
Les vagues de chaleur et canicules sont les signes les plus clairs du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines. De nombreux scientifiques n'hésitent plus à dire que le changement climatique a une part de responsabilité dans toutes ces canicules.
En France, ces épisodes se sont accélérés ces 30 dernières années et ce n'est qu'un début: même dans un scénario optimiste de baisse massive des émissions de gaz à effet de serre, le nombre annuel de jours de vagues de chaleur ou de canicules devrait doubler d'ici à la fin du siècle.
"Nous vivons un avant-goût de notre futur climatique", a résumé sur Twitter le climatologue Christophe Cassou.
Vague de chaleur ou canicule?
Une vague de chaleur correspond à des températures anormalement élevées pendant plusieurs jours consécutifs, avec des seuils qui varient selon les régions.
Pour la France, il faut notamment que l'indicateur thermique national (sorte de moyenne nationale) dépasse au mois une fois 25,3°C.
On parle de canicule lorsqu'une vague "représente un danger pour la population en terme de surmortalité", explique Sylvain Mondon, de Météo-France. Un risque estimé par département à partir de températures moyennes maximales et minimales (la nuit) sur trois jours.
Météo-France prévoit pour l'instant une "vague de chaleur" mais estime probable que le seuil de "canicule" soit atteint sur certains départements, avec des minimales supérieures à 20°C la nuit.
Incendies
Cette vague de chaleur intervient après un printemps particulièrement chaud et sec qui a provoqué sur une grande partie de l'Hexagone une sécheresse des sols qui fait craindre pour les récoltes et crée des conditions propices aux incendies.
Au 1er juin, l'indice d'humidité des sols atteignait une valeur habituellement rencontrée à la mi-juillet. Les orages de début juin ont légèrement amélioré les choses, mais la situation s'est encore dégradée dans certaines régions, notamment le Sud-Est.
Dans ce contexte, 35 départements ont mis en place des restrictions d'utilisation de l'eau.
Lundi, le Gard a connu plusieurs départs de feu importants, brûlant notamment 60 bungalows dans l'un des plus grands campings d'Europe.