Le plus grand déplacement de Palestiniens depuis des décennies se profile après une décision de justice israélienne

Les forces de sécurités israéliennes encerclent des manifestants brandissant des drapeaux palestiniens alors que des militants palestiniens, de gauche, israéliens et étrangers se réunissent pour protester contre une décision de la Cour Suprême d’expulser les communautés palestiniennes de la zone de tir 918, le 10 juin 2022. (Photo, AFP)
Les forces de sécurités israéliennes encerclent des manifestants brandissant des drapeaux palestiniens alors que des militants palestiniens, de gauche, israéliens et étrangers se réunissent pour protester contre une décision de la Cour Suprême d’expulser les communautés palestiniennes de la zone de tir 918, le 10 juin 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 13 juin 2022

Le plus grand déplacement de Palestiniens depuis des décennies se profile après une décision de justice israélienne

  • Israël affirme que la zone de Cisjordanie n’est pas habitée en permanence
  • Les agriculteurs et les bergers palestiniens revendiquent des liens historiques avec leurs terres

MASAFER YATTA, Cisjordanie : Près de 1 200 palestiniens de la région occupée de Masafer Yatta en Cisjordanie risquent d’être expulsés afin de faire place à une zone de tir de l’armée. La bataille juridique avait duré plusieurs décennies et s’est finalement terminée le mois dernier devant la Cour Suprême d’Israël. 

La décision a engendré l’un des plus grands déplacements depuis qu’Israël s’est appropriée le territoire lors de la guerre de Moyen-Orient de 1967. Pourtant, les habitants refusent de se déplacer, espérant que leur résilience ainsi que la pression internationale empêcheront Israël de procéder aux expulsions. 

«Ils veulent prendre cette terre pour construire des colonies», a déclaré Wadha Ayoub Abu Sabha, une habitante d’Al-Fakheit, l’un des groupe de hameaux où les bergers et les agriculteurs palestiniens revendiquent un lien historique avec leurs terres.

«Nous ne partirons pas», a-t-elle annoncé.

Dans les années 1980, Israël a déclaré la région une zone militaire fermée, connue sous le nom de « zone de tir 918». Il a fait alors valoir devant le tribunal que ces 3 000 hectares (7 400 acres) le long de la frontière entre Israël et la Cisjordanie étaient «fondamentaux» à des fins de formation et que les palestiniens qui y vivaient ne représentaient que des habitants saisonniers. 

«Ce fut une année d’immense chagrin», explique Abu Sabha, dont la voix se brisait alors qu’elle était assiste dans l’une des rares tentes encore montées et éclairée par une seule ampoule.

Les communautés de cette partie des collines du sud d’Hébron vivaient traditionnellement dans des grottes souterraines. Durant les deux dernières décennies, ils ont aussi commencé à construire des cabanes en tôle et de petites pièces au-dessus du sol. 

Selon Abu Sabha, cela fait des années que les forces israéliennes démolissent ces nouvelles constructions et maintenant que la justice les soutient, les expulsions vont probablement reprendre.

À quelques pas d’ici, les biens de sa famille ont été réduits à un tas de décombres après l’arrivée de soldats avec des bulldozers pour détruire certaines structures. Elle a déploré les pertes importantes – la disparition du bétail encore plus que la destruction des meubles. 

Une partie importante de l’argument au cours de l’affaire prolongée portait sur la question de savoir si les palestiniens qui vivent dans la région sont des résidents permanents ou saisonniers. 

La Cour Suprême a conclu que les résidents «n’avaient pas prouvé leur revendication d’habitation permanente» avant que la zone ne soit déclarée une zone de tir. Des photos aériennes et des extraits d’un livre de 1985 ont été utilisés comme preuve.

Le livre intitulé «La ville dans les grottes du mont Hébron» a été écrit par l’anthropologue Yaacov Havakook. L’auteur avait passé trois ans à étudier la vie des agriculteurs et des bergers palestiniens à Masafer Yatta. 

Havakook a refusé de commenter et a renvoyé Reuters à son livre. Pourtant, il dit avoir tenté de soumettre une opinion d’expert au nom des habitants suite à la demande d’un de leurs avocats et qu’il en avait été empêché par le ministère israélien de la Défense, où il travaillait à l’époque.

Critique internationale

Les Nations Unies ainsi que l’Union européennes ont condamné la décision du tribunal et ont exhorté Israël à arrêter les démolitions et les expulsions. 

Un porte-parole de l’UE a déclaré dans un communiqué que «la mise en place d’une zone de tir ne peut pas être considérée comme une ‘’raison militaire impérative’’ afin de transférer la population sous occupation».  Dans la transcription d’une réunion ministérielle de 1981 sur les colonies découvertes par des chercheurs israéliens, le ministre de l’Agriculture, Ariel Sharon, plus tard devenu Premier ministre, a suggéré à l’armée israélienne d’étendre les zones d’entrainements dans les collines du sud d’Hébron afin de déposséder les résidents palestiniens de leurs terres. 

Sharon annonce alors qu’ils veulent leur offrir «plus de zones d’entrainement» étant donné «la propagation des villageois arabes des collines vers le désert». 

L’armée israélienne a affirmé à Reuters que la zone avait été déclarée une zone de tir pour «diverses considérations opérationnelles pertinentes» et que les Palestiniens avaient violé l’ordre de bouclage en construisant sans aucun permis durant des années. 

Selon les Nations Unies, les autorités israéliennes rejettent la majorité des demandes palestiniennes de permis de construire dans la «zone C». Cette dernière est une bande de terre représentant les deux tiers de la Cisjordanie où Israël a le plein contrôle et où se trouvent la plupart des colonies juives. D’ailleurs dans d’autres régions de Cisjordanie, les palestiniens exercent une autonomie limitée.

Les données de l’ONU ont également montré qu’Israël a marqué près de 30% de la zone C comme zones de tir militaires. Ces désignations ont donc exposé 38 des communautés palestiniennes les plus vulnérables à un risque accru de déplacement forcé. 

Entre temps, les colonies de la région ont continué à s’étendre, limitant davantage les déplacements des palestiniens ainsi que l’espace disponible pour les résidents pour cultiver et faire faire paître leurs moutons et chèvres. «Toutes ces olives sont à moi», a déclaré Mahmoud Ali Najajreh d’Al-Markez, un autre hameau à risque, en désignant un bosquet à proximité. «Comment voulez-vous que je parte ?»

Les 3 500 oliviers qu’il a plantés il y a deux ans – il les a comptés, un par un – commençaient à bourgeonner. 

«Nous attendrons que l’orage soit passé, puis nous reconstruirons», a affirmé Najajreh à Reuters. «Nous préférerions mourir plutôt que de partir d’ici». 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 


Washington annonce avoir arrimé la jetée à Gaza, prête à recevoir de l'aide

Cette photo prise le 16 mai 2024 montre une vue du navire de l'armée américaine General Frank S. Besson Jr. Logistic Support Vessel (LSV-1) en Méditerranée, au large de la bande de Gaza. (AFP).
Cette photo prise le 16 mai 2024 montre une vue du navire de l'armée américaine General Frank S. Besson Jr. Logistic Support Vessel (LSV-1) en Méditerranée, au large de la bande de Gaza. (AFP).
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  • Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël
  • Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation

JERUSALEM: Les Etats-Unis ont annoncé avoir achevé jeudi une jetée provisoire sur la côte de Gaza, devant permettre d'acheminer plus d'aide dans le territoire ravagé par sept mois de guerre et dont les principaux points d'entrée sont bloqués depuis plus d'une semaine.

Des militaires américains "soutenant la mission humanitaire de livraison d'aide supplémentaire aux civils palestiniens dans le besoin, ont arrimé la jetée temporaire à la plage de Gaza", indique sur X le commandement militaire des Etats-Unis pour le Moyen-Orient (Centcom).

"Il est prévu que des camions chargés d'aide humanitaire commencent à accoster dans les prochains jours", poursuit le Commandement, précisant que l'aide sera remise à l'ONU qui "coordonnera sa distribution dans Gaza".

Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a toutefois indiqué que les négociations se poursuivaient concernant la distribution de l'aide.

"Nous finalisons nos plans opérationnels pour assurer que nous sommes prêts à gérer (l'aide) quand la jetée flottante sera totalement opérationnelle, tout en assurant la sécurité de notre personnel", a-t-il déclaré.

Répétant la préférence de l'ONU pour la voie terrestre, il a estimé que l'aide humanitaire "ne peut pas et ne devrait pas dépendre d'une jetée flottante loin de là où les besoins sont les plus aigus".

Que l'aide arrive "par la mer ou par la route, sans carburant elle n'arrivera pas aux gens qui en ont besoin", a-t-il insisté.

Interrogé sur ces inquiétudes, un porte-parole du Département d'Etat américain, Vedant Patel, a indiqué que les Etats-Unis travaillaient avec l'ONU sur les modalités. Mais "de notre point de vue, nous pensons que c'est prêt à fonctionner et que l'aide va commencer à arriver dès que possible".

Le vice-amiral Brad Cooper du Centcom, a annoncé l'arrivée "d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours (...) réparties entre plusieurs bateaux".

"Des milliers de tonnes d'aide sont dans les tuyaux", a-t-il ajouté, précisant que l'aide sera contrôlée en amont à Chypre. "Il n'y aura pas de soldat américain au sol à Gaza."

A terme, Washington espère l'arrivée de l'équivalent de "150 camions par jour", a précisé une porte-parole du Pentagone.

Ce projet de jetée d'un coût annoncé de 320 millions de dollars selon le Pentagone, avait été annoncé en mars par le président Joe Biden, pour pallier aux restrictions imposées par Israël, allié historique des Etats-Unis, à l'acheminement terrestre de l'aide vers la bande de Gaza.

Londres a annoncé mercredi qu'un navire chargé d'aide avait quitté Chypre à destination de cette installation.

Il doit y débarquer environ 100 tonnes d'abris temporaires pour les habitants de Gaza, quelque 2,4 millions de personnes dont environ 70% ont été déplacées par la guerre, dans un territoire déjà surpeuplé et assiégé depuis sept mois.

La marine et des troupes d'infanterie encadrent cette "opération humanitaire", a indiqué un porte-parole de l'armée israélienne, Nadav Shoshani.

Mercredi, plus de 200 camions sont entrés à Gaza, via le passage d'Erez-Ouest et celui de Kerem Shalom, chargés notamment de farine et de carburant (76.000 litres) et "nous allons les transférer au Programme alimentaire mondial pour approvisionner les organisations et les boulangeries à travers Gaza", a-t-il déclaré.

Israël a lancé une offensive sur la bande de Gaza en riposte à une attaque sanglante sur son sol de commandos du Hamas et ses alliés, le 7 octobre.

L'aide internationale, strictement contrôlée par les autorités israéliennes, arrivait déjà au compte-gouttes, mais son entrée à Gaza est désormais largement entravée aux deux principaux points de passage -Kerem Shalom depuis Israël et Rafah depuis l'Egypte.

L'armée israélienne s'est emparée le 7 mai du côté palestinien du passage de Rafah, par lequel transitait la totalité du carburant indispensable au fonctionnement des infrastructures et hôpitaux de Gaza et à la logistique humanitaire.

Depuis, l'Egypte refuse de coordonner l'acheminement de l'aide avec Israël par Rafah, les deux pays se renvoyant la responsabilité du blocage.

Fermé plusieurs jours début mai après avoir essuyé des tirs de roquettes du Hamas, Kerem Shalom est officiellement ouvert, mais des organisations humanitaires affirment ne pas pouvoir y collecter l'aide acheminée, faute de carburant et en raison de combats alentour.


Un pèlerin français traverse treize pays pour accomplir l’Omra

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar affirme qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres. (SPA)
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  • M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres
  • «C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar

MÉDINE: Le pèlerin français Mohammed Boulabiar a passé huit mois à parcourir treize pays pour accomplir l’Omra, a rapporté mercredi l’agence de presse saoudienne (SPA).

Dans une interview accordée à SPA peu après son arrivée à Médine mercredi, M. Boulabiar explique qu’il s’est entraîné pendant deux ans pour effectuer cette marche de 8 000 kilomètres.

Il est parti de Paris le 27 août 2023 et a traversé la Suisse, l’Italie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie, le Monténégro, l’Albanie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et la Jordanie avant d’arriver en Arabie saoudite.

Muni uniquement d’une carte et d’un sac contenant des provisions de première nécessité et une tente ne pesant que 25 kilos, M. Boulabiar raconte avoir passé la plupart de ses nuits dans des mosquées situées le long de la route ou chez des étrangers généreux qui l’ont accueilli dans leur maison.

Pour M. Boulabiar, l’aspect le plus difficile du voyage était la météo.

«Je suis parti en été et je suis arrivé au printemps, traversant l’automne et l’hiver, affrontant les tempêtes et le tonnerre. À un moment donné, une tempête de neige à la frontière grecque a retardé mon voyage d’une semaine», se souvient-il.

«C’est un rêve d’enfant. Je rêvais de me rendre à La Mecque à pied, comme le Prophète», confie M. Boulabiar.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien s’entretient avec des dirigeants arabes en marge du sommet de Manama

Le prince héritier d’Arabie saoudite s’entretient avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, à Manama, Bahreïn. (SPA)
Le prince héritier d’Arabie saoudite s’entretient avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, à Manama, Bahreïn. (SPA)
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  • Le prince héritier a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités en exigeant la cessation immédiate de l’agression israélienne
  • Il a souligné «l’importance de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne»

RIYAD: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a rencontré plusieurs dirigeants arabes en marge du Sommet de la Ligue arabe, qui se tient aujourd’hui à Manama.

Le prince héritier s’est entretenu avec le Premier ministre koweïtien, cheikh Ahmed Abdallah al-Ahmed al-Sabah, le roi Abdallah de Jordanie, le président syrien, Bachar al-Assad, et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Le sommet portait essentiellement sur la guerre entre Israël et le Hamas. Le prince héritier a déclaré dans son discours que le Royaume «insistait sur la nécessité d’une collaboration continue pour faire face à l’agression brutale contre la Palestine».

Il a exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités en exigeant la cessation immédiate de l’agression israélienne et en garantissant l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.

Le prince héritier a également souligné «l’importance de trouver une solution juste et globale à la question palestinienne sur la base des résolutions légitimes de l’ONU et de l’Initiative de paix arabe, garantissant ainsi le droit du peuple palestinien à établir un État indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com