Pour la macronie, l'espoir ténu d'obtenir une majorité absolue

La Première ministre française Elisabeth Borne prononce un discours lors de la soirée électorale au siège de l'alliance centriste Ensembleà Paris, le 12 juin 2022 (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne prononce un discours lors de la soirée électorale au siège de l'alliance centriste Ensembleà Paris, le 12 juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 12 juin 2022

Pour la macronie, l'espoir ténu d'obtenir une majorité absolue

  • Des sueurs froides avaient gagné nombre de pontes de La République en marche et de ses alliés, à mesure d'une campagne jugée poussive
  • Par rapport aux législatives de 2017, la déperdition est encore plus nette : 5 à 7 points de moins

PARIS: En arrivant au coude à coude avec la coalition de gauche lors du premier tour des élections législatives, l'alliance de La République en marche, du MoDem et d'Horizons part largement favorite pour être la première force dans la prochaine Assemblée et garde l'espoir d'obtenir une majorité absolue.

Selon trois instituts, la coalition de gauche Nupes devance de quelques dixièmes de point les macronistes réunis sous la bannière Ensemble!. Mais le faible écart a rassuré les troupes d'Emmanuel Macron, dimanche soir, qui estiment avoir montré leur solidité et endigué la dynamique mélenchoniste mise en évidence ces derniers jours par les sondeurs.

Des sueurs froides avaient gagné nombre de pontes de La République en marche et de ses alliés, à mesure d'une campagne jugée poussive, sans dynamique, certains s'interrogeant sur la stratégie de reporter le plus tard possible le top départ de la bataille électorale.

La polémique autour des accusations dans la presse à l'endroit du nouveau ministre Damien Abad, celle consécutive aux débordements du Stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions ou les premiers pas parfois hésitants de la nouvelle Première ministre, Elisabeth Borne, avaient achevé d'instiller le doute.

Le score obtenu dimanche soir par la majorité sortante témoigne de ces ratés, puisqu'elle obtient environ 1 à 3 points de moins qu'Emmanuel Macron au premier tour de l'élection présidentielle le 10 avril dernier.

Par rapport aux législatives de 2017, la déperdition est encore plus nette : 5 à 7 points de moins.

Et si l'espoir de conserver une majorité absolue - c'est-à-dire d'obtenir 289 sièges dimanche prochain - demeure, il devient ténu: les projections des sondeurs accordent entre 260 et 310 députés à la coalition Ensemble!.

Coup de cœur 

"Pendant toute la campagne, on a senti que les gens allaient se décider dans les derniers, voire le dernier jour", estimait en fin de semaine un ministre lui-même candidat et selon qui, au-delà du résultat de dimanche soir, la composition de la future Assemblée reste "particulièrement ouverte".

L'entre-deux tours, qui doit notamment être marqué par une accélération de la campagne de la part de l'exécutif en général et d'Emmanuel Macron en particulier, semble particulièrement crucial, même si selon plusieurs spécialistes, la macronie est celle qui a souffert le moins de la très forte abstention de dimanche.

Plusieurs personnalités jouent par ailleurs gros, notamment leur poste ministériel, qu'elles perdraient en cas d'échec à se faire élire dimanche prochain.

La majorité sortante a poussé un ouf de soulagement en découvrant le score de la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, arrivée en tête dans la sixième circonscription du Calvados et désormais largement favorite.

Mais le sort des ministres Clément Beaune ou Stanislas Guerini à Paris, ou Justine Bénin en Guadeloupe, est toujours particulièrement incertain.

Le résultat de dimanche soir est ainsi apparu en trompe l'œil pour plusieurs responsables de la majorité: d'un côté, Emmanuel Macron est en passe de réussir son pari de reconduire une majorité à l'Assemblée, ce qui n'était pas arrivé depuis quinze ans.

Mais l'espoir que La République en marche obtienne à elle seule la majorité absolue est devenu illusoire, les marcheurs devant compter sur les troupes du MoDem et surtout celles d'Edouard Philippe pour espérer atteindre les 289 sièges.

Les députés devront par ailleurs faire face à un puissant groupe de gauche, à rebours de la dernière législature.

Pire: le risque que leur majorité ne soit que relative complique singulièrement la tâche de la macronie.

Seul exemple dans l'histoire de la Vè République: les élections législatives de 1988, lorsque les socialistes et leurs alliés n'étaient pas parvenus à obtenir une majorité absolue. A l'époque, un mois et demi après la réélection de François Mitterrand, la majorité présidentielle d'alors était elle aussi arrivée en deuxième position au premier tour.

Le gouvernement de Michel Rocard avait alors dû faire des alliances avec le centre-droit pour faire voter ses textes, souvent à l'aide de l'article 49.3 de la Constitution.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".