COLOMBO: Un ministre du Sri Lanka a été reconnu coupable lundi d'avoir extorqué de l'argent à un homme d'affaires dans le cadre d'une transaction foncière, un verdict de culpabilité rare dans une affaire de corruption dans ce pays d'Asie du Sud.
Prasanna Ranatunga a été condamné à deux ans de prison avec sursis et à une amende de 25 millions de roupies sri-lankaises (68.500 dollars).
Il est actuellement ministre du Développement urbain et était auparavant responsable du tourisme, avant d'occuper brièvement le poste de ministre de la Sécurité publique.
Le Sri Lanka occupe la 102e place sur 180 pays dans l'indice de perception de la corruption établi par Transparency International pour 2021, mais il est extrêmement rare que de hauts responsables politiques sri-lankais aient à répondre d'allégations de corruption.
M. Ranatunga a intimidé un homme d'affaires pour un pot-de-vin de 64 millions de roupies en 2015 (environ 470.000 dollars), a constaté la Haute cour de justice.
Seule une partie de l'argent avait été versée lorsque le promoteur s'est rendu à la police après avoir déclaré que M. Ranatunga avait menacé de le tuer s'il ne payait pas la totalité.
Outre la peine de prison avec sursis et l'amende, la juge de la Haute Cour Manjula Thilakaratne a ordonné à M. Ranatunga de verser à l'homme un million de roupies (2.700 dollars américains) à titre de compensation.
"Le juge a également décidé que le ministre devra purger une peine de 12 ans s'il néglige de payer l'amende et la compensation", a déclaré un fonctionnaire du tribunal.
L'homme politique de 55 ans, qui était à l'époque ministre en chef de la province occidentale, comprenant la capitale Colombo, n'avait pas fait de commentaire dans l'immédiat.
M. Ranatunga est un important allié du président Gotabaya Rajapaksa, dont il est le principal porte-parole au Parlement.
Depuis l'arrivée au pouvoir du président Rajapaksa en novembre 2019, une série de politiciens, dont son frère cadet Basil, ont échappé à des affaires de corruption après le retrait par l'Etat des accusations pour des "questions techniques".
Des milliers de personnes manifestent devant le bureau du président Rajapaksa à Colombo depuis le 9 avril, exigeant sa démission en raison de la grave situation économique de l'île.
Le Sri Lanka traverse sa pire crise économique depuis son indépendance et se trouve confronté à de graves pénuries de carburant, de nourriture et de médicaments en raison d'un manque de devises étrangères, doublé d'une inflation galopante.