BELGRADE: La situation autour de la visite annoncée en début de semaine à Belgrade du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov est "exceptionnellement compliquée" en raison de l'impossibilité de survol de certains pays, a déclaré dimanche la cheffe du gouvernement serbe Ana Brnabic.
Cette visite a été annoncée dans la foulée d'un accord sur lequel sont parvenus fin mai, lors d'un entretien téléphonique, les présidents russe et serbe, sur la poursuite des livraisons du gaz russe à la Serbie au cours des trois prochaines années, à des prix favorables.
Cette nouvelle a été annoncée par le pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne (UE) au moment où le bloc tente de se sevrer des énergies fossiles russes, dans le cadre des sanctions adoptées en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Tout en négociant son adhésion à l'UE, Belgrade maintient des liens étroits avec le Kremlin. Si la Serbie a condamné à l'ONU l'invasion de l'Ukraine, elle refuse de s'aligner sur les sanctions contre Moscou.
Son président Aleksandar Vucic affirme régulièrement que Belgrade subit pour cette raison de fortes pressions des Occidentaux.
Invitée dimanche à la télévision Pink, la Première ministre serbe a admis que cette position de son pays était "difficile", "dans un monde où, malheureusement, plus personne ne veut discuter et encore moins entendre quelqu'un d'autre".
Mme Brnabic a expliqué que le président serbe Aleksandar Vucic travaillait sur l'organisation de la visite et qu'il avait "une série de réunions avec des représentants de la Russie, des Etats-Unis, de l'Allemagne et de l'UE".
"La situation est exceptionnellement compliquée", a-t-elle dit, en raison de la "logistique", et plus précisément des "survols" des pays sur l'itinéraire de l'avion gouvernemental russe.
Sergueï Lavrov est visé depuis le 25 février, au lendemain de l'invasion, par des sanctions de l'UE, tout comme le président russe Vladimir Poutine.
Le ministre russe devrait arriver en Serbie lundi et y poursuivre sa visite mardi, avant de se rendre en Turquie. Il est censé rencontrer à Belgrade le président serbe, son homologue serbe Nikola Selakovic, et le patriarche de l'Eglise orthodoxe serbe Porfirije.
Le quotidien serbe Vecernje Novosti affirme en ligne que "la visite de Lavrov est incertaine". Selon ce journal, trois pays voisins de la Serbie - la Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro -, ont interdit le survol de leur territoire à l'avion gouvernemental russe.
Le cabinet de M. Vucic a annoncé que le président serbe allait rencontrer lundi matin l'ambassadeur russe à Belgrade.
Aleksandar Vucic avait lui-même laissé entendre jeudi que l'organisation de cette visite ne se passait pas sans entrave et qu'elle "se compliquait".