Roland-Garros: Rafael Nadal, roi de la terre... et au-delà

Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée. (AFP)
Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 05 juin 2022

Roland-Garros: Rafael Nadal, roi de la terre... et au-delà

  • Rafael Nadal, roi de la terre battue, a remporté 14 de ses 22 titres du Grand Chelem à Roland-Garros, mais il a livré des combats épiques sur toutes les surfaces
  • Avec ses 22 sacres en Grand Chelem, l'Espagnol devance désormais de deux longueurs ses grands rivaux Novak Djokovic et Roger Federer (vingt Majeurs chacun)

PARIS: Sans égal sur terre battue, où il a décroché dimanche un faramineux 14e titre à Roland-Garros, Rafael Nadal a étendu sa domination à toutes les surfaces grâce à son inoxydable mental et sa résilience face aux blessures.

Avec ses 22 sacres en Grand Chelem, l'Espagnol devance désormais de deux longueurs ses grands rivaux Novak Djokovic et Roger Federer (vingt Majeurs chacun).

"Rafa" écrase la concurrence sur l'ocre depuis près de vingt ans, mais réduire sa palette à cette couleur serait une erreur.

Sur dur à Melbourne, il ne s'est imposé que deux fois, mais possède l'un des meilleurs ratios victoires/défaites. En Australie, en début d'année, il est devenu le deuxième joueur de l'ère Open (depuis 1968) à remporter au moins deux fois chacun des quatre tournois du Grand Chelem, après Djokovic.

Roland-Garros: «dans les circonstances actuelles, je ne peux pas et je ne veux pas continuer de jouer», dit Nadal

Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée.

"Comme je l'ai déjà dit, dans les circonstances actuelles, je ne peux pas et je ne veux pas continuer de jouer", a déclaré le champion espagnol lors d'une conférence de presse, en expliquant avoir subi durant Roland-Garros "plusieurs injections avant chaque match" pour endormir ses nerfs douloureux.

"J'ai été capable de jouer pendant ces deux semaines dans des conditions extrêmes grâce à des injections dans les nerfs pour endormir le pied. C'est pour ça que j'ai pu jouer: j'ai joué sans douleur, mais aussi sans aucune sensation ni sensibilité, comme des dents endormies par le dentiste", a-t-il expliqué en soulignant que cette procédure n'abîmerait pas son pied.

"C'est un risque que je voulais prendre pour jouer ici, pas un risque que je veux prendre dans le futur. C'était un +one shot+", a-t-il assuré dans la foulée de sa victoire contre le Norvégien Casper Ruud en finale dimanche 6-3, 6-3, 6-0. "Jouer avec des antidouleurs oui, avec des anesthésiques, non. Ca peut arriver une fois, mais je ne veux pas en faire une philosophie de vie."

Après avoir remporté l'Open d'Australie en janvier puis Roland-Garros, la prochaine grande échéance est Wimbledon dans trois semaines.

"Je serai à Wimbledon si mon corps est prêt à être à Wimbledon", a-t-il ajouté en précisant qu'il "voulait" y être.

Le joueur et son équipe, dont le médecin de la Fédération espagnole Angel Ruiz qui a pratiqué les injections anesthésiques à Roland-Garros, ont décidé d'entreprendre "la semaine prochaine" un traitement pour "tenter de créer" l'absence de sensation de façon permanente.

"C'est ce qu'on va essayer, si ça marche, je vais continuer, si ça ne marche pas, ce sera une autre histoire", a encore dit Nadal.

Avec 92 trophées, le trône de N.1 mondial occupé pendant 209 semaines, cinq Coupes Davis et deux médailles d'or olympique, en simple et double, il possède, à 36 ans (il les a fêtés vendredi), l'un des palmarès les plus foisonnants, avec ceux de Djokovic et Federer.

Lui-même place au-dessus ses deux victoires sur le gazon de Wimbledon en 2008 et 2010, surtout la première, conquise dans un match de légende contre le champion suisse, coauteur avec lui d'un des feuilletons les plus passionnants de l'histoire du sport.

C'est sur la terre battue, le terrain le plus exigeant pour la tête et les jambes, que son art a atteint sa perfection. Depuis plus d'une décennie, d'avril à juin, il est presque imbattable grâce à son énorme lift et à ses glissades: 473 matches gagnés sur 519 disputés, soit 91% de succès.

La presse espagnole applaudit le «dieu» Nadal après sa victoire à Roland-Garros

La presse espagnole ne tarit pas d'éloge sur son "Dieu" Rafael Nadal dans la foulée du 14e sacre du Majorquin à Roland-Garros, acquis dimanche aux dépens du Norvégien Casper Ruud 6-3, 6-3, 6-0.

"Nadal, un Dieu sur terre", a titré le quotidien Marca sur son site internet à l'issue du match, tandis que Mundo Deportivo s'extasie devant "le plus grand champion de l'histoire".

"Longue vie à Nadal", peut-on lire sur le site d'As, qui rappelle que le champion a remporté son 22e Majeur, "plus que quiconque dans l'histoire".

Pour l'édition en ligne de Sport, "Nadal refait l'histoire à Paris" et "personne ne peut lui tenir tête dans +sa maison+".

Bête de combat 

Ses triomphes parisiens, de 2005 à 2008, de 2010 à 2014, de 2017 à 2020 et donc en 2022, sont ses chefs-d'oeuvre. Aucun champion n'a jamais réussi à gagner autant de fois un même tournoi du Grand Chelem.

Personne non plus n'a jamais remporté 81 matches de suite sur terre battue, record établi entre avril 2005 et mai 2007, ni empilé 62 titres sur cette surface.

Né d'une mère commerçante et d'un père chef d'entreprise à Manacor, la troisième ville de Majorque, île à laquelle il reste passionnément attaché, Nadal a passé son enfance dans un immeuble où logeait toute sa famille. Ou plutôt son clan, tant un esprit de corps à la méditerranéenne soudait ses membres - à cet égard la séparation de ses parents, en 2009, a été une rude épreuve.

Ses oncles ont eu une importance décisive: Miguel Angel Nadal, le footballeur du FC Barcelone, qui lui a fait prendre conscience très jeune des exigences du sport professionnel, et surtout Toni, son mentor de l'âge de 4 ans jusqu'à 2018 (quand son compatriote et ami Carlos Moya a pris la relève).

Sous la férule de cet entraîneur, "le plus sévère qu'on puisse imaginer", le petit prodige a sué sang et eau au club de tennis juste en face de la résidence familiale. "Il me mettait une pression très forte, usait d'un langage brutal, criait souvent ; j'avais peur de lui", raconte le joueur.

D'après Toni, c'était le prix à payer pour transformer un garçon plutôt timide et craintif en bête de combat sur le court. Et aussi en gentleman : "interdiction absolue de jeter sa raquette".

Roland-Garros: des duels qui ont forgé la légende de Nadal

Rafael Nadal, roi de la terre battue, a remporté 14 de ses 22 titres du Grand Chelem à Roland-Garros, mais il a livré des combats épiques sur toutes les surfaces. En voici une sélection:

 

. Roland-Garros 2005: demi-finale gagnée contre Federer

En route pour le premier Majeur. Federer visait un cinquième titre du Grand Chelem, le premier à Paris. Mais ce jour-là, le jeune Espagnol qui avait enchaîné trois titres sur terre battue les semaines précédentes s'est fait un nom. Nadal a battu le Suisse 6-3, 4-6, 6-4, 6-3 en demi-finale, et s'est qualifié pour sa première finale majeure. Deux jours plus tard le Majorquin décrochait le premier de ses 22 titres en Grand Chelem.

 

. Wimbledon 2007: finale perdue contre Federer

Le tournant. Federer s'impose 7-6, 4-6, 7-6, 2-6, 6-2 pour son 5e titre consécutif à Wimbledon, mais à la suite de ce match, on se dit que Nadal est bien plus proche de battre Federer dans son jardin londonien que le Suisse de battre l'Espagnol sur la terre battue parisienne.

 

. Roland-Garros 2008: finale remportée contre Federer

Fessée. C'est la sévérité du score qui rend ce match incroyable: Nadal a joué quasiment à la perfection pour humilier le N.1 mondial 6-1, 6-3, 6-0.

 

. Wimbledon 2008: finale gagnée contre Federer

La victoire au crépuscule. La rivalité entre les deux hommes est déjà bien établie et l'Espagnol a failli faire chuter le Suisse en son royaume l'année précédente. Cette fois, après 4h48 d'une partie interrompue plusieurs fois par la pluie et alors que la nuit tombait, Nadal a remporté la balle de match à 21h16 sur le score de 6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7, mettant un terme à une série de cinq titres de Federer à Wimbledon. Cette rencontre est la plus célèbre de l'histoire du tennis avec le Borg-McEnroe de 1980, au même endroit.

 

. Open d'Australie 2009: finale gagnée contre Federer

Infatigable. Nadal remporte son premier titre à Melbourne en battant Federer 7-5, 3-6, 7-6(3), 3-6, 6-2 et près de 4h30 de tennis d'un très haut niveau. En demies, il avait déjà bataillé 5h14 pour écarter Fernando Verdasco. Vaincu, Federer n'a pu retenir ses larmes pendant la cérémonie de remise des trophées.

 

. US Open 2010: finale gagnée contre Djokovic

Le Majeur manquant. En 2010, l'US Open était le dernier qui manquait au palmarès de Nadal. Malgré la confiance accumulée grâce à sa victoire contre Roger Federer en demi-finale, Djokovic n'a pu arrêter l'Espagnol. Nadal s'est imposé 6-4, 5-7, 6-4, 6-2.

 

. Open d'Australie 2012: finale perdue contre Djokovic

La plus longue. Novak Djokovic s'est imposé 5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5 en 5 heures 53, ce qui en fait à ce jour la plus longue finale d'un tournoi du Grand Chelem. Le Serbe a conclu le lundi à 1h37 un match qui avait débuté dimanche soir.

 

. US Open 2019: finale gagnée contre Medvedev

Jamais vaincu. Après deux sets tranquillement gagnés, Nadal s'est fait surprendre par le retour d'un jeune Russe encore inconnu et au jeu étrange. Poussé au cinquième set, l'Espagnol prouve qu'il ne lâche jamais rien et s'impose en 4h51 d'un combat épique 7-5, 6-3, 5-7, 4-6, 6-4.

 

. Roland-Garros 2020: finale gagnée contre Djokovic

La leçon. L'édition du Majeur sur terre battue se joue en automne à cause de la pandémie de covid qui en a empêché la tenue au printemps. Des conditions humides, venteuses et froides sont autant d'obstacles sur la route d'un 13e titre parisien pour Nadal. Et l'on se dit que Djokovic tient sa chance de battre le roi de la terre en finale de "son" tournoi. En fait, l'Espagnol corrige le Serbe 6-0, 6-2, 7-5 et égale le record de 20 titres du Grand Chelem détenu depuis 2018 par Roger Federer.

 

. Roland-Garros 2021: demi-finale perdue contre Djokovic

La revanche. Djokovic joue le match de sa vie sur terre battue et s'impose 3-6, 6-3, 7-6, 6-2 au terme d'un match d'une qualité et d'une tension rarement égalées. Nadal confessera par la suite souffrir du pied et ne jouera plus que deux matches de la saison, déclarant forfait à Wimbledon et à l'US Open.

 

. Open d'Australie 2022: finale gagnée contre Medvedev

Renversant. Mené deux sets à rien face au Russe Daniil Medvedev, le Majorquin parvient à s'imposer 2-6, 6-7, 6-4, 6-4, 7-5 après 5h24 de jeu pour s'offrir un 21e titre historique en Grand Chelem. Il avait pourtant contracté le Covid-19 en décembre et manqué six mois de compétition en 2021 en raison de son pied gauche douloureux.

 

. Roland-Garros 2022: quart de finale gagné contre Djokovic

Implacable malgré les doutes. Nadal arrive à Roland-Garros en grand manque de préparation à cause de sa douleur au pied gauche (il reste sur une élimination en 8es de finale à Rome, l'un de ses deux seuls tournois joués sur terre avec celui de Madrid, où la douleur était devenue insupportable). En face, Djokovic est lui en forme ascendante, tout proche de son absolu meilleur niveau, et entend égaler le record de titres du Grand Chelem. Mais contre toute attente, c'est bien Nadal qui s'impose 6-2, 4-6, 6-2, 7-6 (7/4) et s'ouvre la voie d'un 14e titre sur la terre battue parisienne et d'un 22e Majeur.

«Immergé dans son tennis»

Moins doué techniquement que Federer - même s'il ne faut pas sous-estimer l'habileté de sa patte gauche, qu'il n'utilise que pour jouer au tennis, étant droitier - Nadal a triomphé grâce à son mental, à cette "capacité à accepter les difficultés et à les surmonter supérieure à celle de la plupart de (ses) rivaux", dit-il, et à son exceptionnel pouvoir de concentration, lorsqu'il est "entièrement immergé dans (son) tennis solitaire, avec un sentiment de vie intense".

Mais son corps a souvent été son pire ennemi. Dès 2006, il s'est cru perdu à cause d'une malformation congénitale (syndrome de Müller-Weiss) au pied gauche qui l'a obligé à porter des chaussures sur mesure. Cette douleur qui va et vient sans jamais disparaître est devenue franchement handicapante ces derniers mois. Au point que le doute plane sur son retour ou non en 2023.

Roland-Garros: Rafael Nadal à deux longueurs du record de Margaret Court

Rafael Nadal a décroché dimanche à Roland-Garros son 22e titre du Grand Chelem, améliorant son record de titres majeurs sur le circuit masculin, mais l'Espagnol est encore à deux longueurs de l'Australienne Margaret Court, 24 fois victorieuse en Grand Chelem.

 

24 titres en Grand Chelem: Margaret Smith Court (AUS)

23: Serena Williams (USA)

22: Steffi Graf (GER)

22: Rafael Nadal (ESP)

20: Novak Djokovic (SRB), Roger Federer (SUI)

19: Helen Wills Moody (USA)

18: Chris Evert (USA), Martina Navratilova (CZE/USA)

14: Pete Sampras (USA)

12: Roy Emerson (AUS), Billie Jean King (USA)

11: Bjorn Borg (SWE), Rod Laver (AUS)

10: Bill Tilden (USA)

9: Monica Seles (YOU/USA), Maureen Connolly (USA)

8: Ivan Lendl (CZE/USA), Jimmy Connors (USA), Andre Agassi (USA), Fred Perry (GBR), Ken Rosewall (AUS), Suzanne Lenglen (FRA), etc.

7: John McEnroe (USA), Mats Wilander (SWE), Henri Cochet (FRA), René Lacoste (FRA), Justine Hénin (BEL), Venus Williams (USA), etc.

6: Boris Becker (GER), Stefan Edberg (SWE), etc.

Des problèmes au genou et au poignet l'ont également tenu éloigné des courts pendant de longues périodes.

Cet homme immensément riche (près de 130,5 millions de dollars de gains, sans compter les revenus publicitaires) et célèbre se décrit comme un homme ordinaire qui n'aime rien tant qu'aller à la pêche avec ses amis, regarder des matches de football - qu'il préférait au tennis étant enfant - et passer du temps avec son épouse Francesca, une Majorquine dont il partage la vie depuis 2005.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Short Url

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Short Url
  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Short Url
  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »