Bombardements sur Kiev, «la moitié» de Severodonetsk sous contrôle selon l'Ukraine

Un char de combat principal ukrainien roule dans une rue lors d'un tir de mortier à proximité à Severodonetsk, dans l'est de l'Ukraine, le 18 mai 2022 (Photo, AFP).
Un char de combat principal ukrainien roule dans une rue lors d'un tir de mortier à proximité à Severodonetsk, dans l'est de l'Ukraine, le 18 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 06 juin 2022

Bombardements sur Kiev, «la moitié» de Severodonetsk sous contrôle selon l'Ukraine

  • Kiev, qui reprenait un semblant de vie normale, a été frappée à l'aube par plusieurs frappes russes
  • Le Kremlin rêve, a assuré Oleksiï Reznikov, de «rassembler les terres» qu'il considère comme siennes

KIEV : L'Ukraine assure dimanche avoir repris "la moitié" de Severodonetsk, ville-clé de l'est de son territoire et actuel épicentre de combats acharnés avec l'armée russe dans le vaste bassin houiller du Donbass, mais dit s'attendre à une contre-attaque majeure prochaine.

Kiev, qui reprenait un semblant de vie normale, a été frappée à l'aube par plusieurs frappes russes, les premières depuis fin avril. Le président russe Vladimir Poutine a menacé de frapper de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissaient des missiles de longue portée à l'Ukraine.

Au cours des dernières heures, chacun des camps a affirmé progresser à Severodonetsk. Sa prise serait un atout de taille pour les Russes qui veulent contrôler l'intégralité du Donbass, dont des séparatistes prorusses appuyés par Moscou tenaient une partie depuis 2014.

Mais dimanche, le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a annoncé que les forces ukrainiennes avaient "nettoyé la moitié" de Severodonetsk des troupes russes qui s'y trouvaient.

"La moitié de la ville est sous le contrôle de nos défenseurs", a-t-il assuré dans une interview diffusée sur les réseaux sociaux.

Mais il a dit s'attendre à une contre-attaque russe: "Dans les cinq prochains jours, il y aura une forte augmentation du nombre des bombardements à l'artillerie lourde", a avancé M. Gaïdaï.

Pour l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), la dynamique a changé et désormais les forces ukrainiennes "ralentissent avec succès (...) les assauts russes à Severodonetsk à travers des contre-attaques locales prudentes et efficaces".

Explosions à Kiev 

A Kiev, plusieurs explosions ont eu lieu à l'aube dans les quartiers de Darnytsky et Dniprovsky (sud-est de la capitale ukrainienne).

"J'ai entendu environ six explosions à 5H57 du matin", a déclaré à l'AFP Natalia, 72 ans, qui a été réveillée par les bombardements.

Une personne blessée a été hospitalisée, a annoncé sur Telegram le maire de Kiev, Vitali Klitschko. Elle a rapidement quitté l'hôpital dans la journée.

Un immeuble de 10 étages a eu toutes ses vitres brisées. Non loin, une femme a nettoyé des bris de verre dans la rue devant un centre culturel dont les vitres ont également été soufflées par les explosions.

Ces frappes aériennes ont visé un atelier de réparation de wagons de marchandise, dans le sud-est de Kiev à 10 km du centre-ville, selon la Russie, qui affirme y avoir détruit des blindés fournis à l'Ukraine par des pays d'Europe de l'Est.

"Des missiles de haute précision et de longue portée tirés (...) sur la banlieue de Kiev ont détruit des chars T-72 fournis par des pays d'Europe de l'Est et d'autres blindés qui se trouvaient dans des hangars", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.

Des responsables et des témoins ukrainiens sur place ont démenti.

"C'est un autre exemple de falsification fabriquée par la Russie pour justifier cette guerre brutale contre l'Ukraine", a réagi auprès de l'AFP Serhii Leshchenko, le directeur adjoint du conseil de surveillance de la compagnie de chemins de fer ukrainienne.

Dans la soirée, l'AFP a pu constater la destruction de plusieurs hangars et un large cratère causé par un obus, tandis que les pompiers tentaient toujours de maîtriser un petit incendie.

"L'agresseur continue de lancer des missiles et de mener des frappes aériennes sur les infrastructures militaires et civiles de notre pays, en particulier à Kiev", a écrit l'état-major de l'armée ukrainienne sur sa page Facebook.

Selon l'aviation ukrainienne, plusieurs missiles de croisière ont été tirés en direction de Kiev par des avions russes TU-95 basés dans la mer Caspienne, dont un a été détruit.

La capitale, autour de laquelle l'étau russe s'était desserré fin mars/début avril, n'avait plus été frappée depuis le 28 avril, jour de la visite du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

La société ukrainienne Energoatom, qui gère les centrales nucléaires du pays, a pour sa part déclaré qu'un missile avait volé à un "niveau extrêmement bas au-dessus de la centrale Pivdenno-Ukraïnska", dans la région de Mykolaïv (sud), dénonçant "un acte de terrorisme nucléaire".

«Besoin d'un soutien constant»

L'Ukraine a besoin d'un soutien militaire "constant" de la part des pays occidentaux, et non d'une aide "ponctuelle", jusqu'à sa victoire contre les forces de Moscou, a déclaré dimanche sa vice-ministre de la Défense, Ganna Malyar.

Peu après les frappes sur Kiev, le président russe a prévenu que Moscou frapperait de nouvelles cibles si les Occidentaux fournissaient des missiles de longue portée à l'Ukraine, ce qui selon lui vise à "prolonger le conflit".

En cas de telles livraisons, la Russie frapperait "des sites que nous n'avons pas visés jusqu'à présent", a déclaré M. Poutine à la chaîne de télévision Rossiya-1, sans plus de détails.

Ces déclarations interviennent quelques jours après que les Etats-Unis ont annoncé leur décision de livrer à l'Ukraine des lance-roquettes multiples Himars, d'une portée d'environ 80 km.

Les experts militaires soulignent que cette portée est légèrement supérieure à celle des systèmes analogues russes, ce qui permettrait aux forces de Kiev de frapper l'artillerie adverse en restant hors d'atteinte.

Combats sur d'autres fronts 

Les combats se poursuivent aussi sur les autres fronts. Selon le ministre ukrainien de la Défense, "la Russie continue de faire des efforts pour occuper tout notre Etat".

Le Kremlin rêve, a assuré Oleksiï Reznikov, de "rassembler les terres" qu'il considère comme "siennes", y compris "la Pologne, les pays baltes, la Slovaquie et d'autres".

Crimée, Donbass, sud de l'Ukraine: au total, la Russie a triplé, depuis le début de l'invasion, la superficie de territoire ukrainien sous son contrôle, atteignant 125.000 km², soit 20% du pays, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dimanche soir, sur la pelouse de Cardiff, les Ukrainiens vont tenter de remporter une autre victoire, celle qui qualifierait la sélection nationale au Mondial de football.

"Nous avons tous compris que le match contre le pays de Galles ne sera pas une question de condition physique ou de tactique, mais bien de survie. Tout le monde va se battre pour cela et tout donner", a expliqué le défenseur Oleksandre Zinchenko, comme pour mieux faire corps avec les soldats ukrainiens, à défaut de pouvoir combattre à leur côté.


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com