Sean Casten: la politique étrangère américaine aurait un «angle mort» quant au conflit israélo-palestinien

Une photo montre une vue générale du mur occidental à Jérusalem, le 25 janvier 2022. (Photo, AFP)
Une photo montre une vue générale du mur occidental à Jérusalem, le 25 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 03 juin 2022

Sean Casten: la politique étrangère américaine aurait un «angle mort» quant au conflit israélo-palestinien

  • Membre du Congress américain, Sean Casten affirme qu’il soutient la solution à deux États, mais qu’elle apparaît difficile au vu de la dynamique politique actuelle
  • Il déplore le fait que la compréhension américaine du conflit israélo-palestinien soit dominée par des militants des deux côtés aux États-Unis

CHICAGO: La politique étrangère américaine a un «angle mort» lorsqu’il est question d’obtenir des informations précises sur les défis auxquels font face les Israéliens et les Palestiniens ou de parvenir à la paix, a déclaré mercredi dernier à Arab News Sean Casten, membre du Congrès de l’Illinois.

Élu en 2018 après avoir battu le conservateur Peter Roskam, M. Casten affirme avoir constaté de quelle manière le «statu quo» provoquait les extrémistes des deux côtés – le Hamas et les colons israéliens – lors de deux visites, en Israël puis en Cisjordanie.

M. Casten se dit favorable à une solution à deux États, mais il pense qu’il serait difficile de la mettre en place compte tenu des circonstances actuelles. Il soutient le droit d’Israël à la sécurité face aux menaces du Hamas ainsi que les droits des civils palestiniens. Il cite, dans ce contexte, les violations que les agriculteurs palestiniens ont subies aux mains des colons armés alors qu’il se trouvait à Bethléem, au mois de février.

«Nous y sommes allés en février dernier. Nous avons rencontré plusieurs Palestiniens. Ils [les colons israéliens] possèdent une ferme sur la colline, au-dessus de la ferme des agriculteurs, et c’est essentiellement un avant-poste avec des colons armés qui descendent régulièrement et tirent sur le bétail [palestinien]», se souvient M. Casten en évoquant ce voyage.

«Nous leur avons alors dit que nous étions membres du Congrès. Pourquoi ne montons-nous pas, tout simplement? Ils nous ont demandé de ne pas le faire en nous disant que nous risquions de nous faire tirer dessus. C’est tout de même étrange dans la mesure où, en tant que membres du Congrès, nous pouvons aller n’importe où. Nous sommes ensuite revenus et nous avons rencontré Tom Knives, l’ambassadeur des États-Unis en Israël, qui est vraiment une bonne personne. Nous lui en avons parlé. Il n’était pas du tout au courant de ces réalités sur le terrain parce que, en tant qu’ambassadeur en Israël, il ne peut se rendre dans cette région que sous surveillance. Nous avons donc besoin d’informations. Il y a cet angle mort dans la politique étrangère américaine en ce moment.»

M. Casten soutient que la situation qu’il a vue là-bas a renforcé sa conviction que la réouverture du consulat américain à Jérusalem pour les affaires palestiniennes – l’un des objectifs du président Joe Biden – est essentielle.

«Les communautés palestiniennes ont besoin d’être représentées. Elles n’ont plus d’ambassade. Devrions-nous inciter à la mise en place d’une telle ambassade? Cette décision semble être la bonne. Nous ne prenons pas parti. Nous disons simplement que nous devons nous assurer que les gens [sont en sécurité]. Nous avons parlé à quelqu’un qui dirige l’école Hope Flowers, qui prône la non-violence, à Bethléem. Il n’a personne à qui s’adresser pour le moment. Lorsque nous soulevons cette question, on nous répond qu’il faut faire preuve de prudence étant donné que la Knesset est très divisée en ce moment et que si nous insistions beaucoup, la droite politique israélienne pourrait effectuer son grand retour», précise M. Casten.

«Je suis complètement d’accord avec cela [l’ouverture du consulat des États-Unis]. Mais le vrai défi est de savoir comment le faire d’une manière qui soit adaptée aux circonstances sur le terrain, là-bas.»

M. Casten déplore le fait que la compréhension américaine du conflit israélo-palestinien soit dominée par des militants des deux côtés aux États-Unis. Il considère que des efforts plus importants devraient être déployés pour prendre en compte les points de vue de toutes les personnes impliquées afin de mieux comprendre la réalité. Il indique en outre que les États-Unis doivent «comprendre comment cela affecte la politique sur le terrain» afin de relever ces défis.

Lors du Ray Hanania Show, diffusé sur le réseau US Arab Radio Network et sponsorisé par Arab News, M. Casten explique que ses expériences montrent qu’on ne peut se contenter d’écouter les témoignages de militants qui défendent leurs causes, mais qu’il faut aussi écouter les autres pour mieux comprendre les obstacles qui entravent le processus de paix.

«Il y a tellement de pression dans notre système américain qu’on ne peut pas uniquement être sensible aux citoyens des États-Unis qui défendent la région. Je pense même qu’il est très dangereux d’écouter uniquement ce que ces groupes ont à dire si vous n’avez pas parlé à d’autres groupes sur le terrain… J’ai rencontré tout le monde, du Premier ministre Mohammed Shtayyeh au président Mahmoud Abbas en passant par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et le Premier ministre suppléant, Yaïr Lapid, la dernière fois», confie M. Casten.

«Tout le monde dira aux Américains qui sont là-bas que le système est très fragile. Si vous faites beaucoup de pression sur nous, soutiennent-ils, vous assisterez à la montée en puissance de la droite du côté israélien et du Hamas du côté palestinien. Et il y a cette énorme pression selon laquelle il ne faudrait surtout pas violer le statu quo. Pourtant, nous savons tous que le statu quo est intenable. Je pense que le moyen le plus sûr de compromettre la sécurité de tous dans la région est de maintenir ce statu quo avec lequel un groupe de personnes en particulier sont sans droits de propriété et ont de moins en moins d’espoir.»

M. Casten a observé de quelle manière la récente signature d’accords de paix entre Israël et d’autres États arabes a changé la dynamique de ce que de nombreux Israéliens considèrent comme la voie vers la paix.

«En Israël, on a l’impression qu’il n’y a pas de voie vers la paix régionale sans une résolution de la question palestinienne», précise M. Casten.

«Avec l’adoption des accords d’Abraham, et à la lumière des inquiétudes croissantes vis-à-vis d’un Iran nucléaire, j’ai l’impression que les Israéliens là-bas ont complètement inversé le processus quand je discute avec eux. En effet, pour eux, il ne faudrait pas se préoccuper de la question palestinienne tant qu’il n’y a pas de paix régionale. Je ne sais pas comment résoudre ce problème. À mon avis, il sera possible de le faire une fois que nous aurons des gouvernements modérés plus centristes. Bien sûr, le gouvernement israélien est très fragile depuis quatre ou cinq ans.»

M. Casten affirme qu’il soutient la solution à deux États, mais qu’elle apparaît difficile au vu de la dynamique politique actuelle.

«Je suis absolument en faveur de la solution à deux États et j’aimerais pouvoir vous dire que j’ai vu un moyen d’y parvenir. Je ne comprends pas comment il peut y avoir un Israël juif démocratique qui ne dispose pas de deux États aux frontières cohérentes», souligne M. Casten.

«Je tiens aussi à vous dire que je n’ai toujours pas rencontré de dirigeant israélien qui soit attaché à l’idée qu’ils n’auraient pas le contrôle total de la sécurité – un État et demi. Je n’ai d’ailleurs pas rencontré de dirigeant de l’Autorité palestinienne qui n’ait pas d’influence du Jourdain à la mer.»

M. Casten se dit également optimiste au sujet d’affaires comme le meurtre de la journaliste Shireen Abu Akleh. Il affirme qu’on peut critiquer Israël sans être anti-israélien. Des témoins palestiniens ont déclaré que la citoyenne palestino-américaine avait été tuée le 11 mai par la balle d’un sniper israélien, mais les Israéliens ont contesté cette situation.

«De grandes pressions sont exercées sur notre politique intérieure. Mais je pense que nous devrions pouvoir nous en sortir», explique M. Casten lorsqu’on lui demande si les coupables porteront la responsabilité du meurtre.

«J’ai toujours été sensible à ces beaux propos de Frederick Douglass, selon lequel le meilleur ami de la nation est celui qui reconnaît ses torts au lieu de se couvrir de l’habit trompeur du patriotisme. Il parlait, bien sûr, des États-Unis. Pour que les États-Unis soient un pays ami d’Israël, comme nous le sommes, nous devons également être prêts à lui dire, en tant qu’amis, qu’il n’est pas parfait.»

M. Casten est un scientifique, un entrepreneur en énergie propre et un PDG qui a consacré sa vie à la lutte contre le changement climatique. Il siège au Comité des sciences, de l’espace et de la technologie, au Comité restreint sur la crise climatique et il est vice-président du sous-comité des services financiers de la Chambre sur la protection des investisseurs, l’entrepreneuriat et les marchés des capitaux.

M. Casten affrontera sa collègue démocrate au Congrès, Marie Newman, lors des élections du 28 juin. Cette dernière n’a pas répondu à plusieurs invitations pour participer à l’émission.

The Ray Hanania Show est une émission diffusée sur WNZK AM 690 chaque mercredi dans la grande région de Détroit et dans certaines parties de l’Ohio et sur WDMV AM 700 dans la capitale américaine, Washington D.C., ainsi que dans quelques régions de la Virginie et du Maryland. Elle est rediffusée les jeudis à 7 heures (heure de l’Est) sur WNZK AM 690 à Détroit et à midi sur WNWI AM 1080 à Chicago. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Dernier jour d'hommage au Vatican avant les funérailles du pape

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
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  • Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican
  • La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi

CITE DU VATICAN: Le Vatican met vendredi la dernière main aux préparatifs des funérailles du pape François, qui se tiendront samedi matin sur la place Saint-Pierre, à Rome, tandis que pour une dernière journée, fidèles et touristes peuvent défiler devant son cercueil ouvert.

Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican.

La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi.

La basilique est restée ouverte quasiment toute la nuit, pour la deuxième nuit consécutive.

La "nuit est le moment le plus intime, c'est toujours la nuit que le Seigneur se manifeste. C'était très émouvant", a déclaré à l'AFP Nicoletta Tomassetti, une Italienne de 60 ans.

Le frère Wando, 40 ans, moine capucin brésilien, a lui aussi parlé avec l'AFP dans la nuit: "Nous avons voyagé des heures et des heures, mais nous ne ressentons pas de fatigue, nous ne ressentons pas de faim, nous ne ressentons pas de soif".

Au moins 130 délégations étrangères seront présentes, dont celles de l'Argentin Javier Milei et du Prince William.

L'agence italienne de protection civile estime que "plusieurs centaines de milliers" de personnes se rendront dans la ville éternelle ce week-end.

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller.

Vendredi matin, les fidèles continuaient d'affluer pour rendre un dernier hommage à François, dont le cercueil sera fermé vendredi à 20 heures lors d'une cérémonie à laquelle assisteront les cardinaux.

Le cardinal Kevin Farrell, le "camerlingue" qui gère les affaires courantes du Vatican jusqu'à l'élection d'un nouveau pape, présidera le "rite du scellement du cercueil".

Le premier pape sud-américain de l'Eglise catholique est décédé le lundi de Pâques à l'âge de 88 ans, moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital romain où il était soigné pour une grave pneumonie.

"Un pape et son troupeau" 

Le souverain pontife, dont la santé était défaillante depuis longtemps et à qui ses médecins avaient ordonné un strict repos, avait fait l'effort de se présenter aux fidèles à Pâques, la fête la plus importante du calendrier catholique.

Les condoléances ont afflué du monde entier pour le défunt pape, un réformateur énergique qui a défendu les plus vulnérables et les plus marginalisés de la société au cours de ses 12 années à la tête des quelque 1,4 milliard de catholiques que compte la planète.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté vendredi les condoléances de l'Etat d'Israël à l'Eglise catholique, alors que depuis son décès ni M. Netanyahu ni aucun de ses principaux ministres ne s'étaient exprimés publiquement sur la mort du souverain pontife, qui était généralement perçu en Israël comme pro-palestinien.

Le cercueil capitonné de rouge du jésuite argentin a été placé devant l'autel de la basilique Saint-Pierre. François, dont les mains enserrent un chapelet, porte ses habits pontificaux: une chasuble rouge, une mitre blanche et des chaussures noires.

Un par un, les fidèles se recueillent depuis mercredi devant le cercueil, ne disposant que de quelques secondes, au prix de longues heures de queue.

"C'est impressionnant" et "c'est merveilleux. C'est une belle réponse, une belle adhésion à son ministère, à son pontificat", a déclaré jeudi soir aux journalistes le cardinal François Bustillo, évêque d'Ajaccio.

Une sobre sépulture 

Après les funérailles, le cercueil de François sera transporté pour être inhumé, selon sa volonté, dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, à Rome, dédiée au culte de la Vierge.

Des écrans géants seront placés le long du parcours, selon le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Piantedosi. Un groupe de "pauvres et de nécessiteux" sera présent sur les marches de la basilique pour accueillir le cercueil du pontife, qui était un ardent défenseur des laissés-pour-compte.

Sa tombe en marbre, avec pour seule inscription "Franciscus", François en latin, sera accessible au public à partir de dimanche matin.

Après les obsèques, tous les regards se tourneront vers les 135 cardinaux-électeurs - soit ceux âgés de moins de 80 ans - convoqués au conclave pour choisir son successeur.

La date du début du conclave n'est pas encore connue, mais en vertu des règles vaticanes, il devrait s'ouvrir entre le 15e et le 20e jour après son décès, soit entre le 5 et le 10 mai.

Les cardinaux, qui ont commencé à converger à Rome et se sont déjà vus à trois reprises, se réuniront dans la Chapelle Sixtine et procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi.

Le cardinal italien Pietro Parolin, qui était le numéro deux de François, est donné favori par le bookmaker britannique William Hill, devant le Philippin Luis Antonio Tagle, archevêque métropolitain émérite de Manille.

 


L'envoyé américain à Oman samedi pour une nouvelle session de pourparlers avec l'Iran

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
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  • L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire
  • M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman

WASHINGTON: L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, les Etats-Unis continuant à privilégier une solution diplomatique.

"Le prochain cycle de négociations aura lieu à Oman samedi et constituera la première réunion des équipes techniques", a déclaré à la presse jeudi Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat.

Côté américain, Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat, dirigera les travaux, mais Steve Witkoff "sera également présent", a-t-elle précisé.

M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman, et avait participé à un premier round de discussions le 12 avril dans la capitale Mascate.

Les deux parties ont fait part de leur optimisme à l'issue de la rencontre à Rome, sans toutefois fournir de détails.

Le président Trump s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique avec l'Iran mais sans écarter l'option militaire, afin que l'Iran n'obtienne jamais l'arme atomique.

L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire.

- Appel aux Européens -

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est dit jeudi prêt à se rendre en Allemagne, France et au Royaume-Uni, parties de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Ces trois pays n'ont jusque-là pas été directement impliqués dans les nouvelles tractations pour encadrer le programme nucléaire iranien que l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril sous la médiation du sultanat d'Oman.

L'accord international de 2015 offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Mais il est devenu caduc de fait après le retrait des Etats-Unis en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

"Après mes récentes consultations à Moscou et à Pékin, je suis prêt à franchir une première étape avec des visites à Paris, Berlin et Londres", a déclaré M. Araghchi sur X.

Il s'est dit disposé à engager un dialogue avec les Européens "non seulement sur le dossier nucléaire, mais également sur tous les autres domaines d'intérêt et de préoccupation communs".

"La balle est maintenant dans le camp de l'E3", le regroupement de ces trois pays, a-t-il ajouté.

Paris "suivra de près si cette annonce du ministre iranien est suivie d'effets", a réagi pour l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

La France, a-t-il ajouté, "continuera très volontiers à dialoguer avec les Iraniens" sur le nucléaire. Berlin et Londres n'ont pas immédiatement réagi.

- "Pas loin" de la bombe -

En préparation des rencontres de samedi, M. Araghchi s'est rendu en Chine mercredi pour des consultations avec son homologue chinois, Wang Yi.

La semaine dernière, il était à Moscou où il a notamment rencontré le président russe, Vladimir Poutine.

M. Araghchi s'est félicité du niveau de coopération entre Téhéran et ses alliés chinois et russes mais a relevé que les relations avec les trois pays européens étaient "actuellement à un bas niveau".

Après le retrait de Washington et le rétablissement des sanctions américaines en 2018, Téhéran a pris ses distances avec le texte de 2015, et accru son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 60 % - bien au-delà du plafond de 3,67% fixé, tout en restant en deçà des 90% nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a averti la semaine dernière que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.

En décembre, les trois pays européens avaient fait valoir qu'ils pouvaient réenclencher le "snapback", un mécanisme prévu par le cadre de 2015 permettant de réimposer automatiquement les sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Le délai pour activer cette clause expire en octobre.

Le chef de diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé le 18 avril les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" contre l'Iran.

Le ministre iranien avait dénoncé mercredi des "tentatives" notamment d'Israël de "faire dérailler la diplomatie" et de compromettre les pourparlers en cours.

Le même jour, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait que "le sort de toute l'humanité" était en jeu si la République islamique se dotait d'armes nucléaires.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.