Après les mises en examen, lumière sur le rôle des suspects dans l’assassinat de Conflans

Lors d'une conférence de presse à propos des suspects, sept personnes dont deux mineurs, mis en examen, le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a donné plus de détails sur les suspects (Photo, AFP)
Lors d'une conférence de presse à propos des suspects, sept personnes dont deux mineurs, mis en examen, le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a donné plus de détails sur les suspects (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 22 octobre 2020

Après les mises en examen, lumière sur le rôle des suspects dans l’assassinat de Conflans

  • Parmi les suspects figurent Brahim Chnina, le parent d'élève qui avait appelé sur internet à la mobilisation après les cours de M. Paty, et le sulfureux militant islamiste Abdelhakim Sefrioui
  • Deux élèves du collège de 14 et 15 ans ont été mis en examen pour «complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et laissés en liberté

PARIS: Le parent d'élève Brahim Chnina et l'islamiste sulfureux Abdelhakim Sefrioui, ont été mis en examen mercredi pour «complicité d'assassinat terroriste» dans l'enquête sur la mort de l'enseignant Samuel Paty dans les Yvelines, a annoncé le parquet national antiterroriste.

Deux amis de l'assaillant, Naim B. et Azim E., ont également été mis en examen du même chef. Un troisième proche, Yussu C., est lui poursuivi pour «association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes».

Tous ont été placés en détention provisoire, sauf Brahim Chnina, qui a toutefois été incarcéré dans l'attente d'un débat sur cette question.

L'enquête sur cet assassinat été confiée à un juge d'instruction pour «complicité d'assassinat terroriste» et «association de malfaiteurs terroriste». Lors d'une conférence de presse à propos des suspects, sept personnes dont deux mineurs, mis en examen, le procureur antiterroriste Jean-François Ricard a donné plus de détails sur les suspects.

Les gens tiennent une pancarte indiquant «J'enseigne donc je suis» et un portrait du professeur d'histoire Samuel Paty lors d'un rassemblement à la place de la République le 18 octobre 2020, deux jours après avoir été décapité par un agresseur abattu par les policiers (Photo, AFP)
Les gens tiennent une pancarte indiquant «J'enseigne donc je suis» et un portrait du professeur d'histoire Samuel Paty lors d'un rassemblement à la place de la République le 18 octobre 2020, deux jours après avoir été décapité par un agresseur abattu par les policiers (Photo, AFP)

Un père d'élève et un prédicateur islamiste

Parmi les suspects figurent Brahim Chnina, le parent d'élève qui avait appelé sur internet à la mobilisation après les cours de M. Paty, et le sulfureux militant islamiste Abdelhakim Sefrioui. «Il est aujourd'hui clair que le professeur a été nommément désigné comme une cible sur les réseaux sociaux par les deux hommes au moyen d'une manœuvre et d'une réinterprétation des faits», a déclaré le procureur.

La fille de Brahim C. n'a assisté à aucun des deux cours, ni le 5 ni le 6 octobre, de Samuel Paty sur la laïcité. Le 6 octobre, elle était «absente pour maladie». Le 7 octobre, Brahim C. poste trois messages sur Facebook sur des faits dont sa fille a été «prétendument victime». Il appelle à l'exclusion de Samuel Paty. Il établit par ailleurs «un lien direct" entre cet évènement et l'exclusion de sa fille alors qu'il s'agissait d'une décision prise "pour des faits totalement distincts». Le 8 octobre, Brahim C. poste une vidéo sur Facebook relayée ensuite sur YouTube. Le même jour, il rencontre Abdelhakim Sefrioui, avec qui il est en contact depuis environ un mois: ils vont voir la principale du collège. Le militant islamiste tourne ensuite une vidéo avec la collégienne devant l'établissement. Abdelhakim Sefrioui y parle d'un collège «où l'abject a eu lieu» et accuse l'enseignant d'avoir répondu à un prétendu appel d'Emmanuel Macron «à haïr les musulmans».

L'assaillant Abdoullakh Anzorov s'est «directement inspiré des messages diffusés par Brahim C.», a assuré le procureur. Le père d'élève a «réfuté toute volonté de violence à l'encontre de l'enseignant».

La procédure a révélé plusieurs contacts téléphoniques et écrits entre Brahim C. et l'assaillant entre le 9 et le 13 octobre. Le père d'élève a assuré «avoir reçu des messages de soutien d'individus divers dont Anzorov dont il ne se souvenait pas spécifiquement». Abdelhakim Sefrioui a lui «réfuté toute responsabilité dans le passage à l'acte» de l'assaillant.

Brahim Chnina et Abdelhaki Sefrioui ont été mis en examen pour «complicité d'assassinat terroriste». Ils ont été placés en détention, même si M. Chnina est en attente d'un débat sur cette question.

Les collégiens

Deux élèves du collège de 14 et 15 ans ont été mis en examen pour «complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste» et laissés en liberté. «Poursuivre deux jeunes dans un dossier terroriste, qui plus est criminel, n'est pas une chose inédite mais interroge», a souligné Jean-François Ricard. L'identification du professeur par Abdoullakh Anzorov «n'a été rendue possible que grâce à l'intervention de collégiens», selon le procureur. Il est reproché aux adolescents «de s'être maintenus en présence directe et prolongée d'Abdoullakh Anzorov l'après-midi du 16 octobre».

Le procureur a détaillé la chronologie des faits. «A son arrivée aux abords du collège vers 14H00, Abdoullakh Anzorov cherchait à identifier et abordait pour ce faire un élève en lui offrant une somme de 300 ou 350 euros. Le collégien qui acceptait se voyait remettre une partie de la somme et restait sur place avec l'auteur des faits jusqu'à l'arrivée d'autres camarades peu avant 16H00».

D'autres jeunes se joignent alors à lui. Le collégien «leur a expliqué l'objet de sa mission et leur a offert de partager la somme d'argent». Certains ont refusé de rester.  Ce jeune et un camarade ont «donné une description physique» de Samuel Paty à l'assaillant. «Ce dernier leur a déclaré avoir l'intention de filmer le professeur, de l'obliger à demander pardon pour la caricature du prophète, de l'humilier, de le frapper». Ces deux collégiens se sont mis «peu après à l'écart avec Abdoullakh Anzorov afin, semble-t-il, de se dissimuler des caméras de surveillance et d'un véhicule de police en patrouille».

«Peu avant 17H00, plusieurs adolescents en lien avec les premiers désignèrent à l'assaillant Samuel Paty au moment où il sortait du collège. Abdoullakh Anzorov remettait le reliquat de la somme au premier adolescent et se lançait alors à la poursuite de la victime».

Les amis de l'assaillant

Deux amis de l'assaillant, Naim B. et Azim E., ont également été mis en examen pour "complicité d'assassinat terroriste". Un troisième proche, Yussu C., est lui poursuivi pour «association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes».


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.