Macron rend hommage au « combat pour la liberté » de Samuel Paty

A l'extérieur de la Sorbonne, au pied d'un écran géant, quelques centaines d'anonymes étaient venues suivre la cérémonie et rendre un dernier hommage à l'enseignant assassiné. (François MORI/AFP)
A l'extérieur de la Sorbonne, au pied d'un écran géant, quelques centaines d'anonymes étaient venues suivre la cérémonie et rendre un dernier hommage à l'enseignant assassiné. (François MORI/AFP)
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Publié le Jeudi 22 octobre 2020

Macron rend hommage au « combat pour la liberté » de Samuel Paty

  • « Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent », a insisté le chef de l'Etat, en saluant « l'un de ces professeurs que l'on n'oublie pas », lors d'un discours dans la cour de la Sorbonne
  • Très ému, le président de République, après avoir remis la Légion d'honneur à titre posthume à Samuel Paty, dans un cercle intime, a dénoncé la « conspiration funeste » et « la haine de l'autre », dont a été victime le professeur d'histoire-géographie

PARIS: Nous continuerons ce combat pour la liberté dont Samuel Paty est « le visage »: Emmanuel Macron a rendu mercredi un hommage national vibrant à l'enseignant sauvagement assassiné, un crime « barbare » pour lequel sept personnes ont été présentées dans la journée à un juge antiterroriste en vue d'éventuelles mises en examen.

« Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent », a insisté le chef de l'Etat, en saluant « l'un de ces professeurs que l'on n'oublie pas », lors d'un discours dans la cour de la Sorbonne, lieu symbolique de l'esprit des Lumières et de l'enseignement.

Très ému, le président de République, après avoir remis la Légion d'honneur à titre posthume à Samuel Paty, dans un cercle intime, a dénoncé la « conspiration funeste » et « la haine de l'autre », dont a été victime le professeur d'histoire-géographie, tué à 47 ans « parce qu'il incarnait la République ».

Samuel Paty a été décapité par un assaillant islamiste le 16 octobre près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), dix jours après avoir montré à ses élèves de 4e des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.

« Nous continuerons, professeur. Nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien et nous porterons la laïcité », a ajouté Emmanuel Macron, en présence de 400 invités, dont une centaine d'élèves d'établissements d'Ile-de-France et de nombreuses personnalités politiques.

A l'extérieur de la Sorbonne, au pied d'un écran géant, quelques centaines d'anonymes étaient venus suivre la cérémonie et rendre un dernier hommage à l'enseignant assassiné.

« On ne lâchera rien »

« Là il faut vraiment que la société civile se ressaisisse, on a besoin d'un front uni sans démagogie, et il va devoir passer par nous, par l'Education nationale, par une meilleure considération, parce que nous sommes au front avec les jeunes », a souligné Catherine Prevost-Meyniac, enseignante en éco-gestion a fait le déplacement depuis Angers.

« On ne lâchera rien », a déclaré Emmanuel Macron à une enseignante qui l'interpellait, alors qu'il repartait à pied de la Sorbonne.  

Des hommages et des rassemblements en mémoire de l'enseignant ont eu lieu ailleurs en France, notamment en Occitanie, où des caricatures de Charlie Hebdo vilipendant les religions ont été projetées sur les façades des bâtiments officiels à Toulouse et Montpellier.

L'enquête continue à progresser. Lors d'une conférence de presse en début d'après-midi, le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard a dévoilé comment les investigations ont mis au jour les « complicités » dont a bénéficié l'assaillant, Abdoullakh Anzorov, pour perpétrer cet attentat qui a soulevé une vague d'émotion dans le pays.

« Il est aujourd'hui clair que le professeur a été nommément désigné comme une cible sur les réseaux sociaux » par le parent d'élève à l'origine de la polémique, Brahim C., et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, « au moyen de manœuvres et d'une réinterprétation des faits », a résumé le procureur.

Les deux hommes, en cours de mise en examen mercredi après-midi, avaient appelé les musulmans à se mobiliser après un cours sur la liberté d'expression dispensé par Samuel Paty les 5 et 6 octobre, pendant lequel il avait montré des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo.

Les enquêteurs antiterroristes s'intéressent notamment à des échanges téléphoniques entre ce père de famille et l'assaillant, un réfugié russe tchétchène de 18 ans tué par la police peu après l'attentat.

« Les lâches » qui ont livré Samuel Paty »

Mais l'assaillant ne disposait que du nom du professeur. « Son identification n'a été rendue possible que grâce à l'intervention de collégiens » de l'établissement, a souligné le procureur. 

Deux d'entre eux, âgés de 14 et 15 ans, sont également en cours de mise en examen, accusés d'avoir désigné l'enseignant en échange d'une « somme de 300 ou 350 euros ». 

A la Sorbonne, Emmanuel Macron a dénoncé « les lâches » qui ont livré Samuel Paty « aux barbares » et qui ne « méritent pas » qu'on parle d'eux.

Anzorov avait affirmé à ces jeunes « avoir l'intention de filmer le professeur, de l'obliger à demander pardon pour la caricature du prophète, de l'humilier, de le frapper » selon le magistrat antiterroriste.

Alors, les deux élèves se sont mis peu après « à l'écart » avec le tueur afin, semble-t-il, de se dissimuler des caméras de surveillance et d'un véhicule de police en patrouille. Peu avant 17h, plusieurs adolescents, en lien avec ces deux-là désignèrent à l'assaillant Samuel Paty au moment où il sortait du collège.

Deux des trois amis d'Anzorov s'étaient livrés spontanément au commissariat d'Evreux vendredi soir. Impliqués dans l'achat du couteau, le convoyage ou pour des contacts rapprochés, ils sont aussi menacés d'une mise en examen et d'une détention provisoire.

Après avoir posté la photo de l'enseignant décapité, ce réfugié d'origine russe tchétchène avait aussi publié un message audio sur les réseaux sociaux. Dans un russe hésitant, l'assassin, né à Moscou, affirmait avoir « vengé le prophète », « montré de manière insultante » par le professeur.

« Frères, priez pour qu'Allah m'accepte en martyr» disait-il, dans ce message authentifié par une source proche du dossier et dont l'AFP a eu connaissance.

Parallèlement, l'exécutif continue son offensive tous azimuts contre les personnes et structures soupçonnées d'accointances avec l'islamisme radical.

Le conseil des ministres a prononcé la dissolution du collectif propalestinien Cheikh Yassine, « depuis bien longtemps, le faux nez d'une idéologie antirépublicaine qui diffuse la haine », selon le porte-parole du gouvernement; Gabriel Attal.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a par ailleurs officiellement engagé une procédure de dissolution visant l'ONG humanitaire BarakaCity.

Et la fermeture de la mosquée de Pantin (Seine-Saint-Denis), épinglée pour avoir relayé une des vidéos dénonçant le cours de Samuel Paty, doit être effective mercredi soir malgré les protestations des fidèles.


Lutte contre le narcotrafic: le Conseil d'Etat suggère quelques modifications aux amendements de Darmanin

Le Conseil d'Etat a suggéré d'apporter quelques modifications à deux amendements à la proposition de loi pour lutter contre le narcotrafic qui sera examinée à partir de lundi à l'Assemblée nationale, concernant le régime carcéral d'isolement prévu pour les détenus les plus dangereux et la généralisation de la visioconférence. (AFP)
Le Conseil d'Etat a suggéré d'apporter quelques modifications à deux amendements à la proposition de loi pour lutter contre le narcotrafic qui sera examinée à partir de lundi à l'Assemblée nationale, concernant le régime carcéral d'isolement prévu pour les détenus les plus dangereux et la généralisation de la visioconférence. (AFP)
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  • La haute juridiction administrative avait été saisie pour avis par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, à l'origine de ces deux amendements
  • Le premier prévoit de créer des quartiers de lutte contre la criminalité organisée en prison, dans lesquels seraient affectées les personnes issues de la criminalité organisée les plus dangereuses, sur décision du garde des Sceaux

PARIS: Le Conseil d'Etat a suggéré d'apporter quelques modifications à deux amendements à la proposition de loi pour lutter contre le narcotrafic qui sera examinée à partir de lundi à l'Assemblée nationale, concernant le régime carcéral d'isolement prévu pour les détenus les plus dangereux et la généralisation de la visioconférence.

La haute juridiction administrative avait été saisie pour avis par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, à l'origine de ces deux amendements.

Le premier prévoit de créer des quartiers de lutte contre la criminalité organisée en prison, dans lesquels seraient affectées les personnes issues de la criminalité organisée les plus dangereuses, sur décision du garde des Sceaux et pour une durée de quatre ans renouvelable.

Le régime qui y serait appliqué prévoit des fouilles intégrales systématiques, des parloirs hygiaphones, une interdiction d'accès aux unités de vie familiale et parloirs familiaux, ou encore une restriction de l'accès au téléphone.

Des dispositions très strictes jugées liberticides par plusieurs observateurs.

Dans son avis rendu jeudi et consulté vendredi par l'AFP, le Conseil d'Etat estime que pour remédier aux "risques d'inconstitutionnalité et d'inconventionnalité", "plusieurs aspects du régime doivent être aménagés". Il recommande, par ailleurs, certaines "améliorations rédactionnelles".

En particulier, il considère que la durée d'affectation fixée à quatre ans n'est "pas proportionnée" et estime qu'une durée de deux ans, renouvelable sous conditions, est "préférable".

Concernant les parloirs hygiaphones et la restriction de l'accès au téléphone, il juge que ces dispositions sont conformes aux exigences constitutionnelles. Sur les visites, il suggère toutefois au gouvernement d'examiner notamment l'opportunité d'introduire une "possibilité d'aménagement pour répondre à des circonstances familiales exceptionnelles".

Sur les restrictions des appels téléphoniques, la haute juridiction estime qu'elles ne doivent pas s'appliquer aux échanges entre les détenus et leurs avocats.

Concernant la généralisation de la visioconférence dans les informations judiciaires, destinée à éviter les extractions judiciaires et donc le risque d'évasion des détenus, le Conseil d'Etat suggère de limiter ce dispositif "aux seules personnes détenues ayant fait l'objet d'une décision d'affectation au sein d'un quartier de lutte contre la criminalité organisée, ce qui devrait concerner, selon le gouvernement, 800 personnes au maximum à terme".

La haute juridiction appelle, par ailleurs, le gouvernement à "déployer les moyens suffisants pour s'assurer que les moyens de télécommunications audiovisuelles" mis en oeuvre permettent de garantir les droits de la défense.


Nucléaire: Macron fera lundi un point d'étape des projets de petits réacteurs innovants

Emmanuel Macron présidera lundi un conseil de politique nucléaire qui se penchera sur les projets de petits réacteurs innovants, pour "concentrer" le soutien de l'Etat sur "les plus prometteurs", ainsi que sur l'approvisionnement en uranium dans un contexte mondial de retour en grâce de l'atome, a annoncé vendredi l'Elysée à la presse. (AFP)
Emmanuel Macron présidera lundi un conseil de politique nucléaire qui se penchera sur les projets de petits réacteurs innovants, pour "concentrer" le soutien de l'Etat sur "les plus prometteurs", ainsi que sur l'approvisionnement en uranium dans un contexte mondial de retour en grâce de l'atome, a annoncé vendredi l'Elysée à la presse. (AFP)
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  • Celle-ci, lundi matin, doit faire un "point d'étape important" sur les "petits réacteurs innovants", aussi appelés SMR ("small modular reactors") ou AMR ("advanced modular reactors"), a précisé l'Elysée
  • Mais plus d'une dizaine de projets ont émergé, avec des "technologies extrêmement variées", créant une "vraie dynamique", s'est félicitée la présidence

PARIS: Emmanuel Macron présidera lundi un conseil de politique nucléaire qui se penchera sur les projets de petits réacteurs innovants, pour "concentrer" le soutien de l'Etat sur "les plus prometteurs", ainsi que sur l'approvisionnement en uranium dans un contexte mondial de retour en grâce de l'atome, a annoncé vendredi l'Elysée à la presse.

Il s'agira de la quatrième réunion de ce genre depuis le discours du président fin 2022 à Belfort, qui avait fait du nucléaire, une énergie bas carbone, un axe majeur de la politique énergétique française pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique.

Celle-ci, lundi matin, doit faire un "point d'étape important" sur les "petits réacteurs innovants", aussi appelés SMR ("small modular reactors") ou AMR ("advanced modular reactors"), a précisé l'Elysée. Le chef de l'Etat veut en faire un pilier de sa stratégie et a fixé l'objectif d'en avoir deux en France à l'horizon 2030.

Mais plus d'une dizaine de projets ont émergé, avec des "technologies extrêmement variées", créant une "vraie dynamique", s'est félicitée la présidence.

Sur la base des expertises des derniers mois, au sujet des contraintes en matière de combustibles ou des sites d'implantation, le conseil va étudier les "projets le plus prometteurs", "qui ont le plus de chances d'arriver rapidement et d'avoir le meilleur effet d'entraînement", a expliqué un conseiller de M. Macron. Objectif: "concentrer" sur ces projets le soutien financier de l'Etat.

La réunion doit aussi permettre une "rapide revue" du programme de construction de six nouveaux gros réacteurs EPR2, en vue de "lancer assez rapidement" les discussions sur le plan de financement avec la Commission européenne. L'Elysée a relevé que Bruxelles avait validé le financement de la centrale tchèque de Dukovany essentiellement par un prêt de l'Etat à taux zéro, semblant y voir une source d'inspiration.

Enfin, le conseil doit analyser les "tensions importantes" sur la demande d'uranium, combustible des réacteurs nucléaires, en raison de la dynamique de cette filière.

"Les principaux fournisseurs d'uranium au monde aujourd'hui sont au Canada, en Afrique et en Asie centrale", et "il est important de donner les moyens aux entreprises du secteur français et notamment à Orano (ex-Areva) de poursuivre une politique qui garantisse l'approvisionnement en uranium du pays", a affirmé la présidence. "On a des stocks", mais il faut "se donner de la visibilité sur dix, vingt ou trente ans" pour "garantir la souveraineté de l'ensemble de la filière", a-t-elle fait valoir.


Un collectif de binationaux déplore de devoir «sans cesse prouver leur appartenance» à la France

Il y a une dizaine de jours, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, avait déjà dénoncé les "faiseurs de peurs" qui nourrissent "une éternelle mise en procès" de l'immigration algérienne. (AFP)
Il y a une dizaine de jours, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, avait déjà dénoncé les "faiseurs de peurs" qui nourrissent "une éternelle mise en procès" de l'immigration algérienne. (AFP)
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  • Fin février, le Premier ministre français François Bayrou a menacé de "dénoncer" l'accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, si l'Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière
  • Le dirigeant centriste a par ailleurs évoqué la nécessité début février d'un large débat sur ce que "c'est qu'être Français"

PARIS: Un collectif de binationaux, parmi lesquels le recteur de la Grande mosquée de Paris, déplore les débats "normalisant l'idée que certains Français devraient sans cesse prouver leur appartenance" à la nation, dans une tribune publiée vendredi dans le quotidien Le Monde.

"Aujourd'hui, des voix s'élèvent pour faire de l'identité une forteresse (...) Ces voix ne sont pas seulement celles de l'extrême droite ; elles s'infiltrent insidieusement dans le discours public, normalisant l'idée que certains Français devraient sans cesse prouver leur appartenance, alors que d'autres en seraient les dépositaires naturels", écrit cette vingtaine de personnalités, pour la plupart franco-algériennes, en pleine crise diplomatique entre Alger et la France.

"Les polémiques autour de l'immigration, de la laïcité, de l'identité nationale ne cessent de nous rappeler que notre présence dérange, que nos noms, nos visages, nos traditions sont perçus comme des fissures dans l'unité du pays", écrivent les signataires, parmi lesquels les ex-ministres Fadila Khattabi et Tokia Saïfi.

Fin février, le Premier ministre français François Bayrou a menacé de "dénoncer" l'accord de 1968 qui donne un statut particulier aux Algériens en France, si l'Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière.

Le dirigeant centriste a par ailleurs évoqué la nécessité début février d'un large débat sur ce que "c'est qu'être Français".

"Devons-nous, pour être pleinement français, renier nos origines (...) ? Devons-nous nous soumettre à un patriotisme d'exclusion, à une fraternité à géométrie variable, où nous serions toujours les derniers invités ? Non", s'insurgent les auteurs de la tribune signée par des médecins, avocats, recteurs ou responsables du monde associatif. "Notre identité n’est pas un fardeau, mais une richesse".

Il y a une dizaine de jours, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, avait déjà dénoncé les "faiseurs de peurs" qui nourrissent "une éternelle mise en procès" de l'immigration algérienne.