MADRID : Visée par une enquête sur l'entrée en Espagne en avril 2021 du chef des indépendantistes sahraouis du Polisario, l'ex-ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha González Laya a été mise hors de cause, a-t-on appris vendredi auprès de la justice espagnole.
L'arrivée en Espagne dans le plus grand secret de Brahim Ghali, pour y être soigné de la Covid-19, avait provoqué une crise diplomatique avec Rabat qui a pris fin il y a deux mois, grâce à un revirement de Madrid sur le dossier du Sahara occidental.
Ouverte en septembre par le tribunal de Saragosse (nord-est), ville où le chef du Polisario avait atterri, cette enquête, qui visait à déterminer pourquoi M. Ghali avait été exempté de contrôles lors de son arrivée, a été "classée sans suite", selon un document transmis à l'AFP vendredi par l'instance judiciaire.
Pour les magistrats en charge de l'enquête, il est "incontestable que M. Ghali est entré sur le territoire espagnol sans se soumettre aux contrôles frontaliers" et il est "indéniable que Mme González Laya était au courant" de son arrivée et "a pris une part active dans les préparatifs".
Mais "permettre à M. Ghali d'entrer secrètement (en Espagne) afin de ne pas affecter nos relations avec d'autres pays rentre dans le cadre des relations extérieures", ont-ils jugé en soulignant qu'il s'agissait d'une "décision politique dépassant le champ de la prévarication".
Réagissant sur la radio Cadena Ser, l'ancienne ministre, qui a quitté le gouvernement lors d'un remaniement l'été dernier, a réaffirmé que l'entrée de Brahim Ghali "s'est faite pour des raisons humanitaires et dans le cadre de la loi" et assuré qu'elle reprendrait aujourd'hui la même décision.
L'accueil en Espagne de Brahim Ghali, arrivé à bord d'un avion médicalisé de la présidence algérienne, avait déclenché une crise diplomatique majeure entre l'Espagne et le Maroc.
Cette brouille avait été marquée par l'arrivée mi-mai 2021 de plus de 10 000 migrants dans l'enclave espagnole de Ceuta, à la faveur d'un relâchement des contrôles par les autorités marocaines.
Madrid a mis fin à cette crise le 18 mars dernier en reconnaissant le plan d'autonomie proposé par Rabat pour le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole. Un revirement qui a provoqué la colère du Polisario et d'Alger, principal soutien des indépendantistes sahraouis.