LOS ANGELES: Un juge fédéral de Louisiane a empêché vendredi l'administration de Joe Biden de lever une mesure sanitaire mise en oeuvre par le gouvernement Trump pendant la pandémie pour pouvoir expulser sans délai les migrants franchissant sans visa les frontières terrestres des Etats-Unis.
Les autorités souhaitaient lever le 23 mai ce dispositif appelé "Title 42", très controversé car il empêche notamment les demandeurs d'asile de formuler leur requête, mais les gouverneurs républicains de 24 Etats s'y opposant avaient saisi la justice.
"Le tribunal conclut que les Etats plaignants ont rempli les conditions" pour obtenir son maintien provisoire, écrit le juge Robert Summerhays dans sa décision vendredi.
Le "Title 42" est une mesure de santé publique qui a été adoptée en 1893 pour protéger les Etats-Unis contre les nombreuses épidémies de choléra et de fièvre jaune qui survenaient à l'époque. Elle n'a été que très rarement mise en oeuvre depuis lors.
En mars 2020, le gouvernement de l'ex-président Donald Trump avait activé ce dispositif sanitaire pour pouvoir expulser sans délai les migrants dépourvus de titre de séjour interpellés aux frontières terrestres.
Cette mesure est immédiate et ne permet pas de recours légal, même pour ceux qui souhaitent déposer une demande d'asile.
De rares exceptions sont prévues, pour certaines nationalités comme les Ukrainiens depuis l'invasion de leur pays par la Russie, ou pour les mineurs non accompagnés.
Depuis l'entrée en vigueur, le dispositif a été utilisé plus de 1,8 million de fois.
Les militants des droits humains redoutaient le maintien du "Title 42", qui se traduit selon eux par une recrudescence de tentatives de franchir illégalement la frontière entre avec le Mexique, avec de nombreux blessés et morts à la clef.
"Cette regrettable décision dit que le gouvernement peut suspendre les demandes d'asile sans préavis mais ne peut rétablir un processus d'immigration normal sans passer par un processus long et compliqué", a réagi auprès de l'AFP Aaron Reichlin-Melnick, expert de l'ONG American Immigration Council.
Il estime que cette "décision absurde va continuer à nuire aux demandeurs d'asile et à provoquer le chaos à la frontière" avec le Mexique.