L'artiste française Rosa Bonheur, un destin extraordinaire entre nature, femmes et cow-boys

Le tableau de feue l'artiste française Rosa Bonheur exposé à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 12 mai 2022 (Photo, AFP).
Le tableau de feue l'artiste française Rosa Bonheur exposé à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 12 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 17 mai 2022

L'artiste française Rosa Bonheur, un destin extraordinaire entre nature, femmes et cow-boys

  • La Française Rosa Bonheur, artiste éprise de nature et de liberté, a traversé le XIXe siècle comme une comète tombée dans l'oubli
  • Marie Rosalie Bonheur alias Rosa Bonheur (1822-1899) est pourtant la femme peintre probablement la plus célèbre et la plus vendue de son siècle, tant en France qu'en Angleterre et aux États-Unis

PARIS: Elle a peint boeufs, chevaux et lions comme personne, passionné les cow-boys et les féministes: la Française Rosa Bonheur, artiste éprise de nature et de liberté, a traversé le XIXe siècle comme une comète tombée dans l'oubli.

2022, année de commémoration du bicentenaire de sa naissance à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, ressuscite cette femme au destin extraordinaire, plus connue aujourd'hui pour les cafés parisiens qui portent son nom et comme icône homosexuelle.

Marie Rosalie Bonheur alias Rosa Bonheur (1822-1899) est pourtant la femme peintre probablement la plus célèbre et la plus vendue de son siècle, tant en France qu'en Angleterre et aux États-Unis, pays qui la subjuguait mais où elle n'est jamais allée, s'accordent à dire les spécialistes.

Du haut de ses 1m50, c'est aussi la première femme artiste à avoir reçu la Légion d'honneur des mains de l'impératrice Eugénie.

Et l'une des premières à avoir acheté en son nom propre un bien immobilier grâce au fruit de son travail à 37 ans, le château de By à Thomery près de Fontainebleau, où elle a vécu avec son amour de toujours, Nathalie Micas.

Aînée d'une fratrie de quatre enfants, devenus tous artistes, elle a pourtant connu la misère et perdu, à l'âge de onze ans, sa mère, musicienne, enterrée dans une fosse commune.

Rosa Bonheur, « star » oubliée et «  femme forte », s'expose à Bordeaux avant Paris

Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux inaugure mercredi une rétrospective de l'oeuvre de l'artiste Rosa Bonheur, à l'occasion du bicentenaire de sa naissance dans la capitale girondine, qui remet en lumière sa fascination pour les animaux et sa peinture sincère.


Conçue en coopération avec le musée d'Orsay où elle s'installera à partir d'octobre, cette exposition vise à sortir Rosa Bonheur de "son image de peintre de vaches" tombée dans l'oubli alors qu'elle était une "star" au XIXe siècle, assure à l'AFP Sandra Buratti-Hasan, l'une des commissaires.


Il s'agit de resituer la peintre en pasionaria du "monde vivant" à l'heure où l'écologie, le respect de la nature et la cause animale font l'actualité, ajoute-t-elle.


Elle veut aussi montrer que l'œuvre de Rosa Bonheur est indissociable de sa vie de "femme forte" qui a "transgressé des frontières" en portant le pantalon -avec un permis spécial- et en s'entourant de femmes, dont sa complice et compagne pendant une quarantaine d'années Nathalie Micas.


Parmi les 203 pièces présentées, certaines placent le monde vivant dans des spectaculaires compositions dynamiques ou de véritables portraits, comme posés, toujours avec une minutie quasi photographique rendant à la fois l'anatomie et la psychologie animales.


"Rosa Bonheur ne cherche pas à humaniser les animaux mais veut exprimer leur singularité et leur irréductible étrangeté", selon Leïla Jarbouai, l'autre commissaire, conservatrice au musée d'Orsay. "Son féminisme et son amour des animaux vont de pair: elle donne une voix à ceux qui n'en ont pas".


Pour Mme Buratti-Hasan, la peintre "questionne le rapport de pouvoir entre les hommes et les animaux. Il y a une dimension écologique même si elle n'en a jamais fait un manifeste politique".


L'artiste elle-même, qui vivait entourée de moutons, biches, sangliers, boeufs et même de lions dans son château de By, près de Fontainebleau, a confessé qu'elle "avait pour les étables un goût plus irrésistible que jamais courtisan pour les antichambres royales".

Marron, vert, bleu

L'exposition est présentée de façon chrono-thématique sur trois niveaux qui reprennent "les couleurs récurrentes de l'œuvre de Rosa Bonheur", marron au sous-sol, vert au rez-de-chaussée et bleu à l'étage, explique la scénographe Isabelle Fourcade.


Le visiteur est ainsi confronté à une saisissante esquisse à l'échelle (2,45 m x 5,07 m), inachevée, du "Marché aux chevaux" (1855), présentée pour la première fois. "On y voit sa force de dessinatrice, on a l'impression d'être dans un dessin animé", glisse Mme Buratti-Hasan, directrice adjointe du musée bordelais.


Elle espère susciter chez le spectateur un "effet +waouh+" dans une section, "Les animaux en majesté", où trônent de grandes toiles animalières dont "Le lion chez lui" (1881) et "Le roi de la forêt" (1878).


Ce dernier, un cerf majestueux surpris sur le vif, installe avec le visiteur un "moment d'échanges entre espèces" que l'on retrouve dans d'autres travaux de Rosa Bonheur.


L'artiste, reprend Sandra Buratti-Hasan, a sciemment pris le parti de mettre en valeur des "choses très prosaïques", comme des chevaux de trait ou des boeufs en plein labeur, sur des grands formats, auparavant réservés à la "peinture noble". A l'image de sa célèbre et monumentale "Foulaison du blé en Camargue".


Plusieurs œuvres arrivent du monde anglo-saxon, Etats-Unis et Royaume-Uni, de collections privées ou de grandes institutions comme le Getty à Los Angeles, le MET à New York et la National Gallery à Londres.


Rosa Bonheur a en effet connu dès le début de sa carrière un engouement particulier à l'étranger, profitant d'une "explosion" du commerce de l'art, selon Mme Buratti-Hasan.


Certaines pièces n'ont plus été exposées depuis des décennies et d'autres, comme "Le roi de la forêt", jamais présentées en France, où la dernière exposition importante consacrée à l'artiste remonte à 1997, déjà à Bordeaux, sa ville natale.

Buffalo Bill 

Formée par son père portraitiste, elle "a eu très tôt la vocation" et "l'ambition de devenir la Vigée-Lebrun des animaux" (en référence à Elisabeth Vigée-Lebrun, 1755-1842, grande portraitiste française, ndlr), expliquent à l'AFP les commissaires d'une rétrospective Rosa Bonheur qui débute mercredi à Bordeaux avant de s'installer en octobre au musée d'Orsay à Paris, Sandra Buratti-Hasan et Leïla Jarbouai.

Exposée dès l'âge de 19 ans au Salon - vitrine de l'art contemporain de l'époque - elle obtient la gloire en 1849 à 27 ans lorsque l’État français lui passe commande du "Labourage Nivernais", exposé au musée d'Orsay. 

Quelques années plus tard, en pleine conquête de l'Ouest, son oeuvre circule partout en Angleterre puis en Amérique du Nord, grâce à ses amis marchands d'art dont Ernest Gambart, qui ont façonné et su vendre "son image", selon les commissaires.

Son monumental "Marché aux Chevaux" (2,45 m sur 5) sera offert par un riche industriel au Metropolitan Museum de New York et reproduit sur quantité de supports dont un papier-peint, marquant le firmament de sa notoriété américaine.

"La précision anatomique de son travail va séduire les +farmers+ américains qui découvrent grâce à elle les chevaux percherons et les importent", raconte à l'AFP Natacha Henry, historienne du féminisme.

"Le colonel William Frederick Cody alias Buffalo Bill, lui-même, en tournée en Europe en 1889 avec son spectacle de cow-boys et d'indiens intitulé +Wild West Show+, vole à son secours pour capturer plusieurs chevaux jugés trop rétifs par l'artiste", ajoute-t-elle.

Poupées à son effigie 

L'historienne préface la réédition de la biographie officielle de Rosa Bonheur ("Souvenirs de ma vie", Phébus, 2022), parue initialement en 1908 et écrite par l'Américaine Anna Klumpke qui a partagé la dernière année de vie de l'artiste.

De 34 ans sa cadette, cette jeune peintre est venue en France pour réaliser le portrait de son "modèle", qui lui a confié la rédaction de sa vie.

L'admiration de Rosa Bonheur pour les États-Unis semble réciproque au point que "les féministes américaines de l'époque offraient des poupées à son effigie à leurs filles", relève Mme Henry.

Plusieurs photographies la montre en pantalon et tunique, cheveux coupés court au carré dans son atelier ou en robe et chapeau, en public. Elle utilisait la photographie mais préférait peindre les animaux sur le vif en arpentant les marchés aux bestiaux, la campagne et les abattoirs, tout en soignant ses animaux domestiques dont plusieurs lions.

Fait marquant parmi tant d'autres, selon Mme Henry, Rosa Bonheur "a aussi dirigé à Paris une +école gratuite de dessin pour les jeunes filles+ qu'elles souhaitait voir emprunter son propre chemin vers l'indépendance financière".

L'artiste a passé les 40 dernières années de sa vie au château de By dont 30 avec Nathalie Micas, également peintre et décédée en 1889. D'elle, elle disait: "si Nathalie avait été un homme je l'aurais épousée".

Les deux femmes reposent avec Anna Klumpke dans le même caveau au cimetière du Père Lachaise, à Paris.


Le Red Sea International Film Festival : les prétendants aux prix — Partie 1

Une image tirée du film « Yunan », en compétition au festival. (Fourni)
Une image tirée du film « Yunan », en compétition au festival. (Fourni)
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  • Une première sélection de films internationaux explore l’exil, la mémoire, les liens familiaux et les traumatismes, du réalisme poétique à l’horreur
  • Cette première partie met en avant des auteurs du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique, illustrant la diversité créative du RSIFF 2024

DUBAÏ : Voici la première partie de notre aperçu des films en compétition lors de l’édition de cette année du Red Sea International Film Festival à Djeddah, qui se tient du 4 au 13 décembre.

‘Yunan’

Réalisateur : Ameer Fakher Eldin
Avec : George Khabbaz, Hanna Schygulla, Ali Suliman

Deuxième volet de la trilogie sur l’exil imaginée par le cinéaste syrien Ameer Fakher Eldin, le film suit Munir, un écrivain syrien installé en Allemagne, accablé par le poids mental de son déracinement. Il se rend sur de petites îles isolées, où il envisage le suicide. « Le personnage est né d’une exploration profonde de la condition humaine », confiait Fakher Eldin à Arab News en avril. « Je voulais sonder cette bataille silencieuse que nous menons en nous. Je viens du Golan occupé. Je ne suis pas parti à cause de la guerre — la frontière a été déplacée, me laissant déplacé. J’ai donc grandi en exil sans avoir été forcé de partir… Mon approche consistait à anatomiser l’esprit de l’exilé, en me connectant aux aspects universels de la perte, de la désillusion et de la quête de sens. »

‘Two Seasons, Two Strangers’

Réalisateur : Sho Miyake
Avec : Shim Eun-Kyung, Yuumi Kawai, Shinichi Tsutsumi

Le réalisateur japonais, lauréat du premier prix au Festival de Locarno, signe un délicat drame inspiré de deux œuvres du mangaka culte Yoshiharu Tsuge : Mr. Ben and His Igloo et A View of the Seaside. Miyake présente son histoire comme un film dans le film. Le premier récit suit Natsuo et Nagisa, deux solitaires en quête de lien dans une petite ville côtière. Ce film est écrit par Li, une cinéaste coréenne installée au Japon qui projette dans ses personnages ses propres sentiments d’errance. Pour « s’éloigner des mots », elle part dans une auberge de montagne reculée, où elle rencontre Benzo, un divorcé cynique.

‘Truck Mama’

Réalisatrice : Zippy Nyaruri
Avec : Evaline Wambua Mutuku

La cinéaste kényane Zippy Nyaruri a mis plusieurs années à réunir les fonds nécessaires pour achever ce documentaire consacré à Eva, mère célibataire et conductrice de poids lourds sur de longues distances. Elle doit affronter non seulement un métier dominé par les hommes, mais aussi les routes dangereuses d’Afrique de l’Est. Quand son camion tombe en panne entre le Kenya et le Soudan, « Eva doit puiser en elle toutes ses forces et est même contrainte de repenser son avenir », indique le synopsis.

‘Roqia’

Réalisateur : Yanis Koussim
Avec : Ali Namous, Akram Djeghim, Mostefa Djadjam

Dans Roqia, le réalisateur algérien affronte les traumatismes de sa jeunesse durant la Décennie noire — la guerre civile qui a duré de 1992 à 2002. Sans surprise, c’est un film d’horreur. L’histoire s’ouvre en 1993. Ahmed se remet d’un accident de voiture qui l’a laissé amnésique. Son village natal et même sa famille lui paraissent étrangers. Et il ignore pourquoi son index droit manque. Dans la temporalité contemporaine du film, on découvre un vieil exorciste musulman… lui aussi privé de son index droit. « Quand on ne traite pas les traumatismes vécus par les Algériens, peut-être que ce qui les a causés revient — non pas comme une menace, mais en arrière-plan », expliquait Koussim à GQ Middle East. « Il faut travailler sur ce traumatisme. Roqia n’apporte pas une solution, mais expose le problème. »

‘The World of Love’

Réalisatrice : Yoon Ga-Eun
Avec : Seo Su-Bin, Chang Hyae-Jin, Kim Jeong-Sik

Le drame de la cinéaste coréenne suit Lee Jooin, lycéenne de 17 ans dont un accès de colère provoque des répercussions inattendues sur son entourage — et sur elle-même. Après avoir réalisé deux films « en première personne » où le protagoniste apparaissait dans chaque scène, Yoon a expliqué à Variety que son nouveau projet « tentait une méthode d’observation à distance, une perspective en troisième personne », donnant à voir ce que font les autres personnages quand la protagoniste agit, et comment ces actions se répondent.

‘The Stories’

Réalisateur : Abu Bakr Shawky
Avec : Amir El-Masry, Nelly Karim, Valerie Pachner

Décrit par le RSIFF comme « un hommage vif et authentique à l’Égypte », le film s’inspire de la relation entre le père égyptien et la mère autrichienne du réalisateur — relation née d’un échange de correspondance dans les années 1960 (les parents apparaissent d’ailleurs dans le film). « C’est l’histoire de mondes qui se percutent, de mondes qui se rencontrent », expliquait Shawky au Hollywood Reporter. « C’est l’histoire de petites victoires et de petites gens qui tentent de faire de grandes choses. »

‘Sink’

Réalisatrice : Zain Duraie
Avec : Clara Khoury, Mohammad Nizar, Wissam Tobeileh

Le premier long-métrage de la réalisatrice jordanienne a été décrit par le Festival international du film de Toronto comme « un portrait magnifique d’une mère aux prises avec l’effondrement mental de son fils adolescent ». Tandis que le comportement de Basil lui vaut d’être expulsé de l’école et isolé socialement, sa mère Nadia refuse d’abandonner.

‘Nighttime Sounds’

Réalisateur : Zhang Zhongchen
Avec : Aline Chen, Gu Hanru, Li Yanxi

Le cinéaste autodidacte chinois a été salué dans son pays pour son mélange de surréalisme, de réalisme magique et de poésie. Qing, huit ans, vit avec sa mère dans un village rural paisible, tandis que son père travaille dans une ville lointaine. Un matin, elle rencontre un « enfant fantôme » à la recherche de sa mère disparue. « À travers des images oniriques et une bande-son envoûtante… Zhongchen tisse un puissant récit sur la mémoire, le manque, et les silences transmis d’une génération de femmes à l’autre », indique le synopsis du festival.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Monte Carlo Doualiya sort des sentiers battus: une semaine de programmation spéciale sur le royaume d’Arabie

Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé. (AFP)
Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé. (AFP)
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  • Pour la direction de Monte Carlo Doualiya, le pari était simple : aller au plus près, voir, écouter, comprendre, et surtout raconter
  • La radio ne s’est pas contentée de commenter à distance : elle a dépêché une mission sur le terrain pour enquêter, sentir l’atmosphère, rencontrer ceux qui incarnent le nouveau visage du pays

PARIS: Il arrive qu’une initiative médiatique crée une véritable brèche dans les habitudes ou ouvre une fenêtre sur un monde encore méconnu ou mal compris.
Cela pourrait être le cas de la radio Monte Carlo Doualiya (MCD), un média public français arabophone qui a choisi de consacrer, pendant une semaine, une programmation spéciale à l’Arabie saoudite.
Cette décision audacieuse est presque inédite dans le paysage audiovisuel français, où le royaume reste souvent perçu à travers des prismes partiels ou des récits convenus.

« De Riyad à AlUla, Monte Carlo Doualiya révèle une Arabie saoudite en pleine métamorphose.»

Pour la direction de Monte Carlo Doualiya, le pari était simple : aller au plus près, voir, écouter, comprendre, et surtout raconter.
Les transformations du royaume depuis le lancement de la Vision 2030 sont considérables, mais elles restent souvent mal connues, d’où l’idée d’une immersion totale.
La radio ne s’est pas contentée de commenter à distance : elle a dépêché une mission sur le terrain pour enquêter, sentir l’atmosphère, rencontrer ceux qui incarnent le nouveau visage du pays.

Le résultat ? Un enthousiasme communicatif, porté par la surprise d’une Arabie saoudite qui change à une vitesse vertigineuse, dynamisée par une jeunesse que personne ne peut plus ignorer.
Pendant sept jours, émissions spéciales, reportages, débats, chroniques culturelles et entretiens exclusifs depuis Riyad, Djeddah, AlUla et Dhahran se sont succédé (du 24 au 30 novembre).

Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé.
L’équipe a voulu montrer l’Arabie saoudite telle qu’elle est aujourd’hui, et non telle qu’elle était hier.

Pour cela, le journaliste Atif Ali Salih a arpenté Riyad, ses quartiers futuristes, ses centres culturels, ses universités, ses cafés fréquentés par des jeunes qui débattent d’art, de cinéma, d’intelligence artificielle ou d’entrepreneuriat.
Ce qu’il en a rapporté : une série d’entretiens et de récits où dominent l’énergie, l’appétit de modernité et l’émergence de nouveaux visages, surtout féminins.

Répondant à Arab News en français, Ali Salih reconnaît avoir été surpris par ce qu’il a découvert : « Riyad donne le tournis », confie-t-il. « Tout va vite. Très vite. On sent un pays qui ne veut surtout pas rater sa décennie. »
Ce qui l’a surtout frappé, ce n’est pas tant la verticalité des nouveaux quartiers que la vitalité de ceux qui les habitent.

« Loin des clichés, un pays jeune, dynamique et résolument tourné vers l’avenir se dévoile. »

Il raconte ses rencontres avec de jeunes Saoudiennes dirigeant des start-up technologiques, des studios de design, des associations culturelles ou des projets artistiques. Beaucoup n’ont pas encore trente ans, parlent anglais couramment, et surtout, veulent participer au mouvement qui redéfinit leur pays.
Dans les cafés modernes de Riyadh Boulevard et les espaces de coworking, il dit avoir été impressionné par la liberté de ton, l’assurance et la soif d’apprendre.
« On a souvent une image figée des femmes saoudiennes, mais j’ai rencontré des ingénieures, des productrices, des développeuses, des conservatrices de musée… Elles se projettent loin, très loin, et regardent l’avenir droit dans les yeux. »

L’un des aspects les plus marquants de la semaine saoudienne a été la mise en lumière de l’effervescence culturelle : concerts gigantesques, expositions internationales, festivals de cinéma, bibliothèques ouvertes jusqu’à minuit… Le pays connaît un véritable renouveau artistique et culturel.
Cette métamorphose a été au cœur des émissions, avec des interviews de jeunes acteurs culturels saoudiens et des reportages réalisés dans les nouveaux musées de Riyad.

Ce qui ressort, c’est l’idée d’une génération — surtout féminine — impatiente de rattraper le temps perdu, une génération qui ne demande pas la permission d’exister, mais qui agit. Et cela, selon Ali Salih, « se voit, s’entend, se ressent ».

Cette semaine spéciale, au ton équilibré, curieux mais jamais condescendant, constitue une passerelle entre deux rives, en offrant aux Franco-Arabes et à tous ceux qui s’intéressent au Moyen-Orient un regard neuf et vivant sur l’Arabie saoudite d’aujourd’hui.
Ce type d’initiative, rare dans le paysage médiatique français, montre que la curiosité n’est jamais un luxe, mais une nécessité.

À l’issue de cette plongée saoudienne, la directrice de Monte Carlo Doualiya, Souad El Tayeb, assure à Arab News : « On reviendra. » Les portes se sont ouvertes, les liens se sont tissés, les idées ont fusé.
Au fond, dit-elle, c’est cela, la réussite de cette initiative inédite : « transformer la découverte en dialogue, et la curiosité en pont durable entre les sociétés ».

Seul bémol pour El Tayeb : MCD, qui diffuse sur FM, n’est pas écoutée en Arabie saoudite. Mais, se réjouit-elle, elle est largement suivie par les jeunes Saoudiens sur les réseaux sociaux.


Le Festival des Arts d’AlUla revient avec sa nouvelle édition avec Desert X AlUla

Le festival artistique d'AlUla revient pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l'ancienne ville oasis d'AlUla en une scène dédiée à l'art contemporain, au design et à la culture. (Fourni)
Le festival artistique d'AlUla revient pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l'ancienne ville oasis d'AlUla en une scène dédiée à l'art contemporain, au design et à la culture. (Fourni)
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  • Le Festival des Arts d’AlUla 2026 transformera la ville en scène pour l’art contemporain
  • L’événement mettra en avant des artistes saoudiens et internationaux, le programme de résidences artistiques et l’essor du design à AlUla

DUBAÏ : Le Festival des Arts d’AlUla est de retour pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l’ancienne oasis d’AlUla en scène pour l’art contemporain, le design et la culture. Sur fond de canyons désertiques majestueux et du vibrant quartier artistique d’AlJadidah, l’édition 2026 se déroulera du 16 janvier au 14 février.

Le festival proposera de nouvelles créations de land art dans le cadre de la quatrième édition de Desert X AlUla. Il comprendra également une grande exposition d’art, fruit d’une collaboration entre le musée d’art contemporain d’AlUla – dans le cadre de son programme pré-ouverture – et le Centre Pompidou ; ainsi qu’une exposition Design Space AlUla mettant en lumière les talents saoudiens et internationaux, et bien plus encore.

Hamad Alhomiedan, directeur des Arts et Industries Créatives à la Royal Commission for AlUla (RCU), a déclaré :
« Le Festival des Arts d’AlUla est l’expression contemporaine des traditions anciennes de créativité et d’échanges culturels à AlUla. Dans le programme diversifié de cette année, AlUla devient une toile pour le dialogue créatif et un catalyseur de conversations au Royaume et au-delà. Nous sommes fiers de présenter des œuvres ambitieuses de certains des artistes les plus célébrés d’Arabie Saoudite aux côtés de pionniers de renommée internationale, tous inspirés par la culture et les paysages uniques d’AlUla. J’ai hâte d’accueillir des visiteurs de la communauté locale et du monde entier pour vivre cet événement unique et explorer les merveilles d’AlUla. »

Le Festival des Arts d’AlUla est un événement annuel emblématique qui transforme l’ancienne ville d’AlUla en un terrain d’expression artistique vibrant, consolidant sa position comme un hub mondial de créativité et de culture tout au long de l’année. Faisant partie du calendrier AlUla Moments 2025/2026, le festival est devenu l’un des événements artistiques les plus célébrés de la région, réunissant des œuvres innovantes d’artistes locaux, régionaux et internationaux au cœur du riche patrimoine naturel et culturel d’AlUla, créant des moments spectaculaires d’inspiration et d’émerveillement.

Dans le cadre des événements, Desert X AlUla revient pour sa quatrième édition du 16 janvier au 28 février, présentant 10 nouvelles œuvres spécifiques au site, créées par des artistes multigénérationnels de premier plan et intégrées dans le paysage d’AlUla. Inspiré par la poésie de Khalil Gibran, le thème de cette année, « Espace sans mesure », présente chaque œuvre comme un point sur une nouvelle carte, marquant des éclats d’imagination, des utopies florissantes à des panoramas et corridors sonores jusqu’alors inconcevables.

Desert X AlUla 2026 mettra en lumière des œuvres contemporaines visionnaires d’artistes saoudiens et internationaux, sous la direction artistique de Neville Wakefield et Raneem Farsi, accompagnés de deux commissaires invités reflétant la longue histoire d’échanges interculturels de la région.

Par ailleurs, Design Space AlUla accueillera l’exposition AlUla Design, mettant en avant le rôle croissant d’AlUla en tant que hub de créativité et d’innovation culturelle. L’exposition présentera le travail produit par le Programme de Résidence des Artistes d’AlUla et le AlUla Design Award 2025, où des designers internationaux et régionaux se sont immergés dans les paysages, le patrimoine et les traditions artisanales d’AlUla pour créer des œuvres originales.

Enfin, les AlUla Design Stores présenteront les produits développés lors du quatrième AlUla Design Award, du Designathon et de la Résidence Design AlUla, ainsi que des collaborations avec trois designers de Madrasat Addeera.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com