NANTES : La cathédrale gothique du XVIe siècle de Nantes, dans l'ouest de la France, a été endommagée samedi par un incendie, rapidement circonscrit, un an après celui qui a détruit une partie de Notre-Dame de Paris. Le procureur de Nantes Pierre Sennès a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "incendie volontaire" en précisant que "trois points de feu distincts" ont été relevés. Mais "il n'y a pas de conclusion à tirer maintenant", a-t-il ajouté.
Vers 7H45 (5H45 GMT), des "passants qui voyaient des flammes derrière la rosace" ont alerté les secours, selon les pompiers, ravivant les souvenirs douloureux de l'incendie du joyau de l'art médiéval à Paris le 15 avril 2019. Un épais panache de fumée noire s'échappait de l'énorme vitrail de la façade de Saint-Pierre-et-Saint-Paul et s'élevait au-dessus du centre-ville. Les pompiers découvrent alors "un violent incendie au niveau de l'orgue situé derrière la rosace et l'action s'est concentrée sur ce foyer", selon le directeur départemental des pompiers, le général Laurent Ferlay.
Grâce à une centaine de pompiers et une quarantaine d'engins, l'incendie a été assez rapidement maîtrisé. Les pompiers ont annoncé qu'il était "circonscrit" vers 10H00 (08H00 GMT). D'après les premiers éléments, "les dégâts sont concentrés sur le grand orgue qui semble être entièrement détruit. La plateforme sur laquelle il se situe est très instable et menace de s'effondrer", a dit M. Ferlay.
Les dégâts ne peuvent toutefois être comparés aux incendies de Notre-Dame de Paris en 2019, à celui de cette même cathédrale en 1972 ou encore Saint-Donatien à Nantes en 2015, a-t-il ajouté. Suite à l'incendie de 1972, la toiture a été refaite en armature béton, a-t-il précisé. Ont été touchés par le sinistre l'orgue et le buffet d'orgue du XVIIe siècle, un tableau d'Hippolyte Flandrin du XIXe, une partie des stalles du chœur qui étaient récentes et les vitraux de la façade, dont une partie étaient des vestiges de vitraux du XVIe siècle, le reste étant moderne, a listé Laurent Delpire, conservateur des Antiquités et objets d'art du département de Loire-Atlantique.
"Perte inestimable"
"Le grand orgue a complètement disparu", a indiqué, ému, l'administrateur diocésain, le père François Renaud, en charge de la cathédrale. "C'est très impressionnant et c'est une perte inestimable". "Derrière le grand orgue, il y a des vitraux d'origine qui ont tous volé en éclats. C'est une verrière complète du XVIe" qui a été détruite, a-t-il ajouté. Le Premier ministre Jean Castex était attendu samedi sur les lieux avec les ministres de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et de la Culture, Roselyne Bachelot. Le président Emmanuel Macron a tweeté son "soutien à nos sapeurs-pompiers qui prennent tous les risques pour sauver ce joyau gothique de la cité des Ducs". Dans un communiqué, la Conférence des évêques de France (CEF) "appelle tous les catholiques à s'unir dans une prière de soutien aux catholiques du diocèse de Nantes". Depuis Bruxelles, où il participe au sommet européen, M. Macron s'est entretenu avec le président de la CEF, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, "pour lui dire sa compassion", précise le communiqué.
L'édification de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, de style gothique flamboyant, a duré plusieurs siècles (de 1434 à 1891), avec des tours érigés en 1508 d'une hauteur de 63 mètres. En 1972, le sinistre s'était déclaré suite à des travaux effectués par un couvreur. La cathédrale n'avait pu être rendue au culte qu'en mai 1985, après plus de 13 ans de travaux.
L'incendie a fait craindre dans un premier temps un scénario à la Notre-Dame de Paris, gravement endommagée en avril 2019 par un feu contre lequel les pompiers ont lutté pendant quinze heures. En juin, le procureur avait indiqué privilégier la piste accidentelle, évoquant une cigarette mal éteinte ou un dysfonctionnement électrique.