Israël et Bahreïn ont scellé dimanche un accord formalisant l'établissement de relations entre les deux pays et signé sept mémorandums d'entente, ouvrant encore davantage la région du Golfe à l'État hébreu.
Une délégation officielle d'Israël était dimanche à Bahreïn pour signer un document établissant des relations diplomatiques entre eux, un mois après la signature à la Maison-Blanche d'un accord normalisant leurs liens.
Le document a été signé en présence de représentants d'autres pays et de la presse, mais le roi Hamad, le prince héritier et le Premier ministre étaient absents de la cérémonie, selon un correspondant de l'AFP.
Les deux pays ont également signé sept mémorandums d'entente et convenu de coopérer notamment dans les domaines de l'économie, de l'aviation, de la finance, des communications et de l'agriculture, selon le chef de la diplomatie israélienne.
Le ministre bahreïni des Affaires étrangères, Abdellatif al-Zayani, a salué le début de relations entre les deux pays menant à une coopération constructive dans différents domaines.
L'accord de normalisation « représente une avancée historique importante pour réaliser la sécurité, la paix et la prospérité », avait-il déclaré à l'aéroport international de Manama.
« Ce grand jour fera de la paix une réalité. Ces relations vont bénéficier aux deux parties dans divers domaines », assurait à ses côtés le conseiller à la sécurité nationale israélienne, Meir Ben-Shabbat, s'exprimant en arabe.
Monarchie arabe du Golfe où siège la Ve flotte américaine, le petit royaume de Bahreïn est devenu le quatrième pays arabe à normaliser ses relations avec Israël.
Bahreïn et les Émirats arabes unis, une autre monarchie arabe du Golfe, ont signé séparément avec Israël le 15 septembre des accords officialisant la normalisation lors d'une cérémonie à la Maison-Blanche.
Avant ces deux pays, Israël a signé des traités de paix avec l'Égypte en 1979 et avec la Jordanie en 1994, mettant fin à l'état de guerre avec ces États arabes voisins.
Coopération économique
Les accords de normalisation avec Bahreïn et les Émirats ont été dénoncés par les Palestiniens comme une « trahison », alors que la résolution du conflit israélo-palestinien était jusque-là considérée comme une condition sine qua non pour une normalisation entre Israël et les États arabes.
M. Zayani a cependant appelé dimanche à des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens pour un règlement du conflit et une solution à deux États.
Avant son départ de Tel-Aviv, M. Ben-Shabbat a déclaré que les rencontres à Bahreïn avaient « pour objectif de traduire par des programmes concrets les accords signés à la Maison-Blanche », notamment dans les domaines économique, du tourisme, de l'aviation et des technologies.
Venu à Manama avec la délégation israélienne, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin a mis l'accent sur l'«opportunité» que représentent selon lui ces accords pour les économies des pays concernés, notamment dans le domaine des technologies.
Les Émirats et Bahreïn n'ont jamais été en conflit avec l'État hébreu. Mais ils partagent avec Israël une animosité envers l'Iran, ennemi numéro un des États-Unis dans la région.
L'ouverture d'une ambassade d'Israël est prévue dans les mois à venir, a déclaré un conseiller de Donald Trump, Avi Berkowitz, également à Manama pour la signature.
Gouverné par une monarchie sunnite, Bahreïn accuse l'Iran chiite d'être à l'origine de troubles sporadiques dans le Royaume depuis 2011, date à laquelle les autorités ont réprimé des manifestations de sa communauté chiite exigeant des réformes.
La normalisation avec Israël a provoqué des manifestations dans des villages chiites du Royaume.
Face à l'Iran
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a salué dimanche en Conseil des ministres « un accord de paix historique » avec Bahreïn.
Il espère que d'autres pays arabes établissent des relations officielles avec Israël, privilégiant désormais l'aspect économique plutôt que la résolution du conflit israélo-palestinien qui dure depuis plus de cinquante ans.
Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a récemment dit espérer que l'Arabie saoudite, chef de file des monarchies arabes du Golfe et rival de l'Iran dans la région, « envisagerait de normaliser ses relations » avec Israël.
Selon lui, les accords avec les Émirats et Bahreïn « reflètent les changements dans la dynamique de la région. Ces pays reconnaissent à juste titre le besoin de coopération régionale pour contrer l'influence iranienne et favoriser la prospérité. »