Ukraine : les derniers combattants de Marioupol refusent de se rendre, le G7 arrête d'importer du pétrole russe

L'équipe d'urgence s'occupe d'un incendie près de débris en feu, après qu'un bâtiment scolaire a été touché à la suite d'un bombardement, dans le village de Bilohorivka, Luhansk, Ukraine, le 8 mai 2022. (Reuters)
L'équipe d'urgence s'occupe d'un incendie près de débris en feu, après qu'un bâtiment scolaire a été touché à la suite d'un bombardement, dans le village de Bilohorivka, Luhansk, Ukraine, le 8 mai 2022. (Reuters)
Short Url
Publié le Dimanche 08 mai 2022

Ukraine : les derniers combattants de Marioupol refusent de se rendre, le G7 arrête d'importer du pétrole russe

L'équipe d'urgence s'occupe d'un incendie près de débris en feu, après qu'un bâtiment scolaire a été touché à la suite d'un bombardement, dans le village de Bilohorivka, Luhansk, Ukraine, le 8 mai 2022. (Reuters)
  • «Le G7 tout entier s'est engagé aujourd'hui à interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe», a pour sa part annoncé la Maison Blanche
  • Le président Poutine a assuré dimanche que «comme en 1945, la victoire sera à nous», multipliant les comparaisons entre la Deuxième Guerre mondiale et le conflit en Ukraine dans ses voeux du 8 mai

SEVERODONETSK: Les derniers combattants retranchés à Marioupol refusaient dimanche de se rendre malgré les incessantes frappes russes sur l'est de l'Ukraine, où une soixantaine de personnes étaient portées disparues après le bombardement de leur refuge, tandis que les pays du G7 ont décidé de ne plus importer de pétrole russe.  

Le même jour, la Première dame des Etats-Unis Jill Biden a rencontré son homologue ukrainienne Olena Zelenska dans une école en Ukraine à proximité de la frontière avec la Slovaquie, où elle se trouvait cette semaine. « Je voulais venir pour la fête des mères. Je pensais qu'il était important de montrer au peuple ukrainien que cette guerre doit s'arrêter », a-t-elle lancé devant des journalistes. 

Autres visites surprises, celle du Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui est allé à Irpin, une localité de la banlieue de Kiev dévastée par les combats, et de la présidente du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, Bärbel Bas, qui a également été près de la capitale ukrainienne, à Boutcha, théâtre d'atrocités sur des civils. 

« Le G7 tout entier s'est engagé aujourd'hui à interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe », a pour sa part annoncé la Maison Blanche dans un communiqué. 

Cette décision « va porter un coup dur à la principale artère irriguant l'économie de (Vladimir) Poutine et le priver des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre », ont estimé les Etats-Unis, qui ont d'ores et déjà interdit l'achat d'hydrocarbures russes. 

Soixante morts dans une école bombardée dans l'est de l'Ukraine

Soixante personnes ont été tuées samedi dans le bombardement d'une école dans la région de Lougansk dans l'est de l'Ukraine, a déclaré dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky.


"Pas plus tard qu'hier, dans le village de Bilogorivka, dans la région de Lougansk, une bombe russe a tué 60 civils", a affirmé M. Zelensky lors d'une intervention en visioconférence à un sommet du G7. 


"Ils essayaient de trouver refuge dans le bâtiment d'une école ordinaire qui a été visée par une frappe aérienne russe", a-t-il ajouté.


"Une bombe aérienne a frappé une école et 60 personnes sont mortes sous les décombres", a indiqué de son côté le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, à la télévision en langue russe Current Time TV. "Il y a toujours des frappes très fortes sur Bilogorivka", a-t-il poursuivi. "J'aimerais vraiment croire que des gens sont encore vivants là-bas", a-t-il toutefois dit, précisant "que dès les bombardements seront terminés, nous pourrons commencer à déblayer les décombres".


Dimanche matin, M. Gaïdaï avait déclaré qu'"il y avait au total 90 personnes" sur place au moment de la frappe. "27 ont été sauvées", avait-il ajouté, précisant que la température avait été très élevée sur le site après l'explosion.

Au niveau de l'Union européenne, des négociations se poursuivront « en début de semaine » entre Etats membres pour lever les obstacles au projet d'embargo européen sur le pétrole russe, freiné par la Hongrie.  

Sur un plan plus symbolique, le chanteur irlandais Bono a donné un concert dans le métro de Kiev, estimant que les Ukrainiens se battaient « pour nous tous qui aimons la liberté ». 

1
Carte de la situation en Ukraine au 8 mai à 9h30 GMT. (Graphique, AFP)

Ukraine: des civils évacués d'Azovstal à Marioupol sont arrivés à Zaporijjia

Plus de 170 civils de Marioupol, dont une quarantaine évacués de l'aciérie Azovstal dans ce port du sud-est ukrainien presque entièrement sous contrôle russe, sont arrivés dimanche soir à Zaporijjia, a constaté un journaliste de l'AFP.


Les évacués, certains avec de jeunes enfants, sont descendus des bus blancs qui les ont transportés jusqu'au parking d'un centre commercial de cette grande ville du sud-est de l'Ukraine, devenu un centre d'accueil pour les personnes fuyant les zones occupées par l'armée russe.


Des travailleurs humanitaires escortaient des personnes âgées y compris une vieille dame en fauteuil roulant.


Au total, 174 civils sont arrivés à bord de huit bus "depuis l'enfer de Marioupol", a précisé dans la foulée sur Twitter la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l'Ukraine, Osnat Lubrani.


"Cette nouvelle opération porte à plus de 600 le nombre total de personnes évacuées de la zone", s'est-elle félicitée dans un communiqué du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.


Vendredi, la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, avait évoqué "50 femmes, enfants et personnes âgées d'Azovstal sortis d'Azovstal".


"Notre travail, cependant, n'est pas terminée", a affirmé Mme Lubrani, assurant que "des dizaines de personnes qui souhaitaient rejoindre le convoi au cours des derniers jours n'ont pas pu le faire".


Samedi, Kiev avait annoncé que toutes les femmes civiles, tous les enfants et personnes âgées avaient été évacuées de l'immense complexe métallurgique Azovstal, dernière poche de résistance des forces ukrainiennes face à l'armée russe dans la ville dévastée de Marioupol.


"Cette partie de la mission humanitaire de Marioupol est accomplie", s'était félicité Mme Verechtchouk sur les réseaux sociaux, tandis que le président Volodymyr Zelensky soulignait qu'il fallait encore évacuer des blessés et du personnel médical.

Une école abritant des réfugiés détruite  

A la veille de la commémoration à Moscou de la victoire contre l'Allemagne nazie, les militaires ukrainiens qui résistent toujours dans l'immense aciérie Azovstal ont annoncé qu'ils excluaient de « capituler ». Car « notre vie n'intéresse pas la Russie. Nous laisser en vie ne lui importe pas », a déclaré Ilya Samoïlenko, un officier du renseignement. 

Dans la région de Lougansk, environ 60 personnes sont portées disparues après qu'une frappe aérienne a « complètement » soufflé l'école du village de Bilogorivka, où elles s'étaient réfugiées, a déclaré dimanche son gouverneur Serguiï Gaïdaï. 

« L'ennemi ne cesse pas ses opérations offensives (...) afin d'établir un contrôle total sur les régions de Donetsk, de Lougansk et de Kherson et de maintenir le couloir terrestre entre ces territoires et la Crimée occupée » depuis 2014, a averti quant à lui l'état-major de l'armée ukrainienne. 

Il a précisé que dans la région de Donetsk, les troupes russes avaient poursuivi leurs attaques autour de Lyman, Popasniansky, Severodonetsk et Avdiivka.  

« Rien qu'à Severodonetsk, il y a eu des dizaines de frappes et un hôpital a aussi été touché », a souligné le gouverneur de la région de Lougansk. 

La ville de Popasna est désormais en ruines et les militaires ukrainiens s'en sont retirés pour occuper de « meilleures positions », a ajouté Serguiï Gaïdaï. 

Côté russe, le ministère de la Défense a revendiqué dimanche la destruction du « poste de commandement d'une brigade mécanisée », dans la région de Kharkiv (nord-est), de même que du « centre de communication de l'aérodrome militaire de Chervonoglinskoye », dans le sud-ouest.   

Les autorités ukrainiennes mettent en garde depuis plusieurs jours contre une intensification possible des actions offensives russes à l'approche des célébrations du 9 mai. 

« Le mal est de retour »  

Le « mal est de retour » en Europe, »dans un uniforme différent, sous des slogans différents, mais avec le même objectif », s'est exclamé dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky, comparant l'invasion de son pays par la Russie à l'agression des Etats européens par l'Allemagne nazie, dans un discours de commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale en Europe. 

« Des décennies après (...), les ténèbres sont retombées sur l'Ukraine », a-t-il dit dans un enregistrement vidéo où il est filmé devant des immeubles d'habitation détruits. 

A Marioupol, après moult appels et vaines tentatives ces dernières semaines, « nous avons évacué les civils d'Azovstal », avait lancé la veille au soir M. Zelensky, citant le nombre de 300 personnes exfiltrées. « Nous préparons désormais la seconde phase (...) : les blessés et le personnel médical ». 

Des centaines de personnes avaient trouvé refuge dans les galeries souterraines de l'aciérie d'Azovstal, qui abrite les derniers défenseurs de cette cité portuaire. 

Moscou avait annoncé mercredi un cessez-le feu unilatéral de trois jours à partir de jeudi matin pour permettre aux civils terrés dans ce vaste complexe de pouvoir partir. Mais les autorités ukrainiennes ont maintenu que les Russes ne l'avaient pas respecté. 

Selon Kiev, ces opérations ont permis au total à près de 500 personnes de fuir en une semaine, sous l'égide de l'ONU et du Comité international de la Croix-Rouge. 

Et, « bien sûr, nous œuvrons aussi à évacuer nos militaires. Tous ces héros défendant Marioupol », a souligné le président Zelensky. 

Selon Ievguenia Tytarenko, une infirmière militaire dont le mari, membre du régiment Azov, est toujours l'usine Azovstal, « de nombreux soldats sont dans un état grave. Ils sont blessés et n'ont pas de médicaments ». « La nourriture et l'eau manquent aussi ». 

« Je me battrai jusqu'au bout », lui a écrit son mari Mykhaïlo, dans un SMS que l'AFP a pu consulter. Ils se sont mariés deux jours avant le début des hostilités avec la Russie. 

« Nos unités dans la zone de l'usine d'Azovstal continuent d'être bloquées », a relevé dimanche l'état-major ukrainien, évoquant des « opérations d'assaut russes » avec « le soutien de l'artillerie et des tirs de chars ». 

Marioupol, qui comptait près de 500 000 habitants avant la guerre, a été presque entièrement rayée de la carte par deux mois de bombardements russes. 

« La victoire sera à nous » (Poutine)  

Le président Poutine a assuré dimanche que « comme en 1945, la victoire sera à nous », multipliant les comparaisons entre la Deuxième Guerre mondiale et le conflit en Ukraine dans ses voeux du 8 mai. 

La Russie n'a toutefois jusqu'à présent pu revendiquer le contrôle complet que d'une ville d'importance, Kherson. 

Ses habitants pourront d'ailleurs obtenir des passeports russes dès cette année, a révélé Kirill Stremoussov, le « vice-président de l'administration militaro-civile de la région ». 

Dans le port de commerce de Marioupol, « les travaux battent leur plein », mais »il reste encore beaucoup à faire », a de son côté dit Denis Pouchiline, le chef de la « République de Donetsk » autoproclamée par les séparatistes prorusses. « Nous prévoyons une reconstruction à grande échelle en très peu de temps », a-t-il ajouté. 

Les actions de Vladimir Poutine en Ukraine « couvrent la Russie et les sacrifices historiques de son peuple (pendant la Deuxième Guerre mondiale) de honte », se sont pour leur part indignés dimanche les pays du G7. 

Au cours d'une réunion virtuelle à laquelle a participé le président Zelensky, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l'Italie, du Japon et du Royaume-Uni lui ont « répété (leur) engagement à prendre de nouvelles mesures pour aider l'Ukraine à s'assurer un avenir libre et démocratique », ainsi qu'à « se défendre et repousser de futurs actes d'agression ». 


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

Short Url
  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
Short Url
  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url
  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.