Il est important que les puissances mondiales comprennent que tout accord nucléaire renégocié avec le régime clérical iranien sera très probablement voué à l'échec.
Tout d'abord, il existe aux États-Unis une importante opposition à un nouvel accord nucléaire avec le régime iranien. Cela signifie que, quel que soit l'accord signé, le Congrès peut toujours infliger de nouvelles sanctions économiques à la République islamique, faisant ainsi monter les tensions entre Téhéran et Washington. En raison de l'opposition généralisée, il est également fort probable que, si un autre président républicain est élu aux États-Unis, son administration retirera les États-Unis de l'accord nucléaire comme l'a fait Donald Trump.
L'opposition à un nouvel accord nucléaire ne relève pas seulement des politiques, mais aussi des militaires. Par exemple, le mois dernier, quarante-cinq généraux et amiraux américains à la retraite ont adressé à l'administration Biden une lettre ouverte intitulée «Lettre ouverte des chefs militaires américains opposés à l'accord sur le nucléaire iranien» pour la mettre en garde contre la relance de l'accord. Ils ont écrit: «Le nouvel accord sur l'Iran en cours de négociation, dans lequel la Russie a joué un rôle central, permettra au principal État parrain du terrorisme dans le monde de jeter son ombre nucléaire sur le Moyen-Orient. En tant que chefs militaires américains à la retraite qui avons consacré leur vie à la défense de notre nation, nous nous opposons à cet accord émergent qui est sur le point d'alimenter immédiatement l'agression explosive de l'Iran et de lui ouvrir la voie pour devenir une puissance nucléaire, menaçant la patrie américaine et l'existence même des alliés régionaux de l'Amérique.»
Bien que tout accord nucléaire implique l'Iran et les puissances du P5+1 (Royaume-Uni, Russie, Chine, France et États-Unis, plus l'Allemagne), les deux acteurs clés sont Washington et Téhéran. Comme la communauté internationale l'a déjà constaté, lorsque l'administration Trump a retiré les États-Unis de l'accord nucléaire, le régime iranien a également cessé de respecter ses engagements. Cela s'explique par le fait que Washington joue un rôle crucial dans le système financier mondial. Si les sanctions américaines contre l'Iran restent en place, de nombreux autres pays et entreprises hésiteront à faire des affaires avec Téhéran.
Le régime a montré au cours des quatre dernières décennies qu'on ne peut lui faire confiance pour respecter les normes, les lois et les accords internationaux.
Dr Majid Rafizadeh
L'Union européenne ne peut pas non plus à elle seule aider l'Iran à contourner les sanctions américaines. Par exemple, après que les États-Unis ont abandonné l'accord nucléaire initial, en 2018, elle a tenté de le sauver. Les trois signataires européens du Plan d'action global conjoint (PAGC) − l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni − ont mis en place un nouveau mécanisme commercial appelé «Instex». Mais il n'a pas aidé Téhéran, car il ne concernait que les produits pharmaceutiques, les appareils médicaux et les produits alimentaires, alors que les principaux revenus de l'Iran proviennent du secteur énergétique, notamment de l'exportation de pétrole et de gaz. Les entreprises européennes ne voulaient pas compromettre leurs affaires avec les États-Unis ou leur accès aux systèmes financiers américains en traitant avec l'Iran.
La deuxième raison pour laquelle tout accord nucléaire avec les religieux au pouvoir est une fois de plus voué à l'échec est liée à la question de la confiance. Malheureusement, le régime iranien a montré au cours des quatre dernières décennies qu'on ne peut lui faire confiance pour respecter les normes, les lois et les accords internationaux.
Le régime cherche désespérément à conclure un accord nucléaire avec les puissances mondiales non parce qu'il veut répondre aux préoccupations des autres États relatives à ses activités nucléaires, mais parce qu'il est confronté à d'importantes difficultés financières. La République islamique a besoin d'un accord nucléaire pour faire lever les sanctions américaines, ce qui signifie qu'elle sera à nouveau capable de financer son aventurisme militaire dans toute la région, son programme de missiles balistiques et son vaste réseau de milices et de groupes terroristes.
Cela signifie que, tout en profitant des fruits financiers de l'accord nucléaire, le régime iranien poursuivra probablement ses activités nucléaires dans la clandestinité. Il existe des preuves qui montrent que l'establishment théocratique violait l'accord nucléaire de 2015, avant que les États-Unis ne s'en retirent. En 2018, deux organisations non partisanes de Washington − l'Institute for Science and International Security (Institut pour la science et la sécurité internationale) et la Foundation for the Defense of Democracies (Fondation pour la défense des démocraties) − ont publié des rapports détaillés sur les installations nucléaires clandestines non déclarées de l'Iran. En outre, la détection de particules radioactives à Turouzabad, en 2019, la réticence de l'Iran à répondre à des questions simples sur cette installation secrète et les preuves impartiales sur les activités nucléaires de l'Iran sur ce site indiquent que Téhéran violait très probablement l'accord nucléaire.
En résumé, tout nouvel accord nucléaire avec le régime iranien est voué à l'échec en raison de l'opposition écrasante des États-Unis et de l'incapacité de Téhéran à respecter les accords et traités internationaux.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com