HONG KONG: L'ex-patron de la sécurité de Hong Kong John Lee, qui avait supervisé la répression du mouvement pro-démocratie, va être désigné dimanche nouveau dirigeant de la ville par un petit comité loyal au régime chinois.
John Lee, un ancien policier de 64 ans, est le seul candidat à la succession de la dirigeante sortante Carrie Lam, qui a décidé de ne pas briguer un nouveau mandat de cinq ans.
Hong Kong n'a jamais été une démocratie, ce qui a alimenté pendant des années la frustration de la population et des protestations parfois massives et violentes.
Le chef de l'exécutif hongkongais est désigné par un "comité électoral" de 1.463 personnes -soit 0,02% de la population- composé de représentants de l'élite politique et économique tous acquis à Pékin.
M. Lee doit recueillir la majorité simple lors du vote du comité dimanche matin, qu'il est assuré de remporter faute de rival.
Selon les médias locaux, environ 7.000 policiers ont été mobilisés pour éviter tout incident pendant le processus de désignation.
John Lee sera le premier dirigeant de Hong Kong à être issu du milieu policier. Il était le chef de la sécurité de Hong Kong au moment des gigantesques manifestations pro-démocratie de 2019. Il a, à ce titre, supervisé la répression de la contestation ainsi que la sévère reprise en main politique qui a suivi.
Sous Xi Jinping, Pékin a imposé en 2020 à l'ancienne colonie britannique une loi draconienne sur la sécurité nationale qui a étouffé toute dissidence, ainsi qu'une réforme du système politique pour faire en sorte que Hong Kong soit dirigé exclusivement par des "patriotes" loyaux envers le régime chinois.
La confiance du régime
Selon les analystes, c'est le fervent soutien de John Lee à cette campagne de répression qui lui a valu d'obtenir la confiance du régime chinois, traditionnellement méfiant à l'égard des élites politiques de Hong Kong.
"Il est l'homme qui a réussi le test", a affirmé Lai Tung-kwok, le prédécesseur de M. Lee à la tête de la sécurité de Hong Kong.
Mais cela vaut aussi à M. Lee de figurer sur une liste de personnalités chinoises et honkongaises sanctionnées par les Etats-Unis.
John Lee héritera d'une ville en difficulté.
Le mouvement pro-démocratie a été écrasé par la loi sur la sécurité nationale, mais une grande partie de la population éprouve toujours un sourd ressentiment à l'égard de Pékin et de la colère contre les inégalités profondément ancrées dans la société hongkongaise.
Et Hong Kong, troisième place financière mondiale, continue de vivre pratiquement coupée du monde en raison de ses restrictions drastiques contre le Covid-19.
Sous le slogan "Entamer ensemble un nouveau chapitre pour Hong Kong", John Lee a promis un gouvernance "orientée vers les résultats". Mais son programme de 44 pages, publié la semaine dernière, comporte peu de mesures concrètes.
Il a assuré qu'il révélera plus de détails après sa prise de fonctions le 1er juillet, jour du 25e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine par le Royaume-Uni.