Une rare collection de documents raconte la gloire de la porte de Nasiriya de Riyad

Construit dans les années 1950, à une époque de transformation urbaine à Riyad, le palais de Nasiriya était la résidence principale du roi Saoud (Photo, réseaux sociaux).
Construit dans les années 1950, à une époque de transformation urbaine à Riyad, le palais de Nasiriya était la résidence principale du roi Saoud (Photo, réseaux sociaux).
Short Url
Publié le Samedi 07 mai 2022

Une rare collection de documents raconte la gloire de la porte de Nasiriya de Riyad

  • Des plans décrivent l'ascension de la capitale de l'Arabie saoudite, d’une ville provinciale à une métropole mondiale
  • Une mine d'informations sur le style de vie royal des années 1950 sera mise en vente ce mois-ci

LONDRES: Une imposante porte qui semble ne mener nulle part, située de façon quelque peu incongrue sur une île triangulaire créée par l'intersection de trois routes principales à l'ouest de Riyad, est aujourd'hui une sorte de mystère architectural, même pour de nombreux habitants de la ville.
Pourtant, la porte de Nasiriya est un témoignage muet de la croissance rapide de la capitale, qui est passée d'une petite ville provinciale dans les années 1950, avec une population d'un peu plus de 125 000 habitants, à une ville d'importance mondiale qui compte aujourd'hui plus de 7 millions d'habitants.
L'histoire remarquable de la porte de Nasiriya et du spectaculaire complexe palatial, aujourd'hui oublié, dont elle était autrefois l'entrée orientale, apparaît dans l'un des documents et livres rares qui seront mis en vente à la Foire internationale du livre d'Abou Dhabi, à la fin du mois de mai.

Le terrain de ce site extravagant comprenait des maisons pour les membres de la famille immédiate du roi Saoud, un jardin et des fontaines (Photo, réseaux sociaux).


Peu d'informations ayant survécu sur l'éphémère palais de Nasiriya, les historiens trouveront une multitude de détails dans ce qui est considéré comme l'un des rares plans originaux du vaste complexe palatial, qui était autrefois entouré d'un mur rose de plus de 11 kilomètres de long.
Le palais a été commandé par le roi Saoud ben Abdelaziz Al-Saoud après son accession au trône en 1953. Le schéma directeur du complexe, qui est proposé à la vente pour 17 500 £ (21 544 $), et qui date de 1954 environ.
Il s'agit d'un document remarquable et significatif, l'un des rares plans originaux qui subsistent du palais royal extraordinairement opulent construit pour le roi par son «constructeur royal», Mohamed ben Laden», a révélé Glenn Mitchell, libraire de livres anciens chez Peter Harrington, le marchand de livres rares de Londres qui propose le document à la vente.

Le palais a été commandé par le roi Saoud ben Abdelaziz Al-Saoud après son accession au trône en 1953 (Photo, réseaux sociaux).


Avant de monter sur le trône, en tant que prince héritier, le roi Saoud avait déjà construit un palais sur le site, qui était à l'époque une terre stérile à l'ouest de la ville. Selon un récit, à l'intérieur de ses portes, «une allée de tamaris traversait un jardin de fleurs, de pelouses et d'oiseaux en cage, ainsi qu'une piscine aux carreaux bleus alimentée par des puits situés à des dizaines de milliers de pieds sous terre».
Il s'agissait, selon Mitchell, «d'un environnement presque imaginaire qui semblait être un mélange de modernité et de quelque chose tiré de l' Alf layla wa-layla, les Mille et Une Nuits».
Lors de la succession de Saoud en 1953, le premier palais de Nasiriya a été considéré comme une résidence trop modeste pour le souverain d'un royaume en pleine croissance, sur la scène mondiale. Il a été remplacé par le nouveau complexe, construit pour un coût immense de plus de 250 millions de dollars (1$ = 0,95€) en termes d'aujourd'hui.
Le nouveau complexe, quant à lui, serait démoli dans les dix ans, sacrifié à l'expansion rapide de Riyad.

Des plans de résidences royales figurent parmi les documents qui seront mis en vente à la Foire internationale du livre d'Abou Dhabi (Photo fournie).


Selon Mitchell, du palais de Nasiriya démoli en 1967, seules l'une des portes principales et quelques fontaines existent aujourd'hui.
«Il reste très peu d'informations sur le complexe. Ce plan révèle énormément de choses sur le palais et la vie de la famille royale. Il montre un vaste site contenant de nombreuses résidences royales, ainsi qu'un ensemble de fonctions de soutien et de loisirs» a poursuivi Mitchell.
Lors de sa construction, le complexe, conçu par des architectes libanais, aurait consommé plus d'eau et d'électricité que tout le reste de Riyad à l'époque.
Le plan révèle l'étendue étonnante du complexe, une ville à part entière, comprenant le palais du roi et d'autres palais pour les membres de la famille royale.
Il y avait des quartiers entiers de villas pour les princes et les princesses, des écoles pour les garçons et les filles, de vastes jardins, un hôpital, des mosquées, une bibliothèque, un musée, une centrale électrique, un réservoir d'eau, une usine de production d'électricité et des logements pour le personnel, notamment les domestiques, les concierges, les enseignants, les magasiniers, les gardes royaux, les ouvriers, les ingénieurs, les infirmières, les traiteurs et un «enseignant du Coran».

Palais de Nasiriya du roi Saoud (Photo, Twitter).


Aujourd'hui, un autre écho du palais perdu se trouve dans le nom de l'autoroute qui passe devant la porte abandonnée, la route du roi Saoud, qui commence ici et s'étend vers l'est sur 2,5 kilomètres à travers la ville moderne, en passant par le ministère des Affaires étrangères, jusqu'au palais al-Murabba, l'ancienne résidence et cour du père de Saoud, le roi Abdel Aziz, le fondateur de l'Arabie saoudite moderne.
Le roi Abdel Aziz a vécu au palais al-Murabba depuis son achèvement en 1938 jusqu'à sa mort en 1953. Construit dans le style architectural traditionnel Najdi, sur des terres agricoles situées à l'extérieur des murs de la vieille ville de Riyad, ce bâtiment relativement modeste, représente un point de repère important dans le parcours de la nation, et qui a été parfaitement préservé.
Par une curieuse coïncidence, des documents relatifs à un autre élément de l'histoire architecturale de Riyad, situé à quelques centaines de mètres de la porte de Nasiriya, sont également en route depuis la Grande-Bretagne pour être exposés et vendus à la foire du livre d'Abou Dhabi.
Pendant des générations, le principal point d'entrée dans ce qui allait devenir l'Arabie saoudite en 1932 était le port de Djeddah, et c'est là que les diplomates étrangers et les ambassades se sont installés pendant des décennies.

La porte de Nasiriya est un témoignage muet de la croissance rapide de Riyad, d'une petite ville de province dans les années 1950 (Photo, réseaux sociaux).


Au début des années 1970, cependant, l'apparition de l'aviation commerciale a rendu la navigation maritime pratiquement superflue. Ainsi, en peu de temps, le ministère des affaires étrangères de l'Arabie saoudite et les missions diplomatiques des autres pays ont été transférés à Riyad.
En 1975, un terrain a été acquis pour la construction d'un quartier diplomatique et du nouveau siège du ministère des affaires étrangères. Cette zone de 10 kilomètres carrés se trouvait à quelques centaines de mètres de l'ancien complexe du palais de Nasiriya.
Les travaux ont commencé en 1980 sur ce que le schéma directeur de Riyad décrit comme «un cadre approprié pour la diplomatie internationale», un modèle de 120 parcelles pour le développement urbain de Riyad, et une incitation à la compréhension interculturelle.
La réalisation de ce grand projet a duré cinq ans, chaque pays commandant à des architectes de renom, des édifices pour leurs ambassades.
Une fois terminé, à côtés des missions diplomatiques en vedette, chacune rivalisant pour surpasser la suivante en matière d'excellence architecturale, le quartier comprenait des résidences, des mosquées, des écoles, des magasins et d'autres installations récréatives.
Le quartier comptait également 377 kilomètres de canalisations d'eau, 490 kilomètres de câbles électriques et de télécommunications, 50 kilomètres de routes, de vastes jardins regorgeant de plantes locales et un système d'irrigation, très en avance sur son temps, contrôlé par ordinateur et qui fonctionne avec des eaux usées recyclées.

Une collection rare de plans architecturaux retrace l'évolution de la capitale saoudienne, d’un petit village à une métropole mondiale (Photo, réseaux sociaux).


En 1989, un prix Aga Khan d'architecture a été décerné au magnifique bâtiment du ministère des affaires étrangères situé au cœur du quartier, et un autre à l'ensemble du quartier diplomatique, pour sa «compréhension réaliste et imaginative» de l'environnement désertique de Riyad.
Pour les étudiants en architecture et les historiens qui s'intéressent à l'évolution de Riyad, la copie rare du plan directeur du quartier diplomatique, préparée par le consortium de conception allemand et désormais proposée à la vente pour 2 250 £ (2 767 $), est une vraie mine d'informations.
Selon Duncan McCoshan de Peter Harrington, spécialisé dans les livres rares, le document «était destiné à présenter au gouverneur de Riyad, le prince Salmane Ben Abdel Aziz, un résumé des informations de base, en particulier les dispositions existantes à Djeddah, le programme de développement, la planification physique et un plan de mise en œuvre, en s'appuyant sur une multitude de documents sectoriels, d'études, de plans et de rapports».
Seuls trois autres exemplaires du plan directeur sont connus, conservés à l'Université de Houston, à la Bibliothèque de l'Université de Kaiserslautern et au Musée de l'architecture allemande.
Le plan directeur est accompagné d'un exemplaire rare de la brochure intitulée "Riyadh : 11 entrées pour le siège du ministère des Affaires étrangères d'Arabie saoudite", un document fascinant qui décrit le concours international d'architecture, qui a abouti en 1980 à la sélection du projet primé de l'architecte danois, Henning Larsen.
La 31e édition de la foire du livre d'Abou Dhabi se déroulera du 23 au 29 mai, au centre d'exposition international d'Abou Dhabi.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Au Liban, le pape apporte l'espoir et appelle à l'unité

Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Short Url
  • Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898)
  • Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles

ANNAYA: Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel.

Dès le matin, des milliers de fidèles enthousiastes se pressent sous une pluie battante le long de la route empruntée par le pape pour l'acclamer.

"Nous sommes très heureux de la visite du pape, elle nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées", déclare à l'AFP Yasmine Chidiac.

"Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban", affirme Thérèse Darouni, 65 ans, qui attend le passage du convoi papal devant chez elle, au nord de Beyrouth.

Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898).

Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.

"Nous devons nous unir" 

Devant le monastère, à 54 km au nord de Beyrouth, des hauts-parleurs diffusent des hymnes religieux et les fidèles agitent des drapeaux libanais et du Vatican.

Les autorités ont décrété deux jours fériés au Liban, où la visite papale suscite un vif enthousiasme, malgré les craintes d'un retour de la guerre avec Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Léon XIV est le troisième pape à effectuer une visite officielle au Liban, après Jean-Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.

Il doit prononcer lundi un discours devant les évêques, prêtres et religieux du pays au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée.

Dans l'après-midi, deux autres moments forts sont prévus: une prière interreligieuse sur la place des Martyrs au centre de Beyrouth, un vaste espace emblématique symbole de mémoire nationale, et une rencontre avec des jeunes au patriarcat de Bkerké (nord).

"Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir", déclare Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.

"Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés", ajoute ce père de deux enfants.

 "Modèle de coexistence" 

Dimanche soir, tous les responsables politiques et religieux se sont rendus au palais présidentiel pour accueillir le souverain pontife.

Dans un discours, le pape a appelé les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique depuis 2019 a aggravé l'émigration massive, et à oeuvrer pour la "réconciliation".

Devant les dirigeants, il a appelé la classe politique à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Le système politique libanais garantit une parité unique dans la région entre musulmans et chrétiens,mais en dépit du rôle politique important que jouent ces derniers, ils ont vu leur nombre diminuer ces dernières décennies, en raison notamment du départ des jeunes.

"La sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité", a déclaré dimanche soir le président Joseph Aoun, seul chef d'Etat arabe chrétien, devant le pape.

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer".


Gaza: Israël dit avoir tué 40 combattants palestiniens dans des tunnels à Rafah

L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
Short Url
  • Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah
  • Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis 40 jours, les troupes concentrent leurs efforts dans la zone est de Rafah, "dans le but de démanteler les réseaux de tunnels souterrains qui subsistent dans la région et d'éliminer les terroristes qui s'y cachent", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

"Au cours de la dernière semaine, plus de 40 terroristes ont été éliminés dans la zone du réseau de tunnels" et "des dizaines d'entrées de tunnels et de sites d'infrastructures terroristes, tant en surface que souterrains, ont été démantelés dans la région", a-t-elle poursuivi.

Plus tôt, l'armée israélienne avait dit avoir tué quatre combattants palestiniens qui sortaient de tunnels à Rafah.

Plusieurs sources au fait des discussions ont indiqué jeudi à l'AFP que des négociations étaient en cours sur le sort de dizaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas, coincés depuis plusieurs semaines dans des tunnels dans le secteur de la bande de Gaza contrôlée par l'armée israélienne.

Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah.

Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien, dans le secteur où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Nos combattants à Rafah ne peuvent pas accepter de se rendre ou de remettre leurs armes à l'occupation (Israël, NDLR)", a déclaré dimanche dans un communiqué Hossam Badran, un haut responsable du mouvement.

L'envoyé spécial américain Steve Witkoff avait lui affirmé début novembre que jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient bloqués dans des tunnels à Gaza.

Interrogé alors par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué que celui-ci n'était pas disposé à leur délivrer un sauf-conduit.

La trêve conclue plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 reste très fragile, les deux belligérants s'accusant mutuellement de la violer.

La bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire israélienne, reste plongée dans une très grave crise humanitaire.


«La paix n'est pas seulement une question d'équilibre, c'est aussi savoir comment vivre ensemble», dit le pape au Liban

Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Le pape Léon XIV rencontre le président libanais Joseph Aoun dimanche au palais présidentiel de Beyrouth. (AFP)
Short Url
  • Le dialogue mutuel, même en cas de malentendus, est la voie de la réconciliation, déclare-t-il
  • Aoun : "Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative sera une ligne de fracture dans notre région et dans le monde"

BEYROUTH : Le pape Léon XIV a appelé à la paix au Liban lors d'un discours prononcé à Beyrouth devant plus de 400 personnalités politiques, religieuses et sociales du pays.

"La paix dans ce pays est plus qu'un mot ; c'est un désir, un message, un don et un travail en cours", a-t-il déclaré lors de la première étape de sa visite historique de trois jours au Liban.

Le Liban a "un peuple qui n'abandonne pas, mais qui, face à l'adversité, sait toujours se relever avec courage", a-t-il ajouté.

"Votre résilience est une caractéristique fondamentale des vrais artisans de la paix, car l'instauration de la paix est, en réalité, un éternel recommencement. L'engagement et l'amour de la paix ne connaissent pas la peur face à la défaite apparente, ni le découragement face à la déception. Au contraire, ils regardent vers l'avenir, accueillant et embrassant toutes les situations avec espoir".

Le pape, qui revenait d'une visite en Turquie, a déclaré au public libanais que "la construction de la paix exige de la persévérance".

Il a ajouté : "Vous êtes un pays diversifié, une communauté parmi les communautés, unie par une langue commune. Je ne me réfère pas seulement à la langue arabe levantine, dans laquelle votre grand passé a laissé des trésors inestimables. Je me réfère surtout à la langue de l'espoir, qui vous a toujours permis de prendre un nouveau départ.

"Presque partout dans le monde qui nous entoure, une sorte de pessimisme et de sentiment d'impuissance semble s'être installé, où les gens ne sont plus capables de se demander ce qu'ils peuvent faire pour changer le cours de l'histoire.

"Il semble que les grandes décisions soient prises par quelques privilégiés, souvent au détriment du bien commun, comme s'il s'agissait d'une fatalité. Vous avez beaucoup souffert des conséquences d'une économie dévastée et de l'instabilité mondiale, qui a eu des effets dévastateurs même au Levant, et de l'extrémisme des identités et des conflits. Mais vous avez toujours voulu, et vous avez su, prendre un nouveau départ".

Il a appelé la jeunesse libanaise à "ne jamais se séparer de son peuple et à se mettre avec engagement et dévouement à son service, riche de sa diversité. Ne parlez qu'une seule langue, celle de l'espoir".

En ce qui concerne le rétablissement de la paix dans le pays, il a déclaré : "Il y a des blessures personnelles et collectives : "Il y a des blessures personnelles et collectives qui prennent de nombreuses années, parfois même des générations, à guérir. Si elles ne sont pas traitées, si nous ne travaillons pas, par exemple, à guérir les mémoires et à réunir ceux qui ont souffert de l'injustice et de l'oppression, il sera difficile d'avancer vers la paix. Nous resterons piégés, chacun d'entre nous étant prisonnier de sa propre douleur et de sa propre façon de penser."

"La paix est bien plus qu'un simple équilibre - toujours fragile - entre ceux qui vivent séparément sous un même toit. La paix, c'est savoir vivre ensemble, en communion, comme des personnes réconciliées. Une réconciliation qui nous permet de travailler ensemble pour un avenir commun, côte à côte. Ainsi, la paix devient cette abondance qui nous surprend lorsque nos horizons s'élargissent, dépassant tous les murs et toutes les barrières. Le dialogue mutuel, même face à l'incompréhension, est le chemin de la réconciliation."

Le pape a exhorté les Libanais à "rester dans leur patrie et à travailler jour après jour pour construire une civilisation d'amour et de paix, car c'est une chose très précieuse". L'Église ne se préoccupe pas seulement de la dignité de ceux qui quittent leur patrie, mais elle ne veut pas que quiconque soit forcé de partir. Elle veut au contraire que ceux qui souhaitent retourner dans leur patrie puissent le faire en toute sécurité".

Il a ajouté : "Le défi, non seulement pour le Liban, mais pour l'ensemble du Levant, est de savoir comment faire pour que les jeunes, en particulier, ne se sentent pas obligés de quitter leur patrie et d'émigrer ? Comment pouvons-nous les encourager à ne pas chercher la paix ailleurs, mais à trouver des garanties de paix et à être des pionniers dans leur propre pays ?"

Léon XIV a souligné "le rôle essentiel des femmes dans l'entreprise ardue et patiente de préservation et de construction de la paix".

Il a déclaré : "N'oublions pas que les femmes ont une capacité particulière à construire la paix, parce qu'elles savent comment favoriser et renforcer les liens profonds avec la vie, les personnes et les lieux. Leur participation à la vie sociale et politique, ainsi qu'à leurs communautés religieuses, représente une véritable force de renouveau dans le monde entier".

Plus tard, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : "Le Liban, ce petit pays par sa taille mais grand par sa mission, a toujours été et reste une terre qui unit la foi et la liberté, la diversité et l'unité, la douleur et l'espoir.

Il a souligné que le pays était "unique au monde", ce qui "nécessite que toute l'humanité vivante préserve le Liban".

M. Aoun a ajouté : "Car si ce modèle de vie libre et égale entre les adeptes de différentes religions venait à disparaître, il n'y aurait pas d'autre endroit sur terre qui puisse l'accueillir.

"Si la présence chrétienne disparaît du Liban, l'équation de la nation s'effondrera et sa justice s'effritera. Si la présence musulmane disparaît du Liban, l'équation de la nation sera perturbée et sa modération sera brisée. Si le Liban est paralysé ou transformé, l'alternative inévitable sera des lignes de fracture dans notre région et dans le monde, entre toutes sortes d'extrémismes et de violences intellectuelles, physiques et même sanglantes. C'est une chose que le Saint-Siège a toujours comprise.

"Nous affirmons aujourd'hui que la survie même de ce Liban, présent et présent autour de vous, est une condition préalable à la paix, à l'espoir et à la réconciliation entre tous les enfants d'Abraham."

Le président s'est adressé au pape et a déclaré : "Dans notre pays aujourd'hui, et dans notre région, il y a beaucoup d'oppression et beaucoup de souffrance. Leurs blessures attendent votre toucher béni. S'il vous plaît, dites au monde en notre nom que nous ne mourrons pas, que nous ne partirons pas, que nous ne désespérerons pas et que nous ne nous rendrons pas.

"Au contraire, nous resterons ici, respirant la liberté, créant la joie, pratiquant l'amour, embrassant l'innovation et aspirant à la modernité. Nous resterons le seul espace de rencontre de toute notre région, représentants unis de tous les enfants d'Abraham, avec toutes leurs croyances, leurs valeurs sacrées et leur héritage commun."

L'avion du pape a atterri à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, en provenance d'Istanbul, vers 16 heures, dans le cadre de mesures de sécurité et d'organisation rigoureuses.

Deux jets de l'armée libanaise ont escorté l'avion papal lors de son entrée dans l'espace aérien libanais.

Le pape a déclaré à la délégation de presse qui l'accompagnait dans l'avion que sa visite en Turquie avait été "positive et réussie".

Remerciant le président turc et l'Église d'Orient, il a ajouté que "le but de sa visite au Liban est de construire la paix".

Le président Joseph Aoun, le président du Parlement Nabih Berri, le premier ministre Nawaf Salam, le patriarche maronite Bechara Al-Rahi, le commandant de l'armée, le général Rudolph Haykal, un grand nombre de chefs religieux de tout le Liban, des membres du corps diplomatique arabe et étranger, des représentants des blocs parlementaires et des groupes de civils attendaient le pape sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth.

À sa sortie de l'avion, l'armée libanaise a tiré une salve de 21 coups de canon en son honneur et les cloches des églises ont sonné dans tout le Liban. Les navires amarrés dans le port de Beyrouth ont fait retentir leurs sirènes en guise de bienvenue.

Deux enfants du Children's Cancer Center ont offert au pape un bouquet de fleurs, du pain, du sel et de la terre du Liban sur le tarmac, dans le cadre d'une tradition symbolique.

Le pape a reçu un accueil officiel dans le salon VIP, après quoi il s'est rendu au palais présidentiel.

Le cortège de Léon XIV a emprunté les autoroutes de la banlieue sud de Beyrouth, où des dizaines d'habitants se sont massés le long des routes, brandissant des drapeaux libanais et du Vatican. Certains ont brandi des drapeaux du Hezbollah et des photos de l'ancien secrétaire général Hassan Nasrallah.

Le long de la route allant de la banlieue sud de Beyrouth à Hazmieh, en passant par les routes menant à Baabda et au palais présidentiel, des centaines de personnes - enfants, femmes, hommes, personnes âgées et malades - se sont rassemblées malgré la forte pluie. Elles portaient des parapluies blancs, agitaient des drapeaux du Vatican et du Liban et scandaient son nom. Certains ont déclaré qu'il était "une lueur d'espoir pour le Liban", tandis que d'autres espéraient que sa "visite historique sauverait ce pays de ses crises".

Une femme a déclaré : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape sont un signe d'espoir pour le Liban" : "Les diverses communautés religieuses qui accueillent le pape témoignent de l'engagement du Liban en faveur de la coexistence.

Avant d'arriver au palais présidentiel, le pape est passé de sa voiture blindée noire à son véhicule vitré, saluant au passage les personnes qui avaient arrosé son cortège de pétales de roses et de riz.

Au son de la musique traditionnelle libanaise dabke et accompagné d'une escorte de chevaux, le pape a été reçu dans la cour du palais présidentiel.

Dans le salon VIP, Léon XIV a tenu des réunions privées séparées avec chaque dirigeant libanais.

Dans une autre salle, les 400 personnalités politiques, dont une délégation de députés du Hezbollah, des chefs de communautés religieuses, des membres du corps diplomatique et des représentants de la société civile, attendaient d'entendre le discours du pape.