Des archives libanaises retracent l'immigration arabe en Amérique latine

Des membres de la communauté libanaise défilent et agitent des drapeaux dans le centre-ville de Sao Paulo, Brésil. (Photo, AFP)
Des membres de la communauté libanaise défilent et agitent des drapeaux dans le centre-ville de Sao Paulo, Brésil. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 06 mai 2022

Des archives libanaises retracent l'immigration arabe en Amérique latine

  • La plupart des vagues migratoires ont eu lieu au cours des dernières décennies du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle
  • Le projet de l'Université Saint-Esprit de Kaslik à Jounieh met en lumière les parcours individuels des pionniers arabes

SAO PAULO, Brésil: Bien que l'on estime à 18 millions le nombre de Latino-Américains dont les ancêtres sont originaires de la région arabe, peu d'efforts ont été déployés pour recenser et conserver les écrits, les photographies et les coupures de presse qui documentent l'histoire de leur migration et de leur installation, jusqu'à présent.
La plupart des Arabes qui se sont rendus en Amérique latine l'ont fait dans les dernières décennies du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle. La majorité d'entre eux ont quitté la Syrie et le Liban en quête de fortune et d'un nouveau départ loin de l'Empire ottoman.
Afin de recueillir et de mettre en lumière les parcours individuels de ces pionniers arabes et leur contribution au Nouveau Monde, des archives consacrées à leur histoire ont été créées par l'Université Saint-Esprit de Kaslik, également connue sous le nom d'USEK, une université catholique privée à but non lucratif située à Jounieh, au Liban.
Inaugurée à la fin du mois de mars de cette année, la collection comprend actuellement environ 200 000 pages de journaux et de magazines arabes, des piles de photographies et d'autres documents éclairants qui contribuent à faire la lumière sur la présence de la diaspora arabe en Amérique latine.
D'origine brésilienne, Roberto Khatlab, directeur du Centre d'études et de cultures latino-américaines de l'USEK (CECAL), a conçu le projet après avoir passé plusieurs années à travailler au service culturel de l'ambassade du Brésil à Beyrouth et à mener des recherches indépendantes sur la migration libanaise vers le Brésil.

Certains des documents qui ont été numérisés et font désormais partie des archives de l'USEK, notamment les magazines Oriente et A Vinha. (Chambre de commerce arabo-brésilienne (CCAB) / USEK / Photo fournie)


«Au fil des ans, j'ai rassemblé de nombreux documents concernant cette histoire», a-t-il déclaré à Arab News.
Lors d'un voyage en Amérique latine il y a quelques années, Khatlab s'est rendu compte que de nombreux documents historiques importants risquaient d'être perdus s'ils n'étaient pas correctement collectés et rassemblés.
«Avec le temps, ces documents se retrouvent entre les mains de petits-enfants ou d'arrière-petits-enfants qui ne parlent pas arabe et ne savent pas quoi en faire», a-t-il prévenu.
En conséquence, de nombreuses personnes finissent par jeter leurs collections familiales ou les donnent aux bibliothèques locales, qui ne sont pas toujours équipées ou qualifiées pour les cataloguer correctement.
En outre, les journaux produits par les premiers immigrants arabes étaient souvent imprimés sur du papier bon marché et de mauvaise qualité qui ne résiste pas toujours à l'épreuve du temps, de sorte que les exemplaires survivants peuvent être extrêmement fragiles.
«J'ai reçu des journaux vieux de cent ans qui se sont complètement désintégrés lorsque nous avons essayé de les sortir de l'enveloppe», a expliqué Khatlab.
Des immigrants syro-libanais ont créé le premier journal latino-américain en langue arabe, appelé Al-Fayha, en 1893 dans la ville brésilienne de Campinas.

L'Amérique latine compte près de 18 millions de personnes d'origine arabe, la plupart au Brésil. (Photo, AFP)


Dans la langue portugaise locale, son nom était Mundo Largo, qui se traduit par «Monde large». En tant qu'auteur de plusieurs ouvrages sur les relations historiques du Brésil avec le Liban et le monde arabe en général, Khatlab reconnaît la valeur de ces documents historiques pour les études universitaires et les générations futures.
Khatlab a expliqué: «Sous l'Empire ottoman, de nombreux intellectuels n'ont pas pu publier leurs idées dans le monde arabe à la fin du XIXe siècle. Dans la presse arabe naissante, dans des pays comme le Brésil et l'Argentine, ils ont trouvé l'espace dont ils avaient besoin.
«Bien souvent, les articles publiés dans la presse arabe en Amérique latine par ces penseurs étaient renvoyés dans le monde arabe et y étaient diffusés dans les milieux intellectuels et politiques.»
La plupart des premiers journaux arabes en Amérique latine étaient produits par des migrants syriens ou libanais, mais il y avait également un certain nombre de publications égyptiennes. Au fil des ans, la communauté arabe a lancé des journaux qui reflétaient une variété de points de vue autour des idéologies politiques, des croyances religieuses, des clubs sociaux et des arts.
Khatlab a également signalé: «De nombreux poètes et écrivains ont publié des œuvres dans la presse arabe latino-américaine. Certains d'entre eux étaient renommés dans le monde arabe, tandis que d'autres ont disparu. Mais leurs publications et les idées transmises dans leurs textes ont une grande importance pour les Arabes, même aujourd'hui.»
Ces archives ont attiré le soutien d'institutions à travers l'Amérique latine qui ont des liens avec la communauté arabe et qui ont fourni de petites équipes qui aident à collecter et à numériser les documents, en utilisant l'équipement donné par l'USEK.

En Chiffres

Estimation de la population arabe par pays
Brésil: 7-12 millions
Argentine: 4,5 millions
Venezuela: 1,6 million
Mexique: 1,5 million
Colombie: 1,5 million
Chili: 800 000

Source: Atlantic Council

L'une de ces institutions est la Chambre de commerce arabo-brésilienne (CCAB), qui a contribué à rassembler des collections complètes de magazines, dont Revista Oriente (Orient Magazine), l'une des publications les plus importantes produites par la diaspora arabe au Brésil, au cours du XXe siècle.
Silvia Antibas, directrice du département culturel du CCAB, a déclaré à Arab News: «Différentes bibliothèques et institutions avaient des collections partielles d'Oriente. Maintenant, nous avons réussi à les rassembler et à les numériser tous pour la première fois.»
L'équipe brésilienne a également réussi à rassembler une collection du magazine Al-Carmat, connu en portugais sous le nom de A Vinha (Le Vignoble). Il a été édité pendant de nombreuses années par une femme auteur syro-brésilienne appelée Salwa Atlas.
La CCAB a de plus contribué à l'archivage d'une collection éclairante de photographies qui offrent une vue sur la vie sociale et familiale de la diaspora au fil des ans.

La couverture d'une édition du magazine A Vinha, publiée pendant des années par l'intellectuelle syro-brésilienne Salwa Atlas, qui a été une pionnière parmi les intellectuelles de la communauté syro-libanaise au Brésil. (Clube Homs / USEK / Photo fournie)


Antibas a aussi indiqué: «Les photos que nous avons recueillies montrent non seulement les événements sociaux de la communauté, mais aussi l'architecture des maisons, les tendances de la mode de ces années-là, et la manière dont les immigrants ont progressé financièrement et se sont intégrés à la société brésilienne à travers les années.»
La famille Jafet, qui comptait parmi les familles les plus illustres de Sao Paulo au début du XXe siècle, a fourni une superbe collection de photographies représentant les maisons somptueuses construites à cette époque par la bourgeoisie industrielle de la ville.
«Benjamin Jafet, mon arrière-grand-père, est arrivé au Brésil en 1890 et a travaillé comme “mascate” (terme utilisé au Brésil pour désigner un vendeur arabe faisant du porte-à-porte) pendant quelques années dans la campagne, jusqu'à ce qu'il fonde sa première boutique dans le centre-ville de Sao Paulo», a déclaré Arthur Jafet, avocat et homme d'affaires de 38 ans, à Arab News.
Au fil des ans, Benjamin et ses frères ont fondé l'une des plus grandes entreprises de textiles du Brésil et sont devenus de riches dirigeants de la communauté libanaise du pays.
En tant que philanthropes importants à Sao Paulo, la famille Jafet a contribué à financer non seulement des institutions arabes telles que la cathédrale orthodoxe locale, l'hôpital syro-libanais et le Mount Lebanon Club, mais aussi des publications telles que Revista Oriente.
«Leurs petits palais indiquaient un goût plutôt européen, avec des influences visibles du style néoclassique français mais aussi des aspects orientaux», a déclaré Jafet.
L'une des photos de la collection montre Camille Chamoun, président du Liban entre 1952 et 1958, séjournant dans l'une des somptueuses maisons de la famille Jafet lors d'un voyage au Brésil.
En tant que directeur de l'Institut de la culture arabe de Sao Paulo et conseiller de la CCAB, Jafet fait partie d'une nouvelle génération d'Arabes latino-américains qui s'intéressent de nouveau à leurs origines culturelles.
Paulo Kehdi est le directeur exécutif du magazine Chuf, la publication interne du Mount Lebanon Club. Il fait partie des leaders de la communauté libanaise qui ont lancé «Lebanity» (Libanité), un mouvement visant à encourager les Libanais-Brésiliens à redécouvrir leurs racines culturelles.

Le président libanais Camille Chamoun avec des membres de la famille Jafet à São Paulo. Il a visité le Brésil en 1954 et a séjourné dans l'un des palais de la famille. (Arthur Jafet / Photo fournie)


«Il y a eu un effort délibéré pour reconnecter les Libanais-Brésiliens à leur patrie, en les incitant à obtenir la citoyenneté libanaise, à visiter le pays et à l'aider lors des campagnes de dons», a-t-il déclaré à Arab News.
La situation est similaire en Argentine, qui compte environ 3 millions de personnes d’origine syrienne ou libanaise.
Pendant plusieurs années, Ninawa Daher, journaliste d'origine libanaise, a animé dans le pays une émission télévisée consacrée à raviver l'intérêt des jeunes générations pour leurs origines libanaises. Après sa mort dans un accident de voiture à l'âge de 31 ans seulement en 2011, sa mère, Alicia, a créé la Fondation Ninawa Daher pour perpétuer son héritage, et elle s'est associée à l'USEK pour le projet d'archives.
«Grâce aux contacts de Ninawa, en très peu de temps, nous avions déjà pu obtenir l'accès à plusieurs collections merveilleuses de la communauté en Argentine», a déclaré Alicia Daher à Arab News.
L'équipe a rassemblé des piles de journaux, de photographies et d'autres documents rares, dont deux livres écrits et dédicacés par le célèbre écrivain, poète et artiste visuel libano-américain Khalil Gibran.
«Les Syriens et les Libanais ont eu un impact culturel considérable en Argentine», a souligné Daher. «Actuellement, de plus en plus de personnes et d'institutions nous approchent afin de proposer des documents sur l'immigration.»
À Beyrouth, pendant ce temps, Khatlab espère que les archives continueront de s’enrichir à mesure que les travaux s'étendront à d'autres pays d'Amérique latine et qu'elles incluront d'autres types de documents, comme des lettres, des séquences filmées et même les listes de passagers des navires qui ont amené des Arabes dans la région.
L'accès aux archives est gratuit et elles sont ouvertes au grand public.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.


Soudan: le chef des droits de l'homme de l'ONU appelle à cesser les combats «immédiatement»

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher. (AFP)
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  • Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions
  • "Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire

GENEVE: Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a appelé jeudi les belligérants à "cesser immédiatement les combats" dans le sud du Soudan, affirmant craindre une nouvelle vague d'atrocités après les massacres d'El-Facher.

"Nous ne pouvons rester silencieux face à cette nouvelle catastrophe", a déclaré Volker Türk dans un communiqué. "Ces combats doivent cesser immédiatement et l’aide humanitaire vitale doit parvenir aux personnes menacées de famine".

Les combats se sont intensifiés cette semaine dans la région du Kordofan, dans le sud du Soudan riche en pétrole, l'armée cherchant à repousser les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) loin de l'axe routier vital reliant la capitale Khartoum au Darfour.

Depuis le 25 octobre, date à laquelle les FSR ont pris le contrôle de la ville de Bara, dans le Kordofan-Nord, le Haut-Commissariat a recensé "au moins 269 morts parmi les civils, victimes de frappes aériennes, de tirs d'artillerie et d'exécutions sommaires".

Et il affirme avoir relevé "des cas de représailles, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de violences sexuelles et de recrutements forcés, y compris d'enfants".

"Il est véritablement choquant de voir l'histoire se répéter au Kordofan si peu de temps après les événements terrifiants d'El-Facher", a déclaré le Haut-Commissaire, en référence aux exactions commises par les FSR après la prise fin octobre de la dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait à leur contrôle.

"Nous ne devons pas permettre que le Kordofan devienne un autre El-Facher", a insisté M. Türk.

Dans son communiqué, le Haut-Commissariat rapporte que le 3 novembre dernier, un drone des FSR avait frappé une tente où des personnes en deuil étaient rassemblées à El Obeid, dans le Kordofan du Nord, tuant 45 personnes, principalement des femmes.

Il indique aussi que le 29 novembre, une frappe aérienne des Forces armées soudanaises (SAF) à Kauda, dans le Kordofan du Sud, aurait fait au moins 48 morts, pour la plupart des civils.

Selon l'organisation, "de violents combats se poursuivent depuis dans les trois États du Kordofan". "La situation humanitaire est catastrophique : la famine est confirmée à Kadugli et un risque de famine persiste à Dilling", ajoute le Haut-Commissariat, affirmant que "toutes les parties entravent l’accès et les opérations humanitaires".

"Nous ne pouvons (...) laisser d’autres Soudanais devenir victimes de terribles violations des droits de l’homme. Nous devons agir", a insisté M. Türk.

Depuis avril 2023, les combats ont fait des dizaines de milliers de morts, forcé le déplacement de 12 millions de personnes et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.