La majorité présidentielle dévoile sa stratégie pour les élections législatives

Conférence de presse de Richard Ferrand, Édouard Philippe, François Bayrou et Stanislas Guérini. (Photo, AFP)
Conférence de presse de Richard Ferrand, Édouard Philippe, François Bayrou et Stanislas Guérini. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 05 mai 2022

La majorité présidentielle dévoile sa stratégie pour les élections législatives

Conférence de presse de Richard Ferrand, Édouard Philippe, François Bayrou et Stanislas Guérini. (Photo, AFP)
  • Plusieurs partis de la majorité présidentielle, LREM, le MoDem et les partis Horizons et Territoires de progrès, ont annoncé se regrouper au sein de la confédération Ensemble
  • Stanislas Guerini, chef de file de LREM, a également annoncé la refondation du mouvement en parti politique, qui sera rebaptisé «Renaissance»

PARIS: Dans le camp présidentiel, l’heure de l’union a sonné. Dans la perspective des élections législatives, les partis de la majorité, composée de LREM, du MoDem et des partis Horizons et Territoires de progrès, ont annoncé leur regroupement au sein d’une confédération baptisée «Ensemble».   

Une nouvelle étape dans la construction de la majorité présidentielle 

«Ensemble est une confédération solide et stable. C’est un pas de plus dans la consolidation du grand mouvement politique d’unité d’action pour notre pays voulu par le président de la République», précise-t-on au sein de la majorité présidentielle.  

Jeudi 5 mai, lors de la conférence de presse organisée au siège du parti présidentiel, rue du Rocher, dans le VIIIe arrondissement parisien, animée par Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale; François Bayrou, président du MoDem; Édouard Philippe, président d’Horizons; et Stanislas Guerini, délégué général de LREM; les membres de la majorité ont détaillé le projet d’Emmanuel Macron pour les législatives qui se tiendront les 12 et 19 juin.  

D’autres membres des formations politiques étaient aussi présents, notamment Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et vice-présidente du parti écologiste En commun; Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, coprésidente du mouvement Territoires de progrès; Franck Riester, ministre du Commerce extérieur, qui représente la formation de centre droit Agir; Laurent Hénart, président du Parti radical; Marc Fesneau, ministre des relations avec le Parlement pour le MoDem; ou encore le député de Paris, Pierre-Yves Bournazel, responsable des élections pour Horizons.  

«C’est un accord politique et électoral aux législatives», a annoncé Richard Ferrand, précisant que «cette union est à la fois cohérente et plurielle». Elle sera appelée à constituer «une majorité stable, cohérente, loyale, fidèle et créative», a-t-il ajouté. Le président de l’Assemblée nationale assure que la majorité présidentielle présentera des candidats aux législatives «pratiquement partout», sauf dans certaines circonscriptions qui paraissent, selon lui, «acquises aux extrémistes et pourraient être laissées de côté». 

«Nous sommes ensemble parce que nous ne sommes pas identiques», a affirmé de son côté Édouard Philippe, précisant que les différences qui sont respectées représentent un atout.  

Le parti LREM rebaptisé «Renaissance» 

Stanislas Guerini, chef de file de LREM a en outre annoncé la refondation du mouvement en parti politique, qui sera rebaptisé «Renaissance». «Nous initions aujourd’hui un mouvement de refondation de la République en marche pour pouvoir continuer à élargir ce mouvement politique qu’a créé Emmanuel Macron, il y a plus de six ans, dans un parti politique qui portera le nom de “Renaissance”», a-t-il souligné lors de son intervention. Ce dernier précise que Renaissance sera «un parti populaire qui aura vocation à être ouvert aux citoyens, aux élus locaux», dans la perspective de pouvoir «faire le choix entre les Lumières et l’obscurantisme».  

«Notre objectif est clair: porter les idées d’Emmanuel Macron, mais aussi celles des formations politiques qui composent la majorité», lit-on dans le communiqué adressé après la conférence de presse. «Chacun aura sa place dans ce grand mouvement, qui poursuivra encore son élargissement. Fidèles à ce que nous faisons et à ce que nous sommes, nous réaffirmons nos convictions, avec une volonté d’élargir davantage notre rassemblement. Ce sera le sens du travail mené, ensemble, dans les prochains mois».  

Enfin, selon Richard Ferrand, une première liste des candidats investis par Ensemble sera annoncée au cours de la soirée. Le reste sera divulgué avant le 10 mai, date retenue pour la journée de formation des candidats d’Ensemble aux prochaines législatives.  


Procès du RN: inéligibilité avec exécution immédiate pour Marine Le Pen et certains de ses coprévenus

Après un temps de silence dans la salle d'audience, le tribunal a commencé à appeler les prévenus à la barre pour leur annoncer leur peine. Marine Le Pen, elle, a quitté la salle d'audience, sans attendre de savoir quelle peine était prononcée contre elle, puis est partie du tribunal sans mot dire. (AFP)
Après un temps de silence dans la salle d'audience, le tribunal a commencé à appeler les prévenus à la barre pour leur annoncer leur peine. Marine Le Pen, elle, a quitté la salle d'audience, sans attendre de savoir quelle peine était prononcée contre elle, puis est partie du tribunal sans mot dire. (AFP)
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  • Devant Marine Le Pen, assise en veste bleue au premier rang, aux côtés notamment du vice-président du parti Louis Aliot, le tribunal a rapidement annoncé que les neuf eurodéputés poursuivis étaient coupables de détournement de fonds publics
  • La peine d'inéligibilité était attendue car elle est obligatoire pour le détournement de fonds publics (le délit reproché à Marine Le Pen), mais l'exécution provisoire l'est beaucoup moins

PARIS: Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé, lundi au procès des assistants parlementaires européens, contre Marine Le Pen une peine d'inéligibilité s'appliquant immédiatement (exécution provisoire), obérant à ce stade ses chances de se présenter à l'élection présidentielle de 2027.

"Il s'agit de veiller à ce que les élus comme tous les justiciables ne bénéficient pas d'un régime de faveur", a déclaré la présidente Bénédicte de Perthuis. Après un temps de silence dans la salle d'audience, le tribunal a commencé à appeler les prévenus à la barre pour leur annoncer leur peine. Marine Le Pen, elle, a quitté la salle d'audience, sans attendre de savoir quelle peine était prononcée contre elle, puis est partie du tribunal sans mot dire.

Cette peine d'inéligibilité est attendue car elle est obligatoire pour le détournement de fonds publics (le délit reproché à Marine Le Pen), mais l'exécution provisoire l'est beaucoup moins.

Devant Marine Le Pen, assise en veste bleue au premier rang, aux côtés notamment du vice-président du parti Louis Aliot, le tribunal a rapidement annoncé que les neuf eurodéputés poursuivis étaient coupables de détournement de fonds publics, et les douze assistants coupables de recel.

Ils ont signé des "contrats fictifs" et il y a bien eu l'existence d'un "système" au sein du parti, a déclaré la présidente Bénédicte de Perthuis. "Il a été établi que toutes ces personnes travaillaient en réalité pour le parti, que leur député ne leur avait confié aucune tâche", qu'ils "passaient d'un député à l'autre", a-t-elle détaillé.

"Il ne s'agissait pas de mutualiser le travail des assistants mais plutôt de mutualiser les enveloppes des députés", a-t-elle poursuivi.

"Que les choses soient claires: personne n'est jugé pour avoir fait de la politique, c'est pas le sujet. La question, c'était de savoir si les contrats ont reçu une exécution ou pas", a déclaré la magistrate.

Au terme de deux mois de procès (30 septembre-27 novembre) et à la surprise générale, l'accusation avait requis à l'encontre de la cheffe de file de l'extrême droite une peine de cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire (s'appliquant immédiatement, même en cas d'appel) en plus de cinq ans de prison dont deux ferme (une peine aménageable), ainsi que 300.000 euros d'amende.

"Un monde peut s'effondrer" 

"Je lis ici et là que nous serions fébriles. Personnellement, je ne le suis pas, mais je comprends qu'on puisse l'être: avec l'exécution provisoire, les juges ont un droit de vie ou de mort sur notre mouvement", a commenté la cheffe de file du Rassemblement national dans La Tribune Dimanche.

"Je ne crois pas qu'ils iront jusque là", a-t-elle ajouté, dans une de ses rares expressions publiques sur cette échéance.

Si elle est condamnée, vu les délais habituels de la justice, on peut imaginer que son second procès se tienne dans au moins un an, soit une décision pas avant l'automne 2026, quelques mois avant la présidentielle.

Mais si elle est déjà officiellement inéligible durant cette période, cela risque de perturber sa marche vers l'élection : "ça fait une préparation à la présidentielle particulière, quand même", reconnaissait un membre de sa garde rapprochée la semaine dernière, parlant d'"épée de Damoclès". "Lundi, c'est un monde qui peut s'effondrer".

Selon un sondage Ifop pour le JDD publié ce week-end, si une élection présidentielle se tenait aujourd'hui, la cheffe de file du Rassemblement national arriverait largement en tête au premier tour, avec entre 34% et 37% des intentions de vote en fonction des candidats face à elle.

Enjeux inédits 

Le tribunal a bien en tête les enjeux inédits de sa décision.

Notamment parce que Marine Le Pen a passé une grande partie de son procès à leur expliquer "la réalité" de la vie politique.

En balayant en bloc les accusations de "système" mis en place pendant près de 15 ans dans son parti pour payer avec l'argent de l'Europe des assistants parlementaires "fictifs" qui auraient en vérité travaillé pour le RN (ex-Front national).

Ses 24 coprévenus (plus le parti, contre qui une amende de 4,3 millions d'euros, dont 2 millions ferme a été requise) - neuf ex-eurodéputés frontistes et leurs 12 anciens assistants parlementaires - ont quasi unanimement suivi sa ligne, malgré un dossier parfois accablant.

Si le tribunal décide qu'elle est coupable, jugera-t-il, comme l'accusation, les faits assez graves pour justifier de potentiellement "priver" les Français de candidate, comme leur avait dit Marine Le Pen lors de son dernier interrogatoire ?

La justice ne peut pas être comptable des "ambitions" politiques de chacun, avaient justifié les procureurs dans leurs réquisitions, en demandant l'inéligibilité immédiate pour tous les prévenus.


Guerre commerciale : Lagarde appelle à « une marche vers l'indépendance » de l'Europe

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), présente le rapport annuel 2024 de la banque au Parlement européen, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 10 février 2025. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), présente le rapport annuel 2024 de la banque au Parlement européen, à Strasbourg, dans l'est de la France, le 10 février 2025. (Photo par FREDERICK FLORIN / AFP)
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  • « Lui appelle ça "Liberation Day" aux États-Unis, moi je considère que c'est un moment où nous devons ensemble décider de prendre mieux notre destin en main.
  • Après l'acier et l'aluminium et avant l'automobile, le président américain compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits « réciproques », qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.

PARIS : La guerre commerciale engagée par le président américain Donald Trump doit entraîner « une marche vers l'indépendance » de l'Europe, a affirmé lundi la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde.

« Lui appelle ça "Liberation Day" aux États-Unis, moi je considère que c'est un moment où nous devons ensemble décider de prendre mieux notre destin en main et je pense que c'est une marche vers l'indépendance », a affirmé la dirigeante française sur la radio France Inter, évoquant « un moment existentiel pour l'Europe ».

Après l'acier et l'aluminium et avant l'automobile, le président américain compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits « réciproques », qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.

Le 2 avril, qu'il surnomme « jour de la libération », Donald Trump compte ériger de nouvelles barrières douanières qui devraient dépendre des taxes que les pays concernés imposent sur les produits américains, mais aussi d'autres facteurs, et frapper notamment l'Europe. 

« Il faut, pour se mettre en position de bonne négociation, montrer qu'on n'est pas prêts à se coucher », a estimé Christine Lagarde, au moment où l'UE prépare sa riposte aux droits de douane américains.

Selon la BCE, la zone euro pourrait voir son PIB amputé de 0,3 % en raison de la guerre commerciale de Donald Trump, et de 0,5 % en cas de riposte européenne, la première année.

« Une guerre commerciale ne crée que des perdants », a martelé Christine Lagarde lundi.

Concernant l'inflation, la présidente de la BCE s'est montrée prudente en raison du risque inflationniste des taxes douanières : « Dire : "ça y est, c'est terminé, c'est derrière nous" non. Parce que, malheureusement, on est soumis à de nombreuses incertitudes et que les décisions prises par M. Trump, comme la réciprocité qui s'appliquera à partir du 2 avril, induisent nécessairement des changements." 


« Déserts », terres de vie et terres des hommes, au Musée d'histoire naturelle de Paris

Christophe Voisin (G) et Isabelle Huynch Chan Hang, taxidermistes, travaillent sur la taxidermie d'un dromadaire en vue de la future exposition « Désert » qui se tiendra dans la Grande Galerie de l'Évolution du Muséum d'histoire naturelle en avril 2025, au Muséum d'histoire naturelle de Paris (MNHM) à Paris, le 23 janvier 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Christophe Voisin (G) et Isabelle Huynch Chan Hang, taxidermistes, travaillent sur la taxidermie d'un dromadaire en vue de la future exposition « Désert » qui se tiendra dans la Grande Galerie de l'Évolution du Muséum d'histoire naturelle en avril 2025, au Muséum d'histoire naturelle de Paris (MNHM) à Paris, le 23 janvier 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Entre l'infinité de paysages offerts par la banquise, le bush australien ou les dunes du Sahara, une caractéristique commune : la rareté de l'eau douce sous forme liquide
  • L'exposition, qui se tiendra jusqu'au 30 novembre, explore cette variété à travers, par exemple, 45 échantillons de sable dont la palette s'étale du blanc au rouge en passant par le gris

PARIS: Kalahari, Gobi, Mojave, Arctique... Dans le vent chaud ou le froid glacial des déserts, le Muséum d'histoire naturelle de Paris part à la découverte de la vie et des cultures qui ont su s'adapter à ces mondes extrêmes.

Qu'est-ce qu'un désert ? Si l'image d'un dromadaire sur une dune vient immédiatement à l'esprit, la réponse n'est pas si évidente. Un désert n'est pas forcément immense ni vide. Il peut même être tempéré.

« Nous nous sommes rendus compte qu'en fonction du scientifique que l'on interrogeait, de sa discipline, nous n'avions pas du tout la même définition », explique Anne-Camille Bouillié, conceptrice de l'exposition « Déserts », qui s'ouvre mercredi à Paris.

Le terme de « difficulté à vivre » dans cet environnement est d'ailleurs souvent « récusé » par les populations locales », note Vincent Battesti, anthropologue spécialiste des oasis.

Entre l'infinité de paysages offerts par la banquise, le bush australien ou les dunes du Sahara, une caractéristique commune : la rareté de l'eau douce sous forme liquide.

Un seul critère qui, en comptant les zones semi-arides, recouvre un tiers des terres émergées du globe. On la trouve sur tous les continents, et même tout près de chez nous, par exemple dans les Bardenas Reales, véritable décor de western au nord de l'Espagne.

L'exposition, qui se tiendra jusqu'au 30 novembre, explore cette variété à travers, par exemple, 45 échantillons de sable dont la palette s'étale du blanc au rouge en passant par le gris. Mme Bouillié explique également « le rôle joué par les éléments : l'eau, le vent, les chocs thermiques » dans la formation des déserts et le façonnage de leurs reliefs.

Enfin, elle permettra de « démonter l'idée selon laquelle les milieux désertiques sont dépourvus de vie », poursuit-elle.

Malle du bédouin

Faune et flore ont développé des trésors d'adaptation pour recueillir l'eau, résister aux températures extrêmes et se protéger des prédateurs dans ces environnements ouverts : plantes sans feuille mais couvertes d'épines ou de duvet, mammifères aux grandes oreilles pour mieux dissiper la chaleur, camouflage, etc.

Des stratégies morphologiques ou comportementales souvent similaires dans des lieux et chez des espèces pourtant très éloignés, mais soumis aux mêmes contraintes. Les scientifiques appellent cela la « convergence évolutive ».

Comme les réserves constituées dans la bosse du dromadaire et le tronc des baobabs. Ou l'étonnante « revivalence », qui permet aux graines de la « plante de la résurrection » en Amérique du Nord ou aux embryons de triops (un petit crustacé) en Australie de rester en dormance pendant des années avant de se développer à la moindre pluie.

Le désert est aussi la terre des hommes. Dans des vidéos, des Touaregs, des Mongols et des Inuits témoignent de leur vie dans ces mondes extrêmes où les humains ont « développé deux grandes stratégies », raconte Mme Bouillié.

« La mobilité, se déplacer pour aller chercher des ressources », est illustrée à travers une malle du Bédouin, le montage d'habitations mobiles ou les méthodes pour se repérer dans ces « paysages qui nous paraissent très monotones », dit-elle.

La transformation du milieu est illustrée par l'exemple de l'oasis. Une "bulle" construite autour du palmier dattier, un arbre "qui n'existe plus à l'état sauvage" et dont on peut cultiver les fruits et les légumes à l'ombre, "n'ayant rien à voir avec le désert", explique M. Battesti.

Une dernière partie propose aux visiteurs de se mettre dans les pas des scientifiques qui ont fait du désert leur terrain de recherche privilégié : géologues, biologistes, anthropologues y racontent leurs liens avec ces environnements si particuliers. À commencer par le plus célèbre d'entre eux : le Français Théodore Monod, dont les précieux carnets ont pour l'occasion été sortis des collections du Musée.