Dans la Corne de l'Afrique, la sécheresse menace 20 millions de personnes

Près de 40% de la population de la Somalie, soit six millions de personnes, fait face à des niveaux extrêmes d'insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine (Photo, AFP).
Près de 40% de la population de la Somalie, soit six millions de personnes, fait face à des niveaux extrêmes d'insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 04 mai 2022

Dans la Corne de l'Afrique, la sécheresse menace 20 millions de personnes

  • Au Kenya, réputé pour ses réserves et parcs naturels, la faune sauvage est aussi menacée
  • Il arrive aussi que les animaux désertent leur zone d'habitat habituel en quête d'eau ou de nourriture

NAIROBI: Du sud de l'Ethiopie au nord du Kenya en passant par la Somalie, la Corne de l'Afrique fait face à une sécheresse qui alarme les organisations humanitaires, avec près de 20 millions de personnes menacées par la faim.

Dans ces régions où la population vit majoritairement d'élevage et d'agriculture, les trois dernières saisons des pluies depuis fin 2020 ont été marquées par de faibles précipitations, venant s'ajouter à une invasion de criquets qui a ravagé les cultures entre 2019 et 2021.

Un mois après le début théorique de la saison des pluies, "le nombre de personnes qui ont faim en raison de la sécheresse pourrait monter en flèche, passant de l'estimation actuelle de 14 millions à 20 millions en 2022", déclarait en avril le Programme alimentaire mondial (PAM).

Près de 40% de la population de la Somalie, soit six millions de personnes, fait face à des niveaux extrêmes d'insécurité alimentaire et certaines zones connaissent probablement déjà la famine, selon l'agence de coordination humanitaire de l'ONU, Ocha.

En Ethiopie, 6,5 millions de personnes font face à une "insécurité alimentaire sévère", de même que 3,5 millions de personnes au Kenya, selon l'agence. 

A travers la région, un million de personnes ont dû quitter leur foyer en raison du manque d'eau et de pâturages, et au moins 3 millions de têtes de bétail ont péri, ajoute Ocha.

"Nous devons agir maintenant (...) si nous voulons prévenir une catastrophe humanitaire", a déclaré de son côté lors d'un briefing à Genève Chimimba David Phiri, le représentant de la FAO auprès de l'Union africaine. 

La situation est aggravée par le conflit en Ukraine, qui a contribué à l'augmentation des prix alimentaires et du carburant et a perturbé les chaînes d'approvisionnement, souligne l'ONU.

Enfants en danger

Selon Catherine Russell, directrice exécutive de l'Unicef, 10 millions d'enfants à Djibouti, en Ethiopie, en Somalie et au Kenya ont besoin d'une assistance vitale.

"Plus de 1,7 million d'enfants sont sévèrement malnourris à travers la région", a-t-elle déclaré dans un communiqué publié après une visite de quatre jours en Ethiopie la semaine dernière.

Selon Mme Russell, le manque d'eau potable augmente le risque de maladies parmi les enfants, tandis que des centaines de milliers d'entre eux ont arrêté l'école, étant forcés de marcher de longues heures pour trouver de l'eau et de la nourriture.   

En 2017, une mobilisation humanitaire précoce avait permis d'éviter une famine en Somalie, contrairement à 2011 où 260 000 personnes - dont la moitié d'enfants de moins de six ans - étaient mortes de faim ou de troubles liés à la faim.

Au-delà des conséquences mortelles directes, la pénurie d'eau et la raréfaction des pâturages sont également sources de conflits, notamment entre bergers.

Au Kenya, réputé pour ses réserves et parcs naturels, la faune sauvage est aussi menacée.

De nombreux cas d'animaux sauvages (girafes, antilopes...), morts faute d'eau et de nourriture, ont été recensés.

Il arrive aussi que les animaux désertent leur zone d'habitat habituel en quête d'eau ou de nourriture.

Dans le centre du pays, des félins s'en sont pris à des troupeaux, des éléphants ou des buffles sont venus paître dans des fermes, suscitant la colère des habitants. 

En Ethiopie, la pire sécheresse «jamais vécue» ravage les vies des nomades somali

GODE: Quasiment pas une goutte de pluie depuis 18 mois. A Hargududo, village de la région Somali en Ethiopie, les habitants montrent à l'AFP les cadavres desséchés de chèvres, vaches ou ânes, éparpillés non loin des modestes huttes aux toits de chaume.     

En ce mois d'avril, théoriquement l'un des plus arrosés de l'année, l'air est brûlant et sec et la terre poussiéreuse et stérile.

Une grande partie des bêtes des quelque 200 familles semi-nomades du village ont péri: "Ceux qui avaient disons 300 chèvres avant la sécheresse n'en ont plus que 50 à 60, chez certains (...) aucune n'a survécu", explique l'un des villageois, Hussein Habil, 52 ans.

Depuis fin 2020, ici, comme dans d'autres régions du sud du pays, en Somalie ou au Kenya voisins, il n'a pratiquement pas plu. En Ethiopie, cette catastrophe humanitaire s'ajoute à celle engendrée dans le nord par le conflit dans la région du Tigré.

Le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) estime qu'en Ethiopie, entre 5,5 et 6,5 millions de personnes (soit entre 5 et 6% de la population) sont en grave insécurité alimentaire en raison de la sécheresse.

Selon l'Ocha, la sécheresse actuelle a tué près de 1,5 million de têtes de bétail dans ce pays, dont près des deux tiers en région Somali, "et l'état physique des animaux survivants s'est gravement détérioré, diminuant leur valeur sur le marché".

Aux populations nomades ou semi-nomades de cette région aride et hostile, le bétail procure nourriture et revenus, mais il constitue aussi toutes leurs économies.

"Nous étions de purs nomades avant cette sécheresse: on dépendait des animaux pour la viande, le lait et on les vendait", se souvient Tarik Mohamed, 50 ans, éleveuse d'Hargududo, situé à une cinquantaine de km de Gode, la grande ville de la zone administrative de Shabelle.

"Mais de nos jours, la plupart d'entre nous" se sédentarisent, "il n'y a plus d'avenir dans le pastoralisme, parce qu'il n'y a plus de troupeaux", poursuit-elle amèrement, "notre vie nomade est terminée".

En asséchant les puits et en raréfiant les pâturages, ce que ces éleveurs de la région somali décrivent comme la "pire sécheresse jamais vécue" anéantit le bétail, pivot de leur mode de vie désormais menacé.

Et c'est tout une société qui se délite: des villages qu'il faut quitter pour la ville, des familles qui éclatent, des enfants qui sont négligés parce qu'il faut sauver ce qu'il reste des bêtes, indispensables à la survie.

Dromadaires sans bosse

L'alternance de saisons sèches et de saisons des pluies - la petite en mars-avril, la grande entre juin et août - a toujours rythmé la vie de ces éleveurs.

"Avant cette sécheresse catastrophique, nous survivions en cas de sécheresse grâce aux restes de pâturages laissés par les pluies précédentes", raconte Tarik Muhamad.

Mais aucune des trois dernières saisons des pluies n'a été au rendez-vous. Et la quatrième, attendue depuis mars, semble vouloir faire elle aussi faux bond.

Dans la région, "les sécheresses sont un phénomène cyclique (...) mais elles sont désormais de plus en plus fréquentes", constate Ali Nur Mohamed, 38 ans, un responsable de l'ONG Save the Children.

En Afrique de l'Est, "depuis 2005, la fréquence des sécheresses a doublé, passant de tous les six à tous les trois ans" et "il y a eu plusieurs épisodes de sécheresse prolongée surtout dans les zones arides et semi-arides de la région depuis 30 ans", écrit le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) de l'ONU dans son dernier rapport.

Dès 2012, une étude de l'agence américaine d'aide au développement (Usaid) constatait que les régions méridionales de l'Ethiopie recevaient de 15 à 20% de pluies en moins que dans les années 1970. Et que se rétrécissaient les zones recevant les 500 mm annuels de précipitations nécessaires à une agriculture et un élevage viables.

"Désormais, à peine les éleveurs tentent-ils de se remettre d'une sécheresse qu'ils sont touchés par une nouvelle", poursuit Ali Nur Mohamed, les sécheresses "sont si rapprochées que ces éleveurs ne peuvent se relever".

Un sujet qui devrait être au menu de la Convention de l'ONU sur la lutte contre la désertification (UNCCD) qui se réunit à Abidjan du 9 au 20 mai.

Tous les éleveurs rencontrés dans la région disent avoir perdu entre 80% et 100% de leur cheptel. Les quelques troupeaux, vaches ou chèvres, croisés çà et là, sont très amaigris. De nombreux dromadaires ont perdu leur bosse, stock de nourriture.

Cinq jours de marche

Pour se nourrir, de nombreux éleveurs ont rejoint les camps qu'ont fait pousser près des localités ceux déplacés par la sécheresse.

Comme à Adlale, non loin de Gode, où, dans la lumière matinale, émergent de la poussière ocre soulevée par le vent les voiles colorés de dizaines de femmes venues chercher l'aide alimentaire d'urgence distribuée par le Programme alimentaire mondial (PAM).

"Tous nos animaux sont morts à cause de la sécheresse" et "nous avons marché cinq jours pour venir" ici, raconte Habiba Hassan Khadid, 47 ans, mère de dix enfants, qui élevait vaches et chameaux.

Mère de sept enfants, Ahado Jees Hussein, 45 ans, a rejoint Adlale en portant son fils de 15 ans, handicapé, sur son dos. "J'avais 100 chèvres, elles sont toutes mortes (...) Je suis venue sans rien. J'avais trois ânes de bât, mais ils sont tous morts", dit cette veuve qui dit n'avoir "jamais vécu une telle sécheresse".

Avec 2.700 autres familles, les deux femmes vivent au camp de Farburo 2, installé depuis trois mois. Des petites huttes de branches supportent un patchwork de tissus qui procurent une ombre salvatrice dans une température avoisinant les 40°C.

"Les conditions de vie sont alarmantes, la plupart des familles vivent de ce qu'elles reçoivent de proches" ou d'habitants de la localité, explique Ali Mohamed Ali, coordinateur du camp.

Lui aussi est pessimiste: "L'élevage nomade ne peut continuer d'exister avec la récurrence des sécheresses".

«Les puits sont vides»

"Avant la sécheresse", Halima Harbi, mère à 40 ans de neuf enfants, faisait "partie des familles vivant bien", "celles qui avaient assez" pour vivre correctement, dans une région où le luxe est inconnu.

"Désormais nous n'avons plus rien", raconte-t-elle, "j'ai utilisé mon dernier âne pour transporter ma famille ici, mais il (...) est mort en chemin".

"Nous n'avons rien emmené - ni de quoi dormir ni ustensiles de cuisine... - on se contentait de tirer nos enfants".

Dans sa minuscule hutte, Abdi Kabe Adan, solide et fier berger de 50 ans, pleure sans retenue: "Aucun de nos animaux n'a été épargné".

"Avant, de la pluie tombait ailleurs dans la région, alors nous bougions avec nos animaux vers les pâturages arrosés, même si ça prenait plusieurs jours. Mais cette fois-ci la sécheresse est partout" et "les puits sont vides".

"Je ne pense pas possible que notre mode de vie continue. J'ai vu des chèvres manger leurs excréments, des dromadaires manger d'autres dromadaires. Je n'avais jamais vu ça de ma vie", sanglote-t-il.

Il y a peu d'hommes dans le camp. Certains sont restés avec les dernières têtes de bétail, à la recherche d'un pâturage miraculeux. Beaucoup sont partis en quête d'un labeur en ville. D'autres ont fui, incapables d'affronter la honte ou les questions des épouses inquiètes de l'avenir.

Car la sécheresse a aussi abîmé l'organisation sociale de ces communautés.

"Avant les hommes avaient pour tâche de traire les vaches", de conduire les troupeaux aux pâturages, "d'acheter nourriture et biens pour la famille: ces rôles ont disparu avec notre bétail", explique Halima Harbi.

Les familles explosent et la solidarité a cédé la place aux rivalités. "Quand les camions de distribution d'eau arrivent, les vieux et les plus vulnérables ne reçoivent rien car la concurrence est rude", déplore-t-elle.

Malnutrition

Les enfants paient le prix fort: submergés par les problèmes, les parents "n'ont même plus le temps de s'occuper, de veiller sur leur progéniture", explique Ali Nur Mohamed de Save The Children.

"Normalement, une mère prend soin de ses enfants. On comprend la gravité, l'amplitude des problèmes, qui sont telles qu'elles lui font oublier d'emmener son enfant à l'hôpital (...) ou l'en empêchent, parce qu'elle est accaparée par ses autres enfants ou occupée à sauver son cheptel", détaille-t-il.

L'ONG effectue notamment des tournées dans les communautés, y repère les enfants en danger et les transporte vers les structures sanitaires, comme l'hôpital de Gode.

Là, dans l'atmosphère étouffante de la salle de l'unité de nutrition, sur des lits de fer, des mères ventilent avec leur voile - qui chasse aussi les mouches - une dizaine d'enfants très amaigris.

Dans la région, habituellement, "nos enfants sont à la limite de la sous-alimentation, donc à la moindre maladie, ils tombent dans la malnutrition", constate le directeur l'hôpital, le Dr Mahamed Shafi Nur.

L'essentiel des enfants est traité en ambulatoire, grâce à des pâtes nutritives à base d'arachide, prêtes à manger. Ceux qui souffrent de complications - environ 15% - sont hospitalisés.

"Les familles sont désorganisées", parfois "le père est parti loin à la recherche de nourriture" pour le bétail, "la mère se retrouve seule avec de nombreux enfants. Du coup (les enfants) arrivent tard" à l'hôpital "et avec des complications", explique le Dr Mahamad Abdi Omar, pédiatre de l'établissement.

Choix terribles

Samiya, le bébé de Rokiya Adan Mahad, 39 ans, avait la diarrhée et vomissait depuis une semaine quand elle l'a enfin amenée.

Le fils de Falis Hassen souffre du foie et d'aphtes depuis deux mois, qui l'empêchent de téter. "Nous sommes pris par la recherche de pâturages et d'eau pour le bétail", explique cette femme de 38 ans, venue sans prévenir son mari: "Il ne m'aurait pas laissée, il y a tant à faire".

Le fils d'Abdullahi Gorane, les cheveux décolorés par la malnutrition, souffrait de diarrhée et vomissait depuis des semaines.

"Je m'occupais du bétail, je n'avais pas le temps pour mon enfant", dit cet homme de 30 ans - seul père présent - qui s'est décidé quand la sécheresse a eu raison de son troupeau: il a perdu deux de ses cinq dromadaires, 80% de ses chèvres et 100% de ses vaches.

L'absence de contraception et d'espacement des naissances, d'allaitement exclusif, ainsi que des conditions d'hygiène médiocres expliquent la sous-alimentation chronique des enfants, dit Ahmed Nur, agent de santé au centre de soins de Kelafo à une centaine de km de Gode.

Mais la situation a été largement "aggravée" par la sécheresse et "tous les mois, le nombre d'enfants mal-nourris augmente".

Comme Ayan Ibrahim Haroun, les parents sont ainsi parfois confrontés à des choix terribles: soigner son enfant, c'est prendre le risque de perdre son bétail.

Toux, œdèmes sur le corps (un possible symptôme de malnutrition sévère): Sabirin Abdi, sa fille de deux ans, était malade depuis un mois déjà quand cette cultivatrice, qui améliore l'ordinaire avec quelques animaux, s'est résolue à l'amener à Kelafo.

"Nous n'avons pas eu de récolte cette année", explique-t-elle, "j'avais dix chèvres, "quatre sont mortes au cours des 11 jours que j'ai passés à l'hôpital" avec Sabirin.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.