Angela Merkel épargnée par les candidats conservateurs à sa succession

Lors d’un premier débat organisé par l’organisation des jeunes de la CDU/CSU, les trois candidats, le modéré Armin Laschet, le libéral Friedrich Merz et l'ancien ministre Norbert Röttgen tentent de marquer des points avant la désignation, au congrès du parti chrétien-conservateur CDU début décembre, d'un nouveau chef (Photo, AFP-TV)
Lors d’un premier débat organisé par l’organisation des jeunes de la CDU/CSU, les trois candidats, le modéré Armin Laschet, le libéral Friedrich Merz et l'ancien ministre Norbert Röttgen tentent de marquer des points avant la désignation, au congrès du parti chrétien-conservateur CDU début décembre, d'un nouveau chef (Photo, AFP-TV)
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Publié le Dimanche 18 octobre 2020

Angela Merkel épargnée par les candidats conservateurs à sa succession

  • La bataille pour la succession d'Angela Merkel dans son parti conservateur avait des allures de règlement de comptes
  • Le débat était organisé par l'organisation des Jeunes du parti démocrate-chrétien allemand CDU

BERLIN : Il y a encore quelques mois, avant le Covid-19, la bataille pour la succession d'Angela Merkel dans son parti conservateur avait des allures de règlement de comptes avec une chancelière sous pression sur la question migratoire. 

Désormais, face aux succès de la chancelière dans la gestion de la pandémie - qui lui valent des records de popularité - c'est dans la continuité de ses quinze années de pouvoir que les prétendants s'inscrivent, comme l'a montré un débat entre les trois principaux d'entre-eux samedi soir retransmis à la télévision.

Tant le modéré Armin Laschet, dirigeant de l'Etat régional le plus peuplé d'Allemagne, la Rhénanie du nord-Westphalie, le libéral Friedrich Merz, pourtant vieil adversaire politique d'Angela Merkel, que l'ancien ministre Norbert Röttgen, ont évité d'égratigner Angela Merkel, lors d'un échange feutré et sans éclat.

Le débat était organisé par l'organisation des Jeunes du parti démocrate-chrétien allemand CDU.

Pas de « rupture »

Début décembre, le parti dans son ensemble doit désigner son futur président, qui sera ensuite à ce poste bien placé pour être aussi son candidat à la chancellerie allemande lors des élections législatives de l'automne 2021, date à laquelle Angela Merkel a prévu de prendre sa retraite politique. 

Et les derniers sondages prédisent une nette victoire à la CDU avec 35% environ des voix.

Même M. Merz, partisan d'un virage à droite des conservateurs après l'ère Merkel de centre-droit, a estimé que la succession de la chancelière ne devait pas « constituer une rupture mais une succession ». Il y a peu encore l'impétrant dénonçait sans retenue son bilan.

Il s'est concentré sur son thème de prédilection, l'économie. Seule petite saillie, M. Merz a jugé « vital » de ne pas laisser de dettes aux générations futures, au moment où le gouvernement a décidé de recourir massivement à l'emprunt face aux conséquences économiques de la pandémie.

Faute de mandat électif, cet ancien cacique de la CDU reconverti dans les affaires reste toutefois peu audible depuis le début de la crise sanitaire, thème qu'il a peu abordé samedi. 

A l'inverse, Armin Laschet, 59 ans, qui partage avec M. Merz le statut de favori, s'est positionné comme un homme de terrain. 

Ministre-président de Rhénanie du nord-Westphalie, région la plus peuplée d'Allemagne mais également la plus touchée par l'épidémie, il a rappelé à plusieurs reprises son « combat quotidien pour défendre » ses concitoyens.

« Je suis en poste depuis longtemps », a-t-il clamé, en soulignant la nécessité que le parti soit « modernisé », alors que Friedrich Merz est souvent perçu comme un homme du passé.

Il s'est également targué du soutien de Jens Spahn, ministre de la Santé qui a gagné en notoriété à la faveur de la crise sanitaire et apprécié par la frange plus conservatrice du parti.

L'ombre de Söder

Norbert Röttgen, 55 ans, a lui paru moins à l'aise que ses deux concurrents. " »Notre parti a besoin de courage, de volonté et de compétence pour se renouveler », a déclaré cet ancien ministre de l'Environnement, spécialiste des questions internationales mais sans vrai relais dans le parti.

« Les candidats ont été convaincants tous les trois sans qu'il n'y ait de vainqueur », a estimé après le débat le politologue Uwe Jun pour qui « MM. Laschet et Merz sont clairement les favoris au détriment de M. Röttgen ».

Reste à savoir toutefois si c'est bien l'un d'eux qui au final succèdera à Angela Merkel. Car dans les sondages nationaux, aucun des trois prétendants ne fait l'unanimité.

Parmi les cadres CDU, c'est le ministre de la Santé Jens Spahn - pourtant pas candidat - qui a les faveurs de l'opinion pour diriger le mouvement, selon un sondage publié ce week-end.

Et pour la chancellerie, au vu des sondages, c'est un cinquième homme qui paraît le mieux placé: Markus Söder, 53 ans, ministre-président de Bavière et président de la CSU, parti-frère bavarois de la CDU. 

S'il affirme officiellement vouloir rester en Bavière, les médias allemands n'excluent pas qu'il tire les marrons du feu et finisse par être désigné candidat du camp conservateur à la chancellerie.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.