ZAPORIJJIA: La Russie a lancé mardi pour la première fois un assaut avec chars et infanterie sur l'aciérie d'Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne dans le port stratégique de Marioupol, au moment où l'ONU annonçait avoir réussi à évacuer plus d'une centaine de civils des lieux.
"Un puissant assaut sur le territoire d'Azovstal est en cours actuellement, avec le soutien de véhicules blindés, de chars, avec des tentatives de débarquement de troupes, avec l'aide de bateaux et d'un grand nombre d'éléments d'infanterie", a affirmé Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment ukrainien Azov, dans un message vidéo sur Telegram.
Peu avant, le ministère russe de la Défense avait annoncé qu'avions et artillerie de l'armée russe et de la "République populaire" prorusse de Donetsk commençaient à "détruire" les "positions de tir" ukrainiennes.
Il a accusé le régiment Azov, qui défend l'usine, d'avoir profité du cessez-le-feu, décrété pour évacuer les civils, pour sortir des sous-sols de l'aciérie et se positionner "sur le territoire et dans les bâtiments de l'usine".
Jusqu'à présent les forces russes pilonnaient par avion et depuis la mer cette aciérie, dont les immenses galeries souterraines datant de la Seconde guerre mondiale abritaient combattants et civils privés d'eau, de nourriture et de médicaments, sans essayer d'y pénétrer.
La Russie dément
Le Kremlin a démenti mercredi que les forces russes avaient lancé un assaut contre l'aciérie d'Azovstal, dernier réduit contrôlé par les forces ukrainiennes dans la ville portuaire de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine.
"L'ordre a été donné (le 21 avril) publiquement par le commandant en chef (Vladimir Poutine) d'annuler tout assaut. Il n'y a pas d'assaut" à l'heure actuelle, a affirmé à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Il a ajouté que les forces de Moscou assiégeaient le site et n'intervenaient que pour "enrayer très rapidement les tentatives" de combattants ukrainiens de rejoindre des "positions de tir".
Mardi, les autorités ukrainiennes ont affirmé que les forces russes menaient un "puissant assaut" sur le territoire d'Azovstal, avec des chars et de l'infanterie.
Le ministère russe de la Défense avait seulement annoncé, lui, des frappes d'avions et d'artillerie pour "détruire des positions de tir" ukrainiennes.
Le 21 avril, Vladimir Poutine avait déclaré avoir ordonné à ses troupes de ne pas lancer d'assaut mais de bloquer la zone "de sorte que pas une mouche ne passe".
Offensive à l'est
Sur le terrain, les forces russes ont poursuivi mardi leur offensive dans l'est de l'ukraine. Et selon l'état-major des forces ukrainiennes, elles ont lancé des missiles dans plusieurs régions du pays, dont celles de Kiev, Odessa, Donetsk ou Lviv, dans le but de "détruire les infrastructures de transport de l'Ukraine".
Et pour la seule région de Donetsk, où la Russie concentre son offensive depuis plusieurs jours, douze attaques russes ont été repoussées au cours des dernières 24 haures, a affirmé mercredi matin l'état-major.
Quelque 21 civils sont morts et 27 ont été blessés dans la région de Donetsk mardi, le bilan quotidien le plus lourd depuis la frappe sur la gare de Kramatorsk qui avait fait 57 morts, selon le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko sur Telegram.
Parmi ces 21 tués, 10 l'ont été dans la frappe sur une usine à Avdiivka et cinq à Lyman, l'un des points chauds de la ligne de front.
Dans le sud, la grande ville d'Odessa est de nouveau la cible des missiles russes.
Les Ukrainiens craignent que ce grand port figure parmi les objectifs de Moscou, notamment depuis qu'un général russe a affirmé que l'offensive en Ukraine visait à établir un couloir de la Russie vers la région séparatiste moldave de Transdniestrie, qui passerait par Odessa.
Mardi soir, des tirs de missiles ont notamment détruit trois centrales électriques à Lviv, a indiqué sur Telegram Andriï Sadovy, le maire de cette grande ville de l'ouest du pays désormais partiellement privée d'électricité.
Et sur le front diplomatique, la Russie boycottera mercredi - un geste rare - une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU avec le Comité politique et de sécurité (COPS) de l'Union européenne, illustrant une nouvelle dégradation des relations entre Moscou et ses partenaires aux Nations unies, selon des diplomates.
Le général américain Christopher Cavoli, nouveau chef militaire de l'Otan
Fils d'un officier italo-américain, Christophe Cavoli est né en pleine guerre froide a Würzburg, en Allemagne de l'Ouest, et a grandi dans des base militaires au fil des affectations paternelles.
Russophone, il est en service depuis 1987 et commande depuis 2020 les forces américaines en Europe et en Afrique, dont le Quartier général est à Wiesbaden, en Allemagne.
Le chef militaire de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord est toujours un officier américain, car l'Europe désigne le secrétaire général de l'Otan, actuellement le Norvégien Jens Stoltenberg, reconduit dans ses fonctions à cause de la guerre en Ukraine.
Des centaines de civils évacués
Deux femmes ont été tuées et une dizaine d'autres civils blessés dans les bombardements qui ont précédé l'assaut, a précisé M. Palamar dans son message vidéo, indiquant que d'autres civils se trouvaient toujours sur les lieux.
Le matin, la présidence ukrainienne avait annoncé poursuivre ses efforts, avec l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), pour évacuer les civils restés à Azovstal, au nombre de 200 selon le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko.
Ce week-end, pour la première fois en deux mois de siège et de bombardements, une centaine de civils terrés dans les caves de l'immense aciérie ont pu être évacués.
Une partie d'entre eux au moins sont arrivés mardi dans la ville de Zaporijjia, ville sous contrôle ukrainien à 230 km au nord-ouest de Marioupol.
"Je suis heureuse et soulagée de confirmer que 101 civils ont été évacués avec succès de l'usine métallurgique Azovstal à Marioupol", a annoncé mardi la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l'Ukraine, Osnat Lubrani, dans un communiqué.
Le pape se dit prêt à voir Poutine et compare l'Ukraine au Rwanda
"Comment ne parvenons-nous pas à arrêter toute cette brutalité? Nous avons vu la même chose il y a 25 ans avec le Rwanda", a-t-il déploré, évoquant le génocide de 1994 au cours duquel 800.000 personnes, principalement issues de la minorité tutsi, ont été tuées, selon l'ONU.
S'interrogeant sur les causes du conflit, le chef spirituel des catholiques a évoqué une "colère" du Kremlin ayant pu être "facilitée" par "les aboiements de l’Otan à la porte de la Russie", des propos qui ont provoqué de vives réactions des autorités polonaises.
Le souverain pontife a exclu de se rendre pour le moment à Kiev, en dépit des invitations des Ukrainiens.
"Je dois d'abord aller à Moscou, je dois d'abord rencontrer Poutine", a assuré François qui a multiplié les appels à la cessation des combats en Ukraine.
Dans une déclaration sur internet mardi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui indiqué que 156 civils avaient été évacués et étaient arrivés à Zaporijjia.
"Ce n'est pas encore une victoire, mais c'est un résultat", a-t-il dit. "Nous continuerons à faire tout notre possible pour sortir nos gens de Marioupol (...) C'est dur, mais nous devons sauver tout le monde, civils et militaires".
"Nous sommes tellement reconnaissants à tous ceux qui nous ont aidés. Il y a eu un moment où nous avions perdu espoir, nous pensions que tout le monde nous avait oubliés", a déclaré à son arrivée à Zaporijjia l'une des évacuées, Anna Zaïtseva, avec dans les bras un bébé de six mois.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a souhaité "davantage de pauses humanitaires" sur le modèle de celle organisée avec l'Ukraine et la Russie et qui a permis l'évacuation des civils de l'aciérie Azovstal, sans préciser leurs lieux possibles.
Heure de gloire
Dans un appel téléphonique de plus de deux heures avec le président Vladimir Poutine, le président français Emmanuel Macron lui a demandé de "permettre la poursuite (de ces) évacuations".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, premier dirigeant occidental à s'adresser au Parlement ukrainien depuis le début du conflit le 24 février, a lui promis une aide militaire supplémentaire de 355 millions d'euros pour Kiev.
"C'est l'heure de gloire de l'Ukraine, dont on se souviendra et qu'on racontera pendant des générations", a dit Boris Johnson, en allusion au célèbre discours prononcé par Winston Churchill le 18 juin 1940.
Cette nouvelle aide inclut "des radars pour localiser l'artillerie qui bombarde vos villes, des drones de transport lourd pour approvisionner vos forces, et des milliers d'appareils de vision nocturne", a-t-il précisé.
Cette annonce est intervenue alors que le président Poutine appelait l'Occident à cesser de fournir des armes à l'Ukraine.
L'UE prépare une nouvelle série de sanctions contre la Russie
La Commission européenne a finalisé mardi sa proposition pour un sixième paquet de sanctions contre Moscou pour tarir le financement de son effort de guerre contre l'Ukraine.
Elle prévoit un arrêt progressif des achats européens sur une période de six à huit mois, jusqu'à fin 2022, avec une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie.
Les Vingt-Sept examinent également des mesures immédiates comme une taxe sur le transport par tankers, selon le responsable européen.
Ce nouveau paquet de sanctions prévoit également l'exclusion d'autres banques russes du système interbancaire Swift et l'inscription de propagandistes du régime russe et d'auteurs de désinformation sur la liste noire des personnes interdites dans l'UE, a précisé mardi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Tortures et meurtres
Dans l'est du pays, les Russes poursuivent leur offensive.
21 civils sont morts et 27 ont été blessés dans la région de Donetsk mardi, le bilan quotidien le plus lourd depuis la frappe sur la gare de Kramatorsk qui avait fait 57 morts, selon le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko sur Telegram.
Parmi ces 21 tués, 10 l’ont été dans la frappe sur une usine à Avdiivka et cinq à Lyman, l’un des points chauds de la ligne de front.
Dans le sud, la grande ville d'Odessa est de nouveau la cible des missiles russes.
Les Ukrainiens craignent que ce grand port figure parmi les objectifs de Moscou, notamment depuis qu'un général russe a affirmé que l'offensive du Kremlin en Ukraine visait à établir un couloir de la Russie vers la région séparatiste moldave de Transnistrie, qui passerait par Odessa.
A l'est d'Odessa, le centre de Mykolaïv a été frappé dans la soirée de lundi, selon le rapport matinal de la présidence. Une enquête sur de possibles "tortures et meurtres" pendant l'occupation russe d'une localité de cette région a été lancée, ont par ailleurs indiqué mardi sur Telegram les services de la procureure générale d'Ukraine.
"Selon l'enquête, les corps de deux habitants avec des traces de blessures par balle ont été trouvés dans une fosse commune du village de Novofontanka" et "un des hommes avait les jambes attachées", précisent-ils.
Mardi soir, des tirs de missiles ont notamment détruit trois centrales électriques à Lviv, a indiqué sur Telegram Andriï Sadovy, le maire de cette grande ville de l'ouest du pays désormais partiellement privée d'électricité.
Toujours dans l'ouest, au moins 17 personnes ont été tuées mardi après qu'un bus a percuté un camion citerne d'essence, a indiqué dans la soirée M. Zelensky, en craignant un bilan final plus lourd. Cet accident ne semblait a priori pas directement lié au conflit.