«Coupable d'être flic»: rassemblements policiers après l'affaire du Pont-Neuf

«Ça aurait pu finir ainsi, légitime défense pour notre collègue», pouvait-on lire sur des pancartes, avec la photo d'un corps dans une morgue ou celle d'un cercueil recouvert d'un drapeau bleu-blanc-rouge. (Photo, AFP)
«Ça aurait pu finir ainsi, légitime défense pour notre collègue», pouvait-on lire sur des pancartes, avec la photo d'un corps dans une morgue ou celle d'un cercueil recouvert d'un drapeau bleu-blanc-rouge. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 02 mai 2022

«Coupable d'être flic»: rassemblements policiers après l'affaire du Pont-Neuf

«Ça aurait pu finir ainsi, légitime défense pour notre collègue», pouvait-on lire sur des pancartes, avec la photo d'un corps dans une morgue ou celle d'un cercueil recouvert d'un drapeau bleu-blanc-rouge. (Photo, AFP)
  • A Paris, environ 300 policiers se sont rassemblés sur la place Saint-Michel, située à quelques centaines de mètres de l'ancien Palais de justice et du Pont-Neuf, où le policier a ouvert le feu
  • Une quinzaine de militants contre les violences policières se sont rassemblés face aux policiers et ont brandi des affichettes: «les politiques à la botte d'Alliance, ça suffit !!!»

PARIS: « Se faire condamner ou se faire tuer ? »: quelques centaines de policiers ont manifesté lundi en France à l'appel de plusieurs syndicats pour protester contre la mise en examen pour « homicide volontaire » de leur collègue qui a tué deux hommes qui auraient forcé un contrôle la semaine dernière à Paris. 

A Paris, environ 300 policiers se sont rassemblés sur la place Saint-Michel, située à quelques centaines de mètres de l'ancien Palais de justice et du Pont-Neuf, où le policier a ouvert le feu. 

« Ça aurait pu finir ainsi, légitime défense pour notre collègue », pouvait-on lire sur des pancartes, avec la photo d'un corps dans une morgue ou celle d'un cercueil recouvert d'un drapeau bleu-blanc-rouge. 

« S'il n'avait pas tiré, il aurait pu être tué. Il a sauvé ses collègues et voilà comment il est remercié », a dit Yvan Assioma, secrétaire national pour l'Ile-de-France du syndicat Alliance, à l'initiative de l'appel à manifester auquel se sont joints Synergie et l'Unsa-Police.  

« On ne peut pas traiter un policier comme un délinquant », a ajouté Olivier Varlet, secrétaire général de l'Unsa. « Nous demandons une juridiction spécialisée pour qu'il y ait un positionnement commun des magistrats sur l'usage des armes ». 

« On ne demande pas un permis de tuer. Tirer ce n'est pas anodin, cela a un impact psychologique énorme », a expliqué Amandine, une policière des Hauts-de-Seine. « Il y a un refus d'obtempérer toutes les trente minutes. Qu'est ce qui est acceptable ? Se laisser rouler dessus ? » 

« Remise en cause systématique »  

Dans la nuit du 24 au 25 avril, un policier de la Compagnie de sécurisation de la Cité (CSC), armé d'un fusil d'assaut, a ouvert le feu sur le conducteur d'une voiture et son passager qui auraient tenté de se soustraire à un contrôle. Ils sont décédés sur place et un troisième homme, lui aussi passager du véhicule, a été blessé. 

Le gardien de la paix, âgé de 24 ans, a été mis en examen, notamment pour « homicide volontaire » concernant le conducteur. 

Alors que des élections syndicales sont prévues fin 2022, cette affaire a exacerbé les tensions entre représentants des gardiens de la paix. 

Le syndicat Unité SGP Police, concurrent d'Alliance, a ainsi décidé de ne pas appeler à manifester et de ne pas « prendre des positions pouvant porter préjudice » au collègue mis en examen, rappelant qu'il est présumé innocent. 

L'appel à manifester a été suivi dans plusieurs villes du pays. 

A Strasbourg, environ 80 policiers, certains venus de Nancy, Metz ou Mulhouse, se sont réunis en milieu de journée devant l'hôtel de police. Certains portaient des affichettes « coupable d'être flic », ainsi que des cibles accrochées à leurs vêtements. 

A Rennes et Lille, ils étaient une quarantaine, à Toulouse une cinquantaine. 

« La qualification de meurtre nous fait bondir », a expliqué Christophe Caron, délégué zonal CRS Hauts-de-France de l'Unsa. « On ne remet pas en cause le fait que la police enquête mais quand elle met en examen pour meurtre un policier qui est intervenu dans le cadre de la légitime défense, cela pose problème ». 

« On observe une remise en cause systématique de l'intervention des forces de l'ordre », a dénoncé à Rennes Frédéric Gallet, secrétaire départemental d'Alliance. « Un autre motif aurait été largement suffisant, blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». 

Des policiers devaient se mobiliser dans une quarantaine de villes, selon les syndicats. 

A Paris, une quinzaine de militants contre les violences policières se sont rassemblés face aux policiers et ont brandi des affichettes: « les politiques à la botte d'Alliance, ça suffit !!! » ou « L435-1 = arme de destruction massive », en référence à l'article du code de sécurité intérieur régissant l'usage des armes chez les policiers. 


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.


Présidentielle : l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin laisse entrevoir ses ambitions

Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
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  • l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».
  • « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. » temporise-t-il

PARIS : Dans un entretien à Mediapart mis en ligne samedi, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».

« Nous sommes confrontés à un choc historique qui a très peu de précédents », déclare l'ex-ministre des Affaires étrangères, interrogé sur le rôle qu'il compte jouer lors de la prochaine présidentielle. « Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes. »

Toutefois, « l'enjeu n'est pas de savoir si vous finirez par être candidat à une élection », temporise-t-il. « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. »

Dominique de Villepin, âgé de 71 ans, fait régulièrement entendre sa voix sur l’actualité internationale, comme la guerre au Proche-Orient ou la chute de Bachar al-Assad, mais aussi sur l'instabilité politique en France depuis la dissolution.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.