À Kiev, Nancy Pelosi affiche la solidarité «sans équivoque» des Etats-Unis

La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, durant sa visite surprise dimanche à Kiev où elle s'est entretenue avec le président Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, durant sa visite surprise dimanche à Kiev où elle s'est entretenue avec le président Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 01 mai 2022

À Kiev, Nancy Pelosi affiche la solidarité «sans équivoque» des Etats-Unis

  • Cette visite intervient une semaine après le déplacement à Kiev du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et du ministre américain de la Défense Lloyd Austin
  • Au cours de leur déplacement, les deux responsables ont annoncé le retour progressif d'une présence diplomatique américaine en Ukraine et une aide supplémentaire

KIEV: La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a affiché la solidarité "sans équivoque" des Etats-Unis à l'Ukraine, au cours d'une visite surprise dimanche à Kiev où elle s'est entretenue avec le président Volodymyr Zelensky.

"Les Etats-Unis sont un chef de file dans le soutien solide de l'Ukraine dans la lutte contre l'agression russe", a twitté le président ukrainien pour accompagner une vidéo où on le voit, flanqué de gardes armés, accueillir Mme Pelosi et une délégation du Congrès devant la présidence à Kiev et ensuite en réunion avec la délégation américaine.

"Notre délégation s'est rendue à Kiev pour envoyer un message sans équivoque et retentissant au monde entier: les Etats-Unis sont aux côtés de l'Ukraine", selon un communiqué de la délégation américaine publié à l'issue de la visite de leur délégation, qui doit se rendre ensuite en Pologne.

"Un soutien américain supplémentaire est en route", soulignent les parlementaires américains qui assurent qu'ils vont "transformer la forte demande de financement du président Biden en un paquet législatif".

Le président Zelensky s'est de son côté félicité des "signaux très importants" donnés par les Etats-Unis et le président Joe Biden dont le programme Lend-Lease (Prêt-Bail) pour l'Ukraine, comme celui mis en place par les Etats-Unis pendant la Deuxième guerre mondiale, afin de fournir aux pays amis du matériel de guerre sans intervenir directement dans le conflit.

Cette visite intervient une semaine après le déplacement à Kiev du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et du ministre américain de la Défense Lloyd Austin.

Au cours de leur déplacement, les deux responsables ont annoncé le retour progressif d'une présence diplomatique américaine en Ukraine et une aide supplémentaire, directe et indirecte, de plus de 700 millions de dollars.

Moscou annonce l'évacuation de près de 50 civils du territoire de l'usine Azovstal à Marioupol

Le ministère de la Défense russe a déclaré dimanche que près de cinquante civils avaient été évacués samedi du territoire de l'usine Azovstal à Marioupol, port du sud-est de l'Ukraine assiégé par les Russes.


"Le 30 avril, après l'instauration d'un cessez-le-feu et l'ouverture d'un couloir humanitaire, deux groupes de civils ont quitté les bâtiments d'habitation adjacents au territoire de l'usine métallurgique d'Azovstal", a déclaré sur Telegram le ministère.


"Dans l'après-midi, 25 riverains sont sortis. En début de soirée, un deuxième groupe de 21 personnes est parti, qui a été emmené à Bezimennoïé", une ville située à l'est de Marioupol, à mi-chemin entre cette ville portuaire et la frontière russe.


"Tous les civils ont reçu un logement, de la nourriture et l'assistance médicale nécessaire", ont assuré les autorités russes, qui ne précisent pas où a été emmené le premier groupe.


Dans une vidéo diffusée par le ministère de la Défense russe, on aperçoit un convoi de voitures et de bus rouler dans le noir, ornés de la lettre "Z", devenue le symbole des forces armées russes dans ce conflit.


"Silence radio sur l'évacuation dans l'attente d'informations officielles. Nous demandons à chacun de s'abstenir de donner des informations depuis Marioupol aujourd'hui. Merci pour votre compréhension", a écrit pour sa part Petro Andriouchtchenko, conseiller du maire de Marioupol, sur Telegram.

Premiers civils extraits d'Azovstal

Dans la ville portuaire de Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, presque entièrement détruite après des semaines de siège, un premier groupe de civils a été extrait dans la nuit de samedi à dimanche de l'aciérie Azovstal, dernière poche de la résistance ukrainienne dans cette cité.

La sortie d'une vingtaine de civils des sous-terrains de cet immense complexe industriel représente une grande première, toutes les précédentes tentatives d'évacuation ayant échoué.

Le régiment Azov, qui défend cette zone industrielle, a évoqué "vingt civils, des femmes et des enfants". "Ils ont été transférés vers un endroit convenu et nous espérons qu'ils seront évacués vers Zaporijjia, sur le territoire contrôlé par l'Ukraine", a déclaré Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment dans une vidéo sur Telegram.

De son côté, le ministère russe de la Défense a affirmé que deux groupes de civils, de 25 et 21 personnes, avaient pu sortir d'Azovstal, où sont terrés selon Kiev des centaines de militaires et de civils ukrainiens dans des galeries souterraines datant de l'époque soviétique.

Selon de nouvelles images satellite de Maxar Technologies prises le 29 avril, presque tous les bâtiments d'Azovstal ont été détruits.

La conquête totale de Marioupol permettrait à Moscou de faire la jonction entre les territoires conquis dans le sud, notamment la péninsule de Crimée annexée en 2014, jusqu'aux républiques séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, à l'est.

C'est justement dans ce flanc oriental que l'armée russe, numériquement supérieure à son adversaire ukrainien et mieux dotée en artillerie, grignote du terrain, en cherchant à le prendre en étau depuis le nord et le sud afin de compléter son emprise sur le Donbass.

L'opération d'évacuation de civils d'Azovstal «se poursuit» selon le porte-parole de l'ONU

L'opération d'évacuation de civils du complexe sidérurgique Azovstal à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, "se poursuit" en coordination avec le CICR, a annoncé un porte-parole de l'ONU à Genève. 

"L'ONU confirme qu'une opération d'évacuation est en cours au complexe sidérurgique d'Azovstal, en coordination avec le CICR et les parties au conflit", a indiqué dimanche Jens Laerke, porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU, dans un courriel. Il a souligné ne pouvoir donner d'autre détail pour des raisons de sécurité. 

M. Laerke a précisé que "le convoi pour évacuer les civils a démarré le 29 avril, a franchi quelque 230 kilomètres et atteint le complexe à Marioupol samedi matin, heure locale". 

«Augmenter la pression»

Il s'agit de la "deuxième phase" de "l'opération militaire spéciale" lancée le 24 février par la président russe Vladimir Poutine, après le retrait des forces russes du nord de l'Ukraine et de la région de Kiev, mises en échec.

"Ce n'est pas comme en 2014, il n'y a pas un front défini le long d'un axe", explique Iryna Rybakova, officier de presse de la 93e brigade des forces ukrainiennes, en référence à la guerre qui a opposé Kiev à des séparatistes prorusses dans cette région il y a huit ans et n'a jamais totalement cessé.

"C'est un village à eux, un village à nous: il faut plutôt visualiser un échiquier", poursuit la militaire. Et après deux semaines d'assaut russe, "nous ne sommes pour le moment pas en capacité de faire reculer l'ennemi".

Le président Zelensky a alerté samedi sur le fait que les Russes "ont constitué des renforts dans la région de Kharkiv, essayant d'augmenter la pression dans le Donbass". 

Parallèlement, un haut responsable militaire ukrainien a indiqué samedi soir avoir informé le chef d'état-major de l'armée américaine Mark A. Milley de "la situation difficile dans l'est de notre pays, notamment dans les régions d'Izioum et de Sieverodonetsk, où l'ennemi a concentré l'essentiel de ses efforts et ses troupes les plus préparées au combat", deux villes situées à peu près dans l'axe Kharkiv-Lougansk.

Les quartiers nord-est de Kharkiv, deuxième ville du pays avec près de 1,5 million d'habitants avant la guerre, sont quotidiennement frappés par des roquettes russes, causant la mort de civils.

Mais la situation est parfois mouvante: Rouska Lozova, un village de quelques milliers d'habitants, situé à une vingtaine de kilomètres de cette métropole, a été repris vendredi par les forces ukrainiennes après deux mois sous occupation russe.

"Nous sommes restés dans les sous-sols sans nourriture pendant deux mois, nous mangions ce que nous avions", a dit à l'AFP un habitant de 40 ans, les yeux rougis de fatigue.

Ukraine: le pape demande des couloirs humanitaires pour Marioupol, "détruite de manière barbare"

Le pape François a renouvelé dimanche son appel à l'ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer les civils de la ville ukrainienne de Marioupol, "bombardée et détruite de manière barbare".


"Mes pensées vont à la ville ukrainienne de Marioupol, ville de Marie, bombardée et détruite de manière barbare. Je renouvelle ma demande d'ouverture de couloirs humanitaires sécurisés", a déclaré le pape lors de la prière de l'Angélus sur la place Saint-Pierre au Vatican.

Johnson veut «renforcer l'Ukraine»

Côté armement, au milieu des grandes plaines vallonnées et des cités industrielles, le face à face se fait essentiellement à l'artillerie. Le rapport de force y est extrêmement favorable aux Russes, jusqu'à "cinq fois supérieur en termes d'équipement" selon Iryna Terehovytch, sergent de la 123e brigade ukrainienne.

Le soutien occidental représente dès lors un enjeu considérable, avec les Etats-Unis en pointe: leur président Joe Biden a demandé cette semaine au Congrès une colossale rallonge budgétaire de 33 milliards de dollars pour principalement livrer davantage d'aide militaire à Kiev.

Londres aussi affiche son aide: "le Royaume-Uni continuera à fournir une aide militaire et humanitaire pour donner aux Ukrainiens l'équipement dont ils ont besoin pour se défendre. Je suis plus déterminé que jamais à renforcer l'Ukraine et à faire en sorte que Poutine échoue", a twitté le Premier ministre britannique Boris Johnson samedi soir.

Un peu plus tôt, Emmanuel Macron avait dit au téléphone à son homologue ukrainien que la France allait "renforcer" ses envois de matériel militaire à l'Ukraine - notamment des canons longue portée - pour en "rétablir la souveraineté et l'intégrité territoriale".

Le président français avait aussi dit que se poursuivrait "la mission d'experts français contribuant au recueil de preuves pour (...) permettre le travail de la justice internationale relatif aux crimes commis dans le cadre de l'agression russe".

Cela faisait suite à l'annonce samedi par la police de la région de Kiev de la découverte la veille de trois corps dans une fosse commune de Myrotske, un village proche de Boutcha, petite ville devenue le symbole des atrocités imputées à la Russie.


Deuxième session de discussions entre l'Iran et les États-Unis sur le nucléaire à Rome

Une photo montre l'entrée de l'ambassade d'Oman à Rome, où se tiendra le deuxième cycle de négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, le 19 avril 2025. (Photo d'Andreas SOLARO / AFP)
Une photo montre l'entrée de l'ambassade d'Oman à Rome, où se tiendra le deuxième cycle de négociations nucléaires entre l'Iran et les États-Unis, le 19 avril 2025. (Photo d'Andreas SOLARO / AFP)
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  • Iran et États-Unis reprennent ce samedi à Rome les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, une semaine après des échanges qualifiés de « constructifs » par les deux pays
  • « Nous sommes conscients que la voie vers un accord sera semée d'embûches », a écrit samedi sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. 

ROME : Iran et États-Unis reprennent ce samedi à Rome les pourparlers sur le programme nucléaire iranien, une semaine après des échanges qualifiés de « constructifs » par les deux pays, ennemis depuis la Révolution islamique de 1979.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l'envoyé américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, tiendront ces discussions sous la médiation du sultanat d'Oman, comme lors des précédents pourparlers tenus à Mascate.

Les pourparlers doivent débuter à « midi, heure d'Iran », soit 10 h 30 à Rome (8 h 30 GMT), a indiqué depuis l'Italie l'envoyée spéciale de la télévision d'État iranienne.

La délégation iranienne est arrivée à Rome dans la nuit, selon des images diffusées samedi par la télévision d'État iranienne, sur lesquelles on peut voir M. Araghchi descendre d'un avion. Il mènera des discussions « indirectes », a précisé la chaîne.

À la veille des discussions, M. Araghchi a fait part de ses « sérieux doutes » quant aux intentions des États-Unis.

« Nous sommes conscients que la voie vers un accord sera semée d'embûches », a écrit samedi sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. 

M. Araghchi a de nouveau mis en garde les États-Unis contre « des demandes déraisonnables et irréalistes », après que M. Witkoff a réclamé, en début de semaine, un démantèlement total du programme nucléaire, y compris civil.

Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont pour leur part exclu toute discussion sur les capacités militaires et de défense, notamment le programme balistique qui inquiète la communauté internationale.

L'influence régionale de l'Iran figure aussi parmi « les lignes rouges » du pays, selon l'agence de presse officielle Irna.

Téhéran soutient dans la région ce qu'il qualifie d'"axe de la résistance", une alliance de groupes armés hostiles à Israël incluant le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les rebelles Houthis du Yémen, ainsi que des milices chiites en Irak.

Après le lancement des pourparlers irano-américains, Israël a réaffirmé sa détermination à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire, disant disposer d'un « plan d'action » pour ce faire.


Une plainte pour racisme et islamophobie a été déposée contre la Ligue italienne d'extrême droite

Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue est contraire à la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'imposer des amendes aux plateformes de médias sociaux qui ne modèrent pas les contenus préjudiciables. (AFP/File)
Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue est contraire à la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'imposer des amendes aux plateformes de médias sociaux qui ne modèrent pas les contenus préjudiciables. (AFP/File)
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  • Les partis d'opposition ont déposé une plainte auprès de l'organisme de surveillance des communications, accusant le parti d'utiliser des images générées par l'intelligence artificielle dans le cadre d'une stratégie d'« incitation à la haine ».
  • Si dénoncer les crimes commis par des étrangers constitue de la « xénophobie », le problème ne serait peut-être pas le mot, mais ceux qui l'utilisent pour censurer le débat », estime le porte-parole de la Ligue.

LONDRES : Le parti italien d'extrême droite, la Ligue, a été renvoyé devant l'organisme de surveillance des communications du pays après que les partis d'opposition ont déposé une plainte concernant des images "racistes, islamophobes et xénophobes" générées par une intelligence artificielle et partagées sur les médias sociaux par le vice -premier ministre et chef du parti, Matteo Salvini.

La plainte a été déposée jeudi auprès de l'Agcom, l'autorité italienne de régulation des communications, par le Parti démocrate de centre- gauche, ainsi que par les Verts et l'Alliance de gauche. Les images publiées par la Ligue contiendraient "presque toutes les catégories de discours de haine", selon The Guardian, qui a été le premier à rapporter l'histoire.

"Dans les images publiées par le parti de Salvini et générées par l'IA, on trouve presque toutes les catégories de discours de haine, du racisme et de la xénophobie à l'islamophobie. Ils utilisent l'IA pour cibler des catégories spécifiques de personnes - les immigrés, les Arabes - qui sont présentées comme des criminels, des voleurs et des violeurs potentiels", a déclaré Antonio Nicita, sénateur du PD.

M. Nicita a également critiqué la décision de flouter les visages des victimes supposées, la qualifiant de "trompeuse" et accusant la Ligue d'induire intentionnellement les utilisateurs en erreur en leur faisant croire que les images étaient réelles.

Emilio Borrelli, député de l'Alliance des Verts et de la Gauche, a déclaré que ces images faisaient "partie de leur stratégie visant à susciter la peur parmi les citoyens" et à "inciter à la haine". 

Au cours du mois dernier, des dizaines d'images apparemment générées par l'IA ont été publiées sur les canaux de médias sociaux de la Ligue, notamment Facebook, Instagram et X. Beaucoup d'entre elles représentent des hommes de couleur, souvent armés de couteaux, attaquant des femmes ou des agents de police.

Un porte-parole du parti de M. Salvini a confirmé que certaines de ces images avaient été générées numériquement, mais il a insisté sur le fait que "le problème n'est pas l'image. L'important, c'est le fait", ajoutant que les posts étaient "basés sur des rapports véridiques de journaux italiens".

Toutefois, des experts en informatique légale ont déclaré que toutes les images en question présentaient des signes évidents d'avoir été générées artificiellement. Ils ont également noté que, bien que les plateformes soient tenues d'étiqueter les contenus générés par l'IA, dans la plupart des cas, les outils de détection automatique n'ont pas réussi à le faire.

Dans l'un des post cités dans la plainte, une mère et un père en tenue islamique semblent crier leur colère à une jeune fille - une représentation qui, selon les plaignants, alimente les stéréotypes raciaux et islamophobes. Le journal cité dans l'article, Il Giorno, ne fait aucune référence à la religion de la famille et n'inclut aucune photographie. Le seul détail donné est que l'enfant a suivi des cours d'arabe.

Comme l'indique le Guardian, l'utilisation d'images générées par l'IA par les partis d'extrême droite en Europe s'est intensifiée ces derniers mois. Les cibles sont souvent des réfugiés de zones de conflit comme la Syrie, le Soudan et l'Afrique subsaharienne, ainsi que des personnes issues d'une autre minorité

 minoritaires. Ces représentations invoquent fréquemment la théorie du complot du "Grand Remplacement", qui a été démentie et qui prétend faussement que l'immigration fait partie d'un complot visant à éroder l'identité et la culture européennes.

Salvini, qui a profité de l'augmentation du nombre de réfugiés en Europe pour conserver un rôle de premier plan dans la politique italienne et plaider en faveur de politiques d'immigration plus strictes, a souvent fait la une des journaux pour des remarques incendiaires, notamment en qualifiant les immigrants - souvent des hommes - de "chiens et de porcs". Fin 2024, il a été acquitté des accusations d'enlèvement et de manquement au devoir, les juges ayant estimé que les preuves présentées par les procureurs étaient insuffisantes pour le condamner. L'affaire découlait d'un incident survenu en 2019, au cours duquel M. Salvini, alors ministre de l'intérieur, avait refusé d'autoriser un navire de sauvetage de migrants espagnols à accoster dans un port italien, laissant les personnes à bord bloquées en mer pendant 19 jours.

Interrogé sur le fait de savoir si la Ligue était consciente que les images pouvaient inciter à la haine, un porte-parole du parti a déclaré : "Nous sommes désolés, mais notre solidarité va aux victimes, pas aux auteurs. Si dénoncer les crimes commis par des étrangers signifie 'xénophobie', le problème n'est peut-être pas le mot mais ceux qui l'utilisent pour censurer le débat. Nous continuerons à dénoncer, avec des mots et des images fortes, ce que d'autres préfèrent ignorer.

Si l'Agcom estime que le contenu de la Ligue enfreint la réglementation, elle pourrait agir en vertu de la loi européenne sur les services numériques, qui lui permet d'ordonner la suppression de messages, de fermer des comptes ou d'infliger des amendes aux plateformes de médias sociaux qui n'ont pas modéré les contenus préjudiciables.


Première réunion à Paris entre Américains, Européens et Ukrainiens, rendez-vous à Londres

(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
(De gauche à droite) Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha, le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le directeur politique du ministère allemand des Affaires étrangères Gunter Sautter posent pour une photo au Quai d'Orsay, le ministre français des Affaires étrangères après avoir participé à une réunion diplomatique à Paris, le 17 avril 2025.
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  • De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris
  • Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine

PARIS: De premières discussions sur l'Ukraine impliquant Américains, Européens et Ukrainiens, se sont déroulées jeudi à Paris, avant une prochaine réunion à Londres, au moment où les négociations de cessez-le-feu initiées par Washington piétinent et où les Européens veulent imposer leur voix.

Le président français Emmanuel Macron a salué sur X une "discussion positive et constructive" sur l'Ukraine, estimant que "nous partageons tous la même volonté de paix", plus de trois ans après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022.

"Les échanges se poursuivront dès la semaine prochaine à Londres", a-t-il précisé, estimant que "la coordination entre alliés est cruciale", alors que les Européens craignent depuis des semaines d'être mis à l'écart des négociations.

"La nouveauté (...) c'est qu'aujourd'hui à Paris, les Etats-Unis, l'Ukraine et les Européens se sont retrouvés autour d'une même table" pour évoquer les pistes vers "une paix juste et durable", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot lors d'une brève allocution.

Les Etats-Unis "ont compris qu'une paix juste et durable, une paix durable, ne peut être atteinte qu'avec le consentement et la contribution des Européens", a insisté le ministre interrogé plus tard sur la chaîne LCI. Tout dialogue avec Moscou sera subordonné au fait qu'elle accepte un "cessez-le-feu sans condition et immédiat".

- Echange Rubio-Lavrov -

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, présent à Paris, a appelé son homologue russe Sergueï Lavrov pour lui faire part des intenses échanges de la journée, avant même de s'exprimer publiquement.

Il a transmis le "même message" à Moscou qu'aux Européens et aux Ukrainiens, selon un communiqué du département d'Etat: "l'accueil encourageant réservé à Paris au cadre américain montre que la paix est possible si toutes les parties s'engagent à parvenir à un accord".

Les deux hommes "ont convenu de la nécessité de maintenir des canaux de communication rapides, en particulier à la lumière des réunions prévues la semaine prochaine entre des fonctionnaires américains et européens et des représentants ukrainiens", a pour sa part indiqué le ministère des Affaires étrangères russe sur Telegram.

Concernant la réunion de Paris, la présidence ukrainienne a salué "une discussion constructive et positive", avant de souligner "l'importance du volet humanitaire, notamment le retour des enfants ukrainiens déplacés de force en Russie et la libération des prisonniers de guerre et des otages civils".

Depuis Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait plus tôt accusé l'émissaire américain Steve Witkoff, qui a aussi participé aux échanges, d'avoir "adopté la stratégie russe".

M. Witkoff, proche ami du président américain Donald Trump, est l'interlocuteur du président russe Vladimir Poutine dans les négociations de cessez-le-feu, et avait déjà été accusé par Kiev de reprendre les éléments de langage du Kremlin.

Moscou, pour sa part, a accusé les Européens de vouloir "poursuivre la guerre" et a estimé que "de nombreux pays" tentaient de "perturber" le dialogue bilatéral renaissant entre Moscou et Washington.

C'est dans ce climat tendu, et alors que la guerre continue à faire rage sur le terrain - dix personnes ont été tuées par des frappes russes en Ukraine jeudi - que les réunions se sont enchaînées à Paris.

Outre les Américains, une délégation ukrainienne de haut niveau dont le chef de la diplomatie Andriï Sybiga, et des conseillers à la sécurité britannique et allemand, ont également participé aux échanges à Paris.

Depuis que le président Trump a effectué un rapprochement spectaculaire avec Vladimir Poutine et dit tenter d'obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, les Européens ont été quasiment exclus des discussions.

Le président Emmanuel Macron s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky à l’issue des réunions, après lui avoir parlé par téléphone en amont des discussions.

Le président ukrainien avait appelé jeudi matin à faire "pression" sur le Kremlin pour "mettre fin à (la) guerre et garantir une paix durable".

- Flou sur les garanties de sécurité -

Ce troisième déplacement en Europe du secrétaire d'Etat américain intervient alors que des négociations, lancées par l'administration Trump pour une trêve dans le conflit ukrainien qui a débuté en février 2022, peinent à progresser.

Sous la pression de Washington, Kiev avait accepté une cessation sans conditions des combats pour 30 jours, ignorée par la Russie.

Steve Witkoff a rencontré le président russe pour la troisième fois début avril. Lundi, il a déclaré que les discussions étaient "sur le point" de permettre des avancées.

Paris et Londres ont de leur côté monté une "coalition des volontaires", composée d'une trentaine de pays alliés de l'Ukraine travaillant notamment à la création d'une "force de réassurance" destinée à garantir un éventuel cessez-le-feu et empêcher toute nouvelle attaque de la Russie.

Mais un contingent militaire multinational en cas de paix, souhaité par Kiev, est une ligne rouge pour Moscou. Et le sujet n'a pas été abordé en détail dans les compte-rendus émis jeudi par la France. "Les Américains sont prêts à discuter de la question des garanties de sécurité", s'est borné à dire la présidence française.

En parallèle, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a exhorté jeudi son homologue français Sébastien Lecornu, en visite à Washington, à "augmenter les dépenses militaires" et à assumer, avec d'autres pays de l'Otan, "la responsabilité principale de la défense conventionnelle de l'Europe", selon le Pentagone.