Contre l’uberisation, les coursiers s’organisent

Manifestation de coursiers demandant de meilleurs revenus, à Paris en août 2019 (Photo, Jacques DEMARTHON/AFP).
Manifestation de coursiers demandant de meilleurs revenus, à Paris en août 2019 (Photo, Jacques DEMARTHON/AFP).
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Publié le Samedi 17 octobre 2020

Contre l’uberisation, les coursiers s’organisent

  • Une vingtaine de sociétés coopératives et participatives (Scop) sont recensées actuellement en France par CoopCycle, une fédération née en 2017
  • « Quand ils prennent conscience que l'autonomie dans les plateformes est illusoire, les coursiers trouvent dans les coopératives un débouché qui leur permet de reprendre le contrôle »

PARIS: Surexposés pendant le confinement, las d'attendre une clarification de leur statut juridique, des coursiers à vélo s'organisent en coopératives pour s'affranchir de la précarité et des contraintes subies au sein des plateformes numériques de livraison.

Le coursier est « sur son vélo, seul contre tous » dans l'économie « ubérisée » où « sa précarité n'est plus à démontrer », écrivent les psychologues du travail Elisabeth Leblanc et Bruno Cuvillier dans le dernier numéro de la Revue des conditions de travail paru en juillet.

« Pas de courses-pas d'argent, son statut ne lui laisse aucun répit », a fortiori pendant la pandémie de coronavirus où il s'est trouvé « confronté au ‘dilemme cornélien’ entre ne plus avoir de revenu ni de compensation ou risquer sa vie », analysent les deux chercheurs de l'université Lyon-2. 

C'est « parce qu'on était dégoûté de l'expérience Uber, Deliveroo, qu'on a créé une coopérative », témoigne Arthur Hay de Bordeaux. « On était trois collègues de plateformes à aimer le métier, aimer le vélo et à chercher à se lancer au niveau local et à travailler pour nous », confie Vincent Robillard de Montpellier. 

Les Coursiers bordelais, montpelliérains, stéphanois, nantais, Resto.Paris, Sicklo à Grenoble... Une vingtaine de sociétés coopératives et participatives (Scop) sont recensées actuellement en France par CoopCycle, une fédération née en 2017 et qui en chapeaute une quarantaine dans plusieurs pays, employant 220 salariés. 

« Quand ils prennent conscience que l'autonomie dans les plateformes est illusoire, les coursiers trouvent dans les coopératives un débouché qui leur permet de reprendre le contrôle », analyse Arthur Jan, doctorant en sociologie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), qui prépare une thèse sur les livreurs des plateformes.

« L'objectif n'est pas de remplacer Uber et Deliveroo mais de prouver qu'il est possible de faire autrement en s'appuyant sur deux jambes : le salariat et ses acquis sociaux pour mettre les travailleurs à l'abri dans un métier très accidentogène où règne l'autoentrepreneuriat. Et la maîtrise de l'outil de travail », détaille Adrien Claude, coordinateur de CoopCycle.

« S'émanciper »

La coopérative permet « à la fois d'avoir la protection sociale de tout salarié tout en étant un associé et donc son propre patron », précise Fatima Bellaredj, déléguée générale de la Confédération générale des Scop.

CoopCycle mutualise le logiciel de plateforme de livraison, l'application mobile et le service commercial en échange d'une convention qui engage à créer une coopérative. 

La démarche prend du temps. Après deux ans d'existence, les Coursiers bordelais ne sont officiellement une Scop que depuis début octobre mais ils comptent déjà six salariés et dégagent des bénéfices. 

Arthur Hay, un de leurs cofondateurs, est aussi à la tête de la CGT des coursiers à vélo de Gironde, et revendique une « démarche politique » : « on montre qu'on a les mêmes vélos, les mêmes sacs à dos et qu'on livre dans des conditions de travail dignes de la France avec une mutuelle, des congés payés, des tickets restos, des heures supplémentaires majorées et un salaire correct » au-dessus du SMIC.

Une mission gouvernementale devrait rendre ce mois-ci ses conclusions sur la représentation des travailleurs des plateformes sur lesquels pèse une incertitude juridique.

Un arrêt du 8 octobre de la cour d'appel de Paris a dénié le statut de salarié à deux coursiers à vélo travaillant pour une plateforme. En novembre 2018, la Cour de cassation avait contredit un arrêt similaire et requalifié en contrat de travail le lien unissant un livreur à une plateforme.

Avocat de plusieurs livreurs, Kevin Mention admet que « les coopératives aujourd'hui sont en nombre limité et ne font pas jeu égal avec les grandes plateformes qui bénéficient de millions pour se développer, faire du marketing et agir en justice contre leurs détracteurs. Mais c'est un bon début. Cela permet de s'émanciper ».

Développer les coopératives et faire requalifier les contrats liant un travailleur à une plateforme sont « les deux jambes d'une même lutte », insiste Arthur Hay.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".