LILLE : Le Conseil national des barreaux a souligné jeudi à Lille la nécessité d'agir face au sentiment d'une justice inéquitable et aux difficultés d'accès au droit de nombreux Français, soulignant, en pleine période électorale, la corrélation entre éloignement de la justice et vote pour l'extrême droite.
"L'éloignement des justiciables de leur juge, à travers la fermeture de services publics, crée vraiment un sentiment d'injustice", a pointé lors d'un débat devant des avocats et des élus du Nord le secrétaire du bureau du Conseil national des barreaux (CNB), Florian Borg.
"Plus on s'éloigne des centres urbains, des lieux où sont les services publics, plus on a une augmentation des votes d'extrême droite", a-t-il constaté.
Cette rencontre fait partie d'un tour de France du projet In/justice, initié en juin 2021 par le CNB pour tenter d'inscrire dans le débat public, à l'occasion des échéances présidentielle et législatives, la question de l'injustice ressentie par les Français.
Pour mesurer ce sentiment, le CNB s'est appuyé sur un sondage de juin 2021, qui montre que 63% des personnes interrogées n'ont "pas du tout" ou "plutôt pas" confiance en la justice pour réduire les injustices de leur quotidien.
Selon ce sondage, 77% des sympathisants RN disent également ressentir un sentiment d'injustice dans leur vie, contre 45% des sympathisants LREM (étude Ifop pour le CNB, portant sur un échantillon représentatif de 1 511 personnes).
Le CNB formule trois propositions face à ces injustices territoriales économiques ou sociales qui minent la capacité de citoyens à faire valoir leurs droits.
Il préconise de donner une compétence "accès au droit" aux collectivités territoriales, d'inscrire le droit au recours à un avocat dans la Constitution et d'inciter fiscalement particuliers et entreprises à recourir à un avocat.
"Le CNB fait typiquement partie des organisations intermédiaires. Si (Emmanuel Macron) s'appuie dessus, c'est mieux", a affirmé à l'AFP Jérôme Gavaudan, le président du CNB, alors que le président réélu a assuré vouloir donner plus de place à la concertation pendant son second mandat.
M. Gavaudan participe également au comité des Etats généraux de la justice, chargé de formuler des propositions pour réformer l'institution judiciaire, quelques mois après le mal-être exprimé par un grand nombre de magistrats face aux dysfonctionnements de la justice.