L'augmentation du nombre de véhicules électriques dans le CCG, un bon signe pour un avenir écologique

Les consommateurs de la région du CCG sont attirés par les véhicules électriques pour leur ingénierie avancée, mais des obstacles subsistent, préviennent les experts. (Photo: municipalité de Médine)
Les consommateurs de la région du CCG sont attirés par les véhicules électriques pour leur ingénierie avancée, mais des obstacles subsistent, préviennent les experts. (Photo: municipalité de Médine)
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Publié le Mercredi 27 avril 2022

L'augmentation du nombre de véhicules électriques dans le CCG, un bon signe pour un avenir écologique

  • Les consommateurs régionaux sont attirés par les véhicules électriques pour leur ingénierie avancée et leurs faibles émissions de carbone
  • La montée en flèche de la popularité des véhicules électriques rapproche les tendances du CCG de celles qui règnent sur les marchés occidentaux

DUBAÏ: Parmi les nombreuses industries qui sont confrontées à des pressions pour qu’elles apportent des changements fondamentaux à leurs processus de production figure le secteur automobile, l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.

Selon l'Agence américaine pour la protection de l'environnement, un véhicule de tourisme type émet environ 4,6 tonnes métriques de dioxyde de carbone par an.

Cela suppose que le véhicule à essence moyen qui est en circulation aujourd'hui consomme environ 35,5 kilomètres par gallon (4,5 litres) et parcourt 18 507 kilomètres par an. Chaque gallon d'essence brûlé ajoute quelque 8 887 grammes de dioxyde de carbone à l'atmosphère.

De tels chiffres amènent même à se demander s'il est possible pour les géants de l'industrie automobile de réduire de manière considérable leur empreinte carbone afin de respecter leurs critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Heureusement, un regain de popularité des véhicules électriques (VE) dans les pays relativement riches du Conseil de coopération du Golfe (CCG) rapproche la région des tendances qui caractérisent les marchés occidentaux.

En pleine croissance au cours de la dernière décennie, le marché mondial des VE était évalué à 370,86 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro) en 2021 et devrait atteindre plus de 1 200 milliards de dollars d'ici à 2027.

En outre, les ventes mondiales de véhicules électriques ont plus que doublé pour atteindre 6,6 millions de dollars en 2021, selon l'Agence internationale de l'énergie, la mobilité verte représentant 9% de la part de marché de l'industrie automobile mondiale. C'est plus du double de la part qu'elle détenait en 2020 et le triple de ce qu'elle avait en 2019.

Au Moyen-Orient, l'intérêt pour les alternatives écologiques au véhicule à moteur à combustion interne s'accroît lentement, alors que les constructeurs automobiles font la course pour mettre sur le marché davantage de modèles de véhicules électriques chaque année.

L'Arabie saoudite vise à ce qu'au moins 30% de ses voitures soient électriques d'ici à 2030, conformément à son engagement qui consiste à atteindre des émissions nettes de carbone nulles d'ici à 2060. L'année dernière, le fabricant de VE Lucid a annoncé un plan à long terme qui vise à construire la première usine de fabrication internationale en Arabie saoudite, avec pour objectif de produire 150 000 véhicules par an dans la Ville économique du roi Abdallah (Kaec).

L'Arabie saoudite prévoit de nouvelles usines de production de véhicules électriques (VE) capables de fabriquer 150 000 modèles par an et une infrastructure de VE pour les soutenir. (Photo: municipalité de Médine)
L'Arabie saoudite prévoit de nouvelles usines de production de véhicules électriques (VE) capables de fabriquer 150 000 modèles par an et une infrastructure de VE pour les soutenir. (Photo: municipalité de Médine)

Pendant ce temps-là, les Émirats arabes unis (EAU) font pression pour que 42 000 véhicules électriques circulent dans leurs rues au cours de la prochaine décennie. Pour répondre à la hausse de la demande de mobilité verte, les EAU ont ouvert le mois dernier leur première usine de fabrication de véhicules électriques dans la cité industrielle de Dubaï, construite pour un coût total de 408 millions de dollars. Cette usine devrait produire 55 000 voitures par an.

La concurrence est rude pour s'approprier une part du marché des véhicules électriques dans la région du CCG, avec des marques telles que Tesla qui mènent la charge, et d'autres, comme BMW, Audi et Mercedes-Benz, qui les suivent de près.

Noor Hajir, responsable de la planification des transports et de la mobilité chez WSP Middle East, affirme qu'il existe des signaux positifs sur le marché du Golfe avec de nombreux promoteurs, en particulier en Arabie saoudite, qui adoptent des alternatives plus vertes et des solutions de mobilité futures telles que les véhicules électriques pour les aider à atteindre leurs futurs objectifs de zéro émission.

«Nous constatons que les promoteurs privés ont tendance à utiliser les stations de recharge pour véhicules électriques comme outil de promotion de l'image de marque et d'incitation des clients dans des actifs tels que les grands centres commerciaux et les quartiers d'affaires», souligne-t-elle.

Au-delà du défi qui consiste à disposer d'un nombre suffisant de bornes de recharge, les véhicules électriques doivent également faire face au climat d'accueil aride de la région. (Photo: AFP)
Au-delà du défi qui consiste à disposer d'un nombre suffisant de bornes de recharge, les véhicules électriques doivent également faire face au climat d'accueil aride de la région. (Photo: AFP)

Mme Hajir estime néanmoins que la région a encore un long chemin à parcourir avant que l'infrastructure nécessaire à l'adoption généralisée des véhicules électriques par les secteurs privé et public ne soit véritablement mise en place.

«Le Moyen-Orient est peut-être à la traîne par rapport aux économies plus développées en ce qui concerne la fourniture d'infrastructures routières pour faciliter et encourager la généralisation de la propriété privée des véhicules électriques, qui dépend largement de l'appui du secteur public», explique-t-elle à Arab News.

Le Dr Hamid Haqparwar, directeur général de BMW Group Middle East, a signalé que le développement des infrastructures pour les véhicules électriques dans la région varie d'un pays à l'autre, ce qui entraîne des taux d'adoption différents selon les marchés.

Toutefois, comme beaucoup d'autres experts dans ce domaine, il pense que l'orientation générale de la région est claire. Les modes de transport plus écologiques sont un élément clé des visions de durabilité établies par les gouvernements et l'adoption massive de véhicules électrifiés par marché est «une question de temps, pas de possibilité».

Le Dr Haqparwar affirme que, au cours de la phase de «transition» actuelle, la région voit une gamme plus large de véhicules électriques entrer sur ses marchés, confirmant que les fabricants continueront à élargir leur portefeuille de véhicules électriques.

«Cette croissance de l'offre ainsi que l'expansion de l'infrastructure requise vont progressivement augmenter la demande au Moyen-Orient. Je m'attendrais à ce que les ventes de véhicules électriques connaissent une croissance plus importante au cours des cinq prochaines années», souligne-t-il à Arab News.

Aussi souhaitable que puisse être la viabilité des véhicules électriques sur le marché du Moyen-Orient, elle n'est pas exempte de défis.

En chiffres

- 33% de dommages environnementaux sont causés par une automobile avant même qu'elle ne soit vendue et conduite. 
- 3%: c’est la part des véhicules hybrides et électriques dans les ventes totales de véhicules neufs en Arabie saoudite. 
- 8% de Saoudiens estiment que les véhicules électriques seront de plus en plus courants à l'avenir.

Selon Mme Hajir, l'une des principales lacunes réside dans le cadre réglementaire, tant au niveau de l'économie de base que des autorités locales.

Par exemple, en Arabie saoudite, où le déploiement des véhicules électriques n'en est qu'à ses débuts, des mises à jour de ces cadres réglementaires sont nécessaires afin de rationaliser les processus de certification et encourager l'adoption de ces véhicules, indique-t-elle à Arab News.

En outre, elle identifie les problèmes de la chaîne d'approvisionnement mondiale et les délais de fabrication qui en découlent comme un défi majeur auquel sont actuellement confrontés les constructeurs automobiles.

Ces retards risquent d’entraîner des répercussions sur certains des projets immédiats de véhicules électriques mis en œuvre au Moyen-Orient.

«L'approvisionnement et la livraison des VE peuvent prendre entre six et dix-huit mois en moyenne», précise Mme Hajir, qui souligne que les fournisseurs de services de mobilité doivent envisager une planification adéquate de la mise en œuvre et un engagement précoce des opérateurs et des fabricants.

Selon l'Agence internationale de l'énergie, les ventes mondiales de véhicules électriques ont plus que doublé pour atteindre 6,6 millions de dollars en 2021. (Photo: AFP)
Selon l'Agence internationale de l'énergie, les ventes mondiales de véhicules électriques ont plus que doublé pour atteindre 6,6 millions de dollars en 2021. (Photo: AFP)

Ensuite, il y a le climat chaud et aride du Moyen-Orient, qui pourrait nuire à la longévité des batteries des véhicules électriques. Selon Mme Hajir, il est urgent de disposer davantage de données centrées sur le Moyen-Orient au sujet de l'impact total de la chaleur sur les batteries des VE.

Pour cette raison, et pour bien d'autres encore, les moteurs à combustion interne seront certainement encore présents sur nos routes, affirme M. Haqparwar. D’après lui, la conduite automobile continuera à occuper une place importante dans la vie des habitants du CCG.

«Alors que d'autres parties du monde verront moins de voitures sur les routes, cette région est plus susceptible de voir de nouveaux modèles écologiques sur nos routes, dans la mesure où la mobilité individuelle entre dans une nouvelle ère», estime-t-il.

M. Haqparwar souligne encore que, si la croissance des ventes de véhicules électriques dans l'ensemble de l'industrie est conforme à l'évolution des valeurs de durabilité de la jeune population de la région, les facteurs émotionnels jouent toujours un rôle majeur dans leur décision d'achat.

Au même moment, la conscience environnementale croissante de la jeune génération de la région se reflète dans les conversations en ligne concernant les véhicules électriques dans le CCG.

Rami Deeb, directeur marketing Ceemea chez Talkwalker, la plate-forme de renseignements sur les consommateurs qui est le leader du secteur, pense que les données en temps réel joueront un rôle essentiel dans le développement de l'industrie régionale des véhicules électriques.

L'entreprise, qui suit les conversations sur les blogs, les réseaux sociaux, les vidéos, l'audio, les forums et les sites d'évaluation dans six pays – l’Arabie saoudite, les EAU, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et Oman –, rapporte une tendance positive autour des véhicules électriques dans la région du CCG au cours des treize derniers mois.

Pendant cette période, il y a eu plus de 133 000 conversations en ligne autour des véhicules électriques dans la région du CCG. 21% d’entre elles expriment un sentiment positif et tournent autour des engagements des gouvernements à atteindre l’objectif de net zéro dans un avenir proche.

Noor Hajir (à gauche), responsable de la planification des transports et de la mobilité chez WSP Middle East et le Dr Hamid Haqparwar (à droite), directeur général de BMW Group Middle East. (Photo fournie)
Noor Hajir (à gauche), responsable de la planification des transports et de la mobilité chez WSP Middle East et le Dr Hamid Haqparwar (à droite), directeur général de BMW Group Middle East. (Photo fournie)

Les 25-34 ans ont débattu des dernières innovations technologiques et se sont principalement intéressés aux commentaires vidéo des clients sur les véhicules électriques.

Les 18-24 ans ont surtout partagé leur enthousiasme pour l'avenir et la façon dont des entreprises technologiques comme Apple et Sony explorent l'espace des véhicules électriques avec des voitures conceptuelles et des rendus 3D, indique M. Deeb.

Cette même tranche d'âge a également évoqué l'impact environnemental néfaste de la fabrication de batteries et de l'extraction du lithium.

Dans une étude menée dans le Royaume par le cabinet de conseil Kearney à la fin de l'année dernière, 15% des Saoudiens interrogés ont fait savoir qu'ils avaient l'intention de se procurer un véhicule électrique dans les trois prochaines années, tandis que 33% d’entre eux ont confié que la disponibilité d'un plus grand nombre de stations de recharge augmenterait leur intérêt pour un tel achat.

Par ailleurs, 23% des personnes interrogées ont révélé que la fourniture d’informations supplémentaires et l'exonération des frais par le gouvernement pourraient rendre la possession d'un véhicule électrique plus attrayante.

«Les consommateurs du CCG réagissent positivement au potentiel des véhicules électriques à réduire les émissions de carbone, ainsi qu'au niveau d'innovation qu'ils apportent», reconnaît M. Deeb.

Simultanément, «les grands constructeurs automobiles du monde entier élaborent une feuille de route claire pour adapter leurs usines à l'avenir des véhicules électriques et annoncent leur intention de ne construire que des véhicules électriques», ajoute-t-il.

Dans une poignée de pays, plusieurs mesures d’incitation sont mises en œuvre pour accroître la demande et l'intérêt des consommateurs, comme des places de stationnement gratuites réservées aux véhicules électriques, des badges de péage gratuits et la recharge gratuite via le réseau public de recharge des VE.

Compte tenu de l'abondance des signaux du marché, M. Deeb estime que la véritable «menace» pour le secteur serait toute résistance au changement ou tout irrespect des préférences des consommateurs.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


De nouvelles lois simplifient l'enregistrement des entreprises saoudiennes

Ces changements interviennent alors que l'Arabie saoudite a connu une augmentation de 60 % des enregistrements commerciaux en 2024. Shutterstock
Ces changements interviennent alors que l'Arabie saoudite a connu une augmentation de 60 % des enregistrements commerciaux en 2024. Shutterstock
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  • la nouvelle loi sur le registre du commerce et la loi sur les noms commerciaux entreront en vigueur le 3 avril. 
  • Ces changements interviennent alors que l'Arabie saoudite a connu une augmentation de 60 % des enregistrements commerciaux en 2024, avec 521 969 délivrés par rapport à l'année précédente.

RIYAD : L'Arabie saoudite s'apprête à introduire des changements importants dans son système d'enregistrement des entreprises lorsque la nouvelle loi sur le registre du commerce et la loi sur les noms commerciaux entreront en vigueur le 3 avril. 

Abdulrahman Al-Hussein, porte-parole officiel du ministère du Commerce, a souligné que l'un des changements majeurs comprend l'abolition des registres subsidiaires, rendant suffisant un registre commercial unique, a rapporté l'agence de presse saoudienne. 

Les lois, annoncées en septembre, suppriment également l'obligation de spécifier la ville d'enregistrement, ce qui signifie qu'un seul enregistrement commercial sera valable dans toutes les régions du Royaume, a ajouté M. Al-Hussein. 

Ces changements interviennent alors que l'Arabie saoudite a connu une augmentation de 60 % des enregistrements commerciaux en 2024, avec 521 969 délivrés par rapport à l'année précédente, selon le ministère du Commerce.

Ces mesures s'inscrivent également dans le cadre des efforts de diversification économique du Royaume, qui visent à réduire la dépendance au pétrole et à augmenter la contribution du secteur privé au produit intérieur brut, celle-ci devant passer de 40 % à 65 % d'ici 2030. 

M. Al-Hussein a déclaré que la loi sur le registre du commerce « annule la date d'expiration du registre du commerce et n'exige qu'une confirmation annuelle des données ».

Il a souligné que le numéro d'enregistrement commercial servira désormais de numéro unifié de l'établissement, commençant par « 7 ». 

Les registres subsidiaires existants disposeront d'un délai de grâce de cinq ans pour se conformer à la nouvelle réglementation. 

En outre, la nouvelle loi sur les noms commerciaux autorise désormais la réservation et l'enregistrement de noms commerciaux en anglais, y compris les lettres et les chiffres, contrairement à la règle précédente qui n'autorisait que les noms arabes sans caractères ou chiffres étrangers. 

Cette modification permet également de gérer séparément les noms commerciaux de l'établissement, ce qui permet de transférer la propriété. Elle empêche l'enregistrement de noms identiques ou similaires pour différentes entreprises, quelles que soient leurs activités. 

M. Al-Hussein a ajouté que cette loi comprend des dispositions permettant de réserver les noms de famille comme noms commerciaux et fixe des normes pour les noms interdits ou trompeurs. 

Le cabinet saoudien a approuvé ces changements le 17 septembre, le gouvernement souhaitant rationaliser les opérations commerciales et améliorer l'environnement de travail dans son ensemble. 

Dans un message publié sur son compte X, le ministre du commerce, Majid bin Abdullah Al-Qasabi, a souligné que ces changements permettraient de rationaliser les procédures de réservation et d'enregistrement des noms commerciaux, protégeant et renforçant ainsi leur valeur, conformément aux avancées économiques et technologiques décrites dans la Vision 2030. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des enjeux stratégiques derrière l'apaisement diplomatique entre Paris et Alger

Le président français Emmanuel Macron (G) et le président algérien Abdelmadjid Tebboune (D) se serrent la main lors d'une cérémonie de signature au pavillon d'honneur de l'aéroport d'Alger, à Alger, le 27 août 2022. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) et le président algérien Abdelmadjid Tebboune (D) se serrent la main lors d'une cérémonie de signature au pavillon d'honneur de l'aéroport d'Alger, à Alger, le 27 août 2022. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Les deux chefs d'État ont souligné lundi la nécessité de renouer le dialogue « d'égal à égal » en raison de « la force des liens » unissant la France et l'Algérie, de leurs intérêts stratégiques et de sécurité.
  • La France, ancien pays colonisateur de l'Algérie, compte aujourd'hui une importante communauté algérienne (649 991 personnes en 2024, +0,5 % par rapport à 2023 auxquels s'ajoutent 1,2 million de descendants d'immigrés algériens.

PARIS : De la nécessaire coopération sécuritaire et économique à l'épineux dossier des Algériens que la France ne parvient pas à expulser, les raisons qui ont poussé Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune à reprendre langue sont multiples.

Huit mois jour pour jour après le début d'une crise inédite entre les deux pays, les deux chefs d'État ont souligné lundi la nécessité de renouer le dialogue « d'égal à égal » en raison de « la force des liens » unissant la France et l'Algérie, de leurs intérêts stratégiques et de sécurité, ainsi que des « défis et crises auxquels l'Europe, la Méditerranée et l'Afrique » sont confrontées.

- Relations humaines imbriquées

La France, ancien pays colonisateur de l'Algérie, compte aujourd'hui une importante communauté algérienne (649 991 personnes en 2024, +0,5 % par rapport à 2023, selon le ministère de l'Intérieur), auxquels s'ajoutent 1,2 million de descendants d'immigrés algériens, selon l'Institut national d'études démographiques.

Une restriction des visas de courte durée pour visite familiale affecterait ainsi directement les Algériens.

Le Premier ministre François Bayrou et le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot ont publiquement refusé de faire peser sur la diaspora algérienne le poids de cette crise diplomatique. 

- Coopération sécuritaire

« La France considère Alger comme un partenaire privilégié dans la lutte contre le terrorisme en raison de son expertise et de ses capacités dans ce domaine », note Hasni Abidi, spécialiste de l'Algérie.

Et elle a un intérêt objectif à la stabilité de l'Algérie, le plus grand pays d'Afrique, frontalier de pays (Mali, Niger, Libye) où la sécurité est chaotique.

Les deux pays vont ainsi reprendre leur coopération sur la lutte contre le jihadisme au Sahel, avec à la clé les échanges de renseignements.

L'objectif est d'y contenir la progression des groupes armés et celle des différents trafics (drogue, armes, migrants).

Les deux pays doivent aussi travailler sur la question du potentiel retour de Syrie de centaines de jihadistes algériens ou franco-algériens. 

- Intérêts économiques

L'Algérie est une puissance énergétique considérable. La France est l'un de ses clients pour le gaz (6 milliards d'euros). « C'est important pour nous, mais pas critique », tempère un diplomate, précisant que le gaz algérien représente 6 à 7 % des approvisionnements.

Néanmoins, la crise a eu des effets délétères sur les intérêts français en Algérie, où la France compte quelque 6 000 entreprises.

Les flux commerciaux ont baissé de 20 à 30 % dans certains secteurs l'an dernier, en raison notamment de l'arrêt des importations de blé français.

Si les petites entreprises sont les plus affectées, les grandes ne sont pas épargnées. Le redémarrage d'une usine Renault a ainsi été suspendu.

- Immigration -

La question de la réadmission dans leur pays d'origine des Algériens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF) a enflammé les relations bilatérales. Cette question a été brandie à de multiples reprises par le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau.

La crise a atteint son paroxysme après l'attentat de Mulhouse ayant fait un mort le 22 février, commis par un Algérien qui avait fait l'objet de plusieurs demandes de réadmission, refusées par l'Algérie. 

Le dernier rapport de la direction générale des étrangers en France note toutefois qu'en 2024, « la part de retours forcés est plus importante que la moyenne pour les éloignements d'Algériens ». Sur les quelque 34 000 Algériens interpellés en situation irrégulière, 3 000 ont été éloignés l'an dernier.

S'agissant des visas pour les dignitaires (anciens diplomates, ministres ou généraux), Alger peut aisément contourner cette restriction en raison d'un récent accord de réciprocité avec la Slovénie.

L'Italie, l'Allemagne et l'Espagne, qui achètent des milliards d'euros de gaz algérien, sont également susceptibles de leur fournir un visa Schengen.

- Accord avec l'UE

Alger a besoin du soutien de la France, dont le poids est prépondérant à Bruxelles, pour renégocier son accord d'association avec l'Union européenne.

L'UE est le plus grand partenaire commercial de l'Algérie.

Cet accord, en vigueur depuis 2005, prévoit notamment l'élimination progressive et réciproque des droits à l'importation sur les biens.

En octobre dernier, le président algérien avait annoncé vouloir négocier avec l'UE sa révision à partir de 2025, alors que les experts algériens estiment à plus de 30 milliards de dollars le manque à gagner du fait de cet accord.

Les entreprises publiques et privées algériennes ont d'importantes difficultés à rivaliser avec leurs homologues, car l'économie algérienne est restée longtemps très fermée à la concurrence, reposant traditionnellement sur l'exportation de dérivés pétroliers.

Dès lundi, Emmanuel Macron « a fait part au président Tebboune de l'appui de la France à la révision » de cet accord.


Les entreprises saoudiennes annoncent leurs résultats financiers pour 2024

Les entreprises saoudiennes ont annoncé leurs résultats pour 2024. (Shutterstock)
Les entreprises saoudiennes ont annoncé leurs résultats pour 2024. (Shutterstock)
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  • La Red Sea International Co. a fait état d'un redressement de sa rentabilité, annonçant un bénéfice net de 4 millions de riyals saoudiens
  • La Raydan Food Co. a affiché une perte nette de 73,1 millions de riyals saoudiens en 2024

RIYAD: De nombreuses entreprises ont publié leurs résultats financiers pour 2024 malgré la fermeture du marché saoudien en raison de la fête de l'Aïd el-Fitr, qui dure jusqu'au 2 avril.

La Red Sea International Co. a fait état d'un redressement de sa rentabilité, annonçant un bénéfice net de 4 millions de riyals saoudiens (1,07 million de dollars; 1 dollar = 0,93 euro), contre une perte nette de 23,1 millions de riyals saoudiens en 2023.

Dans un communiqué publié sur Tadawul, l'organisation a attribué cette amélioration à l'impact de l'acquisition de First Fix sur l'ensemble de l'année, ainsi qu'à l'augmentation des revenus et des performances. Le bénéfice d'exploitation est passé de 6 millions l'année précédente à 70 millions de riyals saoudiens.

La Raydan Food Co. a affiché une perte nette de 73,1 millions de riyals saoudiens en 2024, contre 30,8 millions de riyals saoudiens en 2023, soit une augmentation de 136,6 pour cent.

L'entreprise a attribué ces pertes à la baisse des ventes, à la diminution des revenus provenant des contrats et des franchises, à l'augmentation des frais de vente et de marketing, et aux coûts de dépréciation liés aux actifs de droit d'utilisation et aux terrains.

Les ajustements de la valeur des devises étrangères et les dépréciations d'investissement ont également contribué au déclin. Les ventes ont chuté de 12,4% pour atteindre 155,3 millions de riyals saoudiens, en raison de la baisse des performances des succursales et des revenus des contrats.

L'Osool and Bakheet Investment Co. est restée rentable malgré une baisse du revenu net. Les bénéfices de la société sont passés de 25,4 millions de riyals saoudiens en 2023 à 19,8 millions de riyals saoudiens en 2023, principalement en raison d'une baisse de 24% du total des revenus.

Une réduction de 31% des dépenses et une diminution de 55% des coûts de financement ont permis de compenser l'impact de cette baisse. Les autres revenus ont augmenté de 152% pour atteindre 4,2 millions de riyals saoudiens, bien que les dépenses de zakat aient augmenté de 58% pour atteindre 3,8 millions de riyals saoudiens.

La Maharah Human Resources Co. a fait état d'une forte augmentation des bénéfices, les bénéfices nets augmentant de 27,1 pour cent pour atteindre 127,4 millions de riyals saoudiens, grâce à une augmentation de 18 pour cent des revenus et à une amélioration de 6 pour cent du bénéfice brut, soutenus par la croissance du secteur des services aux entreprises.

L'organisation a bénéficié d'une réduction de 20 millions de riysals saoudien des pertes de crédit attendues et d'une augmentation de 11 millions de riyals saoudiens des autres revenus d'exploitation, principalement en raison de l'augmentation des incitations gouvernementales pour l'emploi en Arabie saoudite.

Toutefois, l'augmentation des investissements dans le capital humain a entraîné une hausse des frais généraux et administratifs de 3,5 millions de riyals saoudiens, tandis que les coûts de financement ont augmenté de 4 millions de riyals saoudiens.

En outre, les bénéfices des entreprises associées, dont la Care Shield Holding Co. et la Saudi Medical Systems Co. ont chuté de 30%, soit une baisse de 12,2 millions de riyals saoudiens, en raison des résultats plus faibles de Care Shield Holding Co. et de l'absence des données financières de la Saudi Medical Systems Co. pour les six derniers mois de l'année 2024.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com