PARIS: Le parquet anti-terroriste français a annoncé vendredi avoir été saisi après qu'un homme a été décapité à Conflans Saint-Honorine, près de Paris, et son agresseur présumé est décédé, touché par balle par la police dans une ville voisine.
L'homme décapité était un prof d'histoire ayant montré les caricatures de Charlie-Hebdo sur le Prophète Mahomet en classe.
L'enquête sur ces faits qui se sont déroulés vers 17h, a été ouverte pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle », a précisé le Parquet national antiterroriste (Pnat) à l'AFP.
Les policiers de la brigade criminelle de Conflans Saint-Honorine, à une cinquantaine de km au nord-ouest de Paris, ont été appelés pour un individu suspect rôdant autour d'un établissement scolaire, selon cette source.
Sur place, les policiers ont découvert la victime et à 200 mètres plus loin, sur la commune d'Eragny, ils ont tenté d'interpeller un homme porteur d'une arme blanche qui les menaçait et ont fait feu sur lui. L'agresseur a crié « Allah Akbar » avant d'être tué par les forces de l'ordre, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
Un périmètre de sécurité a été installé et le service de déminage appelé, en raison d'une suspicion de gilet explosif.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en déplacement au Maroc, a décidé de rentrer immédiatement à Paris.
Emmanuel Macron doit se rendre vendredi soir à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a annoncé l'Elysée. Le chef de l'Etat sera accompagné du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, et de la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa. Auparavant, Emmanuel Macron s'est rendu à la cellule de crise mise en place au ministère de l'Intérieur, où il a été rejoint par le Premier ministre, Jean Castex. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, s'y trouvait également.
Dans une ambiance empreinte d'émotion, les députés se sont levés à l'Assemblée nationale pour saluer la mémoire de l'enseignant, et dénoncer un «abominable attentat». Très affecté, le président de séance Hugues Renson (LREM) a pris la parole juste avant l'interruption des débats: «Nous avons appris avec effroi l'abominable attentat qui s'est produit. Au nom de la représentation nationale, en notre nom à tous, je tiens à saluer la mémoire de la victime.»
Sur Twitter, les réactions n’ont pas tardé.
« C'est la République qui est attaquée » avec « l'assassinat ignoble de l'un de ses serviteurs », a estimé vendredi soir le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, sur Twitter.
« Notre unité et notre fermeté sont les seules réponses face à la monstruosité du terrorisme islamiste. Nous ferons face », a ajouté le ministre.
Marine Le Pen a affirmé : « un professeur décapité pour avoir présenté les caricatures de Charlie Hebdo: nous en sommes, en France, à ce niveau de barbarie insoutenable. L'islamisme nous mène une guerre : c'est par la force que nous devons le chasser de notre pays. »
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a pour sa part qualifié le crime d’« ignoble ». « En fait l'assassin se prend pour le dieu dont il se réclame. Il salit sa religion. Et il nous inflige à tous l'enfer de devoir vivre avec les meurtriers de son espèce », a-t-il ajouté.
« J'apprends qu'un enseignant a été victime ce soir d'un assassinat barbare par un islamiste radicalisé. Face à ceux qui veulent nous détruire, détruire la parole libre de nos enseignants, nous devons être implacables et cesser de regarder ailleurs! », a déclaré Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France.
Pour Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR, « les mots sont dérisoires pour décrire la colère suite à l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine ; tout comme le seront les bougies et les discours. Il faut faire vraiment la guerre contre le poison de l'islam radical. Il faut lui faire la guerre vraiment pour l'éradiquer enfin. »
« Ça n'est pas un coup de folie, a écrit Aurore Bergé, députée LREM des Yvelines. Le terrorisme islamiste tue. Le séparatisme islamiste doit être combattu sans relâche, sans jamais faiblir. La réponse pénale doit être maximale. »
Gilbert Collard, député RN, a affirmé qu’ « il ne faut plus céder un millimètre de mot, de geste, d'action, de concession, de répression au terrorisme islamique ! »
Pour Damien Abad, patron des députés LR, « nous avons atteint le paroxysme de la barbarie avec cet homme décapité à Conflans ». « Je pense à ses proches et à nos policiers présents. La lutte contre le terrorisme islamiste est un combat de tous les instants. Ce combat ne se gagnera pas par les mots mais par les actes », a-t-il ajouté.
« Un professeur montre une caricature de Charlie en classe et se fait décapiter en pleine rue: l'horreur sans limite du fanatisme djihadiste. Le combat contre le terrorisme et l'idéologie intégriste qui le nourrit est l’affaire de toute la nation. Par-delà tous les clivages », a quant à lui ecrit Raphaël Glucksmann, eurodéputé Parti socialiste européen.