Pour les gorilles du Gabon, le cercle vertueux protection, étude, tourisme

Un gorille à dos argenté est vu dans le parc national de Loango le 16 mars 2022. (Steeve Jordan/AFP)
Un gorille à dos argenté est vu dans le parc national de Loango le 16 mars 2022. (Steeve Jordan/AFP)
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Publié le Vendredi 22 avril 2022

Pour les gorilles du Gabon, le cercle vertueux protection, étude, tourisme

  • Le parc de Loango, qui s'étire sur 155.000 hectares, se mérite, après quatre à cinq heures de route puis de piste depuis Port-Gentil, la deuxième ville du pays, et une fin de parcours en bateau
  • C’est là que l'Agence nationale des parcs nationaux du Gabon a décidé la reprise des observations des gorilles de l'Ouest et espère que cette espèce «emblématique» servira de «produit d'appel» pour relancer le tourisme

PARC NATIONAL DE LOANGO, Gabon : Au détour d'un petit sentier qui s'enfonce dans la forêt du parc national gabonais de Loango, le voici! Perché sur sa branche, le gorille Kamaya regarde calmement les visiteurs du jour arriver et reprend son repas, comme si de rien n'était.

D'un geste lent, le gorille au dos argenté de 150 kilos porte goulûment à sa bouche les feuilles de l'arbre sur lequel il est assis. Puis se laisse descendre du tronc sans crainte, avant de s'assoupir, sous le regard ébahi des quelques privilégiés.

Après deux ans d'arrêt complet pour cause de pandémie de Covid-19, l'Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) du Gabon a décidé la reprise des observations des gorilles de l'Ouest et espère que cette espèce «emblématique» servira de «produit d'appel» pour relancer le tourisme.

Kamaya et son groupe d'une dizaine d'individus sont habitués à l'être humain - le fruit d'un long travail mené par une équipe de pisteurs et scientifiques dans le but de collecter des données, obtenir des fonds pour la protection de cette espèce menacée d'extinction et développer un tourisme de niche.

Car passer une heure avec Kamaya et sa famille coûte 300.000 francs CFA (environ 450 euros), sans compter l'accès au site et l'hébergement. Le parc de Loango, qui s'étire sur 155.000 hectares, se mérite, après quatre à cinq heures de route puis de piste depuis Port-Gentil, la deuxième ville du pays, et une fin de parcours en bateau.

Le prix reste largement inférieur à ceux pratiqués pour voir les gorilles des montagnes en Ouganda ou au Rwanda. Il génère aussi des revenus pour le fonctionnement des zones protégées, qui garantissent un lieu sûr pour l'animal.

- Braconnage -

«Le tourisme est une stratégie de conservation bénéfique pour les gorilles», estime Koro Vogt, manager du projet «Gorille Loango». Quasiment disparu, le gorille des montagnes a profité, au Rwanda et en Ouganda, de la manne touristique pour doubler en nombre en trois décennies et atteindre une population d'environ 1.000 individus aujourd'hui.

Les gorilles de l'Ouest sont beaucoup plus nombreux. Leur population est estimée à 360.000 individus, dans six pays d'Afrique centrale. Environ un quart au Gabon, dont près de 1.500 dans le parc de Loango, à quelque 280 km au sud de la capitale Libreville.

Des études scientifiques de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste, spécialisé notamment dans les grands singes, estiment toutefois que le nombre de gorilles de l'Ouest baisse de 3% par an à cause de la destruction de leur habitat, du braconnage et des maladies. Ces menaces sont dues à un accès accru aux zones isolées occupées par les gorilles, le commerce de viande de brousse, la corruption et le manque d'application des lois.

Les zones protégées - donc théoriquement sécurisées pour les animaux - comme Loango ne contiennent qu'environ 20% de ces grands singes.

«Pour préserver les gorilles, nos gardes patrouillent dans les parcs nationaux pour réduire les activités illégales et attraper les braconniers», explique Christian Tchemambela, secrétaire exécutif de l'ANPN. «Cette espèce emblématique du Gabon est aussi un produit d'appel pour les visiteurs étrangers. Le développement de l'écotourisme est au cœur de notre stratégie».

De juin 2016 jusqu'au début de l'année 2020, 845 touristes ont pu observer les gorilles sur le site.

- Long processus -

Un rayon de soleil perce la cime des arbres et éclaire Mokebo, 15 ans, et le petit qu'elle porte sur son dos, Etchutchuku, qui a moins d'un an. Celui-ci s'agite, jette un coup d’œil aux quelques hommes qui le regardent, et se cache timidement derrière sa mère.

En contrebas, un mâle bientôt adulte, Waka, se rapproche avec curiosité des observateurs. Il n'a pas peur, ne montre aucun signe d'agressivité et s’assoit paisiblement à quelques mètres.

«Le processus est très long, cela prend des années pour gagner leur confiance et nous ne sommes pas sûrs de réussir», confie Hermann Landry, un écoguide.

«Il faut les suivre tous les jours, toute l'année, sans relâche. Parfois, on perd leur trace pendant plusieurs jours, et c'est grave, car ils peuvent retrouver leur peur naturelle des humains», déclare cet ancien braconnier tombé «amoureux» des gorilles.

Au cours de la phase initiale d'habituation, les gorilles craignent les humains et s'enfuient dès qu'ils sont approchés. Dans la phase suivante, ils cessent de fuir mais peuvent réagir par des charges agressives. Dans la dernière étape, ils réagissent sereinement et continuent leurs activités sans se préoccuper de la présence humaine.

Il existe deux groupes habitués dans le pays, l'un à Loango, l'autre dans le parc national de Moukalaba Doudou (sud-ouest) où les infrastructures touristiques sont encore quasiment inexistantes.


Des députés britanniques exhortent le gouvernement à désigner le CGRI comme un groupe terroriste

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  • Les signataires de la lettre ouverte affirment que l’organisation iranienne «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni»
  • La désignation du CGRI comme groupe terroriste le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda

LONDRES: Un groupe multipartite formé de plus de 50 députés et de pairs à la Chambre des lords au Royaume-Uni a exigé que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) iranien soit désigné comme une organisation terroriste.

Ce groupe, qui comprend les anciennes secrétaires d’État à l’intérieur Suella Braverman et Priti Patel, a formulé cette demande dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien The Times.

Le CGRI constitue un élément clé des capacités militaires et de projection de puissance de l’Iran. Plus de 125 000 personnes servent dans ses rangs, réparties dans des unités telles que la force Al-Qods, l’unité d’outre-mer chargée d’assurer la liaison avec les milices au Yémen, au Liban, en Irak et en Syrie, et de les soutenir. Ces dernières années, le CGRI a également établi des relations avec le Hamas dans la bande de Gaza.

La lettre ouverte, signée par 134 personnes, intervient après l’attaque iranienne du week-end dernier contre Israël, que les signataires ont décrite comme le «dernier chapitre de la terreur destructrice du CGRI».

«Le gouvernement lutte contre le terrorisme et l’extrémisme en considérant le Hamas et le Hezbollah comme terroristes, mais ce n’est pas suffisant», indique le document.

«Le CGRI est la principale source de radicalisation idéologique, de financement, d’équipement et de formation de ces groupes.»

«Le gouvernement doit agir contre la racine même du problème et considérer le CGRI comme une organisation terroriste.»

L’Iran a riposté à l’attaque israélienne contre son consulat à Damas, qui a fait onze morts, dont des commandants de haut rang.

L’ancien président américain Donald Trump a désigné le CGRI comme une organisation terroriste en 2019, un an avant l’assassinat de Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods.

Le Royaume-Uni s’est toutefois montré réticent à faire de même par crainte de rompre les canaux de communication diplomatiques avec Téhéran.

Cependant, dans le cadre des sanctions imposées à l’Iran en raison de son programme nucléaire, le Royaume-Uni a sanctionné le CGRI; il a gelé les avoirs de ses membres et a mis en œuvre des mesures d’interdiction de voyager.

La désignation du CGRI comme groupe terroriste au Royaume-Uni le mettrait sur un pied d’égalité avec Daech et Al-Qaïda et rendrait illégal tout soutien au groupe, avec une peine maximale de quatorze ans d’emprisonnement.

Les 134 signataires affirment que le CGRI «n’a jamais représenté une aussi grande menace pour le Royaume-Uni». Ils accusent des «voyous» qui appartiennent au groupe d’avoir poignardé un dissident iranien à Londres le mois dernier.

La lettre a été coordonnée par le Groupe parlementaire multipartite Royaume-Uni-Israël, dont fait partie l’ex-ministre de l’Immigration Robert Jenrick.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington et Londres imposent des sanctions contre l'Iran, visant des fabricants de drones

Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
Un camion militaire iranien transporte des pièces d'un missile Sayad 4-B devant un portrait du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'un défilé militaire dans la capitale Téhéran, le 17 avril 2024. (AFP)
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  • Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense
  • L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol

WASHINGTON: Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont imposé jeudi des sanctions contre l'Iran, ciblant "le programme iranien de drones, l'industrie sidérurgique et les constructeurs automobiles", après l'attaque du week-end dernier contre Israël.

Les sanctions de Washington visent "16 personnes et deux entités permettant la production de drones iraniens" dont les Shahed qui "ont été utilisés lors de l'attaque du 13 avril", a annoncé le département du Trésor dans un communiqué.

Elles concernent également trois filiales du constructeur automobile iranien Bahman Group et le ministère iranien de la Défense.

Le président américain Joe Biden a déclaré que les Etats-Unis allaient continuer à faire "rendre des compte" à l'Iran avec ces nouvelles sanctions visant la République islamique.

Il a assuré que les sanctions étaient destinées à "limiter les programmes militaires déstabilisateurs de l'Iran", selon un communiqué de la Maison Blanche.

Les sanctions imposées par Londres ciblent, elles, "plusieurs organisations militaires iraniennes, individus et entités impliqués dans les industries iraniennes de drones et missiles balistiques", a précisé le Trésor.

L'Iran a lancé dans la nuit de samedi à dimanche plus de 350 drones et missiles contre Israël, dont la quasi-totalité ont été interceptés en vol.

Téhéran a présenté son attaque comme une riposte à la frappe meurtrière imputée à Israël visant le consulat iranien à Damas début avril.

Eviter l'escalade 

En réponse, les pays occidentaux ont promis de renforcer leurs sanctions contre l'Iran, mais veulent aussi éviter une escalade de la violence dans la région.

L'Union européenne a ainsi décidé, mercredi lors d'un sommet à Bruxelles, d'imposer de nouvelles sanctions visant les producteurs iraniens de drones et de missiles.

Et jeudi, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a indiqué que les dirigeants des pays du G7, en réunion sur l'île italienne de Capri, discutent "de mesures supplémentaires", tout en insistant sur la nécessité d'éviter "une escalade".

Les pays du G7 (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon et Italie) devraient appeler à des sanctions individuelles contre des personnes impliquées dans la chaîne d'approvisionnement iranienne en missiles et en drones, selon une source au sein du ministère italien des Affaires étrangères.

Et les ministres des Finances et banquiers centraux du G7, réunis à Washington, avaient promis, dans un communiqué mercredi soir, d'assurer "une coordination étroite de toute mesure future visant à affaiblir la capacité de l'Iran à acquérir, produire ou transférer des armes pour soutenir ses activités régionales déstabilisatrices".

Ils avaient par ailleurs appelé "à la stabilité dans l'ensemble de la région, au vu des risques économiques posés par une escalade régionale, notamment les perturbations du transport maritime international".


L'éventuelle aide américaine à l'Ukraine «ne changera rien», selon le Kremlin

Des piétons marchent vers un drapeau national ukrainien flottant en berne en raison du mauvais temps, à côté du monument de la Patrie au musée en plein air de la Seconde Guerre mondiale à Kiev, le 18 avril 2024 (Photo, AFP).
Des piétons marchent vers un drapeau national ukrainien flottant en berne en raison du mauvais temps, à côté du monument de la Patrie au musée en plein air de la Seconde Guerre mondiale à Kiev, le 18 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • L'heure est à l'optimisme à Moscou, plusieurs mois après l'échec de la contre-offensive de Kiev de l'été 2023
  • De son côté, épuisée par deux ans de combats, l'Ukraine est à la peine face à l'armée russe supérieure en nombre de soldats, en quantités d'armement et de munitions

MOSCOU: Le Kremlin a assuré jeudi que l'aide des Etats-Unis à l'Ukraine, bloquée au Congrès depuis plusieurs mois et sur laquelle les élus américains doivent se prononcer samedi, "ne pourra rien changer" à la situation sur le front, où l'armée russe est à l'offensive.

L'Ukraine réclame inlassablement à ses alliés occidentaux plus de munitions et de systèmes de défense antiaérienne, alors que les forces russes pilonnent toujours quotidiennement ses villes et ses infrastructures énergétiques.

Or, la Chambre américaine des représentants doit voter samedi sur un texte prévoyant près de 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique à l'Ukraine, ce qui pourrait permettre à son armée de reprendre son souffle.

"Cela ne peut en aucun cas influencer l'évolution de la situation sur les fronts", a balayé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

"Cela ne pourra rien changer", a-t-il martelé devant la presse, affirmant que "tous les experts indiquent dorénavant que la situation sur le front est défavorable à la partie ukrainienne".

Vote à l'issue incertaine 

L'heure est à l'optimisme à Moscou, plusieurs mois après l'échec de la contre-offensive de Kiev de l'été 2023 et alors que l'armée russe grignote progressivement du terrain, notamment dans le Donbass, cible prioritaire du Kremlin.

De son côté, épuisée par deux ans de combats, l'Ukraine est à la peine face à l'armée russe supérieure en nombre de soldats, en quantités d'armement et de munitions.

Les forces ukrainiennes manquent notamment de systèmes de défense antiaérienne pour contrer les attaques quotidiennes russes de drones explosifs et de missiles, à l'instar de la triple frappe mercredi à Tcherniguiv, qui a fait 18 morts.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky déplore quasiment tous les jours le manque d'aide des Occidentaux, après plus de deux ans de conflit à haute intensité.

Mi-mars, le chef de l'Etat ukrainien avait jugé "d'importance critique" une décision rapide du Congrès américain sur le déblocage de l'aide à son pays, confronté simultanément à des difficultés pour enrôler des volontaires dans l'armée.

"Nous avions besoin de cet argent hier, pas demain, pas aujourd'hui", a appuyé le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal dans un entretien à la BBC.

Cette aide financière a déjà été approuvée par le Sénat à majorité démocrate, mais reste bloquée au Congrès, les représentants républicains, soutenant Donald Trump, faisant la sourde oreille à six mois de la présidentielle.

Le président américain Joe Biden, qui pousse pour l'adoption de ce texte, s'est lui à nouveau dit mercredi "très favorable" à cette enveloppe, évoquant dans les colonnes du Wall Street Journal "un moment charnière".

L'issue du vote n'en reste pas moins incertaine à ce stade.

Restrictions d'électricité 

Pourtant, sur le terrain, la dynamique n'est pas à l'avantage de l'Ukraine, dont près de 20% du territoire reste occupé par la Russie.

Deux personnes ont été tuées jeudi dans de nouveaux bombardements russes, selon les autorités locales.

Et les attaques russes visant les infrastructures énergétiques restent très fréquentes malgré les tentatives de l'armée ukrainienne de protéger ces sites.

Face à cette situation, le ministère ukrainien de l'Energie a appelé jeudi la population et les entreprises à limiter leur consommation d'électricité le soir "pendant les heures de pointe" (de 19h00 à 22h00), relayant la demande de l'opérateur privé d'électricité DTEK.

Le ministère a notamment justifié cette décision par "l'augmentation de la charge sur le réseau électrique qui découle" de ces frappes russes répétées.

En représailles, l'Ukraine vise régulièrement des raffineries ou des sites militaires sur le sol russe dans le but de perturber la chaîne logistique d'approvisionnement vers les troupes engagées sur le front.

Jeudi, le renseignement militaire ukrainien (GUR) a revendiqué une frappe "réussie" la veille sur un aérodrome militaire russe en Crimée annexée, "détruisant ou endommageant gravement" des lanceurs de systèmes S-400, des équipements radar et un centre de contrôle de défense antiaérienne.